Citations de Chimamanda Ngozi Adichie (1003)
Il faut impérativement se souvenir que le premier massacre d'Ibos, certes d'une ampleur bien moindre que celui qui s'est produit dernièrement, a eu lieu en 1945. Ce carnage avait été précipité par le gouvernement colonial britannique lorsqu'il avait déclaré les Ibos responsables de la grève nationale, interdit les journaux ibos et, plus généralement, attisé l'hostilité envers les Ibos. L'idée que les tueries récentes seraient le produit d'une haine "séculaire" et donc trompeuse. Les tribus du Nord et les tribus du Sud sont en contact depuis longtemps; leurs échanges remontent au moins au IXe siècle, comme l'attestent certaines des magnifiques perles découvertes sur le site historique d'Igbo- Ukwu. Il est sûr que ces groupes ont dû également se faire la guerre et se livrer à des rafles d'esclaves, mais ils ne se massacraient pas de cette façon. S'il s'agit de haine, cette haine est très récente. Elle a été causée, tout simplement, par la politique officieuse du "diviser pour régner" du pouvoir colonial britannique. Cette politique instrumentalisait les différences entre tribus et s'assurait que l'unité ne puisse pas se former, facilitant ainsi l'administration d'un pays si vaste. (P.201)
Il aurait bien aimé pouvoir ressentir vraiment de la peine pour son ami le politicien qui avait été tué, mais les politiciens n'étaient pas comme les gens normaux, c'étaient des politiciens. Il lisait des articles sur eux dans le Renaissance et le Daily Times - c'étaient des gens qui payaient des voyous pour tabasser leurs adversaires, qui s'achetaient de la terre et des maisons avec l'argent du gouvernement, qui importaient des armada de longues voitures américaines, payaient des femmes pour qu'elles bourrent leurs corsages de faux bulletins de vote et fassent semblant d'être enceintes. Quand il égouttait une casserole de haricots bouillis, le mot qui lui venait à l'esprit pour décrire l'évier visqueux était politicien. (P.155)
"Notre Olanna vient juste juste de finir son Master. Un Master de l'université de Londres !Ce n'est pas facile ! annonça fièrement oncle Mbaezi.
- Bravo", dit Abdulmalik, qui ouvrit son sac, en sortit une paire de claquettes et les lui tendit; son visage étroit se plissa en un sourire, découvrant des dents maculées de tâches de noix de kola, de tabac et de diverses autres substances qu'Olanna n'identifiait pas, dans des tons de jaune et de brun.
On aurait dit que c'était lui qui recevait le cadeau: il avait cette expression des gens qui admirent l'instruction avec la calme certitude qu'ils n'y accéderont jamais. (P.57)
"Il y a deux réponses aux choses qu'on t'enseignera sur notre pays : la vraie réponse et celle que tu donnes à l'école pour passer. Tu dois lire des livres et apprendre les deux réponses. Je te donnerai des livres, d'excellents livres." Master s'interrompit pour boire une gorgée de thé. "On t'enseignera qu'un Blanc du nom de Mungo Park a découvert le fleuve Niger. C'est n'importe quoi. Notre peuple pêchait dans le Niger bien avant la naissance du grand-père de Mungo Park. Mais le jour de ton examen, écris que c'est mongo Park." (P.25)
Tu as oublié, Seigneur. Tu as oublié comment et quand être Dieu.
Ceux qui peuvent ressentir un véritable chagrin ont la chance d'avoir aimé.
Si Dieu pouvait faire naître en eux un intérêt pour autrui aussi sincère, Dieu était un concept louable.
Que sait-on des sentiments de ceux qui n'ont pas de voix ?
La vérité est devenue une offense.
Comment le monde peut-il continuer à tourner, à inspirer et expirer sans rien de changé, alors que dans mon âme c'est une déroute permanente ?
Des histoires ont été utilisées pour déposséder et pour calomnier, mas des histoires peuvent aussi servir à reprendre le pouvoir et à humaniser.
La conséquence de l’histoire unique, la voici : elle dépouille les gens de leur dignité. Elle nous empêche de voir que nous partageons la même humanité.
Si l’on veut déposséder un peuple, la façon la plus simple de procéder est de raconter son histoire, et de la faire en commencement par « deuxièmement ».
Montrez un peuple comme une chose, une seule et unique, encore et toujours, et il devient cette chose.
Je me suis rendu compte que j’avais tellement baigné dans l’image que les médias donnaient des Mexicains qu’ils étaient devenus, dans mon esprit, les affreux immigrés. J’avais adhéré à l’histoire unique des Mexicains et je n’aurais pas pu avoir plus honte de moi-même.
Si je n’avais pas grandi au Nigeria et si tout ce que je savais de l’Afrique provenait des images populaires, moi aussi je croirais que l’Afrique est un lieu de paysages magnifiques, d’animaux magnifiques et de gens incompréhensible, qui mènent des guerres absurdes, meurent de pauvreté et du sida, sont incapables de plaider de leur propre cause en attendant d’être sauvé par un homme étranger blanc et bon.
Pour ma part, je considère comme féministe un homme ou une femme qui dit, oui, la question du genre telle qu’elle existe aujourd’hui pose problème et nous devons le régler, nous devons faire mieux. Tous autant que nous sommes, femmes et hommes.
La culture ne crée pas les gens. Les gens créent la culture.
Quelle que soit leur pauvreté, les hommes ne perdent pas leurs privilèges d’hommes, quand bien même ils ne jouissent pas des privilèges procurés par la richesse.
Le féminisme fait à l’évidence partie des droits de l’homme, mais se limiter) cette vague expression des droits de l’homme serait nier les problèmes particuliers du genre.