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Citations de Chantal Delsol (196)


En 1983 Milan Kundera a lancé un cri de désespoir intitulé « l’Occident kidnappé ou la tragédie de l’Europe centrale » pour attirer l’attention des intellectuels occidentaux, et plus particulièrement français, sur la mort lente de la spiritualité européenne. Sa conclusion était sans pardon pour l’Occident : « Le problème de l’Europe centrale n’est pas la Russie, mais l’Europe. » Or, nous étions en pleine guerre froide et l’on aurait pu imaginer que pour cet écrivain tchèque réfugié à Paris le problème aurait pu être davantage l’occupant soviétique que l’Europe. Pourquoi disait-il cela ? Parce qu’il était désagréablement frappé en observant que l’Occident faisait preuve d’un désintérêt croissant pour les questions spirituelles qui étaient pour lui la culture, au profit de considérations matérielles et pratiques, autrement dit économiques et politiciennes.
Joanna Nowicki
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Une expression très visible de l’unité européenne est l’art, et précisément l’art gothique. La frontière orientale de l’Europe peut se lire comme la ligne qui réunit les dernières églises gothiques. Cette ligne borde donc la Finlande, les pays Baltes, la Pologne, la Hongrie, la Croatie, la Slovénie. C’est exactement la frontière de l’Europe des vingt-Cinq, celle qui va être officialisée en mai de cette année. Au-delà, par une rupture nette, s’annoncent l’art byzantin et l’art musulman.
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C’est pourquoi nous voyons se dessiner en filigrane une frontière intra-européenne, celle qui sépare l’Europe carolingienne (celle des Quinze, avec l’Angleterre, en symbiose avec la France et avec l’Espagne reconquise) de l’Europe des Vingt-Cinq, qui regroupe les pays dont la conversion s’est effectuée par leurs propres princes, en s’appuyant les uns les autres (comme ceux de Pologne et de Bohème) et en s’appuyant directement sur la papauté romaine.
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Qu’est-ce que l’Europe ? Selon la définition de Jacob Burckhardt qui avait fait l’unanimité du temps des pères Fondateurs, c’est une civilisation unique en son genre dans la mesure où sa cohésion est assurée par deux principes à première vue contradictoires : l’unité et la diversité. Son unité essentielle vient du christianisme. Quant à sa diversité, elle a ses origines dans la coexistence tantôt harmonieuse, tantôt conflictuelle, en son sein, de plusieurs systèmes de valeurs, de traditions mutuellement exclusives sur certains points décisifs. L’Europe perpétue, en effet, à titre sélectif, et en fonction du génie des pays qui la constituent, l’héritage vivant de la Grèce antique, de l’Empire romain, des Celtes, des Germains et des Slaves ainsi que du christianisme qui leur a servi de creuset.
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N’existe que ce qui est défini et nommé. Tous les mythes cosmogoniques nous le rappellent : les êtres ne sortent pas du vide, mais du Chaos, comme on le voit chez Hésiode. Le Chaos n’est pas « le rien », mais « de l’être » et pas encore « des êtres ». Il est une bouillie informe d’être, dans laquelle n’émerge encore aucune figure. Le ou les créateurs forment des êtres à partir du Chaos par l’acte de séparation (s’éparant le jour de la nuit, le ciel de la terre, etc.). Il n’existe pas d’identité sans une séparation préalable, délimitant des frontières que porte le nom.
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(p. 7)
Le vocable "populisme" est d'abord une injure: il caractérise aujourd'hui les partis ou mouvements politiques dont on juge qu'ils sont composés par des idiots, des imbéciles et même des tarés. Si tant est qu'il y ait derrière eux une pensée ou un programme - ce dont nous allons parler ici - alors ce serait une pensée idiote ou un programme idiot.

L'idiot est pris ici sous sa double acception, moderne (un esprit stupide) et ancienne (un esprit imbu de sa particularité). Dans la compréhension du phénomène populiste, l'une et l'autre acception se répondent et se superposent de façon caractéristique.
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(p. 254)
Sens de l'éducation démocratique

