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Critiques de Cecil Castellucci (15)
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Black Hammer - Visions, tome 2

Confier ses personnages à d'autres auteurs

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Ce tome met en scène des personnages issus de la série Black Hammer créée par Jeff Lemire, dessinée par Dean Ormston. Il est possible de lire ces histoires sans rien connaître de ces personnages. Elles prennent plus de sens quand on a lu la série mère. Il fait suite à Black Hammer - Visions, tome 1 (épisodes 1 à 4) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 5 à 8, chacun réalisé par une équipe créative différente. Il contient également les couvertures variantes d'Annie Wu, Marguerite Sauvage, Dan Brereton, Brian Hurtt, Veronica Fish, Yuko Shimizu, Patric Reynolds, Genn Fabry, 12 pages contenant des crayonnés et des pages d'études de personnages.



Skulldigger : écrit par Kelly Thompson, dessiné et encré par Leonardo Romero, avec une mise en couleurs de Jordie Bellaire. Skulldigger est rentré dans ce qui lui sert de base. Il retire son casque, se passe les mains sous l'eau et s'en asperge le visage. Il arbore une expression fermée et se regarde dans la glace. Il y a quelques temps, il faisait le guet sur un toit et avait vu passer au loin une jeune femme au bout d'un filin, une supercriminelle appelée Bijou. Il la suit. Elle a un peu d'avance et a pénétré dans un musée par la verrière sur le toit. Elle commence à découper un rond dans la vitrine en verre qui protège un précieux diamant, don de monsieur Andres Venger. Alors qu'il vient de la repérer depuis le toit, le vigile pénètre dans la pièce où est exposé le diamant et tient Bijou en joue, la sommant de s'arrêter. Elle s'amuse avec lui, lui demandant si elle doit d'abord s'immobiliser, ou d'abord remettre le diamant en place. Il lui dit qu'il va appeler la police : elle répond qu'elle préfèrerait que personne ne se fasse tirer dessus. Skulldigger finit par intervenir.



Le lecteur retrouve avec plaisir ce superhéros évoquant un amalgame entre Batman et Punisher, pour une aventure rapide, ayant bénéficié de sa propre minisérie Skulldigger & Skeleton Boy (2021) par Jeff Lemire & Tonci Jonzic. La scénariste met sur son chemin une supercriminelle assez enjouée, malicieuse, maniant le bola avec dextérité, et capable de jouer de ses charmes. Le lecteur perçoit tout de suite la tension régnant entre les deux, pas seulement parce qu'ils sont de part et d'autre de la loi. Il s'agit d'une cambrioleuse attirée les bijoux de prix. Il ne fait pas longtemps pour additionner deux et deux : une variation sur Catwoman, et la relation ambivalente qu'elle entretient avec Batman. Les dessins sont un peu secs, avec une utilisation copieuse des aplats de noir. L'artiste joue de l'apparence avenante de Bijou qui sait sourire, de son costume jaune pâle, par contraste avec le visage fermé et dur de Skulldigger et de son costume sombre. La tonalité de la narration visuelle est à la fois pulp et bon enfant, plus intemporelle que nostalgique, une ambiance personnelle qui ne cherche pas à imiter des prédécesseurs, que ce soit David Mazzuchelli ou Darwyn Cooke. Le lecteur prend plaisir à ce récit rapide, cette tension entre Skulldigger et Bijou, cette romance qui semble couru d'avance, la joie de vivre de Bijou et sa capacité à obtenir ce qu'elle veut grâce à son intelligence plutôt que sa force. La fin s'avère dévastatrice, en cohérence totale avec le personnage principal, ramenant le lecteur à la réalité de son mode opératoire. Une grande réussite.



Cthu-Lou : écrit par Cullen Bunn, dessiné et encré par Malachi Ward & Matthew Sheean, avec une mise nten couleurs de Dave Stewart. Comme à son habitude, Cthu-Lou est vautré dans son fauteuil en train de regarder n'importe quoi à la télévision, en l'occurrence les informations, tout en descendant des bières. Dans les égouts, la déité anguleuse émet son appel en continu. Un rat l'observe et répond à son appel : il indique qu'il sait que les constellations prendront bientôt la configuration requise, et qu'il faut que l'émissaire rassemble les fidèles pour pouvoir construire la machine nécessaire. Elaine, l'épouse de Cthu-Lou est rentrée du travail et retrouve son époux avachi dans le fauteuil, qui n’a pas bougé : elle lui adresse les remontrances habituelles et lui fait observer que l'accouchement approche et qu'il faut qu'il puisse subvenir aux besoins de sa famille.



Ce personnage est précédemment apparu dans Black Hammer: Streets of Spiral : Chtulhu est présent sur Terre, logé dans les égouts, et Cthu-Loui est son émissaire. Le scénariste raconte son histoire de manière très prosaïque : un bon à rien fainéant qui ne décolle pas ses fesses de devant la télé, et qui laisse son épouse l'entretenir. Il ne fait même pas l'effort de répondre à l'appel de son maître anguleux. Le lecteur ressent tout de suite un mépris appuyé à l'encontre de ce personnage, certes accablé par son apparence son manque de qualification à part la plomberie, son manque d'égard vis-à-vis de son épouse. Les deux artistes réalisent des dessins dans un registre réaliste et descriptif, avec des traits de contour assez fins, une densité d'information pas très élevée, mais une mise en couleurs qui vient nourrir chaque case, à la fois pour les textures, le relief et l'ambiance lumineuse. Les pages se tournent toutes seules pour suivre cet individu pitoyable, et la manière dont il se retrouve en face de la déité anguleuse. L'intrigue s'avère bien construite avec une ironie mordante, mais la narration reste plate et peu stimulante.



Ms. Moonbeam : écrit par Cecil Castellucci, dessiné et encré par Melissa Duffy, avec une mise en couleurs de Bill Crabtree. Dans un monde pas bien fini, sur une planète mal dégrossie, la presque superhéroïne Ms. Moonbeam se souvient de la fois où Colonel Weird était apparu sur leur planète et qu'elle avait participé à sa victoire, avec Insector et Golden Goose. Elle s'était sentie vivre, exister pleinement. Mais la banalité d'un quotidien superficiel a repris le dessus, et elle se retrouve à jouer aux cartes avec Instector, Golden Goose, un lapin et un cochon doués de conscience. Mais un jour, une petite annonce dans le journal indique la tenue d'une audition pour trouver un personnage.



Effectivement, Ms. Moonbeam était apparue dans les épisodes 6 & 7 de la série, réunis dans Black Hammer Volume 4: Age of Doom Part Two , un passage en forme de métacommentaire aussi touchant que les personnages étaient dérisoires. La scénariste décide de prolonger la vie de ces protagonistes à demi-conçus le temps d'un épisode. Contre toute attente, elle réussit à la perfection cette histoire périlleuse, entre intrigue premier degré et métacommentaire touchant. La narration visuelle évoque par moment la naïveté des dessins de Michael Allred, à d'autres moments la naïveté de ceux de Jeff Lemire ou d'Emi Lenox. Le lecteur est profondément touché par la situation existentielle de Moonbeam, par sa détermination à améliorer sa condition, par l'acceptation de leur situation des autres personnages, par la désinvolture de l'auteur présent dans l'épisode, et par celle de Golden Grail. Un numéro d'équilibriste extraordinaire de justesse et d'émotion, de premier degré, et de commentaire sur l'art de donner de la consistance à un personnage pour le faire exister aux yeux du lecteur.



