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Critiques de Charles Nodier (43)
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Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux

"Il y avoit une fois un roi de Bohême qui avoit sept châteaux."

(Trimm)



Comme un invité enthousiaste au fabuleux festin chez Trimalcion, j'ai envie de sauter sur la table et de crier : "cette langue, cette langue !".

Il ne s'agit pas, bien sûr, de quelque langue de cerf au garum, ou encore de langues de rossignol servies dans l'aspic ou autre gélastique gélatine, mais celle de Charles Nodier dans "Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux".

Mais ne devrais-je pas plutôt parler d'élocuTION, de formulaTION, de la mise en page, de l'esprit général de cet ouvrage, ou, dans le cas extrême, de son CONTENU ?



Quand j'ai découvert l'existence de ce... hm, conte (?) chez l'ami babéliote connu pour sa consommaTION excessive d'un certain sombre breuvage oriental, je savais d'avance que je ne serai pas déçue. Et ceci malgré son avertissement indiquant qu'il vaut mieux rester sur ses gardes en approchant le quatrième château ! Après tout, je possède déjà une forte expérience de châteaux de Bohême, et ce n'est pas un académicien Gaulois entortillé dans une cravate romantique qui m'apprendra quelque chose de neuf sur le sujet !

Ceci dit, n'importe quel lecteur averti de Kafka sait déjà que certains châteaux restent inatteignables, et ceux de Nodier multiplient encore les tortueux détours qui y mènent par le nombre symbolique de sept. Sachant que la table des matières (que l'on ne trouve pas à la fin du livre) annonce 58 chapitres, que le livre en contient 60 en tout, et que leurs titres se finissent tous en "-tion" (très important !), la percepTION ordinaire & naturelle du lecteur sera forcément mise à rude épreuve.

Donc, attenTION !



Avant même d'ouvrir le livre, le titre me disait déjà quelque chose... mais oui ! On le croise dans "Tristram Shandy" de Sterne, où le bon Trimm veut raconter l'histoire du roi de Bohême, mais il se passe toujours quelque chose qui l'empêche de poursuivre. La quesTION légitime se pose : Nodier/Théodore et ses deux alter egos, le fidèle Breloque et le pédant Pic de Fanferluchio, vont-ils aller plus loin dans leur quête de ces châteaux ? Vont-ils rencontrer ne serait-ce que l'ombre du roi de Bohême ?

Patience ! Pour commencer (enfin, façon de parler), ils vont rencontrer Gervais et Eulalie, dont le vrai prénom est Caecilia. Triste histoire ! On aura aussi le roi de Tombouctou et sa pantoufle*, Polichinelle et ses secrets, Biscotin et Biscotine, d'interminables énuméraTIONS savantes et réjouissantes, mais pour ce qui est de ce roi de Bohême...

Vous savez, il n'est déjà pas aisé de suivre la fluide digression sternienne, alors j'ai mis quelques pages avant de percer l'intenTION de ce texte cérébrutal et ses mystificaTIONS.

EnsuitE

_______Ce Ne Fut

______________QUE de LA

______________________JUBILATION.



Pour emprunter une phrase au livre, Nodier transforme les vessies en lanternes, en mettant les bougies dedans. Il ne vous reste plus qu'à jeter au loin vos lunettes protectrices, et de vous laisser éblouir. Après tout, "c'est du soleil des digressions que vient la lumière", comme disait déjà Sterne.

Ce pastiche-hommage, qui se moque de son propre auteur, de son lecteur, et de la littérature en général, s'en inspire fortement, mais Nodier contourne habilement le sujet par l'observaTION que Sterne lui-même a puisé chez Swift, et ajoute à l'appui l'une de ses énumérations sine fine des imitateurs littéraires. N'oublions pas Erasme, Rabelais ou Cervantès, au passage !

Leur dada commun consiste en la propension à contourner leurs principaux sujets par des chemins imprévus et peu fréquentés. Je pensais naïvement que l'apothéose de ce procédé a été atteinte chez les surréalistes ou dans le "Manifeste Dada", mais l'hippodrome de Nodier était déjà en belle effervescence en 1830.

Rien que cette mise en page de l'édition originale, qui transforme l'ouvrage en livre-objet ! Certes, on a déjà vu cela chez Sterne (encore lui ! Ô imitatores, servum pecus !), mais Nodier va encore plus loin, en mélangeant au texte des illustrations et des jeux typographiques recherchés, comme l'ont fait plus tard Apollinaire et tant d'autres. de ce fait, si vous envisagez de vous rendre un jour à Koenigsgratz, ou mieux, à la FIN tracée en initiales ombrées de vingt-deux, je vous conseille le facsimilé moderne de ladite édition, le voyage sera plus simple !



