L’adolescent fixait encore son entrejambe. Il s’enhardit même à lui sourire.
Elle se mit à haïr ce regard malsain, qui lui rappelait celui du porc qui l’avait entraînée dans cette chambre aux fenêtres donnant sur la tour Eiffel, elle qui n’avait pas encore dix-huit ans.
" Mentir pour se tirer d’affaire, ce n’est pas mentir, c’est se tirer d’affaire ".
Cette jeune femme ignorait qu’elle avait en face d’elle un cœur anesthésié par une histoire d’amour destructrice. Trois ans avaient passé et Timon avait encore l’amer souvenir des baisers d’une Charline follement aimée… puis follement haïe. Ses cauchemars étaient peuplés de supplications grotesques, de désirs de chair et parfois de meurtres.
Il suffit parfois de peu de chose pour qu’une enquête rebondisse, ce qui avait été le cas avec la préparation de cette purée.
Un homme qui souffre, ce n’est pas bien beau à voir.
Virgile lisait peu. Pas très envie de se coltiner les problèmes des écrivains, il en avait suffisamment lui-même, et puis les histoires d’amour finissaient toujours mal dans les romans, sauf bien sûr dans ceux de Marc Levy que Gina lui offrait chaque été. Il aimait bien cet auteur, qu’il lisait sur la plage avant de s’endormir sous le parasol.
En réalité, Virgile détestait courir. Certes, il avait couru dans sa vie, mais surtout après l’argent, puisqu’il voulait le meilleur pour Gina, par amour et par peur de la décevoir. « T’es trop gentil avec elle », lui surinait Elio du temps où ils étaient encore amis.
Non, il n’était pas gentil, il était simplement l’homme le plus amoureux du monde. C’était la raison pour laquelle il courait ce matin. Et tant que son pauvre corps de quinqua bedonnant le pourrait, il chausserait ses baskets, c’était décidé.
Il adorait ses seins. Il adorait tout chez cette femme : ses lèvres pourprées, charnues, ses yeux bleu azur si malicieux, jusqu’à ces petites ridules qui commençaient à poindre à la commissure des lèvres. Une adoration qui durait depuis qu’elle était en âge d’être aimée.
Les SDF qui disparaissent, ce n’est pas ça qui manque : ça voyage, ces gens-là, c’est même pour ça qu’on dit « sans domicile fixe », hé, hé !
Les légendes foisonnent dans le monde de la débine, mais si cette histoire de chien s’avérait exacte, cela rendait peu probable qu’Œil de Lynx et Dante Vincent soient la même personne.
… il s’appelle Ferdinand. Mais ce Ferdinand est un fou, entendez par-là qu’il aime Marianne d’un amour fou… avec ce que l’amour-passion comporte de déraisonnable, de tragique et de foudroyant. De poignant et de dérisoire. De tendre et de dévastateur.
Jean-Luc Godard
Quand tout allait bien, je ne me posais pas de questions.