Horseless Rider : écrit par Scott Snyder, dessiné, encré et mis en couleurs par David Rubín, En 1955, dans une maison de repos au beau milieu de l'ouest de l'Arizona, Buck, un pensionnaire en chaise roulante, est poussé vers sa chambre, par l'infirmier Eppley. Buck fait observer au soignant que des biens personnels disparaissent des chambres des personnes âgées, c'est arrivé à Bernard Petal, à Madge. Eppley lui promet de veiller sur lui, de veiller à ce que ses affaires ne disparaissent pas. Dans les années 1880, un cowboy essaye de fuir le shérif et son adjoint qui le poursuive pour vol. Il parvient de justesse à plonger dans une rivière en bas d'une falaise alors qu'ils lui tirent dessus. Au temps présent, la nuit venue, Eppley va visiter la chambre de Buck



Avec cette histoire, le scénariste crée un nouveau personnage assez générique : un cowboy sans nom surnommé Cavalier sans monture. Il raconte une histoire selon deux lignes temporelles, une sur des vols dans une maison de retraite, une autre sur un détrousseur de morts et de sépultures. Le lecteur n'éprouve pas beaucoup de doute sur le fait qu'il s'agisse d'une histoire de transmission d'identité de justicier masqué, et que Eppley va devenir le prochain Cavalier sans monture. La narration visuelle présente une personnalité marquée : dans le registre descriptif et réaliste, mais avec une touche caricaturale dans les visages, des décors simples sans être simplistes et un découpage de planche s'adaptant à chaque scène, avec une mise en couleurs très sophistiquée développant des ambiances marquées. Confiant, le lecteur attend la chute, certain de sa nature, et il se retrouve surpris par un dénouement différent, en cohérence pleine et entière avec la saveur pulp et la justice immanente.



Deuxième tome dans lequel Jeff Lemire confie ses créations à d'autres auteurs : peut-être un (demi) cran en-dessous du précédent en fonction de la sensibilité du lecteur. Deux histoires extraordinaires, celle de Skulldigger et celle de Ms. Moonbeam, une très bonne, celle de Horseless Rider, une à la narration moins marquante (Cthu-Lou), globalement une réussite.
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Des canards trop bizarres

Lors de la masse critique de mars 2014, j'ai eu la chance de recevoir la bande dessinée Des canards trop bizarres de Cecil Castellucci et Sara Varon.



Premièrement, j'ai été agréablement surprise par rapport aux illustrations de cette œuvre. En effet, les couleurs sont très jolies, très vives et nous font ressentir la fraîcheur et la gaieté qui se dégage de cette bande dessinée. Dès la première page de l'histoire, nous pouvons voir une magnifique illustration représentant la chambre de Gwendoline, ce qui nous permet de plonger dans l'histoire dès le départ. On a vraiment l'impression de se trouver dans la pièce grâce à l'angle de vue et via tous les petits détails tels que la commode et ses petits objets, les paires de chaussures ou encore la table de chevet. Vous l'aurez bien compris, les dessins comportent énormément de petits détails qui permettent au lecteur de mieux identifier le contexte de la bande dessinée et de se plonger dans l'histoire.



En ce qui concerne l'histoire en elle-même, j'ai vraiment bien aimé! Gwendoline est une cane qui aime vivre sa vie seule, aller à la bibliothèque chercher ses livres préférés seule, faire ses longueurs dans la mare avec une tasse sur la tête seule, faire du patchwork seule, manger sa nourriture pour canard avec de la sauce à la mangue seule... Et j'en passe, pour résumer c'est une cane très solitaire. Mais le jour où Elvis (un canard à l'allure vraiment très étrange et négligée!) déménage dans la petite maison à côté de celle de Gwendoline, c'est toute la vie de cette dernière qui se bouleverse. Pourtant très réticente au départ vis à vis d'Elvis, Gwendoline va au fur et à mesure se lier d'amitié avec ce jeune canard désordonné et complètement original. Mais entre ces deux canards, lequel est vraiment le plus bizarre? Gwendoline avec ses drôles de manières et son étrange habitude de nager avec une tasse sur la tête ou Elvis avec son allure négligée et sa drôle de passion pour les créations artistiques plus folles et délirantes les unes que les autres? C'est lors d'un quiproquo que nos deux amis vont réaliser que ce sont les différences qui nous unissent et font d'une personne quelqu'un d'unique et extraordinaire. Et ce n'est pas parce qu'on est différent que l'on est bizarre, on possède juste notre propre personnalité ce qui nous fait sortir du lot et nous qualifie d'étrange auprès des autres. J'ai trouvé la moralité très belle et profonde, cela peut faire réfléchir sur la notion de l'étrangeté. "Qu'est-ce qui est vraiment étrange? Ce qui est différent de nous est-il étrange? Sommes-nous alors étrange aux yeux des autres?"



Cette histoire est vraiment une belle leçon pour les plus jeunes (à partir de 6/7 ans selon moi) car bien qu'il n'y ait pas beaucoup de texte (et je trouve ça bien car je me dis que s'il y en avait énormément, cela dérouterait les petits et les lasserait sûrement, décidément tout a été pensé dans les moindres détails dans cette bande dessinée!), la moralité est bien présente : il ne faut jamais se contenter des apparences de quelqu'un pour la juger, il faut d'abord la connaître la personne plus personnellement! De plus la présence de chapitres change des bandes dessinées ordinaires ; Pour moi Des canards trop bizarres sort complètement de la banalité des bandes dessinées que l'on peut trouver actuellement en librairie et je tiens à féliciter ses auteurs pour l'originalité de l'histoire et des illustrations! Je tiens à ajouter que plein de petits détails m'ont fait rire comme lorsque Gwendoline prépare un gâteau avec des "faux œufs" et du "sucre de canne". Les annotations présentes tout le long du livre contribuent aussi au caractère unique de ce livre, finalement aussi unique que ses deux protagonistes haut en couleurs!



Je conseille vivement cette bande dessinée aux enfants qui commencent à découvrir le monde merveilleux de la lecture!
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Female Furies

Ce tome contient une histoire complète qui peut être lue indépendamment de toute autre. Il comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018, écrits par Cecil Castellucci, dessinés et encrés par Adriana Melo, et mis en couleurs par le studio Hi-Fi. Il comprend également les couvertures originales réalisées successivement par Mitch Gerads, Dan Panosian, Nicola Scott, Walt Simonson, Julian Totino Tedesco, Joëlle Jones.



Sur Apolkolips, les six furieuses se tiennent devant Granny Goodness qui est en train de leur expliquer qu'elles sont les meilleures combattantes de la planète : Aurelie, Bernadeth, Big Barda, Lashina, Mad Harriet et Stompa. Il y a des années de cela, lors du coup d'état de Darkseid, Granny Goodness avait été chargée de tuer Heggra, la mère de Darkseid. Elle avait fini par lui faire avaler un poison lancé par Desaad pour aller plus vite. Heggra avait eu le temps de dire à Goodness qu'elle comprenait son geste et de lui confier son livre sur l'ADN des lignées d'Apokolips. Alors que Darkseid entrait dans la pièce, Desaad s'attribuait la responsabilité de la mort de Heggra, à l'évidence tuée par le poison. Au temps présent, les Female Furies s'affrontent deux à deux sous les yeux de Granny Goodness pour qu'elle puisse apprécier leurs progrès. Puis elle se rend dans salle de cellule de crise, pour expliquer à Darkseid que son équipe d'élite est en mesure d'effectuer une mission de confiance. Desaad et Glorious Godfrey tourne ses prétentions en ridicule. Mais Darkseid accepte de lui laisser la possibilité de faire les preuves de son équipe. Il y a de cela des années, après la réussite de sa prise de pouvoir, Darkseid donne congé à Desaad, Willik, Steppenwolf et Glorious Godfrey et ordonne à Granny Goodness de rester. Desaad maugrée qu'elle va encore avoir droit à un traitement de faveur. Une fois les autres partis, Darkseid explique à Granny Goodness ce qu'il attend d'elle : de la détente au lit.