L'ami Thé_Noir a déjà évoqué les attraits du quatrième château ; j'y ajouterais seulement ceci : "regardez bien autour de vous en franchissant le pont-levis du troisième !" (l'aimable lecteur est prié d'imaginer ici un rire diabolique venant d'un archaïque phonographe). 5/5



* Erratum : il s'agit, bien évidemment, d'une babouche.
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Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux

Il est toujours merveilleux de plonger dans un livre que l'on désire lire depuis longtemps mais qu'en même temps, l'on redoute. Ainsi en va-t-il de ce roi de Bohème, un classique de la littérature parodique qui, de surcroît, a gardé sa graphie ancienne, et pour cause, la typographie originale en est tellement surprenante. La crainte s'est instantanément métamorphosée en jubilation et éblouissement. Cet écrivain qui a touché à tout (du fantastique à la bibliophilie) a aussi touché ma corde sensible.

Parodie des parodies que ces 60 titres qui tous se terminent par "tion" pour 60 chapitres - seulement 58 dans la table des matières qui pour le coup ne se trouve pas à la fin !

Que connaîtrons-nous de la Bohème, de son roi, de ses sept châteaux ? Atteindrons-nous ne fût-ce qu'en pensée le premier de ces châteaux ? Rien de moins sûr, quoique... Nous rencontrerons bien un roi au hasard de lignes mais bien loin de la Bohème - à Tombouctou, puisque la précision dans ce roman est de mise - mais sans château. Avons-nous au moins le plaisir de lire une histoire ? Une histoire ?, rien de moins sûr, des digressions, des récits qui s'entremêlent, des listes, des apostrophes au lecteur oui... par contre du plaisir, ça oui, du plaisir nous en aurons, à goûter cette satire, à tâcher de rapiécer ces morceaux d'intrigues qui s'entremêlent comme les pièces d'un immense puzzle troué et sans bords.

Dali a dit ceci : Je n'aime que lire et écouter des choses que je ne comprends pas parce que quand je ne comprends pas quelque chose, alors pour moi c'est comme une tapisserie sublime remplie de suggestions absolument inépuisables." Me voilà d'accord avec le maître de la paranoïa critique. Quand il n'y a rien à comprendre, tout est à découvrir... et, pour le coup, avec le sourire.

Avec Nodier et son roi de Bohême, laissons reposer notre intelligence déductive, laissons-nous glisser sur les mots, sur le plaisir de l'écrivain à écrire qui vaut bien celui du lecteur... l'histoire du roi de Bohème reste à écrire à votre goût, selon votre inspiration et dans la bonne humeur !

Exactement le livre qu'il nous faut dans ces temps moroses où l'absurde hélas en chair et en os, en bombes et en diktats frappe à nos portes.

À emporter sur une île déserte ou du moins lors de votre prochain voyage en Bohème !

PS: n'hésitez pas à visiter le 4e château, il en vaut la peine.

:-) :-) :-)

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Inès de las Sierras

Une autre nouvelle pour découvrir Nodier. Celle-ci, plus résolument tournée vers le fantastique, met en scène trois jeunes officiers de la Grande Armée de Napoléon en route pour retrouver leur régiment en Catalogne. Le narrateur est prudent ; le jeune Sergy sentimental ; le vorace Boutraix un voltairien qui n’a jamais lu plus de trois lignes de Voltaire, mais se croit obligé d’afficher son matérialisme et son dédain pour tout sentiment autre qu’alimentaire. Mais ce soir-là, toutes les auberges sont combles. Ils décident de bivouaquer dans un château réputé hanté. Une jeune fille assassinée par son époux y reviendrait, les nuits de Noëls, revivre sa dernière journée…



L’histoire, sous ses dehors fantastiques, se rattache in fine plus au style ‘’épopée napoléonienne’’, très en vogue à l’époque. Se basant sur les mémoires de ses grands soldats (Coignet, Ségur, Marbot…), mettant en lice moult jeunes officiers talentueux et hussards têtes-brûlés, même Conan Doyle s’y adonna entre deux Sherlock Holmes - et jusqu’à Ridley Scott. Comme le veut le genre, l’écriture est simple, assez directe, ponctuée tout de même de quelques descriptions extravagantes. A certains égards, elle préfigure déjà Barbey d’Aurevilly.



Deux nouvelles qui m’ont donné envie d’en découvrir plus. Cela tombe bien, ce n’est pas ce qui manque.
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Mademoiselle de Marsan

Charles Nodier a probablement plus de lieux à son nom que de lecteurs, de nos jours. Découvrons donc ce précurseur du romantisme, qui fut apparemment prolixe. Une vingtaine d’années à peine le séparent de Xavier de Maistre, mais la rupture de style est déjà évidente. Plus d’action, peu d’intériorisation et d’analyse des sentiments, une exaltation romantique qui, commençant par les intellectuels, deviendra celle des peuples.



Comme ‘Expédition nocturne autour de ma chambre’ (la suite de ‘Voyage autours de ma chambre’), l’histoire se passe parmi les proscrits français réfugiés en Italie. Xavier de Maistre fuyait la Révolution, le héros de Nodier l’Empire. Mais alors que le premier, depuis sa petite chambre, contemple les toits de Turin et s’interroge sur ce que sera l’avenir, le second se jette à corps perdu dans les complots et les sociétés secrètes ! L’occasion de faire connaissance avec les Carbonaris italiens et leurs confrères allemands du Tugendbund, qui œuvrèrent à l’unifications de leurs patries respectives. Les complotistes n’avaient sans doute pas assez de culture pour les intégrer à leur complot mondial avec les Skulls and Bones et les rosicruciens.



