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Critiques de Cédric Bannel (376)
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L'homme de Kaboul

Un bon polar qui nous emmène, notamment, aux quatre coins de l'Afghanistan. L'auteur, Cédric Bannel, nous dépose au centre de ce pays d'Asie centrale - ou plutôt vers l'ouest -, à Kaboul, une ville éphémère peuplée de personnes vivant encore avec le souvenir et surtout l'influence de l'invasion des troupes soviétiques à la fin des années soixante-dix ou encore avec la crainte et la peur de cet ancien "gouvernement" islamiste, celui des Talibans, cassé en 2001 par la coalition.



Une intrigue intéressante, passionnante et bien ficelée qui nous fait voyager entre la Suisse et l'Afghanistan, à pieds ou au volant de vieux 4x4 Toyota déglingué sur des chemins terreux et dangereux, en compagnie de personnages bien variés; des salopards, des faux-culs, des paumés, des trafiquants, des terroristes, des femmes soumises, violées et humiliées mais aussi des femmes fortes et combattantes. Mais je retiens surtout l'image d'un homme juste, intègre et incorruptible, Oussama Kandar, la cinquantaine, chef de la police criminelle de Kaboul. Un homme qui croit encore en la justice, qui tente de l'appliquer, ce qui se fait de plus en plus rare dans ce pays corrompu. Un homme très croyant aussi, correct et modéré, qui n'hésitera pas à dérouler son tapis de prière au beau milieu d'une perquisition. Un homme qui a la foi et qui en aura bien besoin.



Kaboul. Une ville que Cédric Bannel semble bien connaître et/ou un auteur très bien documenté. Nous évoluons dans cette ville dépravée, avec ses bazars immenses, ses ruelles étroites où chaque recoin semble annoncer un danger imminent. Une ville déstabilisée, en sursis, au sein de laquelle tout se règle à grands coups de Kalachnikov. Les attentats suicide se succèdent et sèment la mort au hasard, dans une rue ou encore dans une autre, sur une place et encore dans une autre rue, ceci au gré de la demande et des personnes qui s'y trouvent... Les dommages collatéraux, ce n'est pas grave, l'important c'est le résultat. Inch'Allah et on recommence...



Une ville encore bien marquée par les actes barbares des Talibans, un gouvernement qui a pourtant été démoli, mais qui garde toujours quelques têtes hors de l'eau, prêts à reprendre le pouvoir. Ce n'est d'ailleurs pas le gouvernement actuellement mis en place qui va leur donner beaucoup de difficulté à revenir sur le devant la scène. Mais cela, Dieu seul le sait! Lequel au fait?



Je vous ai parlé avant d'Oussama Kandar. Ce flic expérimenté qui, dans le passé, s'est battu avec hargne contre les Talibans, se retrouve sur une nouvelle enquête; un suicide. La victime est un homme riche, puissant, pas trop net, qui trafiquait un peu à gauche et à droite; il s'est visiblement flingué après avoir abattu son domestique. Egalement sur place (étonnant?), le ministre de la Sécurité, corrompu et pire qu'une girouette, tente de clore rapidement l'affaire en privilégiant la thèse du suicide. Kandar, quant à lui, ce suicide il n'y croit pas du tout et va le prouver. Avec ses hommes, il va aller jusqu'au bout pour découvrir la vérité; envers et surtout contre tous, ou presque...



Parallèlement, l'auteur nous entraîne à Berne, en Suisse, au sein d'une organisation un peu particulière, une structure chargée de missions secrètes oeuvrant pour le compte de gouvernements ou de multinationales. Cette organisation recherche activement un homme qui détient des informations qui ne doivent en aucun cas être dévoilées au grand public, un certain rapport "Mandrake". Le fugitif reste introuvable, malgré une magnifique et mémorable chasse à l'homme qui se déroule dans un grand squatte dégueulasse de Zurich; à gerber. Bref, l'homme s'est fait la malle et le retrouver devient une priorité mondiale.



Mais voilà, nous apprenons qu'une copie de ce rapport accablant se situe en Afghanistan, détenu par une autre personne. Il s'agit de l'homme qui s'est "suicidé" à Kaboul, respectivement la victime dont s'occupe Oussama Kandar. Le document n'a cependant pas été retrouvé. Le responsable de cette fameuse structure à Berne, sous l'impulsion de son client influent, donne carte blanche à ses équipes pour stopper et éliminer toute personne susceptible de découvrir ce fameux rapport.



Oussama Kandar, avec son acharnement à vouloir effectuer son travail dans les règles de l'art, devient bien malgré lui un homme à abattre à tout prix. Une puissante chasse va alors débutée dans ce pays d'Asie centrale; mais notre flic, bien que pourchassé et traquée de tout les côtés, va vouloir qu'une seule chose, aller jusqu'au bout de son enquête, quitte à mourir.



Trois personnes vont jouer un rôle clé dans cette affaire extrêmement délicate et complexe. Oussama Kandar, évidemment, mais aussi le mollah Bakir, un chef Taliban - modéré, cultivé et très bien renseigné - auprès de qui notre flic trouvera une aide très précieuse. Contact ambigu entre ces deux hommes que tout oppose, à savoir les idéaux, la politique et la conception de la vie. Par ce personnage d'ailleurs, l'auteur nous apprendra beaucoup sur la vie afghane, les coutumes et les rapports humains, sur les Talibans bien sûr mais aussi sur la politique du pays; instructif et passionnant! Une troisième personne clé dans cette intrigue, Nick, un brillant mathématicien suisse qui bosse pour cette organisation basée à Berne et qui s'est vu remettre le dossier du fugitif qui détient ce fameux rapport. Nick est bon, très bon même, mais commencerait à en savoir un peu trop, surtout au goût de ses supérieurs.