Le lendemain, Darkseid indique à ses collaborateurs le poste qu'il a choisi pour eux, et Granny Goodness doit se charger de l'orphelinat, ce qui fait bien rire les autres. Elle supporte l'humiliation et se montre sans pitié dans le choix de ses protégés, n'hésitant pas à retirer des nouveaux nés à leurs parents s'ils présentent un ADN intéressant. C'est ainsi qu'elle retire le fils de Tigra et qu'elle la fait enfermer dans un des nombreux cachots. Au temps présent, les six Female Furies font une démonstration de combat devant Darkseid et ses sbires qui se déclarent tous impressionnés par leurs capacités, pour des femmes. Ils leur imposent d’autres épreuves : une épreuve de cuisine, une épreuve de présentation en robe de soirée, une épreuve de sourire en bikini. Une fois encore, Granny Goodness constate que Darkseid et ses ministres refusent de reconnaître la qualité guerrière de ses Female Furies. L'après-midi, elle se montre encore plus dure lors de l'entraînement des Female Furies, voyant surtout en elles un moyen pour accéder à une position plus importante dans l'organisation de Darkseid. Willik entre dans la salle d'entraînement et montre un symbole à l'effigie de Darkseid, à Granny Goodness : il réquisitionne Aurelie pour un entraînement spécial.



De 1970 à 1973, Jack Kirby a produit 4 séries pour DC Comics : Mister Miracle, New Gods, The Forever People, Superman's Pal, Jimmy Olsen, soit un total de 59 épisodes. Par la suite, l'éditeur a fait fructifier ces personnages, essentiellement Darkseid. Avec la présente minisérie, la scénariste met sur le devant de la scène un groupe de femmes guerrières qui donnaient du fil à retordre à Scott Free (Mister Miracle). D'ailleurs le présent tome contient l'épisode 9 de la série Mister Miracle où elles apparaissent pour la première fois. Il ne faut pas longtemps au lecteur pour comprendre que ce récit comprend une fibre féministe, Darkseid et ses ministres traitant les Female Furies et Granny Goodness comme des êtres intrinsèquement inférieurs aux hommes, quelles que soient leurs compétences y compris guerrière. Sous réserve qu'il ne soit pas allergique à cette fibre, le lecteur plonge dans un récit très agréable qui se lit facilement. Autrice et dessinatrice racontent une vraie histoire, avec une solide maîtrise du quatrième monde de Jack Kirby. Le lecteur qui en est familier reconnaît bien évidemment les Female Furies. Il fait le lien entre Aurelie et Auralie qu'évoquait Big Barda dans l'épisode 9 de Miracle Man. Il sourit en voyant mentionné le nom d'Himon, le mentor de Mister Miracle. Il grimace en voyant Willik et son rôle dans le sort d'Aurelie. Adriana Melo maîtrise bien l'apparence de chaque personnage, respectueuse de celle conçue par Jack Kirby. Elle reprend même la version culotte courte originale du costume de Darkseid. L'amateur des créations de Jack Kirby ressent le respect des autrices pour le matériau original : elles ne se l'approprient pas pour faire autre chose et elles apportent un soin tout particulier à s'intégrer avec la continuité originale établie.



Le lecteur s'investit dans l'intrigue, même s'il la connaît déjà dans les grandes lignes en ayant lu la saga du Quatrième Monde. Cecil Castellucci déplace donc le centre d'intérêt de Darkseid et des Néodieux, vers les Female Furies. Elles ne sont que l'instrument de l'ambition de Granny Goodness. Le principal fil narratif raconte les manœuvres de Granny Goodness pour entrer dans les bonnes grâces de Darkseid, pour prouver encore et toujours son allégeance sans faille, et ses stratagèmes pour se faire remarquer par son zèle, par les résultats de son équipe féminine. Pour elle, la fin justifie tous les moyens. Les Female Furies sont des personnages secondaires, un peu nombreux. La scénariste parvient à leur insuffler plus qu'un minimum de personnalité, en particulier à Big Barda, Aurelie et Lashina. L'histoire de Granny Goodness et de ses Female Furies se déroule ne même temps que la situation politique évolue (la guerre contre New Genesis se rapproche) et que la génération suivante grandit (en particulier Scott Free). Le contexte de cette histoire parle plus au lecteur familier du Quatrième Monde., mais il anticipe aussi plus facilement les événements. Adriana Melo sait reprendre les caractéristiques visuelles établies par Jack Kirby, sans jamais singer ses dessins. Elle ne cherche pas à capturer la grandiloquence de Kirby, ou sa dramaturgie. Elle réalise des dessins qui reprennent certaines exagérations propres aux comics de superhéros (costumes moulants, superpouvoirs spectaculaires rehaussés par des effets pyrotechniques avec les couleurs), et une comédie dramatique avec des acteurs qui surjouent un peu leurs émotions, pour bien montrer qu'elles sont intenses.



Le lecteur s'habitue rapidement au rictus de Granny Goodness, au visage peur avenant de Mad Harriet, au visage de pierre de Darkseid, aux expressions de supériorité de Desaad et de Willik. Il se rend compte que la dessinatrice parvient à rendre Darkseid crédible, ce qui n'est pas donné à tous les artistes, certains le transformant en supercriminel trop prosaïque et donc ridicule. Il ressent pleinement la forme de sadisme psychologique de Willik, ainsi que la souffrance intérieure intolérable d'Aurelie, et le mépris des autres Female Furies qui estiment qu'elle est faible parce qu'elle ne parvient pas à supporter le harcèlement sexuel de Willik. Du coup, même si Adriana Melo utilise peut-être un peu trop de gros plan et se désintéresse régulièrement des décors, le lecteur ressent quand même une immersion de bon niveau grâce à la direction d'acteurs. Elle parvient à faire exprimer des émotions générant une forte empathie, alors qu'il s'agit de personnages dans des costumes chamarrés, sensés vivre sur une planète fantaisiste où la maltraitance règne en maître. C'est ce qui fait toute la différence et qui permet au récit d'éviter de ressembler parfois à un pamphlet féministe. Cecil Castellucci se montre tout aussi habile. Il est tout à fait possible de lire ce récit comme l'histoire d'un groupe de combattants d'élite qui font tout pour être reconnues à leur juste valeur au sein d'une dictature. Cet enjeu aurait eu le même impact s'il s'était agi d'un groupe d'hommes.



Au fil de l'histoire, la scénariste dose savamment ce qui relève d'un propos féministe, et ce qui relève d'une analyse systémique. Effectivement, les épreuves supplémentaires exigées par Darkseid et ses ministres relèvent de la misogynie patriarcale : que ce soit le concours de cuisine, ou le défilé en maillot de bain. De même le mépris de Desaad, Glorious Godfrey et Willik s'exprime explicitement contre elles parce qu'elles sont des femmes. Par contre le comportement de Granny Goodness ne peut s'appréhender qu'au regard du système sociétal. Elle souhaite gravir les échelons, et elle ne sait qu'appliquer les mêmes stratégies que celles qu'elle observe : se montrer aussi cruelle, dure, manipulatrice, sans empathie, et encaisser, à l'image de ceux qui sont déjà au pouvoir, c’est-à-dire des hommes. De la même manière, Bernadeth, Big Barda, Lashina, Mad Harriet et Stompa jugent qu'Aurelie est faible parce que les abus sexuels de Willik la mine. Elle devrait être capable de surmonter ces épreuves, comme toutes les autres épreuves, elles-mêmes le feraient. Elles ne remettent pas en cause le système et appliquent les seules valeurs morales qu'elles connaissent et qui s'appliquent à tous les habitants d'Apokolips. La critique ne porte plus sur un machisme écœurant, mais le manque d'empathie, l'incapacité à s'interroger sur un système qui contraint les individus à un unique type de comportement où les faibles souffrent et sont éliminés, sans arrière-pensée.