L’histoire en elle-même, avec ses aristocrates maudits au regard de braise et ses vieux châteaux piégeant les imprudents, reste très plaisante à lire, d’autant qu’elle est courte et par certains égards préfigure déjà Edgard Poe. Mais on y trouve aussi nombre de figures intéressantes, comme la petite marchande de lazagne ou le père trahit. Le style, à mi-chemin entre les aristocratiques et les romantiques, est élégant mais vigoureux, les descriptions rapides et colorées.



Découverte intéressante d’un écrivain à la charnière de deux époques.
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Infernaliana

Pour des amoureux des sensations fortes et surnaturelles, voici une compilation des histoires de fantômes, de vampires et des manifestations démoniaques, ça se lit d'un trait, l'auteur ne prend pas la peine de maquiller des émotions avec de terrible épouvante comme on le voit dans des livres des d'horreur d'auteurs contemporains, par contre il se focalise à nous présenter des faits, à nous donner des réponses sur certains phénomènes surnaturels, pour ce qui est de la descente aux enfers, vous êtes bien servi,..
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Jean-François les Bas-Bleus

Nodier fut un auteur très prolifique du début du 19ème siècle et qui eut une grande renommée. Pourtant il est assez oublié aujourd’hui. Sans doute quelques enfants ont-ils lu Le chien de Brisquet.

L’on sait pourtant qu’il écrivit des contes fantastiques. Ceux de ce recueil sans l’être vraiment contiennent tout de même des éléments étranges. Il comprend Jean-François-les-bas-bleus. Baptiste Montauban. Paul ou la ressemblance. Lidivine. La combe de l’homme mort. Les fiancés, nouvelle vénitienne.

Le premier conte met en scène un personnage fantasque, risée de tous et particulièrement des enfants mais qui a le don de deviner la mort au moment où elle survient sans qu’il puisse en être le témoin.

Le second parle d’un chagrin d’amour adolescent qui va jusqu’à une certaine forme de folie.

Puis vient celui où un fils préfère à une vie bourgeoise qui pourtant lui siérait volontiers le respect et l’amour dû à un père.

Quand le métier de geôlier est une vocation.

16ème siècle, dans une auberge un meurtre vieux de sept ans est explicité et expié.

Dans la Venise du 17ème deux jeunes gens nés le même jour sont promis l’un à l’autre.

Une excellente écriture, des contes pleins de charme, une lecture tout à fait agréable. Ma préférée l’avant dernière qui m’a rappelé d’une certaine façon L’auberge rouge de Balzac.



Lu dans le cadre du challenge ABC 2014-2015
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Infernaliana

Sous titré : "anecdotes, petits romans, nouvelles et contes sur les revenants, les spectres, les démons et les vampires" (ouf !), "Infernaliana", publié en 1822, respecte à la lettre son long intitulé.



Nodier rassemble donc des textes de longueurs variables, parfois d'une seule page, sur ces thèmes fantastiques.



Relatant des faits de manière presque journalistique, ou les développant un peu sur quelques pages, l'auteur dessine un panorama des phénomènes surnaturels connus en son temps.



les textes les plus longs, s'accompagnent volontiers d'un aspect moralisateur.

Ainsi, le Diable punit une orgueilleuse dans ""Jeune fille flamande étranglée par le Diable", ou un spectre dénonce ses meurtriers dans "Le spectre d'Olivier"...

L'ensemble est d'une lecture rapide, et plaisante.



J'ajoute que ce livre (éditions Belfond, 1966) aussi "vieux" que moi, commence à jaunir doucement par la tranche, et est relié pleine toile.

Des petits plus qui, devrai-je passer pour un passéiste ringard, ont un charme que n'aura jamais une liseuse..!



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Du fantastique en litterature

J'ai découvert ce manifeste (publié en novembre 1830 dans la Revue de Paris) en lisant l'essai d'André-François Ruaud et Raphaël Colson, Science-fiction : les frontières de la modernité (j'en suis à la moitié ^_^).



Que dire? Nodier fait l'éloge du fantastique et cite pour illustrer son propos : l'Apocalypse de la Bible, les contes des 1001 nuits, l'Iliade et l'Odyssée d'Homère, la Divine Comédie de Dante, ...



J'ai été un peu déçue qu'il ne développe pas son propos quand il écrit :



"En France, où le fantastique est aujourd'hui si décrié par les arbitres suprêmes du goût littéraire, il n'était peut-être pas inutile de chercher quelle avait été son origine, de marquer en passant ses principales époques, et de fixer à des noms assez glorieusement consacrés les titres culminans de sa généaologie; mais je n'ai tracé que de faibles linéamens de son histoire, et je me garderai bien d'entreprendre son apologie contre les esprits doctement prévenus qui ont abdiqué les premières impressions de leur enfance pour se retrancher dans un ordre d'idées excusifs."