Un trio qui va éventuellement nous faire la lumière sur cet étrange secret qui sème bien des morts sur son passage, une bombe à retardement qui peut faire changer le cours des choses si elle explose au grand jour. Qu'est ce qui peut bien relier un fugitif en Suisse-allemande et l'Afghanistan?



Je retiens encore trois choses dont l'auteur nous fait part lors du déroulement de son intrigue. D'abord, au niveau des procédures police, c'est fascinant, un autre monde! Nous sommes loin des "Experts à Miami"... Les moyens sont restreints; je repense à Kandar qui doit appeler une collègue de la police russe pour obtenir un set, périmé de surcroît, servant à révéler des résidus de poudre sur les mains d'une victime. J'ai également été frappé par la droiture de ce flic qui, pourtant, lors d'une perquisition, laisse tout de même un de ses hommes emporter un pavot d'un demi-kilo pour se faire un peu d'argent pour faire vivre sa famille, ou alors une bouteille d'alcool (prohibé là-bas) à revendre pour quelques sous. Ah c'est clair, on est loin de nos procédures! Leur code pénal est d'ailleurs assez malléable non? Jugez plutôt:



"Le code pénal était un curieux mélange de tradition afghane et de droit occidental: les gardes à vue étaient limitées par la loi à soixante-douze heures, mais rien n'interdisait de facto de torturer les suspects pendant ce délai, ce dont la police se privait rarement dans les affaires de terrorisme."



Seconde chose, l'auteur nous parle beaucoup de la vie privée d'Oussama Kandar, un homme qui cultive un énorme respect envers l'autre, mais surtout envers son épouse. Nous sommes témoins d'un couple que je qualifierais de moderne, qui respecte les valeurs de l'islam, mais qui tente d'évoluer et de conserver un respect mutuel fort. Une épouse qui se bat justement pour les femmes en Afghanistan, pour leur liberté et leur considération qui n'existent absolument pas. Des femmes humiliées, traitées avec mépris, qui n'ont pas plus de valeur qu'un animal. L'auteur, par la voix de Malalai Kandar, nous plonge dans cet univers malsain, dans ce pays hostile et injuste pour les afghanes, mais la voix de cette femme courageuse donne de l'espoir pour ses êtres camouflées sous leur burqa qui restent, pour l'heure, réduites à l'état de merde, n'ayons pas peur des mots. L'impulsion des Talibans donnée lors de leur règne n'est pas prête de s'effacer dans ce pays...



La troisième chose revient un peu à ce sujet. Lors de son périple, respectivement lors de sa traque, Oussama Kandar nous fait grimper dans les hautes montagnes afghanes, au nord-est de Kaboul, dans des contrées extrêmement hostiles, primitives et dangereuses. Nous rencontrons ce qui se fait de plus primitif comme peuple afghan, des combattants arriérés vivants comme à l'âge de pierre, des hommes frustes, violents et déments, qui interprètent le Coran à leur manière... Immoral! Jugez plutôt par ce passage qui m'a fait extrêmement mal, mal pour ce pays qui ne risque pas d'évoluer de sitôt:



"- vous l'avez tous violée et lapidée! s'exclama mollah Bakir, horrifié.

- pas violée, mollah, consommée, selon les règles de l'islam, qu'Allah soit loué, elle y a pris beaucoup de plaisir. Nous sommes tous vigoureux. J'ai consommé mon mariage le premier, hier en début d'après-midi, et encore avant la prière de cinq heures, et encore après la prière. J'ai consommé mon mariage toute la soirée, Allah m'est témoin que la santé était avec moi, j'étais fort comme un taureau. Puis Abdul a consommé, et Muhammad après lui, et Hazrat après Muhammad, et Younous après Muhammad. Toute la nuit. Abdullah, Zalmay, Bismullah, Wahid, Sebghatollah, Jarollah, Zarar... tous l'ont honorée de leur ferveur, et Allah m'est témoin qu'elle est grande. Peut-être que la fille n'a pas encore été lapidée, peut-être certains guerriers ont-ils mis du temps pour consommer leur mariage, eux aussi."



Cédric Bannel nous lègue une intrigue internationale fort intéressante, peut-être pas si fausse par rapport à la réalité, dans un contexte très dur, soit finalement la vie de tous les jours d'une afghane ou d'un afghan. Par sa plume très descriptive et précise, il nous plonge profondément dans cette atmosphère où les bombes explosent les unes après les autres autour de nous - suivies d'une pluie de membres et de peau calcinée -, et où les coups de Kalasch nous frôlent le bout du nez sans s'interrompre. Pour ma part, j'en ai appris beaucoup et je dois admettre que c'est pire que ce que j'en savais déjà... Mais l'Afghanistan semble également être un magnifique pays, géographiquement parlant, peut-être qu'un jour... Allez bonne lecture, n'hésitez-pas.



