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Citations de Catherine Blondeau (42)


Rien n’est pur. Rien n’est univoque. Il n’est de vérité que dans la nuance et dans l’hybridité. Une rumeur dit même que les Afrikaners, depuis le temps qu’ils sont là, ont forcément tous du sang noir dans les veines. Les plus progressistes d’entre eux s’en vantent, se réclamant Africains à part entière. Des Africains blancs, pourquoi pas ? Il y a bien des Européens noirs dans l’équipe de France qui vient de gagner la Coupe du monde de football.
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Contrairement à ce que je m’imaginais avant d’y vivre, il n’y a pas que des Noirs et des Blancs en Afrique du Sud. Le pays est aussi peuplé de millions d’Indiens dont les ancêtres sont venus à la fin du 19 e siècle, presque de leur plein gré, travailler dans les champs de canne plantés par les Anglais dans les collines du pays zoulou. On désigne sous le terme de coloured, un mot difficile à traduire en français, toutes sortes de gens à la peau brun-clair, descendants des premières nations sud-africaines (nomades Khoisan installés dans la province du Cap avant l’arrivée des Européens, pasteurs Khosas occupant les terres de l’Est avant l’invasion zouloue), ou d’esclaves originaires de l’océan Indien déplacés de force par les colons. Leur rencontre brutale avec les Blancs à partir de la fin du 17 e siècle a donné naissance, malgré l’interdiction légale de tout contact sexuel interracial jusqu’à la fin des années 1980, à une importante communauté métis dont l’afrikaans est devenu la langue maternelle.
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Le monde n’est pas un si petit village qu’on voudrait nous le faire croire.
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C’est comme si je vivais une nouvelle naissance. Comme si toutes mes certitudes devaient être systématiquement réexaminées. Comme si j’avais imprimé un quart de tour à mon point de référence et qu’il ne reviendrait plus jamais à sa place initiale (le contraire de ces métaux qu’on peut tordre et modeler sans jamais leur faire oublier leur forme première).
Comme si je reprenais tout à zéro.
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J’ai trente ans.
Je suis amoureuse d’un musicien.
Je l’aime à la folie et lui, du bout des lèvres. L’ombre tragique d’Hermione, dont je connais par cœur les monologues éperdus, plane sur nos malentendus.
Ni les poètes maniéristes, ni Racine, ni Rousseau (puisque mes longues études l’impressionnent, je me pare comme je peux des atours de mon savoir universitaire), ni mes intrépidités de sorcière (je lui jure que je trouverai le philtre), ni mes timidités nouvelles (je suis désemparée), ni ma patience, ni ma tristesse, ni ma gaieté : rien n’aura raison de son indifférence.
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Les magiciens vous apprennent que la méthode la plus efficace pour faire disparaître un objet du champ de vision du spectateur est d’attirer son attention ailleurs, tout simplement. Toute au miracle de mon ascension sociale, je m’étais apparemment complètement désintéressée de ce qu’il advenait des œuvres de Césaire au programme de l’option Lettres en Terminale.
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Ce n’est pas par la tête que les civilisations pourrissent. C’est d’abord par le cœur.
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Je me dis qu’à mon grand-père aussi, on a « inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir et le larbinisme ». D’ailleurs, est-ce qu’on peut vraiment tenir tout un peuple responsable des exactions commises par ses dirigeants ? Voilà le genre de question que je me pose à l’époque. C’est comme un joker que je me bricole avec des restes d’homme universel et de conscience de classe, un épouvantail prolétaire que je brandis triomphalement pour éloigner les oiseaux de malheur.
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L’Europe a sapé les civilisations, détruit les patries, ruiné les nationalités, extirpé « la racine de la diversité ». Plus de digue. Plus de boulevard. L’heure est arrivée du Barbare. Du Barbare moderne. L’heure américaine. Violence, démesure, gaspillage, mercantilisme, bluff, grégarisme, la bêtise, la vulgarité, le désordre.
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Le colonisateur, qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête.
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Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la haine raciale, au relativisme moral.
