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EAN : 9782080646774
242 pages
Flammarion (08/01/1992)
4.6/5   5 notes
Résumé :
Le père du narrateur est fasciné par son fils, au point de se prendre de passion pour la femme de celui-ci. Entre cet homme de soixante-douze ans et cette femme de trente-neuf, cette passion douloureuse l'est aussi pour le fils, délaissé à quarante-six ans. Une étudiante alors éveille en lui un amour si ardent qu'elle prend peur. Grâce à sa maîtrise d'une prose poétique, Guillet rend fictive la réalité, ne se soumettant aux données de sa vie que pour l'inventer.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Christian Guillet est un inconnu dans son propre pays et c'est tout simplement une honte. J'avoue, pour ma plus grande confusion d'ailleurs, que je n'avais rien lu de cet auteur, avant qu'un ami m'en parle et ne l'invite à la librairie parisienne de son éditeur, où me frappa, alors que je l'écoutais, un curieux mais très vif mélange d'aristocratie et de tristesse, peut-être même de colère désabusée : l'homme savait qu'il avait sacrifié sa vie à son écriture, n'éprouvait cependant aucun remords, et me paraissait infiniment touchant pour cette raison, qui est celle des maudits, une appellation désormais tellement galvaudée qu'elle ne veut strictement plus rien dire, mais qui, dans le cas de Christian Guillet, brille comme un sou neuf : «Écrivain maudit, je regagnai l'ombre, avec la douceur de m'y reconnaître enfin comme dans ma forêt où je respire, pareil à certaines plantes que le soleil consumerait et qui ne poussent que dans les ténèbres».
Lien : http://www.juanasensio.com/a..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
A l'heure où l'humidité des bois s'étend sur vous ainsi qu'un suaire, nous écoutions l'oiseau mystérieux qui, au déclin d'un beau jour d'été, vient déployer ses ailes au-dessus de vous, et plane et se pâme comme une émanation de la nature entière, et clame son amour ou son innocence comme si il était blessé, ou ne se mourait que de chaleur et pour vous en délivrer. On aurait pu croire que notre promenade avait eu la pleine durée d'une saison, car en lisière de la forêt déjà les chênes se doraient au point qu'en l'absence de soleil, ils eussent encore paru ensoleillés : en face de ceux qui, dénudés à l'avance, étalaient à leur pied leur fortune avec l'orgueil de seigneurs qui se sont ruinés. (...)
"Peut-être reviendras-tu plus tard dans ces allées de hêtres où notre histoire se prolonge, peut-être y puiseras-tu ce sentiment de dérision que l'on éprouve au souvenir d'une passion disparue." Et je ne pouvais prévoir qu'effectivement ces futaies prendraient un jour - comme les grèves de l'océan ou certaines rues de Paris, ou chacun de nos paysages les plus familiers - cette expression immuable et définitive que confère à tous les lieux qui vous endeuillent la fin d'une destinée, pour les figer à jamais dans votre coeur.
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L'histoire de notre ménage se confondait avec l'histoire de nos disputes : nous nous tenions mutuellement rigueur d'une mésentente continue, et chacun portait le deuil d'un amour que nous avions rêvé au lieu de le vivre. En va-t-il ainsi de tous les amoureux dont on jalouse les étreintes en public, et dont l'imperceptible succession vous laisse croire les amours plus durables que le vôtre ? Pourquoi Dieu permet-il la lente désunion de ceux dont il a permis la rencontre et l'intimité ? On assure que le temps, qui étouffe les affections superficielles, ne cesse de ranimer les plus profondes. [...] Et à la manière de certains divorcés qui cohabitent après leur divorce, nous demeurions enlacés par la longue tristesse de ne point réussir à nous entendre.
[...] Il vient dans un ménage une époque où chacun des époux n'a plus la faculté, qu'il voudrait détenir toujours, de réserver à l'autre le meilleur de soi, que l'accoutumance anéantit lentement à votre insu : une richesse affective en vous ne reste disponible qu'au profit de l'étrangère qui l'exhume pour votre effroi (2012 : pp. , 138-9, 199).
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Le plus grand événement ici-bas, ce sera toujours la lente approche d'un homme et d'une femme l'un vers l'autre. (...)

Elle susurre ou zézaye, comme si ses lèvres la gênaient quand elle parle, et quel attrait dans cette illusoire anomalie de la bouche ! (...)

Entre un homme et une femme, il y a dès le début une part de leur commerce qui leur échappe, ils ne sauront jamais tout de leur propre aventure, et l'on dirait qu'un dieu ou un diable a en main les fils qui les unissent, ou les divisent : si chacun savait à toute heure ce que l'autre éprouve ou attend, leur aventure ne serait pas la même. Je m'efforce d'écouter les moindres de nos propos ou de nos silences, car c'est bien dans le plus anodin que passe d'abord l'essentiel entre deux êtres : leur dialogue apparent ne forme que le support d'un autre, tacite, dont il dessine la trajectoire en prêtant à ses audaces une expression inoffensive. Mais sans le vouloir, j'écoute, la voix soyeuse de mon interlocutrice plus que ses propos, ou le son plus que le sens, et je dois lui faire répéter tout ce qu'elle dit, et on lui poserait des questions même insignifiantes pour le plaisir de l'entendre : voix lointaine d'une voyageuse ou d'une exilée, qui vous donne l'illusion qu'elle use d'un langage plus pur que le vôtre.
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Il n'aimerait la vie qu'en viveur, entouré d'amis sans amitié, il boirait sans soif et ferait l'amour sans amour : il aimerait les fêtes, et tout ce qui n'est pas vrai. D'ailleurs, la vie le remerciait inlassablement d'être si bien disposé à son égard et si amoureux d'elle, d'entretenir avec elle une intimité si radieuse : quand on a la malchance de n'être apte qu'à vivre, la vie vous en dédommage en vous offrant tout ce qu'elle refuse à celui qui préfère maintenir une distance entre elle et lui (2012 : p. 34).
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La plupart des enfants ont déjà le sourire commercial, l'air retors et mesquin des quinquagénaires qu'ils seront, penchés sur leurs lourds bureaux d'hommes d'affaires, et pourquoi reprocher aux portraitistes primitifs d'avoir attribué aux enfants les têtes d'adultes qu'ils ont en effet ? (L'Age d'Homme, 2012 : p. 23)
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