AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Charles-Louis Philippe (27)


Cinq ans, six ans et sept ans, la joie…

Un jour de septembre, lorsque j’avais sept ans, j’eus mal aux dents. Mal aux dents, c’est triste. Cela prend les idées et les comprime jusqu’à ce qu’elles souffrent comme des bêtes et ne sachent plus que dire : J’ai mal aux dents. Maman faisait la lessive. Je rôdais autour d’elle, inquiet, je marchais en me plaignant. On dirait que nous promenons notre douleur afin de l’égarer, pour qu’elle se perde dans un coin et ne puisse plus nous retrouver. Maman s’interrompant me regardait avec de bons yeux. Les souffrances d’un enfant sont des souffrances imméritées. Le Destin martyrise quelqu’un qui se plie et qui pleure avec tant de faiblesse que l’on pense : Nature tu es forte, mais tu es bien injuste. Maman m’embrassait : « Mon pauvre petit, tu as mal aux dents ! »

Le lendemain, j’eus encore mal aux dents : Mon garçon nous la ferons arracher ce soir. Le médecin prend des pinces très dures et malfaisantes comme une âme d’acier. On ouvre la bouche, quelque chose s’arrache, on crie. Ça y est.

Le surlendemain, j’eus encore mal aux dents : « Tu n’as pas de chance, mon enfant. Qu’est-ce que c’est donc ce mal aux dents qui ne veut pas finir ? » Je m’asseyais sur une chaise et je penchais la tête, pour voir si pencher la tête ne me soulagerait pas. Je ne promenais plus mon mal comme au premier jour, car il était tel que rien ne pouvait le distraire. Assis sur une chaise et penché, voyez-vous cet enfant : quelque chose est sur lui, trop lourd pour ses petites forces. Il pleure, il invoque sa mère, il invoque Dieu et toutes les puissances qu’il connaît : quelque chose est sur lui, terrible comme un châtiment. La mère pense : « Mon enfant ne vous a jamais offensé, mon Dieu, et moi que vous ai-je donc fait pour que vous vouliez le punir ? Mon Dieu, c’est à moi que vous auriez dû donner cette souffrance. »
Commenter  J’apprécie          210
S’il est des gens qui vivent, il en est d’autres qui sont
placés dans leur voisinage.
Commenter  J’apprécie          187
Charles-Louis Philippe
La résignation des pauvres gens s'étend sous le ciel comme une bête blessée et regarde doucement les choses dont elle ne peut point jouir.
Commenter  J’apprécie          60
De quelque côté que nous contemplions l'horizon, nous les pauvres aux yeux fixes, les riches se dressent entre l'horizon et nous avec des châteaux
et des murailles, avec des règlements et des chiens qui les défendent. Nous marchons et nous voulons respirer, au milieu du monde, l'air des eaux et des forêts, nous marchons et nous sommes des gueux pleins de courage. Nous sommes allés bien loin et nous avons vu les riches assis dans leurs parcs et riant comme si le Bonheur recouvrait le monde. Nous aurions voulu posséder un enclos avec un champ pour y gagner notre pain. Les enclos sont gardés par les gardes des riches. Il y a tant de plaisirs sur la Terre, depuis le travail jusqu'au repos, et tant d'espace pour les goûter que nous étions bien sûrs de rire en route et de nous arrêter un soir, sous les chênes, avec une besace pleine et des cœurs pleins. Il n'y a plus de plaisir, il n'y a plus d'espace, les châteaux s'étendent et entourent tous les chênes de la forêt profonde.
Commenter  J’apprécie          50
J'ai cru que mon cœur était du soleil, tant je sentais de bonheur.
Commenter  J’apprécie          50
Il se taisait avec une telle simplicité que, vraiment, on ne pouvait lui en vouloir.
Commenter  J’apprécie          40
On écoute en son cœur les cris de rage, on presse avec ses doigts les mauvaises blessures, on exprime le sang des vices. Il coule sur les livres, il coule sur les hommes et ressemble au limon de la terre. Puisse-t-il étouffer la fausse science, puisse-t-il germer au soleil, éclater en rameaux sur les hommes et arrêter ceux-là qui voudraient nous châtrer des passions, des douleurs et des remords. Nous voulons une humanité plus consciente. Et la conscience naît au lendemain des jours d'ivresse, dans une vie désordonnée que l'on organise en pleurant, car toute chose est forte de son contraire.
Commenter  J’apprécie          30
— Tu peux chercher un autre homme, Marie. Après tout…
Elle répondit :
— Il faut déjà beaucoup de foi pour chercher.
Commenter  J’apprécie          30
Il prend Berthe, la fleuriste, il la choisit belle et vierge, puis il en fait son plaisir, puis il en fait son métier.
Commenter  J’apprécie          30
Louis Buisson habitait au cinquième étage, quai du Louvre, une petite chambre carrée. On y voyait un lit de fer avec quatre boules de cuivre, une bibliothèque en bois léger, une commode- toilette, une table recouverte d’un tapis rouge, une chaise et deux « fauteuils arméniens » qui avaient coûté douze francs au bazar de l’Hôtel de Ville. Un tapis de linoléum recouvrait le plancher, deux affiches et quelques gravures ornaient les murs. C’était la vie bien rangée d’un garçon qui fait sa chambre lui-même et la revêt simplement, à l’image de son esprit. La fenêtre ouvrait sur un grand bras de fleuve, à côté du Pont-Neuf et de son petit square où l’air, la lumière et l’eau formaient un spectacle mobile et rafraîchissant. Sommes-nous à Paris ? Nous sommes en haut des airs, dans un pays d’eau, mais dont l’air gronde comme des voitures qui roulent.
Commenter  J’apprécie          30
Le vin blanc était si bon qu'ils en burent de dix heures à midi. Il était meilleur encore, car à midi ils ne se sentirent pas le courage de quitter le vin blanc. Et pourtant chacun d'eux, dans sa maison, possédait une femme qui, les brides du bonnet nouées derrière la tête, préparait le repas à l'heure et n'acceptait aucun délai. A midi un quart, Bordeaux [le forgeron] dit :
- Et si on n'y allait pas, les vieux, ! C'est le plus sûr moyen d'éviter l'orage.
Ils déjeunèrent à l'auberge. Le morceau de pain et de fromage que tu manges à l'auberge est meilleur qu'un rôti de ce cochon que tu mangerais chez toi. Puis il y a le café, mon ami, le pousse-café, la pipe, et tu peux te remettre tout de suite au vin blanc.