Ah! un petit détail pour l'auteur; en tant que suisse je me sens obligé de lui en faire part: les billets de 5 francs suisse n'existent pas, et non... ;-)



Bonne lecture.
Lien : http://passion-romans.over-b..
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L'homme de Kaboul

Il se nomme Oussama Kandar, il est d’origine baloutche. C‘est un homme plus grand que la moyenne, sec, pieux musulman mais à l’esprit ouvert. Il a été formé à Moscou, juste avant l’arrivée des Russes. Il est le patron de la brigade criminelle de Kaboul, un bon flic qui œuvre avec des moyens limités. Un ancien combattant, un sniper qui a gardé toute son habilité au fusil à lunette. Comme il se refuse à empocher des pots de vin, il habite avec son épouse Malalai, gynécologue, une maison située dans un quartier pauvre de la capitale afghane. On va le mettre sur l’enquête du pseudo-suicide d’un intermédiaire expert en corruption, mais tout le monde – en particulier le ministre afghan de la Sécurité – va lui mettre des bâtons dans les roues.

A des milliers de kilomètres, en Suisse, le directeur financier d’une importante firme de consulting vient de disparaître. Cette « évaporation » provoque un énorme branle-bas dans les officines spécialisées opérant à titre privé pour diverses forces en présence à Kaboul. On recherche le fugitif et surtout les dossiers qu’il aurait pu emmener avec lui. L’organisation secrète qui le traque est appelée l’Entité. De super-barbouzes, entraînés, sans aucun scrupule ni remords. Un des jeunes analystes de l’Entité, Nick Snee, se rebelle devant tant de violence …Lui aussi devient vite une cible.

Ce roman est celui d’une poursuite sans pitié, dans un pays en guerre civile ouverte, où la corruption règne au plus haut niveau d’un Etat dont l’influence se limite, grâce aux forces de la Coalition, à la région de Kaboul. Et, chose appréciable, l’auteur connaît bien son sujet, celui de l’Afghanistan où il est allé et qu’il décrit avec un réalisme saisissant, et des circuits financiers internationaux puisqu’il est un ancien haut fonctionnaire du Ministère des Finances. Deuxième bon point : la première page est celle d’une carte des régions d’Afghanistan où l’on peut situer les ethnies antagonistes : Pachtouns, Turkmènes, Baloutchs, Hazaras, Tadjiks, Nouristani …ainsi que les différentes régions d’un pays pauvre, montagneux à l’extrême, divisé par quarante années de guerres incessantes, enjeu des puissances pour ses ressources minières indispensables.

Troisième personnage incontournable de cette aventure échevelée : le mollah Bakir, tout en rondeurs, autrefois très influent du temps des talibans mais aujourd’hui brouillé avec l’inculte mollah Omar. Il sait tout, se tient au courant de tout, a conservé l’accent oxfordien de ses études scientifiques en Grande-Bretagne, et prépare le retour de la tendance modérés des talibans dès que les troupes de la Coalition se seront retirées.

Avec ce roman d’action, on comprend un peu mieux la problématique dramatique de l’Afghanistan, ses coutumes comme le devoir d’hospitalité, les formules de politesse, les rivalités de clans à l’intérieur d’une même ethnie, les circuits gangrénés du pouvoir, la situation faite aux femmes, la mécanique des attentats suicides, et, partout, la corruption, le non-droit.

A moi qui adore les polars mais qui ne suis pas familière des romans de Robert Ludlum, Tom Clancy ou de Frederick Forsyth, la plongée dans un « livre de mec » fut aussi brutale que passionnante.

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L'homme de Kaboul

Ce n'est pas du tout ce genre de roman que je lis d'habitude. Il est certain que je ne l'aurais certainement pas acheté, mais comme on m'a proposé de participer à ce concours. Ce n'est pas tant le thème de l'espionnage qui me dérange c'est plutôt les lieux et l'oppression qui règne dans ce pays qui m'horripile. La ségrégation des femmes, le pouvoir des hommes au nom de la religion... bon bref je m'éloigne du sujet.

J'ai trouvé que ce roman est très bien fait, le déroulement des enquêtes, les personnages, tout ce tien assez bien, certes, il y a beaucoup de personnages et même parfois ils jouent double jeu (il faut s'y retrouver), c'est le genre de livre à lire quand on a du temps, parfois j'ai eu du mal à me replonger dans l'histoire, il m'a fallu relire les derniers passages, ce n'est qu'un détail.

J'ai vraiment aimé le fait de pouvoir voir les deux cotés de l'intrigue. Les personnages sont attachants malgré que beaucoup d'innocents se font tuer. Un petit bémol, personnellement je trouve que la religion est bien trop présente surtout pour Oussama, flic intègre avec des idées limite occidentales qui prie trop souvent à mon gout.

Les rebondissements donnent un rythme fort à la lecture, à chaque chapitre on repart de plus belle malgré qu'on met presque la moitié de livre à chercher des gens qui vont mourir en si peut de temps (5 pages).

Voilà, dans l'ensemble, j'ai aimé. Je remercie Canalblog et les Éditions Robert Laffont qui m'ont envoyé cet exemplaire.
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L'homme de Kaboul

Je remercie Ikebukuro de m'avoir fait découvrir cet ouvrage. L'Afghanistan est un pays qui m'intrigue de par son histoire mouvementée et ses coutumes particulières.

