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Critiques de Céline Maltère (27)
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Le cabinet du diable

Comme chacun sait, j'ai une affinité toute particulière pour la clé d'argent et plus particulièrement sa collection Lokhale.



Lors du salon le livre dans la boucle j'en ai profité pour faire quelques achats.. dont quelques romans issus de cette collection.

Pour être tout a fait honnête j'ai beaucoup hésité a prendre ce roman, préférant au départ rester en terrain connu , car effectivement je ne connaissais pas du tout l'auteur… et puis comme souvent en ce qui concerne mes achats de livres je finis par être peu raisonnable… et j'ai fini par ajouter le cabinet du diable a mes achats… et grand bien m'a pris car c'est une très belle découverte.



J'ai vraiment apprécié la plume de l'auteure qui est assez addictive et puis l'histoire aussi très prenante. Ce roman, comme tous ceux de la collection Lokhale sont très courts, et je l'ai lu d'une traite car le côté fantastique était intriguant à souhait. Je regrette même qu'il n'y ai pas plus de pages.

Mais je crois très sincèrement que le job a été pleinement fait car j'ai grande envie d'aller visiter cette maison Mantin… ce que je vais programmer a l'occasion lorsque les beaux jours reviendront.



Je vais donc bien évidemment continuer a suivre cette maison d'édition , mais surtout je vais m'intéresser de beaucoup plus près a Céline Maltère.
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Le cabinet du diable

Il existe à Moulins dans l'Allier, une étrange maison bourgeoise, la "Maison Mantin", villa musée, léguée à la ville par son propriétaire.



Dans ce court roman, l'auteure présente un cercle de personnages haut en couleurs composé d'une carmélite manchote au bras de bois, d'un poète un peu fou, d'un pirate bibliophile, et d'un japonais aux membres de fer, tous passionnés par cette intrigante demeure.

Ils tentent d'en percer le mystère...



Pour cela, il faut s'y introduire illégalement avant que la maison qui doit être ouverte au public ne soit visitée par le commun des mortels.



Entrer par effraction dans cette villa hantée par l'esprit mélancolique du propriétaire n'est pas une mince affaire...

Y parviendront t'ils autrement que dans leurs étranges rêves ?

Céline Maltère, parvient en à peine 80 pages à créer une atmosphère d'étrangeté poétique.

Le chapitre du bal, m'a fait songer à l'ambiance de certaines scènes du film de Cocteau "La belle et la bête".

Tout cela, ne fait pas partie de mes lectures habituelles, mais j'ai beaucoup apprécié ce petit (par la taille) livre...



Et pourquoi pas après tout?

on peut écouter un album de Motörhead, et enchainer avec les ouvertures des opéras de Mozart.

Il en de même avec les lectures, ce n'est pas de l'incohérence, celà s'appelle de l'éclectisme !
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Les Corps Glorieux

La reine Kationa est cruelle et redoutable mais elle sait aussi se montrer douce et attentionnée envers les filles du sérail. Les corps glorieux raconte quelques uns de ses aventures les plus fortes comme celle où elle part à la recherche du chevalier rouge ou quand elle vit une vie d'une autre de l'autre côté du miroir...

Déçue par ce roman de fantasy où une femme, Kationa, a une place en tant que chevalier. Malheureusement, il y a trop de moments de violence (je loue l'imagination !) et où la sexualité est bien trop présente, même quand Kationa n'était encore qu'une enfant. Céline Maltère maîtrise parfaitement le sujet, la reine reste sans pitié et change complètement l'image de la femme. Juste un peu passage étonnant : la mère des 3 sœurs qui doit s'enterrer avec son mari, le genre de choses qu'on imagine plutôt dans les (anciennes) sociétés patriarcales, non ?). Bref, un roman étonnant mais un peu trop dérangeant.
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Les Corps Glorieux

Ouvrage étonnant, particulièrement bien écrit (véritable exercice de style) qui emprunte avec brio la forme des romans de chevalerie ou des chansons de geste, avec leur sens de la cruauté autant que la possibilité infinie de leurs merveilles. Des aventures multiples au service d’une ode au saphisme où le sadisme se justifie de l’amour perdu. Un roman médiéval qui se nourrit à la source du genre mais j’ai également pensé à certains romans licencieux du XVIIIème siècle, tel que ceux d’un certain marquis. Bref, une curiosité ciselée et brûlante à découvrir…
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La tour des dames