Consommez avec modération, amis amateurs de bon vin. C'est une Bretonne qui vous le dit.
Commenter  J’apprécie          20
Tu étais une bonne femme, maman, tu connaissais une étroite honnêteté et tu m'enseignas cette honnêteté qu'il y avait dans ton cœur.
Commenter  J’apprécie          20
Je n'ai jamais été brave, ayant possédé toujours une grande imagination. C'est qu'en effet l'imagination nous montre la vie, de cieux, de femmes et de douleurs parée, qui nous font sentir la mort comme une caverne noire sans femmes et pleine d'oublis.
Commenter  J’apprécie          20
Charles-Louis Philippe
Je souris, parce que la porte s'ouvrait sur l'avenir,
maman était triste parce que la porte se fermait sur le passé.

Charles-Louis Philippe
Commenter  J’apprécie          10
Les médecins sont pareils aux conseillers que l'on écoute lorsqu'ils sont de notre avis.
Commenter  J’apprécie          10
Vous êtes de la santé : des yeux qui brillent, des joues rondes, et des membres agiles où la joie passe en entier. Enfin, vous êtes de la tendresse, un cœur et des lèvres, et puis vous avez une âme flexible que l'on prend à deux mains et que l'on redresse afin d'en faire l'âme pure et bonne d'un homme juste et généreux.
Commenter  J’apprécie          10
A quatre heures un quart je rentre à la maison. J'ouvre la porte : Bonjour, maman ! Elle est assise, je l'embrasse et nous nous regardons longtemps pour rattraper le temps perdu. Tout de suite je lui raconte mes histoires. Histoires de cinq ans, petits faits d'un sou, l'on vous écoute en souriant
parce que vous n'êtes pas dangereuses. Vous renfermez un joli sens, et qui montre que je regarde les choses et que je les apprécie. Il faut respecter les
convenances,il faut accomplir ses devoirs, je sais cela et je m'en forme une loi morale qui sera mon guide.
Commenter  J’apprécie          10
Il ne connaissait personne et marchait toujours, et des passants nouveaux passaient, tous semblables, avec leur indifférence, et qui ne le regardaient même pas. Leur bruit l’entourait comme celui d’une multitude dont il ne faisait pas partie. Il les voyait par masses, avec des remous et des gestes, gais comme quelques éclats de rire qu’il avait entendus au passage et brillants comme quelques regards de femmes qu’il avait vu briller.
Il essayait de se raccrocher à quelque chose pour n’être pas submergé. Il avait besoin de descendre en lui-même et d’y trouver, en face de ce qui passait, quelque joie pour n’être pas perdu au milieu de l’universelle gaieté. Il voulait opposer une digue au flux montant et crier : « J’existe aussi. Avec des pierres et du ciment je me dresse et je vous arrête alors que vous hurlez. »
Commenter  J’apprécie          10
"C'était un petit homme d'un mètre cinquante- trois de hauteur qui avait été refusé au service militaire pour défaut de taille. A cause de cela, il n'inspirait pas beaucoup de respect à ses camarades, qui le considéraient comme un bon garçon, mais dont l'importance n'avait qu'un mètre cinquante-trois de hauteur. Ancien candidat à l'Ecole polytechnique, il avait étudié les mathématiques, ce qui lui donna l'habitude de l'analyse et il était resté interne jusqu'à vingt ans dans un lycée de province, ce qui lui avait donné l'habitude de la souffrance."
Commenter  J’apprécie          00
La viande blanche des lapins ne ressemble pas à grand'chose et l'on n'en garde guère que le poids du pain et la chaleur du vin qui l'accompagne. Mais, avec le rôti de cochon, l'on vit arriver véritablement de la viande. Le gras est aussi bon que le maigre ; dans chaque bouchée il faut les mêler l'un à l'autre et l'ensemble acquiert un goût de noisette. C'est une viande substantielle qui se colle au corps, dont on garde un souvenir dans la poitrine et qui vous reste à la sortie à la sortie de table comme une force absorbée, comme de la viande qui s'ajoute à la vôtre.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Charles-Louis Philippe (81)Voir plus

Quiz Voir plus

Les chats dans la littérature

Qui est l'auteur de la nouvelle intitulée "Le chat noir" ?

H. P. Lovecraft
Eugène Sue
Alphonse Allais
Edgar Allan Poe

10 questions
305 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..