En lisant le roman de Cédric Bannel, on plonge dans cette réalité afghane et on lit un polar de très bonne facture.

Le personnage principal, Oussama Kandar, chef de la police de Kaboul, est fascinant et déterminé.

Le parallèle entre l'enquête zurichoise et l'enquête afghane met du temps à devenir évident.

L'intrigue est bien menée, le style vif ce qui fait qu'on dévore le roman.

Le mérite de ce roman est aussi de faire réfléchir à l'actualité qui entoure ce pays et d'approfondir ses connaissances par des essais spécifiques.

A découvrir.
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L'homme de Kaboul

Ai dévoré le livre, bien rythmé à souhait pour un thriller politico-financier finalement un peu jamesbondesque quant à l'intrigue. C'est bien écrit, plaisant et surtout apparemment très bien documenté sur l'Afghanistan et sa vie au quotidien. Les portraits de talibans, de soldats de la coalition et de leurs alliés afghans sont à la fois sans complaisance et tout en nuances. Rien n'est jamais tout à fait blanc ou noir, comme dans la vraie vie...
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Élixir

Thriller sympa, prenant et original.

Une enquête rondement menée avec un grand souci de réalisme.

La touche romanesque m'a juste paru un peu trop "romantique", mais bon question de gout... :D

L'écriture est peut-être un peu moins bien "maitrisée" que dans "L’Homme de Kaboul" mais, personnellement, j'ai préféré "Elixir".
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L'homme de Kaboul

Excellent thriller, qui rappelle ceux de Ludlum (du temps où il les écrivait lui-même) version afghane. Même lorsque l'on est au courant de ce que font les talibans, on est quand même effaré devant les descriptions de réalités auxquelles on a peine à croire. Ce que l'on sait moins, c'est qu'il existe plusieurs tendances et que tous les mollahs ne sont pas des intégristes purs et durs.

D'autre part il est certain qu'à cause de la très grande diversités des ethnies qui composent ce pays la paix aura toujours du mal à s'établir de façon durable.

Ce livre passionnant est un bon éclairage sur l'actualité de ce pays et se lit facilement, nous plongeant dans la vie quotidienne des afghans comme si nous y étions nous-mêmes. J'ai bien aimé le style, phrases courtes qui construisent l'intrigue de façon progressive et continue, ménageant des effets de surprise qui donnent envie de reprendre le livre dès qu'on le pose. Mieux qu'un reportage télévisé !

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L'homme de Kaboul

Oussama Kandar est commandant de la brigade criminelle de Kaboul et est appelé sur la scène d'un possible crime. Un petit trafiquant nommé Wali Wadi a été retrouvé mort chez lui, une arme à la main et tout pointe vers un suicide mais l'insistance du Ministre de la Sécurité pour faire classer l'affaire intrigue Oussama. Il décide de pousser l'enquête plus avant et découvre que la mort de Wadi a été mise en scène. Au même moment, en Suisse, une mystérieuse organisation nommée l'Entité a été embauchée pour retrouver un riche homme d'affaire qui aurait disparu avec un dossier sensible et un jeune analyse, Nick Snee, est mis sur l'affaire …

Je ne connaissais pas cet auteur et n'étais pas forcément attirée par tout ce qui est géo-politique, ne suivant pas les informations et n'étant donc pas souvent au courant de tout ce qui peut se passer dans le monde. Mais je suis toujours partante pour un bon thriller et celui-ci ne démérite pas ! Malgré mon manque d'intérêt pour l'Afghanistan et toute cette région (et mon manque de connaissances), j'ai été passionnée par cette histoire, suivant l'enquête d'Oussama Kandar, découvrant au passage un pan de la vie dans ce pays. Il semble que l'auteur s'est bien documenté de ce côté-là, étant lui-même allé dans la région pour mieux s'imprégner de l'atmosphère et des conditions de vie. De même, il semble qu'il se soit bien renseigné au niveau de tout ce qui peut être géo-politique (mais bon, il y a quand même eu un moment qui m'a fait pousser un oh de reproche … page 276, l'auteur déclare que la France a deux porte-avions … dans ses rêves peut-être mais pas dans la réalité !). Même si cela ne donne pas du tout envie d'aller se perdre du côté de Kaboul (étant une femme, cela peut encore plus se comprendre !), j'ai trouvé cette découverte très intéressante et l'ambiance bien rendue et assez cauchemardesque, avec toutes ces manipulations et tentatives d'influence. L'histoire à Kaboul alterne avec l'enquête de l'analyste Nick Snee en Suisse et là aussi, c'est passionnant à défaut d'être moins « exotique ». Mais les rebondissements et les découvertes au fur et à mesure de l'enquête étaient là pour me scotcher aux pages. Difficile de poser ce livre au moment d'aller dormir car je voulais toujours savoir ce qui allait arriver. Je ne sais pas ce que valent les autres livres de l'auteur mais s'ils sont aussi bons, je vais me régaler à les lire !
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L'homme de Kaboul

