Citations de Catherine Bensaïd (164)
La sensation de manque est inhérente à la condition de l’être humain ; peut-être est-il sage de la reconnaître et de l’accepter. D’autant plus qu’elle est nécessaire : elle est le moteur utile pour nous faire chercher, avancer et agir.
Le regard des autres peut ne laisser aucune place au regard sur soi. Toutes les images différentes qui nous sont renvoyées nous transforment en toupie tournoyant sur nous-mêmes à la recherche d’une unité… Le regard des autres est nécessaire à notre évolution… mais en aucun cas, ce regard ne doit nous détourner de notre route.
les peurs se font le plus souvent connaître par ce que l'on s'interdit d'être et de vivre. On ne peut faire un pas de plus dans la direction qui est cependant celle de notre désir.
Ne craignons plus de perdre l'amour : jamais plus il ne nous perdra.
Nous sommes différentes des hommes et leurs égales, capables de cheminer avec eux, en bonne entente et possible complémentarité. (...)
Nous pouvons être fille sans nous laisser enfermer dans une image négative, ou réductrice du féminin, limitée par un statut décidé par d'autres et qui restreint nos pensées, nos actions, nos élans.
Ne peut-on trouver le moyen, chacune à notre façon, de concilier ce qu'il nous faut être avec ce que nous sommes ?
Ce qui importe, n'est-ce pas ce que nous sentons être juste pour nous, même si cela diffère des modes d'être qui nous sont imposés ?
Ne sommes-nous pas fortes et fragiles, ne pouvons-nous être belles avec les atouts qui sont les nôtres, heureuses avec ou sans enfant,
éprouver la joie d'aimer et poser cet amour-là où bon nous semble, sans craindre le jugement d'autrui, et sans penser que ce qui ne se vit pas maintenant ne se vivra jamais ?
Les douleurs que les femmes se transmettent au fil des générations ne sont pas les leurs ; tissage de drames méconnus et de chagrins oubliés, de plaintes et de contraintes, connues pour certaines, ignorées pour d'autres, elles nous tiennent prisonnières d'un infini mal d'aimer.
Quand l'aimé n'est plus au rendez-vous et l'amour plus que douleur, il est temps de partir, de quitter l'attente : de s'éloigner de celui ou celle qui fait fi de ses sentiments, de demandes maritales, mais aussi parentales et sociétales qui font abstraction de ses désirs.
Au burkina faso, lorsqu'un bébé garcon pleurait, je voyais les femmes lui donner le sein, tandis qu'elles laissaient pleurer leur bébé fille. Pourquoi ? Elles m'ont répondu que les garcons avaient "le coeur rouge" et qu'ils risqueraient de mourir de leur colère. tandis que les filles, qui n'auront jamais ce qu'elles souhaitent, feraient mieux de s'y habituer dès que possible.
Qu'il serait bon que chacun permette à ceux qu'il aime de penser à lui quand il ne sera plus avec bonheur.
Le besoin de séduire constitue par conséquent un moteur très puissant dans son évolution;
"Si nous décidons de nous engager totalement dans ce que nous faisons, présents dans chacun de nos actes, concentrés et attentifs, patients et persévérants, nous prenons déjà du plaisir à ce que nous faisons, au moment où nous le faisons; et si nos pas nous mènent vers une connaissance plus approfondie et de nous-mêmes et du monde dans lequel nous vivons, toujours dans le sens d'un mieux-être et d'un mieux-faire, nous guérirons peu à peu de ces maladies de la pensée qui nous empêchaient jusque là de vivre."
"Notre existence n'est plus fonction d'un acquiescement ou d'une approbation de la part des autres: nous ne sommes plus dépendants pour survivre d'une réassurance permanente. Et même si nous aimons plaire, si les encouragements extérieurs nous sont toujours bénéfiques et nécessaires, nous n'en éprouvons plus le besoin aliénant."
"Nous réalisons peu à peu qu'il ne faut plus attendre de l'extérieur ce qui ne peut venir que de nous-mêmes. Nous ne courons plus derrière une image de nous-même dont nous avons comme unique obsession qu'elle puisse en fin satisfaire les autres. Nous apprenons à nous accepter tels que nous sommes et en nous aimant davantage, à provoquer ainsi plus assurément l'amour des autres: nous n'admettons désormais dans notre club que ceux qui apprécient ce que nous sommes, qui sont en accord avec notre façon d'agir."
