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Citations de Christian Guillet (14)


Nos lèvres se sont rejointes presque à notre insu, et je ne sais trop ce que je pleure sur son épaule et dans son cou : de tout mon cœur, je me regrette (2012 : p. 173).
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A l'heure où l'humidité des bois s'étend sur vous ainsi qu'un suaire, nous écoutions l'oiseau mystérieux qui, au déclin d'un beau jour d'été, vient déployer ses ailes au-dessus de vous, et plane et se pâme comme une émanation de la nature entière, et clame son amour ou son innocence comme si il était blessé, ou ne se mourait que de chaleur et pour vous en délivrer. On aurait pu croire que notre promenade avait eu la pleine durée d'une saison, car en lisière de la forêt déjà les chênes se doraient au point qu'en l'absence de soleil, ils eussent encore paru ensoleillés : en face de ceux qui, dénudés à l'avance, étalaient à leur pied leur fortune avec l'orgueil de seigneurs qui se sont ruinés. (...)
"Peut-être reviendras-tu plus tard dans ces allées de hêtres où notre histoire se prolonge, peut-être y puiseras-tu ce sentiment de dérision que l'on éprouve au souvenir d'une passion disparue." Et je ne pouvais prévoir qu'effectivement ces futaies prendraient un jour - comme les grèves de l'océan ou certaines rues de Paris, ou chacun de nos paysages les plus familiers - cette expression immuable et définitive que confère à tous les lieux qui vous endeuillent la fin d'une destinée, pour les figer à jamais dans votre coeur.
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Quel dieu jadis m'a trouvé la femme que j'aurais vainement cherchée, capable de m'accompagner malgré moi jusqu'au bout d'elle-même, sans que mon triste voisinage la décide jamais à abdiquer ? (2012 : p. 53)
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L'histoire de notre ménage se confondait avec l'histoire de nos disputes : nous nous tenions mutuellement rigueur d'une mésentente continue, et chacun portait le deuil d'un amour que nous avions rêvé au lieu de le vivre. En va-t-il ainsi de tous les amoureux dont on jalouse les étreintes en public, et dont l'imperceptible succession vous laisse croire les amours plus durables que le vôtre ? Pourquoi Dieu permet-il la lente désunion de ceux dont il a permis la rencontre et l'intimité ? On assure que le temps, qui étouffe les affections superficielles, ne cesse de ranimer les plus profondes. [...] Et à la manière de certains divorcés qui cohabitent après leur divorce, nous demeurions enlacés par la longue tristesse de ne point réussir à nous entendre.
[...] Il vient dans un ménage une époque où chacun des époux n'a plus la faculté, qu'il voudrait détenir toujours, de réserver à l'autre le meilleur de soi, que l'accoutumance anéantit lentement à votre insu : une richesse affective en vous ne reste disponible qu'au profit de l'étrangère qui l'exhume pour votre effroi (2012 : pp. , 138-9, 199).
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Il y a souvent dans la lenteur la promesse d'un fruit mûr, alors que le profit purement social de la précocité s'accompagne d'une indigestion irrémédiable (2012 : p. 37).
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La plupart des enfants ont déjà le sourire commercial, l'air retors et mesquin des quinquagénaires qu'ils seront, penchés sur leurs lourds bureaux d'hommes d'affaires, et pourquoi reprocher aux portraitistes primitifs d'avoir attribué aux enfants les têtes d'adultes qu'ils ont en effet ? (L'Age d'Homme, 2012 : p. 23)
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Il n'aimerait la vie qu'en viveur, entouré d'amis sans amitié, il boirait sans soif et ferait l'amour sans amour : il aimerait les fêtes, et tout ce qui n'est pas vrai. D'ailleurs, la vie le remerciait inlassablement d'être si bien disposé à son égard et si amoureux d'elle, d'entretenir avec elle une intimité si radieuse : quand on a la malchance de n'être apte qu'à vivre, la vie vous en dédommage en vous offrant tout ce qu'elle refuse à celui qui préfère maintenir une distance entre elle et lui (2012 : p. 34).
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Le plus grand événement ici-bas, ce sera toujours la lente approche d'un homme et d'une femme l'un vers l'autre. (...)

