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Citations de Catherine Baker (19)


Nous n'existons que par la communication, y compris dans la solitude ; seule la solidarité de celui qui m'écoute ou me lit me permet d'aller jusqu'à l'essentiel(...) ; nous ne réinventons les mots, donc le monde, que pour nous dissoudre dans le chant des hommes.Ferais-je un livre si je n'accordais toute ma confiance à cette parole de Jean Sullivan : " (...) si bien qu'écrire c'est tirer du plus profond de soi une parole afin qu'elle puisse se mêler au courant incessant de paroles intérieures en autrui."***
Il n'est rien moins question pour moi que de me conjuguer à ceux qui me démultiplieront.Je suis avide d'inconnu, en attente de toutes les liaisons qui augmenteront mes facultés d'adhésion à la vie.Tous, plus ou moins solitaires , nous désirons une parole indéfectible qui nous relierait au reste du monde.


( p.204)



***Jean Sullivan, " Petite Littérature individuelle ", Gallimard, 1971
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Le décret du 23 mai 1975 sur les Q.H.S. prévoit la solitude comme punition pour les éléments peu coopératifs. La détention de Robert Knobelspiess n'aura pas été totalement inutile.Grâce à son livre Q.H.S**., on aura appris comment la répression s'exerce par le simple usage bien compris de la solitude. Vous voulez mater un récalcitrant ? Qu'il ne rencontre personne, qu'il n'ait plus de visites, qu'il ne puisse écrire.


( p.195)


**Q.H.S : Quartier de Haute Sécurité
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Souffrir du manque, c'est sans doute ce qu'ont de plus beau les hommes à s'offrir entre eux.En écrivant, je donne le meilleur de mon incapacité à me suffire. Du manque naît de quoi le combler.


( p.317)
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Quatrième de couverture de l'éditeur, en attendant mes impressions après une relecture, après de nombreuses années....:
Seules.Seul,.Seuls.
C'est un joli mot: solitude, c'est aussi, parfois, une bien belle chose. Pas toujours.
Le plus souvent c'est l'horreur.
La solitude humilie, accable, déssèche, épuise, stérilise, désespère. ...Invisibles, silencieux, transparents, les solitaires sont dans la foule. Catherine Baker s'est assise au bord du flot et elle a attendu. Alors ils sont venus vers elle.
si nombreux, si pitoyables, si exigeants. tellement vivants, tellement prolixes, tellement violents qu'il a fallu à Catherine Baker deux années de travail acharné pour écrire ce livre extraordinaire et bouleversant...
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...Et puis la solitude, ça ne se parle pas; c'est secret. (...)
- Et il y en a qui vous en parlent de leur solitude ?
- Oui...
- Ah bon. ( Silence) Et pourquoi ils vous en parlent ?
- Parce que tout le monde a besoin d'être entendu.C'est pour ça que j'écris. Si je n'écrivais pas, je serais sans doute très seule.Parler de la solitude, c'est pour moi un acte de justice, en échange du privilège que
J'ai de me faire entendre.

( p.83)
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Moi non plus je n'ai jamais pu manger seule au restaurant ; il y a des lieux comme ça où le regard des autres est plus cruel qu'ailleurs quand on n'est pas accompagné ; on s'imagine qu'on vous reproche de n'avoir pas d'amis. Les solitaires, c'est un peu malsain. Quelqu'un que personne ne fréquente, c'est quelqu'un qu'on ne doit pas fréquenter.


( p.27)
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À chaque instant, des femmes et des hommes sont acculés à la folie.Parce que la parole est soudain trop courte, le silence trop étroit. Parce qu'il n'est plus possible de tisser son existence.


( p.66)
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On meurt de ne pouvoir rendre intelligible ce qu'on a en soi.La communication, c'est la vie, le fondement de toute culture. L'homme ne se nourrit pas seulement de pain mais de toute parole sortant de la bouche d'un autre homme.