Quoi qu'il en soit j'ai trouvé ces 22 pages fort intéressantes.







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L'amateur de livres

Quatre petits textes, derrière ce titre : le Bibliomane, De la monomanie réflexive, Bibliographie des fous et, pour finir, l'Amateur de livres qui a donné son titre au recueil. Quatre textes tournant autour de la folie des livres - bien connue par l'auteur ! - un peu inégaux, mais qui tous possèdent au moins la saveur d'une curiosité fantaisiste, où l'érudition le dispute au goût de l'insolite, du rare, de l'excentrique.



La monomanie réflexive amorce sur l'obsession monomaniaque une réflexion bien plus désinvolte que son titre ne le laisse entendre, mais qui se perd un peu en route et n'aboutit pas à grand chose. La Bibliographie des fous est un étonnant et savoureux petit recueil d'authentiques fous littéraires (François Columna, Guillaume Postel, Bluet d'Arbères...), qui furent publiés en leur temps, y obtinrent même parfois d'extravagants succès, et dont les ouvrages improbables sont devenus de rares trésors pour les chasseurs de livres. On regrette surtout que les anecdotes et le contenu des livres évoqués ne soient pas plus développés, la manière parfois très allusive de Nodier restant un peu frustrante à mon goût malgré les notes de l'éditeur.

Plus complet, l'Amateur de livres dresse une typologie du genre, distinguant bibliophiles, bibliomanes et bouquinistes. Genre tricéphale hélas en disparition, dans un monde où le triomphe du papier bon marché noie le livre rare, le livre beau, le livre précieux sous une avalanche de sottises mal éditées (dans lesquelles l'auteur a la grâce dépitée de ranger peu ou prou ses propres productions), et où s'impose inéluctablement l'aride bibliophobe.

Si le bouquiniste privilégie la rareté du livre à l'élégance de sa forme, le bibliophile est passé de l'amour du contenu à l'amour du contenant et ne considère rien comme trop luxueux pour l'objet de ses délices. Du bibliophile au bibliomane, il n'y a qu'une crise - et c'est à ce dernier type que Nodier consacre ses pages les plus savoureuses, de la visite d'une bibliothèque monstrueuse où tout manque de s'effondrer au délicieux portrait de Théodore, le bibliomane du premier texte, conduit à sa perte par cette obsession dévorante. L'auteur y caricature ses propres obsessions avec un mélange de dérision et de tendresse assez irrésistible.



Excellente idée, en somme, qu'a eue le Castor Astral de réunir ces textes, qui sauront aussi bien intéresser les amateurs de l'époque qu'intriguer les curieux et parler aux passionnés de vieux livres et de belles éditions. Parlant édition, celle-ci est joliment réalisée, avec quelques estampes d'époque et un bel arsenal de notes de fin de texte, très utiles pour comprendre bien des allusions fort obscures au lecteur moderne dont l'éducation classique laisse hélas grandement à désirer.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Trilby

Et voilà un conte fort sympathique, que j'ai choisi dans le cadre de l'un de mes cours de licence et que je propose du même coup pour ma première participation au challenge Ecosse. Auriez-vous oublié ce brave Charles Nodier ? Le pauvre homme ne suscite pas toujours l'enthousiasme des lecteurs, c'est bien dommage. C'était un Romantique, ami de Dumas et Hugo, qui avait eu la bienheureuse idée de tenir un salon littéraire très prisé à l'époque, le Cénacle. Dans le prologue de La femme au collier de velours, Dumas parle de Nodier en des termes très touchants.



L'écrivain était aussi un naturaliste passionné et amoureux de l'Ecosse qu'il avait eu l'occasion de parcourir. Tout pour me plaire en quelque sorte.



Ce Trilby est donc inspiré par le folklore écossais découvert au cours d'un voyage, et dit-il par une note d'un roman de Walter Scott, lui aussi grand oublié des lecteurs aujourd'hui.



Trilby est un lutin facétieux, se présentant sous les traits d'un enfant, puis d'un viril guerrier, et qui vit dans les cendres du foyer de Jeannie et son mari, le pêcheur Dougal.



Les lutins étaient tenus en haute estime, leur présence au foyer garantissaient une vie simple mais plus facile et plus heureuse car ils effectuaient les menus travaux indispensables à la prospérité de la maisonnée.



Trilby est heureux car il est amoureux de la belle Jeannie, laquelle se laisse parfois troubler par le lutin. Mais la jeune femme, écartelée entre son devoir et la passion qu'elle ressent pour Trilby, se laisse convaincre de faire appel à un moine, lequel prononcera contre le pauvre lutin une formule d'exorcisme. Car pour cet homme religieux, une manifestation du merveilleux est fatalement l'oeuvre du Malin.



