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Citations de Cédric Fabre (48)


C'est complexe, vous savez, le monde animal. Perdez votre angélisme et n'oubliez jamais que détruire une ruche équivaut aussi à abattre une monarchie.
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Tu vois, c'est la magie du langage: les balayeurs sont devenus des "techniciens de surface" et les branleurs sont devenus des "décideurs".
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Jolie, c'est un mot qui traduit la fraîcheur, la luminosité, pourquoi pas la jeunesse alliée à quelque chose d'innocent, ou d'insouciant.
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Tu connais cette devise: aujourd'hui commence le premier jour du reste de ta vie.
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e hais cette place, Castellane, avec sa fontaine au milieu et son basson toujours vide au centre duquel s’élève sur plusieurs mètres une colonne coiffée d’une statue de femme portant un navire dans les bras alors qu’en bas, c’est un flot ininterrompu de bus et de voitures qui tournent autour d’elle sur trois voies. Un navire dans le nuage de pollution au-dessus des bagnoles ? L’histoire de cette ville, c’est une succession de malentendus avec des accessoiristes, sans même parler des responsables du casting. La place est gorgée de cafés-bars et de restaus, des terrasses pleines à péter de càcous, avec leurs gourmettes et leurs chaînes plaquées or autour du cou, leurs pantacourts et baskets de marque, maillot de l’OM ou chemisette rose et des tas de doigts qui triturent en permanence des tas de clés de bagnole ou de scooter à trois roues comme si c’étaient des chapelets. Le càcou, indéboulonnable, c’est une sorte de version postmoderne et postindustrielle de l’idiot du village, genre un modèle sérialisé, la figure à la fois ultime et has been du néofolklore antipop de notre métropole tiersmondialisée, la preuve à lui seul que la fabrication d’utopies dans cette ville et dans ce monde est un artisanat en faillite.
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Les gens ordinaires, tous ce qu'ils peuvent comprendre c'est qu'on se fout d'eux, que forcément aprés l'âge de pierre, l'âge de fer, l'âge du bronze, l'âge du verre, l'âge du rotin, l'âge du plastique, l'âge du pneu, il y avait des chances qu'on arrive un jour à l'âge du casque intégral en revenant aux pierres et aux barres de fer.
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Marseille était soi-disant constituée de cent onze villages, qui n’avaient en vérité jamais été foutus de faire une ville ensemble, et celui de la Treille, c’était la porte de la Provence. Les collines et la garrigue. Toute mon enfance, j’avais trappé des lapins et tiré les faisans d’élevage qui avaient échappé aux chasseurs. Une enfance à la Pagnol. Sauf que la gloire de mon père, elle se résumait au fait qu’il avait disparu un jour, en nous plantant là, ma mère et moi, avec un mot d’excuse. Son garage avait fait faillite, il avait choisi la fuite plutôt que le suicide, avait-il écrit. L’aventure et le grand large, en somme : j’avais bien compris, entre les lignes. Il avait toujours préféré les poètes beatniks et le rock psychédélique aux écrivains provençaux, aux félibres et aux musiciens folkloriques occitans. J’avais appris plus tard qu’il avait embarqué sur un cargo, et je ne l’avais jamais revu. J’avais ensuite découvert le punk, ce qui m’avait conduit à faire des études ; un malentendu probablement lié à une mauvaise compréhension des paroles du morceau « Career Opportunities », des Clash. (Cédric Fabre)
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Un souvenir lui revint en mémoire, il venait de loin, de son ancienne vie. Il lui avait chanté ces mots d’une voix douce, comme un refrain, le soir où il l’avait embrassée pour la première fois, c’était dans un de ces bars rock où, en général, elle n’allait jamais : « Honey, maintenant que le monde est à tes pieds, dansons dessus. » Contemplant mentalement son si beau visage, aux traits fins et délicats, il lui sembla moins triste et douloureux, soudain, de réaliser que dans quelques secondes probablement elle allait rendre son dernier souffle. Elle s’efforça, sans assez de conviction, de chercher de l’air une ultime fois.
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Un policier était en train de tirer José en arrière, en l’empoignant sous les aisselles pour l’aider à se remettre debout et, derrière eux, deux gars tenaient un transat qu’ils s’apprêtaient à utiliser comme brancard. José pleurait toujours, il secouait la tête dans tous les sens, les belles boucles de ses cheveux noirs étaient pleines de sable, il y en avait aussi dans les poils de sa barbe de trois jours. Il tourna le dos au flic, fit quelques pas avant de se laisser tomber assis à l’ombre d’un parasol, et il enfouit le visage dans ses mains. Il était probablement dans l’eau quand le type avait commencé à tirer, parce qu’il était encore trempé.
