Citations de Chimamanda Ngozi Adichie (1000)
Avez-vous remarqué qu’à la télévision, dans les émissions sur les soins de beauté, les Noires ont des cheveux naturels (rêches, enroulés, crépus ou frisés) sur la vilaine photo »avant » et sur la flatteuse photo « après » quelqu’un a pris un instrument en métal brûlant et lissé leurs cheveux ? Certaines femmes noires (américaines et non américaines) préféreraient se promener nues dans la rue que d’être vues en public avec leurs cheveux naturels.
Sometimes she worried that she was too happy. She would sink into moodiness, and snap at Obinze, or be distant. And her joy would become a restless thing, flapping its wings inside her, as though looking for an opening way to fly away.
- Tu sais que tu as le genre de corps qu'ils aiment par ici.
- Quoi?
- Tu es maigre avec de gros seins.
- S'il te plait. Je ne suis pas maigre. Je suis mince.
- Les Américains disent "maigre". Ici "maigre" n'est pas péjoratif.
- C'est pour ça que tu t'es arrêtée de manger? Tout ton cul a disparu. J'ai toujours voulu avoir un cul comme le tien, dit Ifemelu.
- Tu sais, j'ai commencé à perdre du poids juste après mon arrivée. J'étais presque anorexique. Les gosses de mon lycée m'appelaient la grosse. Quand quelqu'un chez nous dit "tu as maigri", c'est une critique. Ici, quelqu'un te dit que tu as maigri et tu dis merci. C'est différent, voilà tout.
Ils ne comprenaient pas que des gens comme lui, qui avaient été bien nourris, n'avaient pas manqué d'eau, mais étaient englués dans l'insatisfaction,conditionnés depuis leur naissance à regarder ailleurs, éternellement convaincus que la vis véritable se déroulait dans cet ailleurs, étaient aujourd'hui prêts à commettre des actes dangereux, des actes illégaux, pour pouvoir partir, bien qu'aucun d'entre eux ne meure de faim, n'ait été violé, ou ne fuie des villages incendiés, simplement avide d'avoir le choix, avide de certitude.
Qu’est ce qui t’est arrivé au petit doigt ? demanda Chima
Jaja baissa les yeux lui aussi, comme s’il ne remarquait que maintenant le doigt noueux, déformé comme un bâton desséché.
Jaja a eu un accident dit rapidement Tatie Ifeoma […]
Quand son regard croisa le mien, je détournai la tête. Elle savait. Elle savait ce qui était arrivé au doigt de Jaja.
A l’âge de dix ans, Jaja avait raté deux questions dans son contrôle de catéchisme et il n’avait pas été nommé meilleur élève de son cours de première communion. Papa avait emmené Jaja en haut et fermé la porte à clef. Jaja, en larmes, était ressorti en tenant sa main gauche avec sa droite et Papa l’avait conduit à l’hôpital Saint Agnès. Papa pleurait, lui aussi, en portant Jaja dans ses bras comme un bébé jusqu’à la voiture. Plus tard Jaja me dit que Papa avait épargné la main droite car c’est la main qui écrit.
C’était ce que faisait Tatie Ifeoma avec mes cousins, me rendis-je compte alors : leur placer la barre de plus en plus haut dans sa façon de leur parler, dans ce qu’elle attendait d’eux. Elle le faisait tout le temps, confiante qu’ils pouvaient franchir la barre. Et ils la franchissaient. C’était différent pour Jaja et pour moi. Nous ne franchissions pas la barre parce que nous nous en croyions capables, nous la franchissions parce que nous étions terrifiés à la pensée de ne pas y arriver.
Un texto de Dike fit vibrer son téléphone.
"Je n'arrive pas à y croire. Mon président est noir comme moi". Elle lut le texto à plusieurs reprises, les yeux emplis de larmes.
La véritable tragédie n'était pas qu'un enfant noir avait été assassiné pour avoir sifflé une adulte blanche, c'était que des Noirs s'étaient demandé : mais pourquoi a-t-il sifflé ?
Défriser ses cheveux c'est comme être en prison. Tu es en cage. Tes cheveux font la loi. Tu n'es pas allée courir avec Curt aujourd'hui parce que tu ne voulais pas que la sueur abîme tes cheveux lisses.
Pour moi, "nègre" est un mot qui existe. Les gens l'utilisent. Il fait partie de l'Amérique. Il a causé beaucoup de souffrance et je pense que c'est insultant de l'occulter.
Croire en un rêve, c'est un leurre, mais tu y crois et c'est tout ce qui compte.
Eux aussi font tout un foin à propos de l'immigration. Bien que, naturellement, l'Amérique ait toujours été plus accommodante envers ses immigrants que l'Europe.
— Bon, c'est vrai, mais c'est parce que les pays d'Europe sont été fondés sur l'exclusion et non, comme l'Amérique, sur l'inclusion, dit Mark.
Moi-même je ne me sentais pas noire, je ne suis devenue noire qu'en arrivant en Amérique. Quand vous êtes noire en Amérique et que vous tombez amoureuse d'un Blanc, la race ne compte pas tant que vous êtes seuls, car il s'agit de vous et de celui que vous aimez. Mais dès l'instant où vous mettez le pied dehors, la race compte. Seulement nous n'en parlons pas.
Greatness depends on where you are coming from.
You must never behave as if your life belongs to a man. Do you hear me?” Aunty Ifeka said. “Your life belongs to you and you alone.
L'idéologie est déterminante dans ce pays s'agissant de la fiction. Si un personnage n'est pas familier il perd toute crédibilité dit Shan. Ce n'est pas en lisant des romans américains que tu as une idée de ce qu'est la vie réelle à notre époque. Tu lis des romans américains pour savoir comment les Américains blancs tordus font des trucs bizarres à des Blancs normaux.
Il se demandait toujours quoi faire ensuite, et elle lui disait qu'elle y pensait rarement, parce qu'elle n'avait pas grandi dans le faire, mais dans l'être.
- Et la vie de citoyen de seconde zone en Amérique?
- Chiaku, ton sarcasme est déplacé.
- Mais c'est vrai! Toutes les années que j'étais à Cambridge, j ' étais considéré comme un singe qui a développé la capacité de raisonner.
J'appuyai le combiné plus fort contre mon oreille.
"Eh ?
- C'est ton père. Ils m'ont appelée de l'usine, ils l'ont trouvé mort allongé sur son bureau."
Mama parlait comme un automate. Je l'imaginai disant la même chose à Jaja, exactement sur le même ton. Mes oreilles se remplirent de liquide. J'avais beau l'avoir entendue correctement, l'avoir entendue dire qu'on l'avait trouvé mort sur son bureau, je demandai :
"Est-ce qu'il a reçu une lettre piégée ? Etait-ce une lettre piégée ?"
Jaja attrapa le téléphone. Tatie Ifeoma m'emmena vers le lit. Je m'assis et regardai fixement le sac de riz appuyé contre le mur de la chambre, et je sus que je me souviendrais toujours de ce sac de riz, du tissage brun du jute, des mots "ADADA LONG GRAIN" inscrits dessus, de la façon dont il était affaissé près de la table.
Elle aimait le voir afficher carrément leur relation, comme une chemise de couleur voyante. Il lui arrivait de s'inquiéter d'être trop heureuse. Elle devenait alors d'humeur maussade, le rudoyait, ou se montrait distante. Et sa joie se transformait en tourment, battant des ailes au plus profond d'elle-même, comme cherchant une issue pour s'envoler.