Il n'est pas bien facile de déceler quelles furent les réelles intentions de l'auteur en écrivant ce très court conte. C'est une belle histoire d'amour tragique qui peut se lire à plusieurs niveaux. Comme tant d'autres écrivains avant et après lui, Nodier évoque cette éternelle insatisfaction des rêveurs : la vie réelle, si prosaïque et souvent décevante est-elle finalement moins intéressante que la vie rêvée, celle des songes et de l'imagination ? Le christianisme (et là aussi c'est un thème souvent repris en littérature) a étouffé et cherché à faire disparaître les vieilles croyances, les divinités païennes et le Petit Peuple, nous privant ainsi d'une part de notre merveilleux, nous amputant d'une partie de notre pouvoir d'imagination. A vous de voir...


Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Ecosse

C'est en 1821 que Charles Nodier, qui était aussi fan de l'Ecosse que je le suis, a entrepris ce voyage, clairement déterminé à apprécier tout ce qu'il allait voir. En effet, et comme il l'avoue au cours de son récit, Nodier entame un pèlerinage littéraire. En Europe, c'est l'heure de gloire pour Walter Scott, qui a permis de faire redécouvrir son pays, sous un jour pittoresque, attrayant et émouvant, un peu comme Mel Gibson a donné à nouveau le goût d'une Ecosse fière et indépendante en réalisant Braveheart.

Mais revenons à notre XIXème siècle. Là où Dorothy Wordsworth modérait souvent son enthousiasme en comparant l'Angleterre et l'Ecosse, Nodier lui, préfère louer cette terre rude et sauvage où la beauté réside en toute chose. Tel Rousseau s'émerveillant du spectacle d'une fleur peu commune ou s'extasiant sur un coucher de soleil, Nodier goûte l'âpre beauté d'un loch, les berges paisibles de la Clyde ou se remémore les vers d'un célèbre poème de Scott en contemplant le lac Kattrine.

Son enthousiasme pour la ville d'Edimbourg est contagieux et il apprécie de rencontrer maintes Ecossaises s'en allant pieds nus. Fait peu banal si l'on veut bien se rappeler qu'un pied nu heurtait la sensibilité de n'importe lequel de ses contemporains...

Ce très court récit tout à la gloire de l'Ecosse (Nodier émet bien quelques réserves notamment sur le système éducatif, mais ces écrits sont si emplis de sa passion pour ce pays que ces critiques sont bien vite oubliées) s'inscrit dans la tradition des relations de voyages romantiques, où les impressions de l'écrivain ont davantage d'importance que les descriptions, et où l'Histoire et la Littérature influencent le regard du voyageur.

Une petite curiosité bien sympathique qui devrait ravir les amoureux de ce beau pays.
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L'amateur de livres

Quatre textes dans ce recueil: "Le Bibliomane", "Rêveries psychologiques. De la monomanie réflective." "Bibliographie des fous" et enfin le texte qui donne son nom à l'ouvrage: "L'amateur de livres."

J'avoue que Rêveries psychologiques a peu retenu mon attention. Tous les textes en général sont plutôt pour bibliophiles, ou au moins amateurs du sujet. Le Bibliomane, que je trouve tout simplement génialissime, repose sur un point de détail de l'art de la reliure, par exemple!

Probablement pas pour tout le monde, c'est pour les concernés une perle délicieuse, particulièrement les textes ouvrant et fermant le recueil, d'un style parfait, d'une culture ébahissante, et avec un vocabulaire ciselé qu'on ne retrouve plus assez (ou alors, je ne lis pas les bons auteurs, mais je soupçonne qu'ils ne sont plus très nombreux à parler de dépouilles opimes ou à user du terme macaronée, qu’apparemment le correcteur orthographique de mon navigateur ne connaît même pas. )

Le Castor Astral avait bien eu raison de réunir et publier ainsi ces perles. D'ailleurs, finalement, même si comme moi vos connaissances sont lacunaires, peut-être que vous devriez tenter le coup, ce sera l'occasion d'apprendre plein de choses, comme j'ai eu le bonheur de le faire.
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Jean Sbogar

Ma première pige dans l'oeuvre de Charles Nodier. Le personnage de Jean Sbogar lui a été inspiré par un procès et des faits d'actualité qui ont eu lieu dans les provinces illyriennes alors qu'il y était bibliothécaire et directeur de journal. C'est l'histoire d'un chef de bandits opérants dans la région de Trieste qui s'éprend de l'héritière d'un riche marchand. Il y a une grande part de mystère et une bonne partie se déroule à Venise. Sous les abords rudes du brigand, Jean Sbogar se révèle être un rebelle avide de liberté et de justice. Pour le genre d'histoire et le style d'écriture, ce roman m'a rappellé ceux d'Ann Radcliffe. J'ai particulièrement aimé la fin avec son côté sombre.
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Revue de Paris

Premier numéro de cette excellente revue littéraire du XIXeme siècle intéressant à mes yeux, en particulier, pour les articles de Charles Nodier (bibliomane notoire mais excellent conteur) et pour celui de Walter Scott consacré au Merveilleux dans le roman.
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Le bibliomane