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Les claquements des pétards s’étaient arrêtés net, les cris de joie des enfants et le bruit des éclaboussures venant de la piscine aussi, une nappe de silence épaisse avait tout recouvert et il lui semblait que ce silence s’était mis à couler dans ses veines et l’engourdissait soudain. Un des pétards avait dû lui pénétrer dans l’oreille, remonter comme un ver ou comme un spermatozoïde en remuant la queue jusqu’à une de ces cavités qui se trouvent au-dessus de la tempe pour y exploser puis la rendre sourde. Elle ouvrit les yeux, elle vit du sable, des tonnes de sable sur des tonnes de kilomètres, elle distingua des corps inertes sur les fauteuils de plage et, autour, des gens qui couraient dans tous les sens, jamais dans la même direction. Comme s’ils cherchaient tous à échapper les uns aux autres, mais ça ne ressemblait pas à un de leurs jeux ; elle lisait l’affolement sur leurs visages. Elle vit José, qui était penché sur le corps de sa femme, Elsa, et il pleurait et il hurlait peut-être mais elle n’entendait pas le son. Elle avait pris un sacré coup de soleil, Elsa. Elle était contente de l’avoir rencontrée, le premier soir, elle était douce, et si pleine de joie et de bienveillance. Elles avaient bu des mojitos assises dans le sable toute la soirée, pendant que José était resté au comptoir du bar pour voir le match de foot avec des copains. Elles s’étaient fait draguer par le maître nageur, il était soûl, il voulait absolument leur apprendre à nager à 11 heures du soir. Elle savait déjà nager, de toute façon, mais rien qu’à l’idée de se baigner, la mer lui avait paru lourde, compacte, elle pouvait l’engloutir.
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Elle a un peu plus de la trentaine, la tête haute, le regard fier et les traits tirés. Elle a les cheveux courts, défrisés et épais, elle porte une croix sur un chemisier vert olive un chouïa transparent sous lequel elle a eu le bon goût de mettre un soutif noir à dentelle. Des seins que je devine en forme de lotus, généreux, comme diraient les critiques spécialisés. Le mec qui a inventé les seins et le mec qui a inventé la générosité se connaissaient forcément et leur route a dû croiser celle du mec qui a inventé la souplesse dans les doigts.
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— Grégoire Lang ? Je peux m’asseoir ?
Elle est en face de moi, immense, mince, la peau claire, des yeux verts en amande aux pupilles parsemées d’éclats scintillants.
— Vous n’êtes pas certaines que c’est moi ? Vous ne me connaissiez donc pas de vue ?
— J’avais peur de ne pas vous reconnaître, après toutes ces années.
Je sursaute sans doute.
— Vous vous appelez ?
— Je peux m’asseoir, même si mon prénom ne vous dit rien ?
Je désigne la chaise en face de moi d’un signe de la main, je sais que je suis devenu un mufle, je m’en félicite pas, j’aurais dû me lever, mais quelque chose me cloue le cul à ma chaise.
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Evidemment, comme un con je suis là et c’est évident, elle me connaît parfaitement parce qu’elle sait que c’est le genre de rendez-vous que je serais incapable de décliner. Elle s’en doute aussi, que sa voix perchée, cristalline et humide, elle évoque un mouvement du bassin. Je projette qu’il y a quand on a été élevé par les sœurs de l’Immaculée Conception toute son adolescence, dans la culture du silence, du péché et de la prière, qu’on parvient à développer par la suite un tel niveau de sensualité.
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Je suis installé à la terrasse du troquet qu’elle m’a indiqué, je sais rien de cette femme. Juste qu’elle connaissait mon nom et mon numéro, qu’elle sait que j’ai été reporter-photographe et que j’ai couvert des guerres, essentiellement en Afrique, pendant quinze ans. Ce qui m’a intrigué et poussé à accepter de la rencontrer, c’est qu’elle était persuadée que j’accepterais de l’aider.
— Vous verrez, vous ne pourrez pas refuser, elle a tranché, d’une voix aiguë, avec un léger accent d’Afrique noire, avant de couper la communication.
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Parmi les griefs que je gardais contre ceux qui avaient essayé de me mentir,dans mon enfance puis mon adolescence, il y avait surtout le fait que le précepte "s'aimer les uns les autres", c'était du flan et qu'on était pas prêt d'y participer, à cette partouze géante que promettaient les Saintes Écritures.