Les châteaux ont une âme ou, plutôt, en leur suzeraineté, persistent celles qui ont contribué à leur histoire. Elles peuvent les hanter, rester attachées à leurs pierres, à leur parc, et ne jamais cesser d’en assurer une éternelle possession. Imaginez, en plus, qu’elles puissent s’incarner en une horde de biches et autres femelles de sauvagine, attendant leur heure pour résoudre certains mystères et protéger leur domaine sacré des intrusions profanes. Vous avez la toile fond du roman de Céline Maltère : La tour des Dames… car il s’agit d’approcher l’histoire du château de Randan, par la lignée de femmes qui l’ont aimé, habité et modelé au gré de leurs désirs artistiques et architecturaux, jusqu’à ce terrible incendie de 1925. Les époques se répondent puisque c’est la rencontre d’Abèle, chargée de narrer l’histoire de Randan, et d’Odélia, apparue pour l’inspirer dans sa perception, qui recrée la magie des lieux. Les deux femmes évoluent dans un monde infiniment poétique comme dans les œuvres du peintre Alphonse Osbert (utilisé d’ailleurs en couverture). Univers féminin, onirique et enchanté, où l’homme, le chasseur, le taxidermiste, fait figure d’indésirable à bannir (ou pire : à punir !) car les bêtes le savent : la forêt leur appartient, qu’elles en soient fées ou simples sujettes.

Lire La tour des Dames de Céline Maltère, c’est accepter de se laisser porter dans un mode original et intemporel, où tout est possible… où le bonheur se distille avec des victoires sur le mal, sur l’injustice d’une réalité cruelle et ordinaire. Une vraie bénédiction, donc, que ce roman qui tranche dans la production littéraire fantastique actuelle, autant par son élégance que par son non-conformisme, où je m’ébahis de retrouver tant de belles références de mes émotions préférées : La Belle et la Bête…Antinéa… La Forêt des Lilas (mais qui, aujourd’hui, à part Céline Maltère et moi, pensons encore à cette enfant inconsciente courant après la beauté des lilas ?).

Un conseil : lorsque vous commencerez cet ouvrage, passez-vous en sourdine la chanson ancienne de « La Blanche Biche » et vous serez tout de suite dans l’ambiance…

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Le cabinet du diable

Il y a toujours un reste d’enfance dans la fascination que certaines maisons exercent sur nous. Le petit frisson à imaginer ce qui pourrait bien se tramer derrière ces fenêtres aveugles ou ces volets clos… L’étonnante demeure de Louis Mantin, à Moulins, déjà intrigante par elle-même, ne pouvait qu’enflammer l’imagination de Céline Maltère. Elle nous entraîne avec elle dans une découverte fantasmée, dont on ne peut dévoiler sans spolier l’idée particulièrement originale qui en fait toute la saveur. Il y a un bal dans l’histoire mais tout le récit s’organise comme une ronde des personnages autour l’étrange habitation, avec cette façon qu’a trouvé l’autrice, en virtuose, de glisser vers le fantastique, voire de suggérer l’horreur. Des personnages auxquels on s’attache malgré leur bizarrerie, et le créateur de cette fabuleuse architecture qui nous donne en parallèle le rôle de confident. Dans une ambiance de conte aussi, comme si Alice avait grandi et trouvé des passages plus sombres à explorer. Un petit roman ayant pour conséquence de donner une intense envie de voir cette maison Mantin !

A la suite, quelques documents dont un texte de Maud Leyoudec qui nous raconte joliment l’histoire de la rénovation de la Maison Louis Mantin à laquelle elle a participé, avec passion semble-t-il. De quoi renforcer encore ce désir de visite.

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Les rhinolophes

Allier une parfaite maîtrise de l'art d'écrire avec une proposition originale n'est pas fréquent dans la littérature actuelle, même dans le domaine de l'imaginaire. Mais est-ce bien de cela dont il s'agit avec les Rhinolophes ? Certes, Céline Maltère explore plusieurs facettes d'un délire fantastique mais à la façon de ces ouvrages fondateurs et difficiles à qualifier, tels que les Chants de Maldoror de Lautréamont ou Malpertuis de Jean Ray. La formule des Rhinolophes envoûte et surprend, dans une création que l'on pourrait qualifier de « baroque » (pour une fois, le terme sonne juste) et se révèle en une oeuvre exaltée, une ode magnifique dédiée à l'être aimé où les souffrances de la passion, poussées jusqu'à l'extrême, engendrent des merveilles à la ténébreuse beauté. de la poésie, donc, d'une facture innovante portée par la force de ces envolées de sentiments. Si Céline Maltère est une « étoile montante » dans le monde des littératures de l'imaginaire, elle brille, avec les Rhinolophes, comme une étoile noire qui pourrait bien lui ouvrir la voie des poètes maudits.
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Les Thanatocrates

Si vous désirez aborder une lecture qui ne ressemble à aucune autre, alliant l’art d’écrire avec une imagination délirante, Les Thanatocrates sont fait pour vous, à condition de n’avoir aucune crainte à vous engager sur des voies parfois périlleuses.