Cette nouvelle était recommandée sur la page du roman Le marchand de premières phrases, et, intriguée, je l'ai cherchée et trouvée sur internet. L'ironie est que j'ai lu cette histoire d'un amoureux jusqu'à l'absurde de l'objet livre sur mon ordinateur. Malgré le style empesé, ce tout petit texte décrit avec bienveillance mais aussi avec humour les affres du collectionneur obsédé dont la vie ne tient qu'au fil de ses découvertes et de la possession des objets convoités. (Petite digression : ça m'a rappelé un téléfilm, je crois, dans lequel un homme tue un philatéliste cardiaque en faisant brûler devant lui un timbre d'une extrême rareté.) A lire rapidement si vous aimez la littérature de la première moitié du XIXe siècle ou si vous êtes vous-mêmes bibliophile (philobouquiste ?), bibliovore, bibliophage ou donc bibliomane (bibliowoumane ?).
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Inès de las Sierras

Il parait que le Livre se meurt ! ? ! J'ai retrouvé ce bouquin dans ma bibliothèque, où il m'attendait sagement depuis l'an 2000. En effet cette année là j'avais été me balader au Salon du Livre, et c'est là qu'était exposée une drôle de machine, la Xerox DocuTech 6180 Book Factory, d'un coté de la machine était numérisé une oeuvre sur Digibook 5600 et de l'autre côté sortait ... Un Livre, en l'occurrence : Inès de Las Sierras de Charles Nodier. Charles Nodier est un auteur français du début du 19ème siècle, tendance romantique/fantastique. Il a eu son heure de gloire et maintenant il est au Père Lachaise et dans Wikipédia. Inès de Las Sierras raconte une histoire fantastique d'apparition, de revenante et de château hanté ... toutes choses que je n'apprécie que très modérément. Non, ce qui m'a poussé (un peu, mais pas trop) à écrire cette petite note c'est le fait que C. Nodier était aussi un grand bibliophile, grand lecteur (il aurait sûrement eu son compte dans Babélio) et collectionneur, et qu'il aurait certainement été très surpris qu'au début du 21ème siècle, le passage de l'imprimerie à l'impression ferait qu'un inculte personnage de mon genre lirait encore son oeuvre, car ça c'est vraiment fantastique, non ?
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La nouvelle Werthérie

Il fut un temps où l'on se mourait d'amour....

Suzanne, l'héroïne de cette nouvelle de Nodier a rejoint Ophélie, Tarentine, Atala, Virginie, Juliette... Nous la savons donc en très belle compagnie.

Dis moi comment tu meurs et je te dirais de quoi tu vis.

Le romantisme en notre 21e siècle se trouve un peu démuni.

Pourtant, il fut un temps où l'on savait si joliment se dire.

Un exercice de style très agréable qui se donne à lire.

Astrid SHRIQUI GARAIN



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Bibliomanies

Une reflexion sur la manie d'accumuler des livres. Cela vous rappelle quelque chose? Il y a de fortes chances! N'est-ce pas un peu la définition de la LCA...





Ce livre regroupe des textes de différents auteurs qui jugent, s'interrogent sur cette "manie". Pour certains, c'est une déchéance, une dépense inutile, un manque de goût. Pour d'autre, c'est au contraire une élévation de l'âme, la possibilité de choisir son chemin. Vous devinerez à qui va mon coeur.





Néanmoins le regroupent de ces textes permet une vraie réflexion sur ce besoin, cette envie. On redécouvre certains auteurs. On en découvre d'autres. Certains textes m'ont agacée (Lucien de Samosate est franchement désagréable et redondant) d'autres m'ont beaucoup plus. Mais tous m'ont permis de me questionner sur le pourquoi du comment j'achète autant de livre et nourris ainsi une PAL pantagruélique. Pour le plaisir du choix, le plaisir de savoir qu'il me reste encore tant à lire et surtout pour le plaisir que cela me procure quand je sors d'une librairie avec une belle pile de livre tout neufs!





Un seul constat : ma PAL n'est pas prêt de maigrir!





Un très beau livre, dans une superbe édition (une belle couverture, un papier au toucher agréable) qui permet une réflexion intéressante sur le monde de la lecture.





Merci à Babelio et surtout aux éditions Ivres de Livres (une chouette maison d'édition avec des passionnés qui promet de belles lectures) !





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La fée aux miettes

Talent corrompu par les délires francs-maçons :

Oui oui je ne plaisante pas avec ce titre. Quelle déception ! On a beau se sentir léger en fermant ce livre plein de douces aventures enchanteresses, on se dit qu'on a trop lu trop vite car manifestement on a pas tout compris. Alors on relit certains passages, on s'interroge sur tous ces symboles qu'on ne saisit pas, on fait des recherches sur internet et …

Par suspicion je tape sur internet « Charles Nodier Franc-maçon », oui il l'est bien. Jusque là après tout, rien de négatifs.