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C’est la première fois que l’esclavage et la traite ne sont plus de lointains faits historiques rapportés dans les livres, mais la chair de l’épopée tragique de tout un peuple marqué au fer rouge de l’humiliation. Césaire assume tout en bloc, l’horreur des tortures subies, la honte de l’infériorité consentie, l’aliénation incrustée au plus intime. Sur ce terreau pourri, il édifie pourtant un promontoire d’où il chante la fierté retrouvée de « la négraille, debout et libre ».
Je me souviens de la lecture du Cahier comme d’une immersion dans un océan de poésie où de grandes lames de mots d’idées d’images déferlaient sur moi en ouragan tropical.
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Tous ceux qui ont accompli la grande traversée sociale font état des contradictions parfois douloureuses qui les agitent : la fierté d’avoir échappé aux assignations de la naissance, la tentation du reniement total, l’irrémédiable sentiment d’étrangeté, le regret de l’unité perdue et, jamais très loin, la culpabilité qui rôde.
Il y a pourtant un certain confort à chausser les bottes de sept lieues du transclasse : vous pouvez vous raconter que vous avez gravi héroïquement chaque marche de l’échelle à la seule force de votre courage et de vos neurones.
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Je sens que mes choix de vie et ma toute nouvelle culture musicale m’éloignent du monde où j’ai grandi. Je me persuade qu’il me faut couper les ponts. Désormais, je regarde de haut les folksongs de ma jeunesse,sans parler de la musette de mon vieux père.
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La polygamie n’est d’ailleurs pas le sujet principal de Riwan. Ou plutôt, Riwan n’est pas une justification de la polygamie, un plaidoyer qui viendrait s’inscrire contre la doxa occidentale de la famille nucléaire. Ce dont Ken Bugul parle dans ce roman, c’est de la difficile conquête par chaque femme d’une « chambre à soi », quel que soit le contexte où le hasard l’a fait naître.
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Méthodiquement.
C’est comme découvrir un trésor planqué sous une latte de plancher de l’appartement où l’on vit depuis toujours sans avoir jamais rien su de son existence. Je me demande pourquoi on m’a caché tout ça. Je fais profiter ma mère, qui les apprécie autant que moi, de mes nouvelles trouvailles. Pourquoi les littératures afro-caribéennes ont-elles eu ma préférence depuis ce moment fondateur ?
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Je finis par comprendre que la partition proposée par Senghor entre dans une stratégie de reconquête. Pour revendiquer son humanité dans une époque où « les Hellènes » la lui dénient en bloc, il en invente une variante. Il tente d’entrer en humanité par une autre porte – au risque d’assigner tout son peuple à la porte de service.
Je ne me sens pas plus à l’aise d’être rétrécie à mon activité rationnelle que Fanon à son activité émotionnelle.
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Agacée par l’intelligence de cet élève haïtien qui fait clocher sa vision du monde, elle s’exclame un jour en plein cours : oui mais toi, tu es un Nègre blanc ! La main pivote sur le poignet en un geste qui disqualifie d’avance toute tentative de contestation. Cela met Jean-Marie dans une colère folle et moi avec, même si je ne saisis pas vraiment toute la portée du propos.
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Il y a tellement de livres. Je voudrais n’en manquer aucun. J’explore dans toutes les directions. Je fais d’intenses séjours prolongés dans l’œuvre des auteurs classiques, des sauts de puce dans des titres inconnus sur lesquels un ami, une bibliothécaire, un professeur, une émission à la radio, un débat à la télévision ou tout simplement ma mère ont attiré mon attention. Je me souviens encore avoir lu Le Cheval d’orgueil et L’Archipel du Goulag dans l’édition reliée de France-Loisirs (elle avait choisi ces titres dans son abonnement).
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Il a travaillé aux côtés d’ouvriers du pays qui avaient appris le même métier que lui. Ils sont devenus ses camarades. Certains d’entre eux parlaient français. Quand ils lui ont appris qu’ils gagnaient moins que lui, il n’a pas compris pourquoi. Il a trouvé cela vraiment injuste.
Il n’a pas pour autant cessé de croire que la France avait civilisé les pays qu’elle avait colonisés.
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