Ce recueil permet d’aborder toutes les facettes du talent de Céline Maltère, qu’elle mette en place des dystopies, ou qu’elle lâche la bride à une interprétation bien personnelle des grandes thématiques.

Dès le départ, la novella, qui donne son titre à l’ouvrage, frappe fort : elle instaure un malaise puissant devant la séduction effroyable d’une société qui tend vers la perfection, et dont l’absence de peur de la mort engendre un élitisme suprême. Nous découvrons ensuite des mondes dominés par des dictateurs pourfendeurs de sentiments, avec des reines belles et cruelles, de celles qui suivent l’autrice depuis ses débuts. La poésie se veut sombre et sans pitié, ce qui n’empêche pas des envolées lumineuses et une féminité sublimée.

La diversité des sujets n’engendre pas la monotonie, il n’est pas rare de s’exclamer « mais comment trouve-t-elle des idées pareilles ? ». Et la mollesse n’est pas de mise. Jean-Pierre Andrevon, dans sa préface, ne s’y est pas trompé : Céline Maltère a la dent dure, ses contes de faits sont des règlements de comptes, face à un monde dont la cruauté n’est plus à démontrer. Une façon très percutante de dénoncer des dérives et les lâchetés actuelles, comme la négation de la souffrance animale. Écrire pour punir ou augurer de lendemains tragiques ? Et si derrière toute cette noirceur se cachait un rêve de beauté et d’amour absolu ?

En héritage des explorations gothiques d’un Lautréamont, des fantaisies débridées d’un Lewis Carol et –pourquoi pas ? – de l’ombre de Novalis, je persiste à penser que Céline Maltère est une des meilleures plumes contemporaines à oser s’affirmer dans une littérature originale, libre de s’épanouir hors des sentiers battus. Lire les Thanatocrates est un bon moyen de s’en assurer.

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Scènes d'esprit et autres nouvelles

Céline Maltère écrit me semble-t-il comme Amélie Nothomb : style et syntaxe sont très élaborés. On est admiratif. Un ensemble très savant. Comme souvent chez les nouvellistes, ce sont les textes qui mettent en scène des écrivains qui sont les plus réussis.
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Le cabinet du diable

Cette collection est toujours aussi merveilleuse. Un très beau texte. Bien que plus fantastique que les précédents on s'ancre tout de même bien dans la réalité, mais quelle réalité! Celle d'un original du 19ème qui collectionne des objets hétéroclites et qui choisi de laisser une trace de tout cela pour les habitants du 20ème. Une nouvelle étrange avec des personnages tous bizarres et très attachants, une demeure envoutante et un homme extraordinaire. Le petit texte qui suit nous indiquant les travaux de rénovation de la maison est très intéressant. Entre ces différents détails et la demeure et surtout son contenu et son propriétaire qui apparait dans la nouvelle on a fort envie de visiter tout cela. Comme toujours du reste avec cette collection qui donne envie de se balader à travers la France
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Sexe & sexualité dans le futur & ailleurs, to..

Jean-Pierre Fontana, grand Maître de la science-fiction française, a bien peaufiné son affaire en amorçant ce recueil par une préface de son ami Jean-Pierre Andrevon, tout aussi érudit que lui-même, et en l'émaillant de trois nouvelles qui sont pour moi des chefs-d'œuvre : La Vana d'Alain Dorémieux, Delta de Christine Renard et Les Camélions de Joëlle Wintrebert.

Les autres nouvelles sont toutes intéressantes, glissant d'un érotisme charmant à des écritures plus radicales, sans oublier l'humour, bien entendu.

Bref ! Je l'ai lu quasiment sans interruption et j'ai passé un très agréable moment.

Outre les nouvelles citées plus haut, mes préférées sont celles de Martine Hermant, « Le monde de l'arc-en-ciel » inspirée par les dessins de Manara, Céline Maltère qui reste dans son univers féminin avec « Les orchidées », Noêl Gral qui pastiche Les aventures d' Alice au pays des merveilles avec « Les rêveries d'une promeneuse sous la terre » et Philippe Caza qui revoit la création du monde à sa façon avec « Havah ou le jardin des désirs ».