Elle susurre ou zézaye, comme si ses lèvres la gênaient quand elle parle, et quel attrait dans cette illusoire anomalie de la bouche ! (...)

Entre un homme et une femme, il y a dès le début une part de leur commerce qui leur échappe, ils ne sauront jamais tout de leur propre aventure, et l'on dirait qu'un dieu ou un diable a en main les fils qui les unissent, ou les divisent : si chacun savait à toute heure ce que l'autre éprouve ou attend, leur aventure ne serait pas la même. Je m'efforce d'écouter les moindres de nos propos ou de nos silences, car c'est bien dans le plus anodin que passe d'abord l'essentiel entre deux êtres : leur dialogue apparent ne forme que le support d'un autre, tacite, dont il dessine la trajectoire en prêtant à ses audaces une expression inoffensive. Mais sans le vouloir, j'écoute, la voix soyeuse de mon interlocutrice plus que ses propos, ou le son plus que le sens, et je dois lui faire répéter tout ce qu'elle dit, et on lui poserait des questions même insignifiantes pour le plaisir de l'entendre : voix lointaine d'une voyageuse ou d'une exilée, qui vous donne l'illusion qu'elle use d'un langage plus pur que le vôtre.
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L'esprit s'éveille à la même saison que les sens, qui s'éteindront plus tard avec lui : un garçon que ses sens n'obsèdent point ne déploiera probablement aucune sorte de talent, car il n'y a guère de talent qui ne les concerne, ou ne s'exprime d'abord par le biais des sens (2012 : p. 30).
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La foi que je rejoins quand je prie pour autrui, je la perds dès que je suis l'objet de mes prières.
P 52

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Chacun ne voit qu'une infime partie des maillons qui le rattachent à tous les hommes.
P 78
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D'ores et déjà, l'égoïsme de mon père, s'il maintenait une distance entre nous deux, m'accoutumait à vivre sans lui
ou à pressentir son absence, et à l'heure où cette absence à l'image de son égoïsme m'en présenterait l'apogée,
sa mort me laisserait en réalité l'essentiel de sa vie.
P 179
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C’étaient de vrais Arabes, non plus déguisés en Européens comme ceux de mes compagnons d’armes dont l’uniforme tournait la France en dérision, mais au naturel, coiffés de la chéchia sous laquelle on les dirait si sourds aux bruits de la vie, si bien nés pour le silence, que je les regardais comme s’ils eussent eu l’expression à venir de ma physionomie dans l’au-delà, et prêtais à leurs visages la terreur de la mort que dénotait le mien dans leur patrie.

Bousculé par des porteurs d’eau dont je n’avais pas écouté la clochette, je longeais les remparts de la ville d’où j’apercevais l’olivier et le térébinthe qui ombrageaient les bois sacrés, et sous les oléandres en fleurs atteignais la mosquée.

Oh ! mosquée où pénètre, telle une preuve de Dieu, la lumière irradiée par les tapis du sol pareils à des vitraux, religion si simple qu’elle appelle les âmes d’enfants et semble puiser d’eux son ardeur, minaret vers lequel montent du marché les effluves exotiques, ceux de fruits qui ne révèlent leur mystère qu’en perdant la vie dans la putrescence, en une fête odorante comme un encens pour chanter le paradis – tout ceci entourait le temple d’un miracle, et j’y goûtais l’illusion de me promener moins dans ce pays que dans le souvenir que j’en aurais gardé. (p. 76)
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On ne s'étonnera pas si je dis que, perdant mes deux grands-pères au cours de ces années-là, je n'en fus nullement atteint, puisque mon caractère reposait sur une imbécillité foncière.
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