Dans un premier temps le lecteur peut trouver étrange que les responsables éditoriaux aient donné le feu vert pour une minisérie sur un groupe de personnages aussi peu connus. Ensuite, il constate que les autrices font preuve d'une grande connaissance de l'œuvre de Jack Kirby, et la mettent à profit avec un respect sans reproche. Dans un deuxième temps, il se dit que les autrices vont se livrer à une critique féministe en instrumentalisant les personnages. En fait, le récit est plus nuancé que ça. Adriana Melo dessine vraiment un comics de superhéros, sans mette l'accent sur une prise de position, d'abord l'aventure haute en couleurs, et les personnages improbables. Cecil Castellucci évoque bien le traitement injuste des femmes sur Apokolips, la discrimination qui atteint un niveau abject, mais il n'y a pas d'angélisme en faveur des femmes. Elle montre qu'elles alimentent le système tout autant que les hommes, et parfois avec plus de cruauté, sciemment ou non. Avant tout, il s'agit d'un récit du quatrième monde qui vient respectueusement enrichir sa mythologie, d'une aventure spectaculaire, d'un commentaire sur l'ambition et la valeur de l'être humain dans un système agressif.
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Des canards trop bizarres

Gwendoline est une cane adorable, souriante et serviable. Elle habite dans une petite maison rose avec de jolis rideaux aux fenêtres, près d'une mare. À l'intérieur, tout est propre et bien rangé, les objets sont soigneusement alignés. Gwendoline est toujours élégante, ne sortant jamais dehors sans son chapeau, son collier, ses gants mauves et ses chaussures à talons. Toutes ses journées commencent par des exercices sportifs : mouvements de gymnastique, chant et natation. Même dans l'eau, Gwendoline est gracieuse ; rien de telle qu'une tasse de thé sur la tête pour se tenir bien droite !

Ce qu'elle aime : faire du vélo, la sauce à la mangue, le patchwork, les livres sur les canards, contempler les étoiles avant de se coucher et faire un voeu, toujours le même... Pour rien au monde, elle ne changerait de vie et d'endroit (il est hors de question qu'elle migre vers le sud en hiver!). Sa vie solitaire et tranquille et ses petites habitudes lui conviennent parfaitement.

Mais voilà qu'un nouveau canard emménage dans la maison d'à-côté. De grands chamboulements s'annoncent dans l'existence de Gwendoline... Car Elvis est très « rock and roll » ! C'est un artiste, un original.

La cane, toujours très polie, lui apporte un gâteau pour lui souhaiter la bienvenue et reste aimable devant lui mais ses plumes de travers, colorés et sales, son comportement étrange et son langage grossier la choquent beaucoup. Et que dire de ces drôles de sculptures qui envahissent le jardin...

Malgré tout, ses deux-là vont vite se trouver des points communs et devenir inséparables... jusqu'au jour où ils entendent cette petite phrase : « Regarde ce canard, il est trop bizarre ». Mais à qui est adressée cette insulte ? Qui est ce canard trop bizarre ? Gwendoline ou Elvis ? Bientôt, une dispute éclate entre les deux amis car chacun pense que l'autre est le plus bizarre.

Ma fille et moi avons eu un gros coup de coeur pour cet album qui aborde avec justesse les questions de la normalité et de la différence. Et au-delà de la bizarrerie, l'amitié. Des thèmes qui touchent beaucoup les enfants. C'est drôle, enlevé, foisonnant de détails, de commentaires rigolos et de symboles. Quant aux personnages, ils sont terriblement attachants !


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Des canards trop bizarres

Gwendoline est une cane bien sous tous rapports, bien élevée, avec une petite vie bien rangée, tout ce qu'il y a de plus classique. Enfin presque.



Elle fait de la natation...mais avec un casque sur lequel elle tient en équilibre une tasse de thé d'églantier. Elle mange de la nourriture de canards...mais avec de la sauce à la mangue. Elle emprunte à la bibliothèque des livres...mais que personne n'a plus lu depuis des décennies.



Mais voilà qu'un beau jour, s'installe à côté de chez elle un nouveau voisin, Elvis. Un canard déjanté, mal élevé, peu soigné, un brin artiste, sculpteur, chanteur, bref, limite asocial du point de vue de Gwendoline.



Gwendoline étant bien élevée, décide d'accueillir comme il se doit son nouveau voisin, mais parvient vite à la conclusion qu'ils ne sont pas faits pour s'entendre et la cohabitation devient pesante.



Mais Gwendoline a un espoir. L'hiver approche et Elvis va, comme tous les autres canards, s'envoler vers le sud.



Gwendoline, elle, ne part plus depuis longtemps. Elle préfère le calme de l'hiver seule dans sa maison.



Mais voilà, patatras, Elvis ne part pas.



La cohabitation forcée conduit petit à petit Gwendoline et Elvis à faire connaissance et à s'apprécier de plus en plus.



Finalement, lorsque l'on se donne la peine de s'intéresser à l'autre, on peut se découvrir des points communs même avec quelqu'un en apparence tellement différent de soi.



Un jour, se promenant dans la rue, les deux compères entendent dans leur dos : "Vraiment trop bizarre ce canard".



Aussitôt, chacun rassure l'autre. Mais qui des deux est le canard bizarre ?



Les nouveaux amis se déchirent. Leur jeune amitié est mise à rude épreuve. S'en sortiront-ils ?



Ce très beau livre, joliment illustré avec beaucoup de détails et de clins d’œil à commenter, se prête à partir de 2 ans et demi (pour des enfants concentrés) et probablement pendant quelques années tant il peut être facilement simplifié pour les plus jeunes, puis permet une lecture de plus en plus riche en terme de vocabulaire et de concepts plus les enfants grandissent.



Une belle histoire autour des notions d'amitié, de différence, de respect de l'autre.



Merci à Babelio et aux éditions Rue de Sèvres pour cette très belle découverte dans le cadre de Masse Critique.
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Des canards trop bizarres

Gwendoline n'est pas une canne ordinaire. Chaque jour, elle a ces rituels un peu particulier. En plus, elle n'aime pas trop voler comme ces copines. Un jour, Elvis, vient s'installer en face de chez elle. Lui non plus, n'est pas très ordinaire. Mais va naître une belle histoire d'amitié.



Gwendoline prend soin d'elle et est aimable avec tous les gens qu'elle rencontre. Chaque jour, elle étire ces ailes, fait des abdominaux, travaille sa voie et fait des longueurs tout en ayant une tasse de tisane d'églantier sur la tête. L'après-midi, elle fait ces courses et va à la bibliothèque. Le soir, elle regarde les étoiles et fait un voeux.



Un jour, elle a un nouveau voisin, Elvis, qui a l'air un peu étrange. Il a des tas de choses qui traînent dans son jardin et n'a pas beaucoup de manière. En plus, il a des plumes de toutes les couleurs sur son corps. L'hiver, elle pensait rester seule pendant ces congénères étaient parties en voyage. Seulement voilà, Elvis, est restée aussi. Mais très vite, ils vont se rapprocher et devenir de très bons amis.



Une très jolie bd jeunesse sur l'amitié et la tolérance. L'idée de prendre des canards loufoques est excellente. Très à part des canards ordinaires, je me suis attachées aux personnages très gentils et complément à côté de la plaque. On a le droit d'être différent des autres ce n'est pas pour autant qu'on est pas intéressant, gentil ou curieux. Et qu'importe ce que les gens peuvent dire dans le dos, le plus important est d'être entouré de gens qui nous apprécie pour ce que nous sommes.



Une tendre et adorable bande dessinée à mettre dans beaucoup de mains, pas seulement celles des enfants. Le message est positif avec de l'humour et des dessins trop mignons.