Je tombe aussi sur le site « persée » sur un extrait d'un livre « La reine de Saba et Franc-maçonnerie » qui traite en grande partie de ce roman et là tout se confirme, c'est véritablement une condensation de symboles et de quêtes liés à la franc-maçonnerie au travers d'un roman.
Après tout, pourquoi pas si le roman tient la route ? Oui mais nan justement, d'un point de vue logique, personne ne peut comprendre ce roman si vous n'avez pas les références, et des références il y en a plusieurs mais c'est bien la franc-maçonnerie qui prédomine.



Sous le caractère gai et joyeux des contes et légendes autour de fées, s'y mêle en marge la Reine de Saba et Salomon, les légendes autour de la mandragore, l'archange Michel (Le prénom du personnage principal, la ville de Saint-Michel présente plusieurs fois et le départ du navire de la Rene de Saba le jour de la Saint-Michel…) qui est l'un des archanges majeurs que l'on retrouve dans la religion chrétienne, le judaïsme, l'islam et… de façon non surprenante, c'est aussi une figure importante dans la franc-maçonnerie.

Et ajoutez à ce fatras tout un tas d'épreuves représentant cette espèce de quête initiatique de franc-maçon incarnée au travers de Michel, l'apprenti franc-maçon. C'est d'une lourdeur !



Les personnages sont attachants au moins, ce qui est rare.

Tout le long du roman, Michel sera un élu sans le savoir qui sera tourmenté du début à la fin par cette fée qui semble bienveillante et sage mais qui va lui tendre plein d'épreuves. Pauvre Michel ! Il est pourtant déjà irréprochable, cet humble charpentier, si simple et si instruit, si rêveur et si laborieux. Ce petit chérubin inspire une passion à la fée aux miettes, charmante petite vieille à taille svelte et d'une étonnante agilité. Subtilité avec cette fée, rien n'est directement surnaturel, on le sent, cela flotte dans l'air mais on ne le trouve pas. Cette fée est paradoxalement méprisée sauf par les enfants, elle est vieille, on dit même que c'est une « mendiante » qui couche sous le porche de l'église. Drôle de fée en somme.

Faute de servir à quelque chose et de nous étonner avec ses pouvoirs magiques, elle utilise ses rares dons pour embêter ce pauvre Michel.



Elle teste d'abord son sens du sacrifice, de la générosité quand Michel lui donne quasiment toutes ses économies pour que la Fée reparte vivre à Greenock, son village d'origine. Sauf que c'était une farce, elle n'utilise pas l'argent et continue de le suivre discrètement. Un beau jour, tandis que Michel pêche les moules près du Mont Saint-Michel, la fée s'enlise volontairement dans le sable, pousse quelques cris, et se fait sauver par Michel. Au lieu de le remercier, elle se montre sévère quand Michel lui demande pourquoi la fée n'est pas à Greenock grâce à l'argent qu'il lui avait donné, la fée en colère invente une histoire bidon bien gobée par Michel et puis comme ça là tout de suite après le demande en mariage.

Michel ne consent qu'une promesse de mariage qu'il acceptera uniquement quand il aura 21 ans, pensant être trop jeune pour s'engager dès à présent. Dite-vous que sortir de l'enlisement dans le sable (plongée dans la matière, l'épreuve de la Terre), pour les francs-maçons c'est sortir du moule préconçu par la société en apprenant à se connaitre soi-même (enfin je crois…)



Michel dans sa plus grande bonté, lui redonne une somme très importante pour repartir à Greenock. La fée accepte et s'impressionne de la ferveur inébranlable du Michel. Une fois encore, Michel sera suivi en cachette par la fée et au cours d'une expédition en bateau, se cache dans un sac et fait en sorte d'être sauvée par Michel en pleine tempête. le bateau dérive par miracle également à Greenock, le fameux village de la fée en Ecosse. Deuxième épreuve maçonnique avec l'eau, image pour « traverser ses eaux intérieures » pour mieux connaitre son potentiel.



Alors que Michel prospère convenablement à Greenock malgré les railleries de ses compagnons de chantier qui se moquent de ses délires avec la fée dont il parle de temps en temps ou son air rêveur, la fée lui ramène un bateau, un super bateau fait pour la Reine de Saba destiné à naviguer jusqu'à un désert lointain en Libye pour faire je ne sais pas quoi. En réalité, derrière la Reine de Saba se cache la fée aux miettes, aussi appelée Belkiss et Belkiss est synonyme de la Reine de Saba… Ce bateau attire les regards, notamment de Michel qui veut s'embarquer la dedans.



Michel dort dans une auberge la veille de son départ dans ce mystérieux bateau et tua, dans un état de somnambulisme un étrange homme qui dormait à côté de lui. Ce chapitre est encore bourré de symboles que je ne sais déchiffrer. Quoi qu'il en soit après cette nuit, Michel est condamné à mort mais pourra être sauvé (de la condamnation judiciaire), selon la coutume écossaise, si une femme se propose au dernier moment de se marier avec le condamné. En bon niais qui se respecte, Michel refuse la proposition de mariage d'une jeune et belle écossaise ! Son incroyable fidélité à sa promesse initiale de mariage à la fée est immédiatement remarquée par la fée elle-même, qui sort de nulle part, toute contente et se marie avec Michel, qui donc est sauvé. C'était encore une épreuve et un test de la fée et bien sûr, là encore, il y avait 10 symboles avec des niaiseries philosophiques mais cela m'échappe, je suis pas expert du tout en franc-maçonnerie. Toute cette parenthèse a empêché Michel de poursuivre son voyage sur le bateau de la Reine de Saba dont on parlait un peu plus haut. Ce bateau reviendra de temps en temps dans le roman, mais je n'ai aucunement compris sa symbolique.



