Spécialiste des nouvelles, voire des micro-fictions, Céline Maltère nous offre avec ce recueil comme un collier composé de vingt-sept diamants taillés par un lapidaire qui peut être fière de sa réalisation.
Vingt-sept diamants, qui pour certains sont recyclés, ce qui prouve leur pureté.
Céline Maltère place ses protagonistes, ses personnages en déshérence, se complaisant parmi les cimetières, côtoyant les morts, dans des époques différentes, très proches de nous, ou au contraire dans un décor et une atmosphère médiévale, mais toujours avec un humour, noir évidemment, sous-jacent, une ironie grinçante et une forme de dérision poétique.
Ainsi Gemma, dans la nouvelle qui donne son titre à ce recueil, est une femme seule, qui avait quitté sa famille pour faire sa vie et s’élever par son travail dans la hiérarchie sociale à Paris et Bruxelles, n’a qu’une passion pour combler le vide de son quotidien. Aisée, elle visite les cimetières, des plus prestigieux ou célèbres jusqu’aux reculés petits champs funéraires provinciaux, retournant de temps à autre à Flostoy, son village natal. Là vit Héribald, le fossoyeur jardinier, un vieil homme qu’elle découvre un jour, mort, entouré de mouches. Le début d’une aventure onirique peuplé de diptères.
Dans La cimenterie, un promeneur découvre les reste d’une chèvre puis continuant son chemin, alors qu’il traverse un ruisseau, il lui parait avoir changé de parallèle, ou être entré dans un monde parallèle. Devant lui se dresse une sorte d’usine, une bâtisse dont la cheminée soupire. Il s’agit d’une cimenterie… mais cimenterie n’est-il pas l’anagramme de cimetière à quelque chose près…
Maison familiale renommée, Pompes funèbres Ortega pourrait être le cinq étoiles des entreprises funéraires. Les cercueils sont du haut de gamme, fabriqués avec du bois rare et précieux que les familles affligées n’hésitent pas à commander pour honorer leurs défunts. Mais parfois on ne mesure pas les conséquences d’une mesure mal prise.
La crapaudière est un conte qui semble issu d’une légende datant du fond des âges et des bois. Ce pourrait être la rencontre d’une princesse et d’un crapaud qui se transformerait en Prince charmant. Sauf qu’il ne s’agit point ici d’un prince charmant ni d’une princesse, mais de femmes jeunes et surtout belles atteintes subitement d’une maladie qui les changent en horribles valétudinaires avant de décéder dans d’horribles souffrances. La fille d’Elie Estor est elle aussi atteinte de cette horrible maladie qui n’a pas de nom et il décide de découvrir un remède. Transportant sa fille Estella dans une brouette, il se rend dans un endroit caché où lors d’une promenade il a été assailli par une étrange bête gluante, puis a trouvé sur son chemin une multitude de crapauds et une vieille femme qu’aussitôt il a comparé à une sorcière. Et si elle possédait le remède miracle ?
La contagion traite aussi de la maladie, qui s’est déclenchée inopportunément quelques jours après Noël, après une messe célébrée en présence de l’évêque. Un incident avait d’ailleurs entaché cette cérémonie puisqu’une bigote septuagénaire s’était couchée dans la travée au moment où le saint homme, présumé devoir accéder aux plus hautes fonctions pontificales, remontait la nef. Peu après un enfant de chœur tombe malade puis bientôt ce sont tous les fidèles qui sont atteints de cette étrange maladie mortelle.
Lorsque vous aurez lu toutes ces nouvelles de longueur diverse mais d’un intérêt toujours captivant, vous pourrez faire comme le déclare le narrateur de Quatre feuilles : Je referme le livre. Je suis libre.
Et pour parodier une célèbre publicité pour des pâtes dans laquelle André Aubert imitait Fernandel dans le rôle de Don Camillo :
Ce ne sont que quelques nouvelles, lecteur !
Des nouvelles, oui, mais des Maltère !
Sommaire :
La déception des fantômes
La fiancée d'Anticythère
Quatre feuilles
La cimenterie
Pompes funèbres Ortega
La crapaudière
Lucia
La verrière
Les armes d'Ovide
La contagion
Les cygnes
La punaise
La maison triangle
Cerbère
La salle patrimoine
Le sosie
L'œil de Moïse
Viscérales
Le royaume d'Azemar
Cap Creus
Nécrobie
La table de Katarina Toque
Dessalines
Vivian Destord, peintre des causes perdues
Le prosaïque et l'idéal
Bonne-Espérance
Valsalva
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