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Des canards trop bizarres

Gwendoline est une cane à la vie bien rangée. Chaque jour, immanquablement, elle effectue les mêmes gestes : de sa gymnastique matinale à son observation des étoiles en passant par ses courses en ville. Elle aime rester seule à lire de vieux livres, faire du patchwork, rester bien au chaud chez elle l'hiver lorsque ses congénères s'envolent vers le Sud... Et, surtout, elle ne désire qu'une chose : que sa vie ne change jamais !



Pourtant, lorsque Elvis, un canard plutôt farfelu, emménage dans la maison d'à-côté, son univers est bouleversé... Qui est le plus bizarre de deux ? Finalement, sont-ils si différents l'un de l'autre ?



Si personnellement, c'est vrai, je n'ai pas été particulièrement séduite par la première de couverture de cette "bande dessinée" adressée aux jeunes lecteurs (dès 6 ans), c'est tout l'inverse en ce qui concerne la mise en page intérieure, le contenu et le message à en tirer.



Cet album cartonné de 104 pages propose un bon compromis entre l'album classique et la bédé. Aux simples ou doubles pages accompagnées de textes classiques, s'ajoutent quelques cases et bulles. Côté typographie, j'ai particulièrement apprécié ces flèches accompagnées de commentaires off. Et côté illustrations, les pages qui mettent en scène les constellations... Elles plairont certainement aux jeunes lecteurs et leur donneront l'envie, eux aussi, d'observer les étoiles... en compagnie d'un ami !



Quant au contenu, cette histoire traite avec beaucoup de finesse et d'humour le thème de la différence et des préjugés. Gwendoline et Elvis sont très différents et, pourtant, lorsqu'ils apprennent à se connaitre, ils se découvrent de nombreux points communs. Ils découvrent aussi que le jugement est très subjectif : ce qui peut paraître normal pour l'un peut paraître bizarre pour l'autre et inversement !



C'est cette leçon qu'expérimentent nos deux héros ! Dans la foulée, ils gagnent aussi une belle et forte amitié enrichie par leurs points communs et leurs différences !



"Dans sa vie d'avant, avant Elvis, Gwendoline était parfaitement heureuse. Maintenant, tout lui semble ennuyeux si elle ne peut pas le partager avec Elvis."



En bref, s'il ne faut pas juger les gens à leur apparence, il en est de même pour les livres ! "Des canards trop bizarres" mérite amplement qu'on s'y attarde !



Petit plus, la dernière page propose de fabriquer des étiquettes de tisane aux couleurs de Gwendoline...
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Batgirl, tome 7 : Oracle Rising

Ce tome fait suite à Batgirl Vol. 6: Old Enemies (épisodes 30 à 36) qu'il vaut mieux avoir lu avant pour comprendre la relation de Barbara Gordon avec Jason Bard, ainsi que la référence à Gordon Clean Energy. Il contient les épisodes 37 à 44, initialement parus en 2019/2020, écrits par Cecil Castellucci, dessinés et encrés par Carmine Di Giandomenico (épisodes 37 à 42) avec une mise en couleurs de Jordie Bellaire, et par Cian Tormey (é43 & é44) avec une mise en couleurs de Chris Sotomayor. Les couvertures ont été réalisées par Giuseppe Camuncoli (dessins), Cam Smith (encrage) et Jean-Francois Beaulieu (couleurs). Ce tome comprend également les couvertures variantes réalisées par Joshua Middleton (*2), Jeff Dekal, Javi Fernandez, Dustin Nguyen, Rachel & Terry Dodson (*4).



Épisodes 37 à 42. Au cœur des montagnes Blue Ridge, le trio de supercriminels pas très doués (Fox, Shark, Vulture) a fini par atteindre un quartier général abandonné. Vulture explique aux deux autres qu'on trouve toujours des choses abandonnées dans ce genre de repaire, et qu'ils n'auront aucune difficulté à les récupérer et à les fourguer. Ils pénètrent dans une suite de pièces bourrées de haute technologie, et arrivent devant une porte avec un code. Shark n'hésite pas longtemps et balance un grand coup de poing sur le module de sécurité ce qui déclenche l'ouverture de la porte. À l'intérieur se tient une forme robotique féminine qui reprend ses fonctions avec l'intrusion. Oracle somme les intrus de lui donner le mot de passe. À Gotham, Batgirl se balance au bout de son filin, en pleine poursuite de Killer Moth (Drury Walker), un supercriminel de troisième zone, aussi minable qu'inefficace. Mais voilà : il a investi ses économies dans des armes défensives et offensives dernier cri et il en fait vraiment baver à Batgirl. Dans le quartier général de campagne de la membre du congrès Luciana Alejo, Jason Bard déplore l'absence de Barbara Gordon, auprès d'Izzy, alors qu'ils prennent leurs affaires pour rentrer chacun chez eux.



Avec ce tome, une nouvelle scénariste succède à Mairghread Scott qui avait donné un ton enjoué à l'héroïne. Avec cette première histoire, Cecil Castelucci reprend plusieurs éléments établis depuis le début de cette saison : la relation compliquée avec Jason Bard du fait de ses actions sous l'influence de Hush, la faillite de Gordon Clean Energy, l'éloignement entre Barbara et James Gordon. Elle utilise le nom Oracle pour un nouveau personnage, ce qui inscrit de fait cette intelligence artificielle dans l'histoire personnelle de Barbara Gordon. Le fond de l'intrigue réside dans le fait que Batgirl doit se confronter sa propre création, une créature disposant d'un accès total à l'information. Le lecteur peut y voir le thème usé jusqu'à la corde du créateur incapable de maîtriser sa créature. Il peut aussi y voir Barbara Gordon se trouvant face à l'incarnation de ce qu'elle fut auparavant quand elle ne pouvait plus marcher, mais sans sa chaleur humaine. La scénariste ne se contente pas d'une opposition manichéenne qui culmine en un affrontement physique. Le lecteur trouve bien ce schéma, le combat correspondant également à un affrontement de convictions personnelles, servant donc d'incarnation de ce conflit moral. Elle reprend également le trio gugusses peu crédibles qu'est le trio terrible : des êtres humains avec des têtes d'animaux, pas loin du degré zéro de l'imagination en termes de supercriminels. Elle s'amuse avec Killer Moth. Elle n'oublie pas la vie privée et professionnelle de Barbra Gordon, avec Jason Bard et Francine (Frankie) Charles.



Le lecteur prend vite conscience que l'écriture de l'autrice est dense, plus dense qu'un comics de superhéros habituel : il faut une fois et demie plus de temps pour lire un épisode. Elle n'écrit pas pour ne rien dire ou pour meubler, mais pour donner de la consistance à ses personnages, en plus de dialogues informatifs pour faire progresser l'intrigue. Elle fait en sorte d'être explicite afin d'être comprise par le plus grand nombre, mais elle ne suppose pas que l'intelligence ou l'attention du lecteur sont limitées. Ce dernier se rend compte que l'artiste est totalement en phase avec cette caractéristique narrative : ses dessins présentent une forte densité d'informations visuelles. C'est patent dès le début avec les plaques métalliques dans le quartier général abandonné, mais il s'agit d'un truc pour remplir les surfaces, plutôt que d'une description factuelle. Pour autant, de séquence en séquence, le lecteur relève des éléments concrets qui ne s'apparentent plus à du remplissage : les façades d'immeubles pleines de caractère pendant la course-poursuite entre Batgirl et Killer Moth, les couloirs du métro, la salle d'entraînement, la multitude de drones, le beffroi, le marché découvert, etc. Di Giandomenico détoure les formes avec un trait fin sans être cassant, lui permettant de mettre de nombreux éléments visuels dans chaque case. Jordie Bellaire accomplit un travail remarquable pour que les couleurs accentuent la distinction entre les différents éléments dessinés, afin de faciliter la lecture, de faire ressortir chaque élément pour améliorer la lisibilité. Ces caractéristiques visuelles incitent le lecteur à prendre son temps pour une lecture plus posée, ce qui lui permet également de prendre le temps pour lire tous les dialogues.



