Catherine Bensaid, interviewée par
Patrice van Eersel, en mars 2016,
autour de son livre : Libre d'être une femme
http://www.clubnouvellescles.com/ncles/index.php?page=catalogue/fiche&refstock=495895
Notre monde intérieur est sans cesse parasité par des pensées qui nous sont imposées, et qui nous donnent parfois de la vie une vision plus dramatique qu'elle ne l'est : nous interprétons à tort certains faits et gestes d'autrui, et nous allons jusqu'à nous rendre malades dans des situations qui, nous le savons bien, n'en valent pas la peine.
Cette vie, notre vie, apprenons à l'aimer. Une fois pour toutes ; pour en jouir, ensuite, au fur et à mesure. Accordons nous le temps et la liberté de trouver ce qu'il nous faut aimer, chérir, privilégier. Le choix s'imposera de lui-même si nous sommes en confiance. Rien n'est acquis : tout reste à recréer, à inventer, innover. Les instants changent, imprévisibles : nos plaisirs, nos désirs s'y adapteront. Mais ce qui dépend de nous, à nous de lui donner vie. Chantons, rions, pleurons, dansons. Vivons.
Nous créons chaque jour notre vie avec ce qui nous est donné de vivre : la presence ou non d'un compagnon, l'amour ou la mésentente au sein de la relation, un métier épanouissant ou dans lequel on s'épuise et ne se reconnaît pas, des relations familiales harmonieuses ou pesantes, une belle vitalite ou une fatigue chronique, un état psychique apaisé ou anxieux, joyeux ou dépressif. La réussite d'une journée n'est pas le seul fait d'une présence ou d'une absence : c'est notre état d'être face à ce que nous vivons, la mise au monde de cet instant.
Des qu'une route nous paraît être la bonne, il est bon de s' y engager ; nous ne devons pas craindre de perdre ce qui nous aurait amenés à tout perdre si nous n'avions pas agi de la sorte. La transition est toujours douloureuse, mais au moins amène-t-elle une ouverture possible. Un présent qui nous fait souffrir ne laisse entrevoir que de nouvelles souffrances.
Ne vous êtes-vous pas demandé si l'amour que vos parents vous portaient ne s'adressait pas finalement à un autre que vous : un amour qui vous donnait la sensation d'être nié en vous imaginant toujours différent de ce que vous étiez ?
Un amour qui vous faisait croire sans cesse que vous étiez imparfait, ou bien, mais est-ce vraiment plus facile à vivre, que vous étiez toujours parfait.
Obéir complètement au désir de l'autre pour soi, c'est comme la mort
Si on ne parle pas de ce qui va mal, on ne peut évoquer ce qui va bien. Si le malheur n'est pas exprimé, le bonheur n'a pas de place pour être dit et vécu. Les douleurs doivent sortir des profondeurs où elles sont enfouies et se rendre visibles, même au risque de faire mal, afin de disparaître ensuite.
Ce n'est qu'après des mois et des mois de larmes, larmes de l'enfant inconsolable que nous portons en nous, que chacun peut se retrouver. Ou se trouver : certains se sont tant éloignés d'eux-mêmes qu'ils ignorent s'être perdus.
Ma chère maman, tu étais comme toutes les mères, riche de paradoxes. Triste et joyeuse, désespérée autant que passionnée, entière dans tes sentiments, mais retenue par tes doutes, grave et enfantine, coquette et poète.
Et comme toutes les filles, j'ai appris de toi que la vie est paradoxe.
Ton approche humoristique de la vie nous a fait partager bien des rires et des complicités. Toujours en quête de savoir, tu m'as associée à tes interrogations et tes recherches : dès qu'un enseignement, un livre ou une découverte pouvaient m'intéresser, nous enrichir l'une et l'autre, tu m'indiquais le chemin.
J'ai grandi avec toi. Et tu as grandi avec moi.
Faire silence, c'est voir du dedans son monde intérieur, entendre les silences de son coeur, les silences entre les mots, ce qui ne se dit jamais ou que l'on ne prend pas le temps d'entendre.C'est faire le vide des émotions invalidantes pour laisser la place à une écoute de plus en plus fine et subtile, l'écoute de sa musique intérieure.C'est écouter son âme, la musique de l'âme.
Prenons le risque de vivre, car c'est bien de risque qu'il s'agit : celui d'aller vers la lumière et de faire la lumière sur ce que nous ne voulons ni voir ni savoir.Ouvrons notre porte à la joie même s'il nous faut affronter pour cela nos démons.Il n'y a pas de joie sans larmes et les larmes ne sont pas toujours tristes.