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Liviyatan : Le monstre de l'Allier

La collection LoKhaLe de La Clef d’Argent demande à ses auteurs de s’inspirer d’un lieu historique de leur région pour y échafauder une fiction plus ou moins fantastique. C’est ainsi que Céline Maltère, après avoir revisité la demeure de Louis Mantin à Moulins (Le Cabinet du diable) s’inspire cette fois d’un fait divers survenu à Vichy en 1933, autour de la maison du docteur Lieberman, – la villa Maire – et de sa fille Marie-Evy, jeune fille imaginative et sensible mais aussi courageuse et intelligente.

Céline campe ici des personnages du cru qui ont vraiment existé et se sert de leurs conversations de comptoir pour créer la fameuse rumeur du monstre de l’Allier, que certains ont alimentée pour toutes sortes de raisons peu honorables, au point que les journaux en ont fait leurs choux gras, attirant même des Parisiens jusque sur les bords de l’Allier.

Marie-Evy représente le personnage “pur” de cette histoire et décide d’enquêter jusqu’à se rendre la nuit, au péril de sa vie, sur une île du fleuve propice à l’observation.

De sa plume aiguisée, Céline dissèque à plaisir la bêtise et la méchanceté humaines, en gardant à son récit des dehors bon enfant, tout à fait en accord avec les dessins satiriques paraissant dans les journaux de l’époque. On verra d’ailleurs l’un d’eux en couverture, réellement paru dans Le Progrès de l’Allier du 7 janvier 1934. On notera en bas et à gauche du dessin, une étoile de David stylisée.

On sent déjà poindre dans l’atmosphère la méfiance envers les Juifs et les tensions qui aboutiront à la guerre. CB

Chronique parue dans Gandahar 32 de juin 2022
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La tour des dames

Ce livre s'articule autour de l'histoire du château de Randan, à qui deux femmes ont donné un prestige inégalé à partir de 1821 : Adélaïde d'Orléans, soeur de Louis-Philippe, duc d'Orléans qui deviendra roi des Français puis Marie-Isabelle d'Orléans, comtesse de Paris de 1890 à 1919. Une troisième femme en sera également propriétaire de 1924 à 1958, Maria Isabel Gonzales de Oleñata y Ibaretta, veuve de Ferdinand d'Orléans, duc de Montpensier. le château prendra entièrement feu le 25 juillet 1925. Voici donc les trois dames qui ont donné son titre au roman et en seront trois des cinq protagonistes principales.

En toile de fond, les peintures d'Alphonse Osbert, peintre symboliste français (1857-1939) qui décora, entre autres, le Hall du Centre thermal des Dômes de Vichy dans des harmonies de jaune et bleu et teinte toute l'atmosphère du roman d'onirisme. La couverture choisie pour ce livre offre une reproduction de "Chant du soir" qu'on peut voir au musée des Beaux-Arts de Nancy. le lien d'Alphonse Osbert avec le château est une peinture nommée "La muse pleurant le départ de la princesse".

La construction de ce roman est riche et complexe, comme on peut l'attendre de Céline Maltère lorsqu'on a lu ses autres ouvrages. Abèle se rend au domaine de Randan pour honorer une commande qu'on lui a faite : « elle devait retracer l'histoire du domaine de manière romancée en faisant un récit qu'on publierait sous la forme d'un feuilleton pendant la période de Noël. » Au cours de ses recherches à la médiathèque de Vichy, proche du château de Randan, Abèle fait la connaissance d'Odélia – je pense aussitôt à la reine Othilie, dans un recueil de Céline qui se nomme "Les Rhinolophes" et me demande dans quelle mesure les deux personnages se répondent. La culture livresque d'Odélia ainsi que ses goûts personnels rapprochent très vite les deux femmes et voici que se noue une complicité autour de la construction du récit central, enchâssé dans cette première intrigue. L'angle d'attaque privilégié par Abèle n'est pas banal : les femmes liées à l'histoire du château reviennent dans la vaste forêt qui l'entoure, raconter leur parcours et régler leurs comptes, sous la forme d'animaux immortels. Une des questions cruciales est la suivante : qui a mis le feu au château ? On a là de très belles pages qui donnent à voir sa splendeur passée : « J'adorais le parfum des oranges. Je fis construire des serres ainsi qu'un grand abri où l'on cultiverait ces fruits : une façade aveugle côté nord pour protéger du froid mes orangers et me promener au printemps dans des allées qui fleureraient les jardins du sud ! Car la beauté passe par tous les sens : respirer en hiver les arômes de l'orangerie confinait au sublime. Il faut tout faire pour adoucir l'hiver. La poésie, toujours, y contribue. »