Rappelons-le encore une fois: les polars, les thrillers, ce n'est pas du tout mon truc. J'ai ouvert ce livre sans vraiment savoir comment l'aborder. Immédiatement, j'ai été séduite par le ton: un brin cynique, très vif, il m'a tout de suite accrochée. On rappelle par exemple que ce pauvre Oussama a bien du mal à faire son travail dans un Afghanistan infesté d'Américains en état de guerre avec le prénom qu'il porte et que sa mère a choisi a une époque où son tristement célèbre homonyme n'était qu'un inconnu. Il a bien sûr fallu entrer dans l'histoire: peu aguerrie à l'exercice qui consiste à suivre plusieurs pistes où indices se répondent et s'entrecroise, j'ai pourtant joué le jeu. Et je ne l'ai pas regretté: l'on suit sans aucun problème les différentes étapes de l'enquête et les déconvenues d'Oussama et de Nick, sans pour autant que le scénario ne soit téléphoné. Je parle de scénario, car outre son ton vif, ce livre a aussi le rythme effréné d'un film d'action. Je me suis parfois sentie comme dans un épisode de NCIS: complètement prise dedans! Dernier point positif, et non des moindres: la peinture de l'Afghanistan est tout à fait poignante. Je me suis rendue compte que pour un pays qui a tant fait la une de l'actualité, je n'en savais presque rien. Le roman, sans faire perdre son souffle à l'action, nous rappelle à la fois la dure condition féminine, notamment à travers Malalai, l'épouse d'Oussama, mais aussi son histoire, sa géographie (un pays encore sauvage dont certains villages reculés ne peuvent même pas être situés sur une carte), sa situation sociale. J'ai aussi appris beaucoup sur les Talibans et sur le terrorisme. Le travail de documentation sur ce pays a été énorme et le résultat est absolument superbe, tant par sa richesse que par sa capacité à s'intégrer dans une intrigue aussi réussie.

En conclusion, je n'aime pas les romans policiers. Et pourtant, ce roman m'a beaucoup plu, et je vous le recommande! Il sort le 3 mars, et je remercie Violette de Canalblog et les éditions Robert Laffont pour cette découverte en avant-première et cette superbe expérience de lecture.
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L'homme de Kaboul

Voici un roman qui est à la fois un polar et un roman d'espionnage. Mais c'est surtout une plongée dans Kaboul et l'Afghanistan, pays complexe et assez fascinant. Je l'ai dévoré en deux petites nuits à peine, n'arrivant pas à me raisonner pour cesser ma lecture malgré l'heure terriblement tardive, tant j'étais accrochée par l'intrigue...



Il faut dire que le dépaysement est total : dès les premières pages, nous nous retrouvons en Afghanistan, un pays que je ne connais qu'à peine, ayant lu peu de livres à son sujet, et plus à cause de ce qu'on lit dans la presse au sujet des talibans et des horreurs perpétrées, que pour son histoire ou sa culture.



Tout commence par la découverte du cadavre de Wali Wadi, un homme d'affaires qui semble tremper dans diverses magouilles mais n'a jamais vraiment été embêté par la police. Oussama Kandar (un prénom plutôt difficile à porter de nos jours...) chef de la brigade criminelle de Kaboul et ancien héros de guerre contre les Russes et les talibans est appelé sur les lieux et y arrive juste après le ministre de la Sécurité, étonnament déjà sur place. Le qomaandaan soupçonne rapidement que le soi-disant suicide de Wali Wadi est en fait un meurtre et va devoir faire montre de tout son talent d'enquêteur pour dénouer les fils de cette histoire, relativement complexe et dont les ramifications sont multiples.



Mais, s'il s'avère que Kandar a été intentionnellement appelé sur les lieux par un mystérieux messager, il ressort aussi rapidement qu'on ne veut pas le laisser avancer dans son enquête qui semble déranger bon nombre de personnes. Il devient l'homme qui dérange, l'homme à abattre. Etrangement, il trouve en la personne du Mollah Bakir une aide précieuse, alors que les deux hommes ont combattu pour des idéaux totalement opposés. Mais le Mollah assure qu'il désire instaurer un état taliban ouvert, résolument moderne et qu'il s'oppose fermement aux intégrismes et aux violences perpétrées par les dirigeants actuels.



Oussama est un homme profondément intègre et totalement opposé à la corruption et au népotisme qui gangrènent son pays, déjà bien malmené par les guerres tribales et religieuses. Il est également très croyant, mais loin du fanatisme et de l'intégrisme de certains et dénote d'une ouverture d'esprit qui je pense doit être plutôt rare dans la population de ce pays, notamment vis à vis de sa femme... Il fait de la résolution de cette affaire un point d'honneur et ne se défie pas du danger qui rode à chaque coin de rue dans cette ville en état de guerre permanent où les kalachnikovs font la loi.



En parallèle, en Suisse, un homme d'affaire disparaît, qui est recherché par une sorte de police secrète voulant à tout prix le récupérer et surtout mettre la main sur un rapport secret que cet homme aurait volé dans ses propres services. Un jeune analyse, Nick, est lancé sur sa piste qu'il parvient à remonter, sans toutefois comprendre l'enjeu de cette recherche, et surtout sans savoir ce qui se cache dans le dossier Mandrake.



De part et d'autre, des innocents se font assassiner, d'autres bien moins innocents également. L'intrigue nous emmène de Suisse aux montagnes d’Afghanistan, dans lesquelles se fera enfin toute la lumière sur cette affaire.