( p.200)
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D'Antonin Artaud :" La vie creuse devant nous le gouffre de toutes les caresses qui ont manqué. "

( p.94)
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(....) De quoi est-ce que j'ai l'air, de quelqu'un d'heureux ou de malheureux ?
Je ne sais pas encore au moment de cette rencontre que je viens d'entendre la phrase clef de la solitude:" De quoi j'ai l'air ?" Ils sont nombreux, ceux qui manquent de quelqu'un pour leur réfléchir une image d'eux-mêmes.


( p.231)
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Nous disposons de moyens de communication magiques et fascinants dont nous avons fait les plus énormes moyens d'aliénation qui soient.


( p.162)
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Quand la voix s'étrangle

Le silence est beau quand il est une voie supérieure de communication, que ce soit avec quelqu'un qu'on aime, la nature, l'univers ou celui que des contemplatifs appellent Dieu.Mais le silence plombé sous lequel est écrasé celui qui ne sait pas parler est bien autre chose.Ne pas pouvoir partager une idée avec quelqu'un, se disant " elle ou il ne comprendrait pas" , crée la douleur. Déchirement aussi que de devoir garder pour soi des mots d'amour quand on craint de gêner l'aimé (e)


( p.65)
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Avec un sourire charmeur, il lui cite Paul Valéry en le regardant droit dans les yeux:" Un homme seul est toujours en mauvaise compagnie ".

(p.96)
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Catherine Baker
Je ne crois pas du tout qu’une volonté perverse de nos dirigeants ait fait de l’école ce lieu d’oppression réservé aux enfants. Si cela était, un complot aussi génial, une organisation aussi subtile de l’exploitation des intelligences et des énergies ne pourrait provoquer de ma part, devant un tel machiavélisme, qu’une admiration étonnée. Mais ce n’est pas le cas. L’institution scolaire est la résultante de plusieurs dynamiques. John Holt a écrit cette phrase que je trouve infiniment juste : « L’école est beaucoup plus mauvaise que la somme de ses parties[6]. » C’est pourquoi quand un ami enseignant me dit : « Ne suis-je pas gentil avec mes élèves ? », je lui réponds qu’il joue les imbéciles. Qu’il y ait des gens bien intentionnés dans l’Éducation nationale n’empêche pas le carnage. À l’école, une foule de gens apprend à se taire, à penser au son de cloche, à se croire bête. Et jamais ils ne s’en relèveront. Alors c’est vrai qu’ils ont été moulés de façon à mettre leurs gosses à l’école et qu’ils le font sans se poser de questions, mais les cicatrices sont là. D’où ce cri du cœur d’une institutrice, toute « Freinet » qu’elle soit : « N’empêche que j’ai souvent le sentiment d’une solitude, liée avant tout à l’idée même d’École, comme si chacun des adultes, d’une façon inconsciente bien sûr, rejetait cette École en soi parce que c’est l’École et que, fondamentalement, c’est connu, on préfère les vacances au boulot[7] ! » J’apprécie que ce soit elle qui le dise, elle dont la naïveté, pour être polie, ne peut être une excuse au livre qu’elle a commis et sur lequel je reviendrai.

Imagine un instant que l’obligation scolaire tombe et que les parents n’aient aucun moyen de faire pression sur leurs rejetons, pense à tes copains et copines, quel serait le taux de l’absentéisme en classe ? Dis un chiffre…

Les enfants vont à l’école parce qu’on les y oblige. C’est la première chose à regarder en face.

Mais le pire, c’est qu’on nous oblige, adultes, à ne pas y aller ! Si elle n’était jamais obligatoire, une école qu’il resterait à imaginer pourrait intéresser l’un ou l’autre à un moment de sa vie.

Et qu’on ne me parle pas de formation permanente ! Dans l’état actuel des choses, on continue à bien séparer les loisirs, les études, le travail et on ne pourra jamais être en unité de soi tant qu’on nous découpera la vie de cette manière. On a tout lieu de penser que cette formation permanente devient petit à petit obligatoire et qu’elle sert bien d’autres desseins que notre « accomplissement personnel ». Les signataires du Manifeste de Cuernavaca[8] ont vu avec une prodigieuse acuité ce qui nous attend et s’élèvent contre une scolarisation sournoise qui ne fera qu’indéfiniment renforcer le pouvoir de ceux dont le savoir est « certifié » par l’État et estampillé. Ils proposent que chacun bénéficie « d’un temps égal, de ressources financières égales et d’une liberté égale pour apprendre », car « chacun doit avoir accès à toutes sortes de connaissances ».