Alors que la relation entre Abèle et Odélia se nuance, avec la rencontre du mari d'Odélia qui travaille aux Eaux et Forêts, se produit une étrange alchimie qui fait que les deux histoires s'entremêlent au point qu'Odélia en perd momentanément la tête…

L'une et l'autre histoire(s) sont résolument féministes, voire saphiques. La figure masculine n'y intervient qu'en tant que contrepoint. le style de Céline agit par touches délicates empreintes de romantisme et de poésie : « Abèle s'attarda très longtemps sur la peau du poignet cambré, puis effleura les monts de Vénus et de Lune avant de poser sa bouche dans la paume de sa main. Les couleurs autour s'amplifièrent : la nuit devint marine, la lune jaunit comme dans une toile… »

Un autre ressort principal du roman – et pas des moindres – est le rapport entre l'Homme et l'Animal et c'est là que l'auteure se déchaîne, pour mon grand bonheur, et fait un sort aux assassins que sont les chasseurs et autres taxidermistes de tous poils. Sachant faire preuve d'une cruauté raffinée, elle n'épargne pas non plus les individus peu scrupuleux qui accaparent le patrimoine pour en faire des usines à fric !

Jamais autant que dans ce roman je n'ai ressenti la proximité entre l'écriture de Céline et celle de Martine Hermant ("La Vierge au lait et autres histoires fantastiques du Berry", "La disparue d'Alleuze"). Toutes deux me ravissent par leur culture historique, leur engagement pour la cause animale, leur facilité à nous faire entrer dans la dimension fantastique et l'élégance de leur plume. J'ai noté également les très belles illustrations de Jean-Paul Verstraeten, ami et complice de Céline dans toute son oeuvre. Elles sont cependant trop petites – trop en retrait du texte – pour qu'on les apprécie à leur juste valeur. Mais c'est un choix d'édition. Et j'ai, somme toute, beaucoup aimé ce livre.

CB

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La déception des fantômes

Spécialiste des nouvelles, voire des micro-fictions, Céline Maltère nous offre avec ce recueil comme un collier composé de vingt-sept diamants taillés par un lapidaire qui peut être fière de sa réalisation.



Vingt-sept diamants, qui pour certains sont recyclés, ce qui prouve leur pureté.



Céline Maltère place ses protagonistes, ses personnages en déshérence, se complaisant parmi les cimetières, côtoyant les morts, dans des époques différentes, très proches de nous, ou au contraire dans un décor et une atmosphère médiévale, mais toujours avec un humour, noir évidemment, sous-jacent, une ironie grinçante et une forme de dérision poétique.



Ainsi Gemma, dans la nouvelle qui donne son titre à ce recueil, est une femme seule, qui avait quitté sa famille pour faire sa vie et s’élever par son travail dans la hiérarchie sociale à Paris et Bruxelles, n’a qu’une passion pour combler le vide de son quotidien. Aisée, elle visite les cimetières, des plus prestigieux ou célèbres jusqu’aux reculés petits champs funéraires provinciaux, retournant de temps à autre à Flostoy, son village natal. Là vit Héribald, le fossoyeur jardinier, un vieil homme qu’elle découvre un jour, mort, entouré de mouches. Le début d’une aventure onirique peuplé de diptères.



Dans La cimenterie, un promeneur découvre les reste d’une chèvre puis continuant son chemin, alors qu’il traverse un ruisseau, il lui parait avoir changé de parallèle, ou être entré dans un monde parallèle. Devant lui se dresse une sorte d’usine, une bâtisse dont la cheminée soupire. Il s’agit d’une cimenterie… mais cimenterie n’est-il pas l’anagramme de cimetière à quelque chose près…



Maison familiale renommée, Pompes funèbres Ortega pourrait être le cinq étoiles des entreprises funéraires. Les cercueils sont du haut de gamme, fabriqués avec du bois rare et précieux que les familles affligées n’hésitent pas à commander pour honorer leurs défunts. Mais parfois on ne mesure pas les conséquences d’une mesure mal prise.