"Il nous suffirait parfois de lâcher prise avec le passé pour constater que le pouvoir que nous lui avons conféré n'était qu'un construction de notre imaginaire: une distribution de rôle que nous répétons inlassablement, comme un jeu qui, tout dangereux qu'il soit, est le seul à nous donner la sensation d'exister."
"Notre tête est sans cesse envahie par des retours en arrière sur un passé qui n'en finit pas de nous faire souffrir, et par une appréhension du futur qui nous laisse en proie à une angoisse irraisonnée."
Nous sommes portés par les regards tendres de ceux qui nous entourent, enrichis par la force qu'ils nous donnent.
Je suis une femme et j’écoute des femmes : j’entends leurs souffrances, partage leurs plaintes et leurs joies, connais leurs doutes et leurs questionnements, accueille leurs désenchantements et leurs magnifiques élans de vie.
Je sais leurs difficultés à trouver leur chemin dans la multitude des attentes dont elles sont l’objet.
On parle beaucoup de la liberté des femmes :
la femme s’est « libérée », juste évolution face à l’inégalité et à l’enfermement subis pendant des siècles. Droit de vote, contraception, large accès au travail, plus grande égalité avec les hommes :
autant de luttes qui ont permis à la femme de mieux maîtriser son destin. Mais la femme libérée est-elle libre ? Libre de son désir?
Que signifie « être libre » ? Pourrais-je dire me concernant, ainsi que toute femme pourrait le dire d’elle-même : « Je suis une femme libre » ? Je le suis autant que je le peux, pas autant que je le souhaiterais. Il est une liberté à acquérir, intime et intemporelle, celle qui permet à la femme de se défaire des souffrances et interdits qui entravent sa vie d’adulte. La liberté se recrée à chaque instant, elle est mouvement infini.
La femme naît «fille », mais aussi «fille de » :
elle perpétue ce que des siècles de mémoires ont inscrit dans son esprit, modèles à suivre ou à rejeter. Et elle tente de répondre aux espoirs de ses
parents « si heureux d’avoir une fille » ou de faire face autant qu’elle le peut à la déception de ceux qui auraient aimé avoir un garçon. Depuis son plus jeune âge, elle se conforme à des demandes qui lui sont imposées de l’extérieur et sont autant de limites à agir ainsi qu’elle le voudrait.
« J’imagine ce que mes parents veulent pour moi, mais ce que je veux, je le découvre peu à peu.» Grandir nous fera passer du statut de fille à celui de femme : « femme » à part entière avant d’être « femme de » : une possible guérison du féminin, un au-delà des contraintes, enfermements, et empêchements dont nous avons à nous libérer. Libération dans la société, au cours de l’histoire, par rapport à l’homme, mais aussi libération intérieure : de nos besoins de bébé, nos peurs de petite fille, nos rêves d’enfant, nos révoltes adolescentes. Libération de ce dont nous avons hérité et mis en place pour être telle que nous devrions être, oubliant celle que nous sommes.
Ce livre, je l’adresse à la femme en devenir :
il est celui que j’aurais peut-être aimé lire quand j’étais jeune fille. Libre d’être femme est le témoignage d’un chemin de vie. Dans ce chuchotement
intime et solitaire qu’est l’écriture, je donne à partager une part essentielle de mon être au monde.
Et je parle à la femme dans son essence, son « être femme » : ce mouvement initial qui la fait naître femme, et dans le même mouvement naître à la vie. C’est dans la liberté de son être intime qu’elle entre en relation avec l’autre, qu’elle peut s’ouvrir à l’amour, à la maternité, au plaisir, au bel œuvre qu’elle doit accomplir, sa vie en premier lieu, la vie.
Libre d’être femme : à chacune de trouver le chemin vers sa liberté.
La mémoire du passé l'emporte sur toute réalité présente.
Que faire sans cette présence qui accompagne, comprend et soutient ? Souvent, j'ai entendu des filles dire de leur père : "Il n'était jamais là."
Et beaucoup n'ont pas connu leur père, ne savent pas qui il est ou ont peu d'indices sur son identité : elles le verront quelques fois, ou jamais.
Elles peuvent en éprouver un sentiment d'illégitimité, des difficultés à accepter que soient reconnues leurs capacités et, où qu'elles soient, le sentiment de ne pas être à leur place.