Citations de Cesare Pavese (618)
Tu seras vraiment aimé le jour où tu pourras montrer ta faiblesse sans que l'autre s'en serve pour manifester sa force.
On ne se tue pas par amour pour une femme. On se tue parce qu'un amour, n'importe quel amour, nous révèle dans notre nudité, dans notre misère, dans notre état désarmé, dans notre néant.
Il arrive qu'une femme rencontre une épave et qu'elle décide d'en faire un homme sain. Elle y réussit parfois. Il arrive qu'une femme rencontre un homme sain et décide d'en faire une épave. Elle y réussit toujours
On obtient les choses quand on ne les désire plus.
Tu seras aimé le jour où tu pourras montrer ta faiblesse sans que l'autre s'en serve pour affirmer sa force.
On en désire pas posséder une femme, on désire être le seul à la posséder.
Tu as un sang, une haleine.
Tu es faite de chair
de cheveux de regards
toi aussi. Terre et arbres,
ciel de mars et lumière,
vibrent et te ressemblent –
ton rire et ta démarche
sont des eaux qui tressaillent –
la ride entre tes yeux
des nuages amassés –
ton tendre corps rappelle
un coteau au soleil.
La guerre m'a simplement ôté le dernier scrupule de vivre seul, de me manger tout seul les années et le cœur, et un beau jour je me suis aperçu que Belbo, mon gros chien, était encore le dernier confident sincère que j'avais.
Il est beau d'écrire parce que cela réunit les deux joies : parler seul et parler à une foule.
Un homme qui souffre, on le traite comme un ivrogne. "Allons, allons, ça suffit, secoue-toi, allons, ça suffit..."
Étrange chose, pensais-je, avec les mioches c'est comme avec les adultes : ils en ont assez quand on s'occupe trop d'eux. L'amour est quelque chose qui embête.
L'homme s'intéresse si peu à autrui, que même le christianisme recommande de faire le bien pour l'amour de Dieu.
L'unique joie au monde est de commencer. Il est beau de vivre, car vivre, c'est commencer, toujours, à chaque instant.
Parmi les signes qui m'avertissent que ma jeunesse est finie, le principal, c'est de m'apercevoir que la littérature ne m'intéresse plus vraiment. Je veux dire que je n'ouvre plus les livres avec cette vive et anxieuse espérance de choses spirituelles que, malgré tout, je ressentais jadis. Je lis et je voudrais lire toujours davantage, mais je n'accueille plus maintenant comme jadis mes diverses expériences avec enthousiasme, je ne les fonds plus en un serein tumulte pré-poétique.
Une bonne raison de se tuer ne manque jamais à personne.
Seul l'hiver est la saison de l'âme...
Nous ne cherchons pas des idées neuves,
mais des idées déjà pensées par nous,
à qui la page imprimée donne le sceau d’une confirmation.
Les paroles des autres qui nous frappent sont celles
qui résonnent dans une zone déjà nôtre
– que nous vivons déjà –
et la faisant vibrer
nous permettent de saisir de nouveaux points de départ
au dedans de nous.
Stephano se demanda avec un demi-sourire ce qu'il pouvait bien y avoir d'essentiel dans un ciel, dans un visage humain, dans une route qui se perd parmi les oliviers, pour que le sang des prisonniers se cognât avec un tel désir contre les barreaux.
Il n'y a pas de vengeance plus belle que celle que les autres infligent à notre ennemi. Elle a même le mérite de vous laisser le rôle de l'homme généreux.
Il n’est chose plus amère que l’aube d’un jour
où rien n’arrivera. Il n’est chose plus amère
que l’inutilité. Lasse dans le ciel, pend
une étoile verdâtre que l’aube a surprise.
Elle voit la mer sombre et la tache du feu
et près d’elle, pour faire quelque chose, l’homme qui se réchauffe ;
elle voit, puis tombe de sommeil entre les monts obscurs
où est un lit de neige. L’heure qui passe lente
est sans pitié pour ceux qui n’attendent plus rien.
Est-ce la peine que le soleil surgisse de la mer
et que commence la longue journée ? Demain
reviendront l’aube tiède, la lumière diaphane,
et ce sera comme hier, jamais rien n’arrivera.
L’homme seul ne voudrait que dormir.
Quand la dernière étoile s’est éteinte dans le ciel,
lentement l’homme bourre sa pipe et l’allume.