La crapaudière est un conte qui semble issu d’une légende datant du fond des âges et des bois. Ce pourrait être la rencontre d’une princesse et d’un crapaud qui se transformerait en Prince charmant. Sauf qu’il ne s’agit point ici d’un prince charmant ni d’une princesse, mais de femmes jeunes et surtout belles atteintes subitement d’une maladie qui les changent en horribles valétudinaires avant de décéder dans d’horribles souffrances. La fille d’Elie Estor est elle aussi atteinte de cette horrible maladie qui n’a pas de nom et il décide de découvrir un remède. Transportant sa fille Estella dans une brouette, il se rend dans un endroit caché où lors d’une promenade il a été assailli par une étrange bête gluante, puis a trouvé sur son chemin une multitude de crapauds et une vieille femme qu’aussitôt il a comparé à une sorcière. Et si elle possédait le remède miracle ?



La contagion traite aussi de la maladie, qui s’est déclenchée inopportunément quelques jours après Noël, après une messe célébrée en présence de l’évêque. Un incident avait d’ailleurs entaché cette cérémonie puisqu’une bigote septuagénaire s’était couchée dans la travée au moment où le saint homme, présumé devoir accéder aux plus hautes fonctions pontificales, remontait la nef. Peu après un enfant de chœur tombe malade puis bientôt ce sont tous les fidèles qui sont atteints de cette étrange maladie mortelle.







Lorsque vous aurez lu toutes ces nouvelles de longueur diverse mais d’un intérêt toujours captivant, vous pourrez faire comme le déclare le narrateur de Quatre feuilles : Je referme le livre. Je suis libre.



Et pour parodier une célèbre publicité pour des pâtes dans laquelle André Aubert imitait Fernandel dans le rôle de Don Camillo :



Ce ne sont que quelques nouvelles, lecteur !



Des nouvelles, oui, mais des Maltère !







Sommaire :



La déception des fantômes



La fiancée d'Anticythère



Quatre feuilles



La cimenterie



Pompes funèbres Ortega



La crapaudière



Lucia



La verrière



Les armes d'Ovide



La contagion



Les cygnes



La punaise



La maison triangle



Cerbère



La salle patrimoine



Le sosie



L'œil de Moïse



Viscérales



Le royaume d'Azemar



Cap Creus



Nécrobie



La table de Katarina Toque



Dessalines



Vivian Destord, peintre des causes perdues



Le prosaïque et l'idéal



Bonne-Espérance



Valsalva




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Les Corps Glorieux

L'accent n'est cependant pas mis sur la psyché des personnages, mais sur leurs actes. Comme dans les romans médiévaux. C'est là le principal intérêt de cette histoire. Celle-ci est découpée en chapitres narrant chacune une aventure. Vous trouverez difficilement plus épique. En même temps, il en faut pour gagner ses galons de chevalier. Et ici encore, les femmes prennent l'initiative et réussissent à vivre et s'en sortir où les hommes meurent à la chaîne. Et voir des femmes aussi fortes, ça fait du bien.



Et quand on saupoudre le tout d'un imaginaire finement ciselé. En tout cas, c'est pour ça que j'aime tant la littérature médiévale. La magie, le merveilleux comme on disait alors, peut surgir au détour d'un chemin forestier, de sous une souche ou de derrière un arbre. Ici, il n'est guère réjouissant, ce merveilleux. Il a même tendance à tout détruire sur son passage et à menacer la sécurité du royaume. Et il n'est pas expliqué. De toute manière, personne ne peut rien y faire. Il est là, c'est tout. Et bien utilisé !



La trame de fond, le fil rouge de l'intrigue est elle aussi très intéressante. Car elle prête à réfléchir - de quoi serait-on capable de faire sous le coup de la douleur ? - et crée un ensemble cohérent et qu'on a envie de suite. Glaçant, mais cohérent et addictif. Ne me dites pas que vous n'êtes pas intéressés !



La suite sur le blog !
Lien : http://laplume-ou-lavie.blog..
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Les Cahiers du Sergent Bertrand

Les Cahiers du sergent Bertrand propose de découvrir, en quatorze textes, qui était ce nécrophile qui défraya la chronique au XIXème siècle.

Les nouvelles et poèmes mettent en scène le sergent, mais aussi de nombreux personnages comme le lieutenant Bénédict qui le traque, la charcutière avec qui il devient ami. On découvre aussi, avec un plaisir anachronique, la naissance d'une planète consacrée à la mort et imaginée par les Anciens : Nécropole.