Dans un premier temps, le lecteur est pris par surprise par la narration très nourrie, autant sur le plan de l'intrigue, des relations interpersonnelles, que des rebondissements, des informations visuelles. En fonction de sa sensibilité, il peut y voir la volonté des créateurs de faire leur preuve en donnant pour son argent au lecteur, ou une forme de narration tombée en désuétude qui veut qu'un comics de vingt pages ne se lise pas en 5mn, qu'il y ait de la matière. Cela aboutit au fait que le lecteur croit en la stratégie que Batgirl se force à adopter pour surprendre Oracle, qu'il croit en cette remise en question qui serait apparue très mécanique si la narration avait été moins consistante.



Épisodes 43 & 44. À Gotham, dans Central Park, Margaret Lew, une femme âgée aux cheveux blancs, se fait attaquer deux monstres anthropoïdes avec des cornes, quatre yeux, des dents acérées. Batgirl a tout vu : elle s'interpose et parvient à faire fuir les monstres. La scène est observée en catimini par deux individus : Ernest Hinton et Prince Travesty. Margaret Lew fuit également sans demander son reste, et elle laisse derrière elle un livre : The Prince of Unearth, écrit par Ernest Hinton. Par suite d'un concours de circonstances, Ernest Hinton et Prince Travesty ont réussi à faire venir Margaret Lew, Batgirl et Jason Bard, dans le royaume magique de Unearth.



Houlà ! Ça fait peur. Batgirl dans une histoire d'Heroic Fantasy à la mie de pain. En plus, changement de dessinateur et de metteuse en couleurs. Cian Tormey réalise des dessins avec une densité d'informations plus faible, et avec une personnalité graphique moins marquée. Ce n'est pas à en être fade, mais la narration visuelle devient plus convenue, que ce soient les personnages, ou les plans de prise de vue. Effectivement le royaume d'Unearth est bien pauvre visuellement, que ce soit son unique château, ou l'armure du chevalier. Les personnages restent expressifs, mais les visages perdent en nuance et en naturel. La mise en couleurs perd également en termes de personnalité. Pour autant, l'histoire est facile à suivre : la narration visuelle est claire et suffisante. Elle manque juste d'emphase et d'éléments originaux. Le lecteur craint également le pire avec cette histoire d'écrivain vivant dans le monde qu'il a créé car il a vraiment pris forme, et qui enlève la femme dont il est amoureux et qui n'a jamais voulu de lui. Il ne reste plus qu'à Batgirl à combattre le dragon et délivrer la princesse, même si elle est un peu âgée. Sauf que… là encore Cecil Castellucci ne se contente pas d'une intrigue linéaire et convenue, ni même de juste renverser les codes en donnant le rôle fort aux femmes. Certes elle le fait : Margaret Lew n'a rien d'une écervelée sans défense en détresse. Batgirl ne peut pas faire grand-chose contre le dragon. Le lecteur se prend vite au jeu, presque malgré lui, de cette aventure en terre de Fantaisie, avec un combat contre le méchant dragon. Il se joue des choses complexes entre l'écrivain à succès Ernest Hinton et Margaret Lew qui fut sa responsable éditoriale. Il se joue quelque chose de tout aussi complexe entre Batgirl et Jason Bard, d'une manière inattendue, et les rapports de ces deux duos se répondent sans être identiques. Alors même qu'il se doutait bien de la volonté de l'autrice de rapprocher Jason et Barbara malgré tout, le lecteur ne s'attendait pas à finir par y croire. Il était persuadé que la scénariste ne parviendrait pas à le convaincre, que le chemin pour y parvenir serait trop artificiel. Contre toute attente, là aussi l'investissement et l'implication de Castellucci font toute la différence.



Mairghread Scott avait réussi à insuffler une forte personnalité à Barbara Gordon, et une saveur unique à la série, et le lecteur donne la nouvelle scénariste perdante a priori. Il découvre un premier récit consistant, une lecture roborative grâce aux dialogues et aux dessins, une intrigue qui débouche sur un combat physique qui incarne un combat de valeurs, comme dans les récits de superhéros les mieux maîtrisés. Il passe ensuite à une histoire en 2 épisodes qu'il entame par acquis de conscience, et qu'il finit avec le sourire aux lèvres, car à nouveau la scénariste assure beaucoup plus que le service minimum. Il s'en faut de peu que cette nouvelle version de Batgirl soit inoubliable, peut-être un rythme plus dynamique, et une narration graphique avec un peu plus d'emphase.
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Shade the Changing Girl, tome 1 : Earth Gir..

Ce tome est le premier d'une nouvelle série, faisant partie du label Young Animal de DC Comics. Il comprend les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2016/2017, écrits par Cecil Castellucci, dessinés et encrés par Marley Zarcone, avec une mise en couleurs réalisée par Kelly Fitzpatrick. Zarcone a été aidée à l'encrage par Ande Parks (pages 12 & 13 de l'épisode 2, 5 pages dans l'épisode 4, 10 pages dans l'épisode 6) et Ryan Kelly (5 pages de l'épisode 5). Ce tome se termine avec une postface de 2 pages écrite par Gerard Way, 4 pages de Who's who sur les personnages, et 5 histoires courtes de 3 pages, chacune réalisée par une équipe créative différente.



Dans l'hôpital de Valleyville, Megan Boyer reprend connaissance, après plusieurs heures dans le coma. Il semble qu'il y ait des animaux en liberté autour d'elle dans sa chambre. Le personnel hospitalier appelle ses parents d'urgence pour qu'ils viennent la chercher, car ils ont hâte de se débarrasser de ce cas incompréhensible et perturbateur. Sur la planète Meta, Loma Shade est une grande admiratrice de la poésie de Rac Shade. Elle a réussi à convaincre Lepuck Ledo, son amoureux au lycée, de l'aider à ouvrir le présentoir qui contient la veste M de Rac Shade. Elle l'enfile et il se produit des manifestations psychédéliques qui indiquent que les propriétés de la veste agissent sur son esprit.



Il y a 5 mois, le groupe d'adolescents qui gravitaient autour de Megan Boyer s'était rendu au lac Yarrow. Megan Boyer avait convaincu ses copines de plonger dans le lac pour une séance impromptue d'entraînement à la nage acrobatique, sous le regard de Wes, son copain. Megan l'a convaincu d'appeler Teacup, la souffre-douleur du groupe. Cette répétition improvisée avait mal tourné. Au temps présent, l'esprit de Loma Shade est projeté dans le corps de Megan Boyer, et l'esprit de cette dernière est éjecté dans l'espace. Sur Meta, Mellu Moran (l'ancien amant de Rac Shade) demande à madame Deeps de mener l'enquête pour retrouver la veste M. Ses soupçons se portent sur Lepuck Ledo. Sur Terre, ses parents prennent conscience que Megan Moyer semble avoir changé de personnalité de façon drastique. Ils mettent ça sur le compte des conséquences de son coma.



Dans la postface, Gerard Way (chanteur du groupe My chemical romance et créateur des séries publiées par Young Animal) n'hésite pas à écrire que Shade est sa série préférée chez Young Animal, et la plus prometteuse, celle qui offre le plus de possibilités car elle parle de l'évolution et du changement. Si le lecteur a déjà lu les premiers tomes des 3 autres séries, il grimace un peu devant cette assertion démagogique, parce que Way a également beaucoup apprécié les 3 autres Doom Patrol (avec Nick Derrington), Mother Panic (écrit par Jody Houser, dessiné par Tommy Lee Edwards et Shawn Crystal), Cave Carson has a cybernetic eye (coécrit par John Rivera, et dessiné par Michael Avon Oeming). Il explique qu'il a proposé ce projet pour rendre hommage à la version de Shade the changing man par Peter Milligan & Chris Bachalo, à commencer par American Scream. À l'origine Shade est un personnage créé par Steve Ditko en 1977, voir The Steve Ditko omnibus Vol. 1.