Pour cela, bien entendu, le plus urgent à faire est de rendre illégaux les diplômes. Illich avec les signataires du Manifeste de Cuernavaca insiste beaucoup là-dessus. Il faut empêcher toute discrimination fondée sur la scolarité. Il est absurde et injuste de juger (en bien et en mal) un homme sur son passé scolaire. Qu’est-ce que c’est que cette pratique qui consiste à se renseigner sur tel ou tel pour savoir s’il s’est montré dans son jeune âge capable de répéter ce qu’on lui demandait de répéter ? Ça rime à quoi ?

Il faut supprimer les diplômes comme le casier judiciaire et pour les mêmes raisons.

N’importe qui pourrait accéder aux facultés et à tout ce qui devrait fort à propos les remplacer. Craindrait-on, par extraordinaire, qu’il n’y ait trop de monde ? Si l’on supprimait les diplômes, gageons qu’on ne se bousculerait pas aux portes…

Tout le monde sait que les diplômes n’ont ordinairement aucun rapport, même lointain, avec la qualification qu’on demande pour un emploi. Pour un travail réclamant telle ou telle compétence, le désir de réussir et une période d’essai ne seraient-ils pas des gages plus sérieux que le casier scolaire ? Nous connaissons tous des gens qui seraient profondément heureux de pouvoir en former d’autres autour d’eux à ce qu’ils aiment faire.

Mais ne comprend-on pas que cela nous est rendu impossible dans la très exacte mesure où l’on nous oblige à vivre l’enseignement sur un mode scolaire et uniquement ?
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- Ça veut dire quoi, la folie?
- L'hyperconscience.Les choses sont plus réelles que nature.Tu ne peux pas comprendre.Personne ne peut comprendre s 'il n'est pas passé par là. La folie c'est justement la solitude en totalité.

( p.212)
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De plus en plus besoin qu'on me lise.J'ai toujours refusé d'écrire un journal intime.Je veux être lue. (...)Le don de l'écrivain ne saura jamais m'apparaitre autrement que don de soi.Là flamboie entre ceux de la solitude et moi le même appel de pauvre.Comprend-on que je suis de la même étoffe ? J'écris par besoin impérieux d'affirmer ma solidarité, c'est aussi un âpre appel d'amour.


( p.227)
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(**Association Recherches et Rencontres)

L'isolement tue; chaque année il y a autant de suicidés que d'accidentés de la route.Nous accueillons ici des gens malades de solitude.Parfois, pendant une heure ils ne peuvent que pleurer ou même crier.Ils viennent chercher la force de vivre.
Nous ouvrons cinq ou six cents dossiers par an; les trois quarts sont dans la vie active; ils ont du travail, parfois sont en couple et personne ne soupçonne leur misère. (...) Et tous ces gens-là vivent dans la nuit.


( p.252)
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De six à seize ans, c'est clair et personne ne s'en cache, "parce que l'esprit de l'enfant est malléable", c'est toujours cette idée de la cire molle qu'il faut marquer d'un sceau. Les diplômes font de l'esprit scellé une lettre qu'on peut envoyer dès lors à son employeur destinataire.
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Toute douleur d’être séparé des autres, de l’autre, nous rapproche d’une vérité belle et tragique : nous ne vivons que pour refaire d’amour notre unité perdue. Que l’inaccessible soit le but de l’homme m’apparaît digne d’être vécu et je le dis. Je parle de haine, je parle d’amour. Je parle de la même chose. La collaboration avec les forces de la mort commence quand on parle de l’amour avec gentillesse et de la communication avec complaisance. Vivre, c’est savoir que l’amour n’existe pas et se consacrer en totalité à le créer, et ce choix absurde ne peut se concevoir que dans une certaine rage. Que vous écriviez une thèse ou plantiez des pivoines, soyez déterminés à regarder ce que vous faites en face, ne laissez rien passer qui n’aille dans le sens de votre cri. Et criez. Mais criez donc ! (p. 318)
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