Je ne veux pas vous en dire plus, car ce roman est totalement prenant et je ne voudrais surtout pas gâcher votre plaisir de découvrir au fur et à mesure les tenants et aboutissants de l'intrigue, bourrée de rebondissements et de suspense. Sachez qu'on parle ici de religion, de guerre, d'honneur, de falsification, de manipulation, de chantage, de trahisons, de contrats juteux, de malversations, de politique, d'amour aussi... bref le mélange est plutôt détonnant et le roman passionnant de bout en bout !



Je vous le conseille !




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L'homme de Kaboul

Une excellente surprise...
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L'homme de Kaboul

L'histoire commence simultanément à Kaboul et à Berne, on connaît rapidement le lien entre les deux qui est un rapport secret. On passe d'une ville à l'autre à un bon rythme, l'histoire ne connaît pas de temps mort et elle est très prenante.



On découvre ou redécouvre Kaboul, ses corruptions, ses menaces incessantes, tout le monde espionne tout le monde. Oussama le policier est obligé de dormir avec une arme près de son lit, dès qu'il va quelque part il n'oublie jamais de s'équiper de pistolet, kalachnikov, grenade, de même pour ses hommes. C'est un livre qui marque puisqu'en prenant le bus au moment où je le lisais, j'ai eu la pensée que quelqu'un pouvait y monter et tirer sur tous les passagers ! Cette ville de Kaboul est vraiment inquiétante.

"Pas question de se rendre seul à ce rendez-vous : une embuscade, un enlèvement sont si vite arrivés..." p.110



J'ai bien aimé les relations d'Oussama et de sa femme Malalai, celle-ci milite pour les droits des femmes et son mari est inquiet pour elle. Ils sont très amoureux mais Oussama a vraiment des préjugés sur le rôle de la femme "C'est le Coran qui exige que les femmes passent l'aspirateur et pas les hommes, peut-être ? en Amérique, les hommes passent l'aspirateur chez eux.

- Malalai, c'est absurde. Aucun homme ne passe l'aspirateur !" p.75



Quelques passages de ce livre sont assez durs et sanglants, mais j'ai beaucoup apprécié cette histoire qui est menée à un rythme d'enfer.




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L'homme de Kaboul

L'homme de Kaboul fait partie de ces romans dans lesquels on s'immerge complètement sans voir le temps passer. Cédric Bannel réussit avec brio à emmener son lecteur dans ce pays à la violence très médiatisée mais au quotidien souvent peu connu.

De la condition féminine à la violence du quotidien en passant par le régime taliban et l'histoire de l'Afghanistan ces dernières années, le lecteur appréhende ce pays par le biais de l'intrigue qui s'y déroule sans jamais avoir l'impression d'un quelconque étalage des recherches entreprises par l'auteur sur le sujet. La carte du pays, située en début de livre, abonde dans ce sens et permet de suivre les déplacements des personnages et de comprendre les nombreuses disparités du pays.

Le style de Cédric Bannel est fluide, l'intrigue haletante à souhait - grâce notamment à l'alternance des chapitres entre la Suisse et L'Afghanistan - et les deux héros crédibles.

Malgré un dénouement un peu trop rocambolesque à mon goût, L'homme de Kaboul n'en demeure pas moins un excellent roman à suspense dont la lecture m'a enchantée.
Lien : http://bouquinbourg.canalblo..
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L'homme de Kaboul

Deux enquêtes parallèles à des milliers de kilomètres l'une de l'autre dans des endroits totalement différents à tous niveaux. L'une se passe en Suisse dans un univers hyper informatisé où la technologie la plus pointue est utilisée pour traquer l'ennemi de cette organisation toute puissante, l'autre se passe à Kaboul avec le manque de moyens inhérent à la situation politique du pays et débute par un suicide qui n'en est pas un. Ce roman met en scène deux hommes que tout oppose à première vue et pourtant que tout va réunir, deux hommes intègres qui vont refuser le système et poursuivre coûte que coûte leur enquête au risque d'y perdre la vie.

J'avoue que j'avais un petit à priori avant de commencer ce livre, je n'aime pas particulièrement ce genre d'univers. Les romans d'espionnage ou les thrillers politico judiciaires ne sont pas vraiment ma tasse de thé, et j'avais un peu peur de me retrouver dans une histoire improbable remplie de situations abracadabrantes. Mais j'aime aussi aller vers d'autres genres de récits que ceux que j'affectionne habituellement et bien m'en a pris car... j'ai adoré ! Dès les premières pages j'ai accroché à l'intrigue avec une préférence pour la partie de l'enquête se déroulant à Kaboul où petits marchands ambulants, femmes voilées et énormes 4 x 4 blindés se côtoient dans les rues bondée et poussiéreuses. J'ai trouvé le récit de la vie afghane avec toutes les difficultés rencontrées au quotidien, le manque de moyens, la condition des femmes... vraiment intéressant. Les personnages sont attachants, notamment Oussama, l'afghan, proche de ses hommes, un policier intègre qui se refuse à accepter le jeu des politiciens véreux. Un homme tiraillé entre tradition et modernité, marié à une femme aux idées progressistes qui lutte pour améliorer la condition féminine dans son pays et qui refuse le joug de l'intégrisme religieux.

