Le pré, la forêt, la plage de l’enfance ne sont pas des objets réels parmi tant d’autres, mais bien le pré, la plage tels qu’ils se révélèrent à nous dans l’absolu et donnèrent forme à notre imagination transcendantale. Qu’ensuite ces formes transcendantales se soient encore enrichies des sédiments successifs du souvenir, cela vaut comme richesse poétique et c’est autre chose que leur signification originelle de mythe.
(Dostoïevsky) : « J’affirme que la conscience de notre impuissance à aider ou à apporter le moindre soulagement à l’humanité souffrante, tout en étant profondément convaincus de cette souffrance, peut transformer dans notre cœur l’amour de l’humanité en la haine de l’humanité. »
Les personnes doivent être respectées aussi dans le récit sinon on donne dans le mélodrame qui est, en art, ce que l’ambition ou l’hédonisme sont dans la vie.
Si une femme ne vous trompe pas, c’est parce que cela ne lui convient pas.
Les petits prévaricateurs occasionnels souffrent immensément plus que les grands criminels, et cela simplement parce que les seconds sont naturels.
Un juste compte tenu de mes diverses ecchymoses, de mes obsessions, de mes fatigues et de mes jachères, il demeure clair que je ne sens plus la vie comme une découverte et encore moins donc la poésie –mais plutôt comme une froide matière à spéculations, à analyses et à devoirs. Ici achoppe maintenant ma vie : la politique, la pratique, toutes choses que l’on apprend dans les livres, mais les livres ne nourrissent pas comme le fait au contraire l’espoir de la création.
Tu ne peux donc échapper (du moins pour le moment) à un monde déjà implicite dans ta nature perceptive, de même que, dans la vie pratique, tu ne peux échapper à la détermination de ta nature volitive, détermination qui s’est produite en grande part durant ta première adaptation au monde. (…) La question est tout entière de savoir si, une fois que s'est produite la première connaissance, on vit spirituellement de rentes ou si l'on ne peut pas accroître tous les jours son capital. Il semble évident que, si fatigant et pénible que ce soit, les deux voies peuvent se conjuguer, et une expérience infantile élaborée dans la maturité sera un point de départ différent et nouveau.
A ce qu’on dit, il n’existe maintenant d’impulsions que vers les révolutions violentes. Mais tout, dans l’histoire, est révolution ; même un renouvellement, une découverte imperceptibles et pacifiques.
Que quelques-uns de mes derniers poèmes soient convaincants, ne retire pas de son importance au fait que je les compose avec de plus en plus d’indifférence et de répugnance.