Dès la fin du premier épisode, les auteures ont installé la dynamique du récit. Loma Shade est elle-même une adolescente, mais extraterrestre, qui se retrouve dans le corps d'une autre adolescente sur Terre. Elle doit donc s'accommoder à la vie sur Terre, découvrir quel genre de personne était Megan Moyer dont elle habite le corps. Effectivement, les auteures utilisent les conventions spécifiques du genre lycée. Le lecteur découvre les copines de Megan Boyer et son copain. Il se rend compte qu'elle était une véritable peste, la jeune adolescente que tout le monde envie et qui en profite pour faire souffrir les autres, les faire plier à sa volonté, et en tirer parti. Il y a les parents qui ne comprennent rien à leur enfant, ce qui est normal puisque ce n'est plus l'esprit de leur fille qui habite son corps. Mais d'un autre côté, ils sont bien contents qu'elle ne se comporte plus comme un tyran. Il y a les séquences de sport, ici il s'agit de la natation acrobatique. Pour faire bon compte, Cecil Castellucci dépeint Loma Shade comme étant une grande lectrice de la poésie de Rac Shade, au point de pouvoir en citer des passages de tête.



Bien sûr l'idée d'un esprit extraterrestre projeté dans un corps d'adolescent fonctionne à merveille pour évoquer la sensation d'être un individu en décalage par rapport au monde qui l'entoure, inadapté dans un monde qui n'a pas grand-chose à voir avec ce que l'on est, ce que l'on ressent. Dans le corps de Megan Boyer, Loma Shade observe l'étrange comportement de ses parents : ils sont totalement déconnectés de ce qu'elle ressent, mais il est vrai que leur assistanat pour les détails de la vie pratique reste encore utile. Le lecteur a l'occasion de voir Loma Shade en salle de cours à 2 reprises, et là encore si son corps est bien sur une chaise dans la classe, son esprit vagabonde dans une galaxie très lointaine, évoquant l'effet aliénant des cours sur un esprit adolescent assoiffé de liberté. La scénariste se montre assez maligne en ayant fait de Loma Shade une représentante d'une race extraterrestre avec des caractéristiques aviaires. Cela permet d'augmenter encore le décalage de ses points de vue, sa soif de liberté, et son investissement émotionnel dans les animaux, en particulier quand elle discute avec les oiseaux prisonniers au zoo.



Cecil Castellucci continue de développer le caractère de Loma Shade avec des petits détails, comme son amour pour les appareils électriques des années 1950/1960, mais cela ressort plus comme un artifice que comme un élément naturel. Loma Shade découvre rapidement quel genre de personne était Megan Boyer, un être égocentrique, sans égard pour autrui, ne voyant dans ses camarades que des outils à manipuler, n'éprouvant aucune empathie pour eux. Elle ne les percevait que comme des figurants à peine dignes de jouer un rôle dans sa vie. Loma est assez horrifiée par ce type de comportement qui ne correspond pas à son caractère. Du coup, les adolescents qui évoluaient autour de Megan Boyer sont très circonspects de son changement d'attitude et craignent qu'il ne s'agisse que d'un subterfuge avant pour mieux les faire souffrir. D'ailleurs ils se retrouvent de temps à autre à éprouver des émotions bizarres et incontrôlables, un effet secondaire non maîtrisé des rayonnements émis par la veste M. Le lecteur regrette toutefois que ces manifestations de la folie (une sorte de stase qui entoure la planète Meta) ne soient pas plus débridées.



Marley Zarcone avait déjà illustré Effigy de Tim Seeley. Elle réalise des dessins aux formes épurées, détourées par un trait très fin, parfois un peu cassant, conférant une sensation un évanescente et fragile aux personnages, similaire à l'approche graphique de certains shojo. Elle ne représente pas beaucoup de détails dans les surfaces détourées, privilégiant la rapidité de la lecture, à la représentation des textures. Elle adapte le nombre de cases par page, effectuant un découpage en fonction de la séquence, tout en restant sur la base de cases rectangulaires, mais avec des coins arrondis pour adoucir les bordures. Le langage corporel des personnages est assez juste et expressif, sans postures exagérées. Les visages sont parlants, avec des expressions parfois légèrement exagérées sans qu'elles n'en deviennent caricaturales.



Même si les formes donnent une impression de simplisme du fait de leur détourage simplifié, le lecteur se rend compte que les cases comportent une bonne densité d'informations visuelles. L'artiste s'attache à donner des apparences différentes à tous les personnages, et les habille d'une garde-robe reflétant leur personnalité, ou leur occupation lorsqu'il s'agit d'un uniforme. Chaque lieu dispose de caractéristiques spécifiques discrètes mais bien présentes. La scénariste s'appuie donc sur les dessins pour apporter des informations visuelles sur chaque endroit, sans que les personnages n'aient à expliciter où ils se trouvent, ou qu'elle est leur occupation. En fonction de la sensibilité du lecteur, il trouve que la narration visuelle reste un peu fade et n'apporte pas un ressenti en phase avec le récit, ou au contraire que leur légèreté participe à l'impression de détachement de Loma Shade, à sa sensation de ne pas être intégrée à son environnement.



À l'issue de ce tome, le lecteur se dit que Gerard Way est bon public. Les auteures utilisent à bon escient le dispositif d'une extraterrestre habitant le corps d'une humaine pour mettre en scène les ressentis en décalage qui accompagnent l'adolescence, avec des dessins faciles à lire, et apportant de nombreuses informations. Toutefois, la dimension de la folie reste bien sage, et le récit reste un peu fade pour le lecteur qui se souvient des épisodes de Peter Millligan & Chris Bachalo. Il ne s'agit finalement que d'un regard classique sur l'adolescence, sans l'implication totale de cet âge. 3 étoiles. Les très courts récits à la fin mettent en scène des héros méconnus et oubliés de l'univers partagé DC, avec un regard plus décalé que celui de Shade, laissant à plusieurs reprises un goût de trop peu.
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Des canards trop bizarres

Gwendoline n'est pas une cane ordinaire. Elle nage avec une tasse sur la tête en veillant à ne pas la renverser. Elle ne migre pas. Elle fait du patchwork... Mais dans sa tête, Gwendoline se trouve normale.



Un jour, tout bascule, elle a un voisin... Or, Gwendoline aime sa solitude.



Et quel voisin !



Elvis, un canard pas banal. Artiste sculpteur. Il a des plumes de couleur. Un comportement atypique (aux yeux de Gwendoline). Un peu barré sur les bords (et au mileu aussi).



Quand arrive le temps des migrations, Gwendoline est heureuse. Elle se dit qu'Elvis va partir et qu'elle va retrouver sa tranquillité. Erreur... Elvis, lui non plus, ne migre pas.



Mais peu à peu, ils s'apprivoisent et Gwendoline va admettre qu'Elvis et elle ont plein de points communs.



Jusqu'au jour où ils entendent une réflexion sur le fait d'être anormal... Et Gwendoline pense que cela s'applique à Elvis. Tandis qu'Elvis considère que cela vise Gwendoline... C'est la rupture, bête et brutale (comme dirait Brel).



Mais, ils finissent par se rabibocher, comme il se doit, en se disant qu'être anormal aux yeux des autres, ce n'est pas grave, tant que l'on est bien ensemble (et avec soi-même).



Conte moral et pédagogique que les auteurs ont eu l'intelligence de développer dans la longueur (en le découpant en chapitres) pour faire quelque chose de profond, de complet. Cela n'aborde pas que la normalité, mais il y a aussi la question du vivre ensemble, du regard de l'autre... Bref, un thème très actuel.