L'intrigue est très bien menée, pleine de rebondissements, que ce soit en Suisse ou en Afghanistan. Les personnages sont remplis de contradictions, ce qui n'est pas pour me déplaire. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde et j'ai lu ce roman pratiquement d'une traite. Le style est fluide et rythmé grâce aux nombreux dialogues et à certains mots de vocabulaires dari ou pachtoun qui viennent ponctuer les conversations et qui rendent le récit particulièrement vivant. J'ai trouvé l'atmosphère de Kaboul, avec sa violence, ses attentats suicides, ses contradictions, son passé et son histoire bien rendue. Le contraste entre les deux enquêtes n'en est que plus saisissant. On passe d'un pays rempli de bruits et de fureur où le poids de la misère et de l'intégrisme reste très présent à un monde froid et aseptisé où la technologie est reine et où les marginaux sont chassés des centres villes vers des terrains vagues et des zones déshumanisées. A aucun moment je n'ai deviné la solution de cette intrigue et j'ai savouré le dépaysement et le suspens jusqu'au bout... avec des terroristes qui ne sont pas forcément ceux que l'on croit et cela ne donne que plus de poids à l'idée que manipulation et corruption sont des armes aussi efficaces qu'une bombe dans une rue de Kaboul ou de Bagdad.

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L'homme de Kaboul

Mon avis :



Je ne suis pas fan des romans d'espionnage, je m'y perds un peu parfois, entre tous les personnages. Ici, rien de tel. Les protagonistes sont peu nombreux et facilement identifiables, ce qui m'a évité de me perdre, même si certains jouent double, voire triple jeu.



Un roman qui m'a transporté à Kaboul, avec une vraie atmosphère - ce que j'apprécie - qui ne vous quitte pas lorsque vous refermez le livre. Une intrigue qui m'a poursuivie et des images que j'ai portées avec moi tout le long de ma lecture. Un roman qui m'a accroché par son suspens et son style fluide.



Bon, je n'ai en revanche toujours pas compris la différence entre les Pachtounes et les Hazaras ni pourquoi ils ne pouvaient s'entendre, mais cela ne gène en rien la lecture.



Car la force de ce roman réside, entre autre, dans son aspect voyage et description de la civilisation et du paysage afghan. Dans ce pays, un simple bonjour prend des heures et il n'est pas question de ne pas boire le thé avec son hôte. A ce propos, j'ai beaucoup aimé les expressions en langue originales des formules de bienvenue, même si je n'en ai pas retenue beaucoup.



Bien sûr, l'auteur évoque à plusieurs reprises les Talibans et la burqa mais en évitant toute polémique.



Un regret : le mollah Bakir n'est pas l'homme aussi noir que certains passages le laisserai penser...



L'avis de mon mari (qui a eut le temps de le lire "grâce" à la grippe) :



"Quel homme, cet homme de Kaboul !



La fin m'a paru un peu "rapide" : Léonard, qui est l'un des personnages principaux que tout le monde cherche pendant 350 pages, a son compte vite réglé sur 5 pages.



J'ai bien aimé le fil général du livre, c'est un des rares livres de ce genre qui ne me soit pas tombé des mains au bout de 30 pages.



Ce livre à l'air de donner une bonne idée de ce qui se passe sur place.



J'ai bien aimé la dualité du mollah Bakir, qui joue à la fois la carte des occidentaux et des talibans. Il a, de plus, un humour ravageur à l'anglo-saxonne".





Ce roman va maintenant être prêté à Beau-Papa, un amateur du genre...


Lien : http://motamots.canalblog.co..
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L'homme de Kaboul

Épreuves du roman de Cédric Bannel, à paraître le 3 mars.



" - À quoi pensais-tu en appuyant sur la détente ? demanda Oussama. - À appuyer sur la détente. " (p. 9) Dès les premières lignes, on rencontre Oussama Kandar, commandant en chef de la brigade criminelle de Kaboul, un homme qui ne s'en laisse pas compter. Appelé sur les lieux d'un suicide, Oussama Kandar est dubitatif. Le cadavre de Wali Wadi n'est pas celui d'un suicidé, il s'agit d'un meurtre. " Ceux qui parvenaient à échapper aux attentats, aux gangs, aux règlements de compte, aux crimes familiaux et aux fatwas lancées par les talibans étaient assez peu portés sur le suicide. En Afghanistan, chaque jour vécu en un seul morceau était un don de Dieu. " (p. 10) Mais son enquête à peine entamée, Kandar est sommé de ne pas faire de vagues et de er au plus vite cette affaire. Le ministre de la Sécurité du pays, Khan Durrani, semble particulièrement pressé de voir ce cas au fond d'un tiroir. Oussama Kandar comprend que l'affaire dépasse celles qu'il traite d'ordinaire. " Pour une raison qu'il ignorait, le gouvernement souhaitait enterrer l'affaire. Khan Durrani était là pour dissuader ses propres services de faire leur boulot. " (p. 16) Pendant ce temps, en Suisse, la disparition d'un homme déclenche une opération d'envergure. Nick Snee, analyste pour l'Entité, découvre les travers et les crimes de l'organisation qui l'emploie, " une structure dont l'ADN était tourné vers la violence plus que vers l'intelligence. " (p. 123) Alors qu'un certain dossier Mandrake s'avère délicat voire explosif en Suisse comme en Afghanistan, Nick et Oussama, sans le savoir, traque la même vérité au nom de valeurs communes.



