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Dieu est passé par là
Céline Guillaume
Éditions du Cerf
Femme, épouse, mère de famille et cheffe d'entreprise engagée dans l'Eglise, l'auteure raconte sa fierté d'être chrétienne et son attachement à l'esprit dominicain. Elle témoigne de son périple existentiel et croyant, revenant notamment sur un traumatisme d'enfance. ©Electre
Qu'elle soit blanche ou d'un noir profond, qu'elle soit étoilée ou de pleine lune, la nuit était peuplée de créatures étranges...
C'était une belle fin de journée de septembre.
Le meilleur moment pour un retour au pays...
Tout était comme avant. Les versants ensoleillés, les bois touffus et verts, les petites rivières qui couraient comme des folles sur leur lit de cailloux, soulevant de vagues écumeuses et serpentant entre les prés où s'affairaient un ou deux tracteurs.
Jérusalem, l'Éternelle, capitale du roi David et du jeune État d'Israël, posée sur les collines de Judée portait en elle seule un message spirituel. Son nom signifiait : PAIX.
Sur un joli vallon, posées comme le dé argenté sur le doigt de la couturière, elles étaient là, toutes mes émotions, collées à des ruines, des pierres, par grappes, comme ces lilas sauvages, violets et mauves, poussés sur une poignée de poussières et de rocailles par miracle.
Malgré ses dix-huit ou vingt ans, elle possédait déjà une allure altière et une assurance franche. Elle était l'image même de la jeunesse physique et morale aussi naïvement que parfaitement heureuse de vivre et de plaire.
Mais j'eus l'idée étrange que ces beaux yeux aussi splendides que candides étaient un masque, un masque impénétrable tendu devant une âme secrète, ayant une vie énigmatique en retrait de celle apparente à tous.
Les turpitudes de l'existence m'avaient forgé une armure, un blindage face aux agressions extérieures. Heureusement. Qu'auraient pensé mes semblables d'un comportement qu'ils prenaient pour de la sensiblerie ? Dans notre société actuelle, y avait-il encore une place pour les sentiments profonds ?
Mon domaine, c'était la forêt, ce monde étrange caressé par le souffle du vent, gardé par des arbres centenaires aux troncs noueux et couverts de mousse, où personne ne s'aventurait guère, de peur d'y être la proie des créatures redoutables et mystérieuses qui y rôdaient.
Plus je le regardais et plus j'avais l'impression de le connaître. Tout en lui me parlait : sa bouche, ses lèvres, son sourire, la moindre de ses mimiques... C'était comme si quelque chose d'immeuble nous unissait. Il avait fallut que je fasse tant de kilomètres pour ressentir cela. Était-ce le coup de foudre dont on me parlait tant ? C'était plus fort, plus grand, plus beau. Nous étions liés, avant, maintenant, toujours. Unis grâce aux pouvoirs célestes, pour le meilleur et pour le pire, comme s'il en avait toujours été ainsi.
La nuit appartient aux chats amoureux des étoiles.
Josselin de Kerjean, en retrait de ses troupes, chargeant avec l'énergie du désespoir, était confronté à sa nuit intérieure, celle qui fait que l'âme s'étiole et s'enlaidit de son obscurité morbide.
Pourquoi, oui pourquoi ne distinguait-il plus rien ou à peine ? Pourquoi ne sentait-il plus rien ou tout juste, comme si la douleur était balayée d'un revers de main ?