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Le 49 la clique de crabes qui se déplacent en biais là-dedans. Un putain d’aquarium d’Antibes. Même parfois, comme si on était pas assez de cons, des touristes se rajoutent, comme l’autre jour, un couple de chasseurs du dimanche : c’est bien par là le MuCEM ? ils demandent au chauffeur. Mais qu’est-ce que tu prends le 49 pour aller au MuCEM ? j’ai envie de leur dire. Tu peux pas faire la promenade du Vieux-Port à pied comme tout le monde ? En plus il y a que des MuCEM en Bavière, pourquoi tu viens ici voir ce que tu as chez toi ? Monsieur le chauffeur, on a pris deux tickets solo, faites-nous bien signe pour sortir. Putain, si tu rates le MuCEM, t’es pas une touriste, t’es une taupe à Élie Baup. Le truc tout noir qui pète à la gueule, le hangar à charbon, toi c’est sûr tu regardes pas France 5. Les Bavarois qu’est-ce que tu veux que je m’esquinte.
Maintenant qu’il passe par les docks, qu’après il tapine un peu place de Lenche, il nous attire tout un tas de ces pauvres paumés du mois d’août, des Boches, des Chinois. Sans parler des cultureux qui s’arrêtent à la Friche, avec les mèches et les accents pointus, tout un tas de barjots, toute l’année, pas vraiment cultivés, je peux te dire, en tout cas pas finis de germer, que du gosse de riche à problèmes, qui vient s’encanailler avec les skates et les casquettes. Les culs de boxer-shorts. Les jeans de pingouins. Eux se rajoutent au concours, tous ensemble ils se donnent la main pour venir te faire chier dans notre beau quartier de la Belle de Mai. Ils nous envoient leurs rejetons de poubelles, après ils s’étonnent que le trois-mâts au maire, tu sais celui qu’il a amarré au Vieux-Port, devant chez lui, qui faisait restaurant pour les quiches de sa farce, on lui ait retiré le bouchon. (François Beaune)
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Quand j’avais sept ou huit ans, un soir, je suis monté sur les genoux de ma mère et elle a commencé à me lire Le comte de Monte-Cristo. Pendant un an, tous les soirs, j’ai grimpé sur ses genoux et, jusqu’au bout, elle m’a lu l’histoire extraordinaire de cet homme enfermé pendant quatorze ans dans les entrailles d’une forteresse lugubre. Elle me racontait la souffrance puis l’évasion de cet homme, sa vengeance implacable jusqu’au dernier des traîtres qui l’avaient envoyé croupir sous le niveau de la mer.
Edmond Dantès était pour moi le plus beau des Marseillais, le plus grand. La justice, ce n’était pas les juges, les procureurs et les geôliers, c’était cet homme qui avait appris la philosophie dans un souterrain et qui défendait la vie. (René Frégni)
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Des quatre sœurs d’Ange Malatesta, je n’ai jamais su laquelle était la plus folle. Je n’y connais rien en symptômes de démence, psychose, schizophrénie et autres troubles mentaux, aussi je me garderai bien de définir leur état avec précision, mais ce que je sais, c’est qu’elles étaient toutes cinglées. D’ailleurs elles faisaient à tour de rôle, et parfois même ensemble, des séjours en hôpital psychiatrique. Elles étaient interchangeables, ce qui ne devait pas aider à leur équilibre mental. Déjà, leurs prénoms étaient presque identiques : elles s’appelaient Josiane, Josette, Jocelyne et Joséphine. On les appelait « les quatre Jo ». (Christian Garcin)
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C’était un homme qui parlait beaucoup mais qui ne disait pas grand-chose. Je l’ai dit à Mémé et elle m’a répondu que ça, c’était Marseille : ici, on parle beaucoup, mais jamais pour dire l’essentiel.
(p. 49)
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Nous suivons le flot des gars qui rejoignent la manifestation, ils descendent La Canebière d’un pas rapide, drapeaux roulés sous le bras, tee-shirts de la CGT et foulards rouges et noirs, ils vont encore écouter du reggae et « antisocial » de Trust, couverts par les slogans à la voix nasillarde crachés dans le mégaphone et qu’on comprend rarement. Certains ont des masques de protection qui dépassent de leur poche arrière. Ça sert à rien de se défendre des gaz lacrymo, il faut inverser le processus, faire pleurer ceux qui te brûlent les yeux, les émouvoir aux larmes, peut-être avec dix mille personnes qui entameraient en chœur, immobiles et face aux flics, « Juste une mise au point » de Jakie Quartz. »
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