Le tout est servi par des dessins légers, poétiques, mignons comme tout, qui produisent un effet "bande dessinée" très plaisant.



Une très chouette découverte.
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Des canards trop bizarres

Une bande dessinée pour les plus jeunes qui pourraient (enfin) plaire aux parents qui disent " non pas de BD". Et oui cela existe encore...



Cette bande dessinée comporte quelques cases et phylactères mais également des dessins pleines pages et du texte court hors les bulles. C'est gai, coloré, et très lisible autant le dessin que la partie écrite. de plus c'est découpé en 6 chapitres. Ce qui en rend la lecture vraiment aisée, que ce soit pour les jeunes lecteurs ou pour le parent lecteur d'un soir. Alors là si je n'ai pas tout fait pour rassurer les parents frileux devant ce genre de littérature...

Des canards trop bizarres raconte l'histoire de Gwendoline, une cane qui a ses habitudes et ses manies : Une petite vie tranquille au bord de la mare qui aime nager, être seule , vivre à la campagne et qui fréquente même la bibliothèque. De plus elle est fort aimable.

Un jour arrive le camion des " déménageurs Colvert". Tiens un nouveau voisin pour Gwendoline. Un artiste original et farfelu mais vraiment trop différent d'elle. "Elle et Elvis ne seront jamais amis" malgré quelques tentatives. Enfin c'est ce qui est dit à la fin du chapitre 2.

Quel est le canard bizarre dans cette histoire? Y'en a-t-il un d'ailleurs ? Ou peut-être deux?

Une bande dessinée sur le regard des autres, l'amitié et la tolérance qui fait la part belle à l'humour mais où les sentiments ne sont jamais très loin. L'illustration fourmille de détails rigolos, les couleurs vives et les expressions très parlantes de nos volatiles donnent de la vivacité à cette histoire vraiment réussie.



Et comme dans notre coin(coin) il y a beaucoup de canards on ne peut qu'adhérer et adorer Gwendoline et Elvis. Deux canards bizarres et très humains.

Très drôle, à découvrir et à lire sans modération. Une bande dessinée à partir de 5 ans.



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Voyage vers Star Wars : Le réveil de la Force..

Dernier livre (pour l'instant) de cette nouvelle série jeunesse et à mon avis le meilleur des trois.



Une histoire bien écrite où, après avoir suivi Han et Luke dans les deux précédents, on suit, tout logiquement, Leia dans une aventure se passant au milieu de la 1er trilogie (passée depuis la seconde, mais qui reste pour beaucoup la 1er (les puristes comprendront)), sauf que dans celui-ci on est pas juste après le 1er (Un nouvel espoir), mais juste après le 2ème (L'empire contre attaque).



Comme pour celui sur Luke, l'histoire est loin d'être si anecdotique que ça. On apprend enfin comment les rebelles ont appris la construction de la seconde Étoilé Noire et comment ils s'y sont pris pour préparer au mieux ce dernier affrontement. De plus, on entre dans la tête de Leia qui se pose beaucoup de questions : sur ses sentiments envers Han (qui, rappelons-le, à ce moment de l'histoire est pris dans la carbonite et au main de Jabba le Hutt) et donc son désir d'aller le secourir ; sur la mort de ses parents (tués lors de l'explosion de sa planète, Alderaan) ; sur sa place au sein de l'Alliance Galactique et surtout de la façon dont on la traite, la protège ; et enfin sur jusqu'où elle est prête à aller pour vaincre l'Empire (question centrale de cette aventure).



Les personnages sont très intéressants et biens imaginés, chacun ayant une personnalité propre et servant très bien à étoffer la trame principale. Bon parfois, certaines de leur réactions sont pas très originales, attendues, voir tweetées, mais ça ne gâche en rien la qualité du livre.



Donc pour conclure, si je ne devais en retenir qu'un sur les trois (et donc en conseiller qu'un) ça serait celui-ci sans aucun doute (même si celui sur Luke est très bien aussi).
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Des canards trop bizarres

Je n'ai pas été très sensible aux précédentes publications de BD pour la jeunesse des éditions Rue de Sèvres ( Mon père ce héron de Jul, Zita, fille de l'espace ou les épouvantables Tchouks ), mais avec celui-ci, j'avoue que je serai nettement plus clément car d'une autre trempe tout de même.

"Des canards trop bizarres" est certes une BD pour enfants mais lorgnant plus vers le roman graphique pour les 5/8 ans. Je sais, la nuance est infime, mais ici, le format et la longueur de l'histoire (104 pages tout de même !) font que c'est vers ce genre que je classerai ce livre.

Gwendoline est une jolie petite cane, un peu excentrique comme une vieille fille anglaise, mais très sympathique. Elégante avec son joli petit sac à main, elle habite une petite maison près d'un étang où elle peut nager avec une tasse de tisane d'églantier sur la tête (pour garder une position idéale). Elle adore la sauce de mangue, faire du vélo et surtout le calme de sa petite vie bien pépère (heu mémère !). Mais voilà qu'un jour,vient s'installer dans la maison voisine un drôle d'escogriffe, vraiment étrange. Elvis est un peu artiste, couvert de plumes bizarres et a un langage pas toujours facile à comprendre. Gwendoline va faire d'énormes efforts pour être aimable avec ce drôle de voisin pour finalement décider que ce canard n'est vraiment pas fait pour être son ami. Et pourtant, une passion commune pour l'astronomie va redistribuer les cartes de l'amitié ....

L'histoire est classique. Comme chez Harlequin, ils se rencontrent, se détestent, pour mieux s'aimer ensuite sauf qu'ici c'est surtout le dessin qui prime et que l'illustratrice est très douée pour donner plein de relief et de drôlerie à ce récit, aidée par un scénario qui lui aussi fourmille d'annotations cocasses et hilarantes.

Un peu plus sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Des canards trop bizarres

pour cette première participation à une critique de livre, je ne savais pas comment m'y prendre avec la sélection, et je dois reconnaître que ce n'est pas le livre qui avait de prime abord ma préférence....



- le titre et le sujet me plaisait, ayant une préférence pour les personnes cultivant leur différence plutôt que pour les personnes trop sages,

-les illustrations, je ne savais pas à vrai dire..et surtout, surtout je me questionnais après ma première lecture si ma petite fille aimerait ce livre...et oui, c'est une critique à deux ! ;-))



et bien Capucine, du haut de ses 4 ans tout neufs, a adoré un des personnages, elle doit ressembler à sa grand mère !



Plus que le sens de la tolérance ... moi j'y vois une jolie histoire d'amour, on ne sait pas pourquoi, on est attiré par une personne ou une autre c'est parfois mystérieux et c'est formidable, apprendre à apprécier son voisin avec et malgré nos différences peut donner lieu à de formidables rencontres, vite indispensables !



Alors au final, pour les illustrations, honnêtement je ne sais toujours pas, mais la composition est très bien faite, la suite des différentes pages - strips, bulles façon BD- , illustrations de pleine page.... donne du rythme à l'histoire !

les chapitres jouent avec les références des livres de grands.... et puis il me suffit de voir les yeux brillants de ma puce à chaque fois que je prends le livre pour savoir que je suis ravie de cette découverte !



point important aussi : une petite leçon pour admettre nos torts et savoir que rien ne vaut le dialogue !

à conseiller donc , de 3 à 12 ans....
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Voyage vers Star Wars : Le réveil de la Force..

Après une aventure de contrebandier, puis de Jedi, voici celle des rebelles. C'est sans doute la plus intéressantes, même si ça reste limité. L'histoire est plutôt bonne avec un suspens qui tient en haleine et enfin un enjeux qui tient la route. Mais voilà, même remarque que les autres, on reste dans du très dispensable.
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