"Le triolet du sergent Chat", "La machine infernale", "Le Mort et le Serpent, micronouvelle qui met en scène une actrice qui vécut au début du XXème siècle (une sorte de Théda Bara), entre autres, nous racontent les aventures du nécrophile.

A aborder avec un sens de l'humour noir.




Lien : http://www.souslacape.fr/liv..
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Les rhinolophes

Les rhinolophes sont de mignonnes chauves-souris à nez de cochon. Ces messagères, apprivoisées par l’étrangère, iront délivrer ses lettres d’amour à la reine Othilie, une reine tellement aimée et désirée, bien qu’elle soit mariée au roi Raimundis 1er, que ses prétendants, pour souscrire à ses désirs, vont se pendre eux-mêmes au gan eden, le jardin des pendus.

Par mimétisme, le terme de rhinolophe s’étend aux 20 lettres d’amour absolu envoyées par l’étrangère à la reine depuis le pic, en face du château, où elle élève ses petites amies chauves-souris, car le gan eden n’est pas pour elle. Son amour est si fort qu’elle refuse de le faire mourir. Les lettres sont préfacées par des extraits de poèmes d’auteurs connus tels que Renée Vivien, Paul Éluard, Pablo Neruda… Elles ont des accents de vécu.

Malheureusement, le roi a surpris la reine lisant un rhinolophe. Il en prend ombrage, fait arrêter l’étrangère et décimer les messagères. Refusant toujours de rejoindre le gan eden, l’étrangère, que la reine ne veut pas faire assassiner, demeure désormais dans un cachot sous le château. Elle y note ses pensées. 10 pensées. Puis, ses pensées deviennent des fleurs-poèmes, des fleurs de cachot dont certaines sont doubles. 48 fleurs-poèmes : 5 vers, 4 fois 4 syllabes et une fois deux syllabes.

Ces poèmes sont magnifiques !

Mais il se trouve que les fleurs de cachot fleurissent tant et tant qu’elles dévorent l’oxygène de la cellule, asphyxiant l’étrangère, allant même jusqu’à s’insinuer dans les murs pour fleurir au dehors.

La reine n’en peut plus de ce désordre, elle décide d’exiler l’étrangère.

L’épilogue rend compte de la visite de Kationa, héroïne des Corps glorieux, autre roman de l’auteure, premier d’une trilogie, et une annexe raconte comment la reine Othilie s’est enfuie à l’annonce de ses noces et a été enlevée par une créature fabuleuse : Queen Kong.



Dans un article de La Montagne, quotidien local, Céline Maltère reconnait que la matière de son livre lui vient d’une histoire d’amour vécue, à sens unique. Comme toujours dans ses romans, elle infuse dans son intrigue de nombreuses références littéraires et travestit la réalité de la façon parfois très noire qui fait son originalité.

Pour aller plus loin dans la sublimation de cet amour, elle a fait réaliser 10 coffrets contenant chacun, en plus du livre, quelques lettres à la reine Othilie, 4 éprouvettes renfermant des fleurs-poèmes – les mêmes que celles emportées par la reine Kationa qui n’est peut-être, dans cette histoire, qu’une passerelle rêvée entre la reine et son infortunée amoureuse – un calendrier othiliaire et une photo d’un des lieux de l’histoire. L’intérêt de ces coffrets réside dans le fait qu’ils se répartissent l’ensemble des lettres et des poèmes-fleurs : la chair de ce livre. Tout autant que publier ces lettres et poèmes, échos de nos propres chagrins d’amour, réaliser ces coffrets se révèle une idée géniale. En plus d’être des objets de collection, ces coffrets-rhinolophes redistribuent les cartes à dix personnes différentes – mais non indifférentes cette fois – qui reflètent par là-même l’image idéale mais éclatée de la reine Othilie. Je suis l’une d’entre elles. CB

Chronique parue dans Gandahar 27 en mars 2021

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Naufrages & épaves

La première chose que j’ai pensé en ouvrant mon enveloppe, c’est « wouah« . L’objet-livre est juste magnifique ! Le graphisme de la couverture rappelle les anciens livres de Jules Verne et la texture est un peu rugueuse au contact. Quand on feuillette l’ouvrage, on se rend compte de la diversité des productions proposées – des textes, des photos, des dessins – et ça donne très envie de se plonger dedans !



Ce livre est la première publication de cette maison d’édition qui met la mer en avant dans sa ligne éditoriale. C’est pour moi une réussite totale ! Le sous-titre est « chant choral » et je trouve que cela colle particulièrement bien à l’ouvrage : différents auteurs et artistes se sont regroupés et présentent leur vision de naufrages et épaves, vues réunies qui donnent un tout très cohérent et harmonieux.