Les deux mariés s'établissent dans un charmante maisonnette de fée au cadre idyllique. Tout semble parfait, que demander de plus ? de l'argent voyons ! La nature, la petite maison… nan mais ! C'est trop champêtre, ajoutons y de l'argent et du pouvoir ! C'est ici que la fée se souvient inopinément qu'elle est en fait une riche héritière et réclame ainsi d'immenses rentes. Les voilà riches. Michel est assommé de cet argent dont il ne sait que faire, mais la fée lui tend bien des insinuations. Elle l'incite à user de son argent pour entrer dans la sphère politique, elle lui dit qu'il sera plus utile comme ça qu'à rester un vulgaire et incompris charpentier doux rêveur. Mais notre bon Michel résiste aux tentations et maintient fermement sa volonté d'être charpentier, il va juste utiliser son argent pour aider quelquefois ses proches et puis c'est tout.



Détail récurrent, le soir la vieille fée se transforme en Belkiss, jeune et grande fée aux beaux cheveux et très sensuelle, qui se matérialise aussi le jour dans un médaillon que porte Michel en permanence. Michel aimerait avoir cette jeune Belkiss avec la même drôle de personnalité de la fée aux miettes, mais il lui faut se contenter de voir la jeune fée le soir dans ses rêves uniquement. A vous d'y voir le détail symbolique, à moins que ce soit juste une petite touche de fantaisie pour reposer le lecteur, mais j'en doute.



Qu'est ce que peut donc encore inventer la fée pour nuire à ce beau coeur incorruptible ? Oh bah rien de spécial, en autres discussions où elle lui apprend par exemple qu'elle à 99 soeurs (oui 99 soeurs), elle lui dit aussi qu'elle va mourir dans 6 mois si Michel ne lui rapporte pas le « spécifique » à savoir la mandragore qui chante. Evidemment, Michel va donc consacrer les prochains mois à rechercher éperdument cette mandragore, mais la fée le rassure ! Il suffit de l'aimer sans discontinuité jusqu'au dernier jour des 6 mois et Paf ! La mandragore apparaitra forcément, au plus tard le dernier jour de la date limite.

Epreuve ratée hélas à la toute dernière étape ! Quel dommage ! D'autant plus dommage qu'en bon candide ne se méfiant de rien, il dit à tout hasard aux passants « n'auriez-vous pas vu une mandragore qui chante ? » Ce qui ne manque pas bien sûr d'attirer l'attention si bien qu'il est placé immédiatement et définitivement dans un hospice de fou. Au sein de la franc-maçonnerie, rechercher la mandragore, c'est une quête d'immortalité, voilà, débrouillez-vous pour en tirer les conclusions supra-philosophiques mais c'est censé être ça.



Triste fin donc pour ce Michel, dont l'amour ne décroîtra pas, qui se retrouve inexorablement dans l'asile des fous et qui reçoit la visite de petits curieux qui viennent l'observer comme dans un zoo. le dernier chapitre fait écho aux premiers chapitres qui commence justement par l'asile de fou où l'on croise Michel qui ensuite raconte au visiteur sa malheureuse histoire du début jusqu'à la fin.



Au-delà de toutes ses péripéties symboliques que je n'apprécie pas personnellement, on est charmé tout de même par les personnalités respectives de la fée et de Michel. La fée a toujours cette attitude de souveraine divine qui sait ce qu'elle dit en parfaite conscience, cette espèce d'autorité personnelle assez marquée et cette tendance à manipuler et à jouer de ses émotions qui en fait un personnage amusant. On est attendrit par ce pauvre Michel qui a tant de sagesse et de coeur et qui a pour seule faiblesse son coté candide à l'extrême. On aime aussi les discussions entre Michel et la fée par ses rhétoriques autour du sens de la vie. Bref, des personnages profonds, c'est toujours agréable.



Toujours est-il ces milliards de symboles francs-maçons pourrissent absolument tout. Charles Nodier a bien assez de talent pour se passer des artifices francs-maçons, il aurait pu se contenter d'un conte de fées pour adultes avec des mandragores et une morale ou toute autre message, peu importe, c'était bien suffisant. le plat est bien trop épicé de ces petites symboliques qui envahissent le tout.
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Mademoiselle de Marsan



Charles Nodier (1780 - 1844) propose un court roman aux multiples rebondissements au travers un style assez convenu. Le dénouement est également prévisible.



Une intrigue s'inscrivant dans le romantisme qui peut sembler désuète et surannée, mais, plaisante et agréable à lire.





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