Éduquer signifie, au moins dans notre tradition, former un esprit qui sera capable de penser par lui-même. On ne peut pas confondre éduquer et prescrire un contenu de pensée. Éduquer à la citoyenneté ne consiste pas à défendre une idéologie, mais à développer des qualités de discernement, de jugement, de responsabilité, qui permettront à chacun de se forger sa propre opinion sur le destin commun. Ce qui est devenu incongru, puisque le souci de nos démocraties consiste à empêcher que se développe une réflexion valorisant l'enracinement et la défense de la particularité. L’éducation stricto sensu ne présente donc plus grand intérêt dans les circonstances d'aujourd'hui, et les programmes visant à "éduquer la citoyenneté" recèlent consciemment ou non le projet de convaincre d'une seule vision du destin. L'instruction civique enseigne une ligne de pensée bien précise, ainsi que la haine des autres pensées; l'enfant récite les crimes du passé et l'interdit de l'homophobie, il apprend que l'humanisme consiste à préférer le lointain au prochain; mais il n'apprend pas que le prochain, le seul réel devant nos yeux, représente l’exigence première qui permet toutes les autres; et surtout il n'apprend pas à se forger ses opinions propres, car ce serait trop dangereux.
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La simplicité et la rusticité des milieux populaires, source de cette ignorance des arguments, explique que l'on confonde le dit populisme avec une vulgaire démagogie, ce qui n'est pas le cas. La démagogie ne consiste qu'à flatter les désirs et les caprices premiers, les volontés à court terme, ou bien à dire à chaque catégorie ce qu'elle veut entendre, comme si l'intérêt public n'était que la somme des intérêts particuliers des groupes. En ce sens tout politique est naturellement tenté par la démagogie, et bien peu parviennent à s'y soustraire totalement.
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Chantal Delsol
Ma conviction est qu'une partie de l'Occident postmoderne, sous le signe de l'esprit révolutionnaire français au sens de radicale utopie, mène une croisade contre la réalité du monde au nom de l'émancipation totale. (La haine du monde, p.29)
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les humains ont à la fois impérativement besoin d'enracinement et d'émancipation. (p.22)
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Le bien lui-même peut se dissoudre dans l’hubris. Car il ne consiste jamais en une accumulation sauvage de la valeur « bonne », mais en son équilibre. L’amour peut mourir de son excès, comme celui de la mère abusive. On se doit d’aimer sa patrie, mais quand la guerre de 14-18 entreprend une boucherie d’hommes pour défendre les patries, alors le référent perd son sens. Les valeurs traditionnelles – travail, famille, patrie ! – ont été profanées par les divers fascismes qui les ont instrumentalisées pour des fins vénéneuses, et ainsi rendues inutilisables. L’égalité bien comprise ne représente que l’un des fleurons de notre monde culturel : l’égalité en dignité de tous les humains quels qu’ils soient ; mais pervertie en égalitarisme par le socialisme réel, elle détruit tout et perd ainsi pour longtemps sa crédibilité.
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La dérision peut être jetée sur n’importe quelles valeurs, comportements, ou autres. Le contraire du dérisoire est le sacré. Or c’est question de croyance de considérer que quelque chose est sacré par soi-même : c’est l’homme qui reconnaît ou non un caractère sacré, et il peut donc désacraliser, jeter dans le discrédit. La dérision peut être portée partout parce que nous sommes des êtres libres, auxquels on n’impose pas les valeurs. Les cultures qui ne respectent pas la liberté de conscience sont justement celles qui interdisent de jeter la dérision là où elles ont définitivement logé le sacré.
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Le jardinier qui travaille sous ma fenêtre est un admirateur du monde. Il n’imagine pas qu’il pourrait produire quelque plante. Il cultive. Autrement dit, il aide à croître ce qui existe sans lui. Il ne crée pas, il ne fabrique pas : il prend soin. D’où l’humilité. Il se voit comme une sorte de gérant, et encore, bien improbable. Car il lui est difficile de prédire, et la certitude il ignore ce que c’est. Bien souvent il travaille comme un damné, dans les règles de l’art encore, et n’obtient que des fruits sans saveur ou des végétaux plissés. Ou alors apparaissent spontanément sous ses pieds des beautés qu’il croyait impossibles. Évidemment, il a quelque pouvoir, lequel peut grandir encore à la faveur des savoirs multipliés. Il produit des hybrides, renforce les défenses de ses plantes, grâce à des techniques apprises ou inventées. C’est là d’ailleurs sa grandeur, car le jardinier ne se réduit pas au rôle de nourrice. Et cependant il demeure tributaire d’un ordre du monde qu’il n’a pas édicté, et qui, en grande partie, le dépasse.
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Les partisans sont venus un jour au village ; ils ont dit à mes parents que les enfants recevraient là-bas une éducation, qu'ils seraient bien traités. La vie était difficile depuis le début de la guerre. Mon pére a dit : «Allez, on vous rejoindra.» Nous ne les avons jamais revus. Où êtes vous allés ? Ici, directement ? Non, non, d'abord en Yougoslvie, dans un camp où l'on faisait l'école sous les arbres ; et puis Tito nous a trahis. (P. 179)
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Les rues, les maisons, les ponts, tout rappelait l'Occident. Pourtant, la démarche des passants, leur façon de raser les murs, leurs vêtements mal coupés laissaient dans l'atmosphère une tristesse inexplicable. La ville ressemblait à une femme trop belle qu'un malheur aurait éteinte. (P. 141)
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Voler l'argent d'un bourgeois, c'ést normal ; l'argent d'un prolétaire, c'est délictueux ; l'argent du Parti, c'est criminel. (P. 102)
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