Après un mot de l’éditeur, des remerciements et une petite biographie des auteurs, le livre commence. Il se divise en six parties, qui sont six facettes des naufrages et des épaves à explorer : « destins de marins », « les naufragés », « épaves, temples et mausolées », « métamorphoses et créatures », « au risque de l’enfance » et « mémorial et prière ». Chacune comporte à la fois du texte – nouvelles et poèmes- et des illustrations – photos et dessins.



Il est difficile de parler de ce livre, car les auteurs sont très nombreux et leur contribution variée. J’ai cependant trouvé tous les textes agréables à lire. Le fil rouge qui les unit est la mer et ses victimes, humaines et matérielles. On retrouve dans tous les écrits cette passion insolente pour la mer qui pousse des hommes et des femmes à monter sur un bateau et à prendre le large, malgré les risques encourus. Des récits de vie, mais aussi de mort. Des textes pleins de poésie, de sentiments et souvent de malheur.



S’il fallait en choisir une, ma préférence irait à la nouvelle « Le vieil homme et l’amère » de Amria Jeanneret, qui raconte l’histoire d’un vieil homme seul qui décide de prendre le large, de retrouver la sirène qui a causé l’anéantissement de sa famille et de se venger. Un beau récit qui montre à la fois les victimes de la grande bleue et une créature mythique fascinante.



Les illustrations sont de très bonne qualité et en couleurs. Il y a des images de tempêtes, de naufrages, d’animaux marins, d’épaves sous l’eau, mais aussi des dessins et gravures anciennes. Une belle diversité d’illustrations qui sont associées au texte qui les accompagne. J’ai cependant parfois regretté qu’elles soient en petit ou moyen format et non en pleine page.



Un très beau recueil sur le thème des naufrages et des épaves. L’objet-livre est magnifique. La mer et ses aléas sont présentés de manière originale, mélange de textes et d’illustrations dépeignant la vie et la mort sur un bateau. Des textes profonds, variés, baignés d’une certaine poésie. Un très bel ouvrage que je recommande !
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Le cabinet du diable

Ainsi qu'un récit court. Extrêmement court. L'histoire n'en est pas bâclée pour autant, je vous rassure. Mais se dégage de ce texte une impression de rapidité non négligeable. Comme une tension qu'on ressentirait tout au long de l'histoire et qui nous mènerait rapidement et sûrement à son terme. Et à une révélation un peu abrupte il faut l'avouer.



Céline Maltère maîtrise très bien son récit ainsi que la construction de celui-ci. S'il y a de petits moments d'obscurité dans la compréhension du texte, ceux-ci se retrouvent bien vite éclaircis lors que l'on arrive au terme de l'histoire. La structure de l'intrigue et du texte de manière générale m'ont maintes fois fait penser à une nouvelle fantastique du XIXe siècle.



On a affaire ici à une plume de très bonne qualité, régulière et très homogène. Parfois un peu trop d'ailleurs. Je n'ai pas pu m'empêcher de relever quelques platitudes qui ont un peu alourdi ma lecture. Les émotions des protagonistes et du texte en général ont du mal à traverser la page pour toucher le lecteur et j'avoue que je regrette un peu ce fait.



La suite de la chronique sur le blog ! :)
Lien : http://laplume-ou-lavie.blog..
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La tour des dames

Mon avis



Je remercie les Editions Christine BONNETON et en particulier Hélène de m'avoir donné l'opportunité de lire, en service de presse, « La Tour des Dames », roman de Céline MALTERE et ainsi de découvrir la plume poétique et élégante de cette auteure.



Céline MALTERE nous transporte en 1925 au Château de Randan. Celui-ci ayant pris feu, disparaît dans les flammes.



Qui a déclenché cet incendie ?





Quatre-vingts ans plus tard, Abèle écrit un ouvrage retraçant l'histoire de ce château. Elle rencontre Odélia et se lie d'amitié avec elle.



Parviendront-elles à éclaircir les mystères liés à l'incendie de 1925 ?



Je ne vous en dirai pas plus et vous laisserai le découvrir par vous-mêmes.



N'étant pas fan de « fantastique », j'ai rencontré quelques difficultés au cours de ma lecture mais je suis certaine que les amateurs du genre seront captivés par ce récit, étrange, original et très bien écrit, mêlant Art et Histoire.



Bonne lecture.







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Blog : leslecturesdecerise74.over-blog.com



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