Le personnage d'Oussama Kandar est finement travaillé. L'homme est un policier intègre et pieux, un musulman pratiquant mais tolérant, comme une balise au sein d'une religion qui effraie tous les jours. Oussama a choisi son camp et c'est sans compromis qu'il accomplit sa tâche, quelle que soit l'origine des pressions qu'il subit. " Se prénommer Oussama n'était pas un atout lorsqu'on était qomaandaan de police dans un pays occupé par les forces de l'Otan... " (p. 12) " En tant que fonctionnaire du régime, Oussama était une cible pour les talibans, même s'il était connu pour sa piété. " (p. 13) Oussama est pris entre deux feux : entièrement dévoué à son pays, même s'il inspire crainte et respect, sa position reste fragile dans un monde tiraillé entre deux puissances qui veulent chacune déchirer la plus grosse part de la proie.



Malalai, épouse d'Oussama, est une femme vive d'esprit et intelligente. Gynécologue et tenue par la loi islamique de ne soigner que des femmes, elle se révolte discrètement mais fermement contre le société machiste et intégriste qui étreint et étouffe le pays. La burqa la révolte, la soumission imposée aux femmes l'indigne et la charia ne la convainc pas toujours. Membre du RAWA, elle court de grands risques pour faire reconnaître les droits des femmes en Afghanistan. Malalai est le pendant féminin d'Oussama. Ils forment un couple uni, certes par l'amour, mais surtout par le partage de valeurs telles que la probité ou le respect. Bien que peu active au sein de l'intrigue, Malalai imprègne de sa présence tout le texte, comme une odeur subtile mais tenace de fleurs écrasées.



Ce polar décrit avec habileté un pays dont on ne cesse de parler mais qui reste difficile à comprendre. Des traces subsistent de la présence russe et du régime taliban. L'Otan peine à apaiser le pays et " la présence de la Coalition avec son lot de bavures et de vexations imposées aux populations locales " (p. 10) fait régner une atmosphère pesante que renforcent les attentats suicides et la résignation des habitants. Le regain islamiste se fait sentir partout, les talibans sont infiltrés dans toutes les administrations et institutions du pays. Le président Hamid Karzaï, s'il n'intervient pas directement dans le récit, apparaît comme un homme de paille. L'Afghanistan semble dirigé par des ministres complaisants voire véreux. La corruption est omniprésente, les dollars et les afghanis changent de main et alimentent un marché noir prodigue en armes et en produits interdits. Kaboul est une ville sous pression, prête à exploser de toute part.



Bien qu'en reconstruction, les travaux étant financés par les apports occidentaux, la ville abrite des quartiers d'une misère extrême où le progrès n'est qu'un lointain mirage. L'auteur dépeint avec précision et intérêt des coutumes et des traditions qui échappent souvent à l'entendement occidental. La politesse, la hiérarchie ou les salutations entrent autant dans le mode de vie des Afghans que les vêtements ou la nourriture. Même si l'Occident s'impose peu à peu, avec ses tenues décontractées et colorées et ses pratiques jeunes et libérées, l'Afghanistan conserve indéniablement un passé traditionnel qui s'accomplit dans tous les gestes du quotidien.



Tous ces éléments font déjà du roman un très bon texte. Mais le meilleur réside dans la construction des enquêtes. Dès les premiers chapitres, les victimes et les coupables sont connues. Les armes et le mobile sont au rendez-vous. Il ne manque que la pièce à conviction principale, le dossier Mandrake, qui fait traverser à Nick la moitié du monde et qui fait retourner Kaboul par Oussama. Dans cette chasse au trésor maudit, une paire de chaussures rouges peut tout faire basculer. La révélation finale, après quelques épisodes haletants, est presque secondaire. Sans l'avoir lu, on se doute que le dossier Mandrake est une poudrière à proximité d'une mèche. Peu importe ce qu'il contient, on sait que cela ne pourra pas être révélé. Car Cédric Bannel évite avec habileté et intelligence l'écueil du complot mondial. Une phrase de la fin du roman est lourde d'une sagesse effrayante : " affaiblir l'Amérique, c'est provoquer l'éclatement assuré de l'Afghanistan. " (p. 386) On ne peut le nier, l'échiquier mondial a entamé une partie complexe qui nous dépasse tous. Et c'est avec modestie voire délicatesse que Cédric Bannel referme une porte qui ne peut rester ouverte. Si les terroristes ne sont pas forcément ceux qui portent barbe et keffieh, ce n'est pas un livre qui peut déranger la fourmilière. La fin du texte est en demi-teinte, parfaitement conforme à la réalité : les 'gentils' n'emportent pas d'éclatantes victoires et la punition des 'méchants' est loin d'être assez lourde. Mais l'auteur ne fait pas oeuvre polémique. Son récit, puissamment ancré et nourri d'un contexte politique particulier reste une fiction menée avec talent et précision. Ce roman présente une plume assurée et une intelligence affûtée.



Un grand merci à Violette de Canalblog et aux éditions Robert Laffont pour m'avoir fait parvenir les épreuves de ce livre. N'hésitez pas à visiter le blog consacré au livre !

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Peintre mais aussi inventeur, ami proche du roi de France François Ier, je suis célèbre pour des tableaux tels que « Sainte Anne, la Vierge et l'enfant » ou bien sur « La Joconde » :

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