Citations de Christopher Priest (207)
Vivre n'est pas un art, mais mettre la vie par écrit en est un.
Je songeai à d'autres personnes revues au bout d'un long intervalle de temps. Il y avait toujours un premier effet de surprise, un choc interne : il a changé, elle a pris un coup de vieux. Et puis, en quelques secondes, la perception change, et l'on ne voit plus que les similitudes. L'esprit corrige, l’œil accepte ; les progrès de l'âge, les différences de vêtements, de coiffures et d'allure sont refondues par la volonté de discerner une continuité. Une voix reste la même, des maniérismes subsistent, un sens de l'humour bien spécifique ne change pas. Le poids d'une personne peut changer, pas sa taille ou son ossature. Et bientôt c'est comme si rien n'avait changé. L'esprit retrouve le passé par effacement, recréant la réalité du souvenir.
Autrefois je croyais que la force des mots était garante de vérité. Qu'à condition de trouver le mot juste, il ne dépendait que d'un acte de volonté approprié que je parvinsse à consigner sous une forme affirmative tout ce qui était vrai. J'ai appris depuis que les mots n'ont d'autre valeur que celle de l'esprit qui les choisit, de sorte qu'il entre dans l'essence de toute chose d'être une forme d'imposture. Choisir trop soigneusement fait verser dans le pédantisme, ferme l'imagination à de plus larges visions, tandis que l'excès inverse équivaut à convoquer l'anarchie au sein de l'esprit.
A ma grande horreur, je découvris que le synthétiseur de nourriture était fondé sur un système de filtration des égouts.
La cité recherche des villages en manque de nourriture, où la pauvreté est générale. Heureusement pour la ville, cette région est pauvre, aussi pouvons nous marchander sur des bases avantageuses. Nous sommes en mesure d'offrir aux indigènes de la nourriture, des connaissances techniques pour améliorer leur agriculture, des produits médicaux, de l'énergie électrique...en retour les hommes travaillent pour nous et nous leur empruntons leurs jeunes femmes. Elles viennent à la ville pendant un certain temps et parfois elles donnent naissance à de nouveaux citoyens (...) - Que devient l'enfant ? - Si c'est une fille elle reste dans la ville, si c'est un garçon la mère a le choix entre l'emmener avec elle ou nous le laisser.
Les ténèbres se faisaient peu à peu moins épaisses et le ciel tournait au gris foncé. Au loin, je distinguais le point de fusion des nuages avec l'horizon. Une ligne rouge très pâle commençait même à cerner les contours d'un petit nuage. Comme portés par la lumière, le nuage et ses compagnons se déplaçaient lentement au-dessus de nous. Le vent les entrainait loin de la source lumineuse. Le halo rougeâtre s'étendait, touchant par instants les nuages à la dérive, les chassant d'une vaste étendue de ciel qui se teintait alors d'un orange profond.
J'avais atteint l'âge de mille kilomètres.
De l'autre côté de la porte, les membres de la guilde se rassemblaient pour la cérémonie qui ferait de moi un apprenti.
(incipit)
J'avais atteint l'âge de mille kilomètres.
si une situation peut être considérée comme réelle, alors elle aura des conséquences réelles
Nous sommes à l'aube d'un nouveau siècle, un siècle qui sera témoin de bien des métamorphoses. Au cœur de ces changements se déroulera une nouvelle bataille : celle de la Science contre la Conscience. C'est cette bataille que les Martiens ont perdue, et c'est celle que nous devons livrer à présent !
Nous savions que sur la planète Terre le temps était mesuré en années et en siècles, et que l'histoire écrite remontait à environ vingt siècles. Injustement peut-être, je m'étais construit l'image d'une planète où je n'aurais guère aimé vivre; elle semblait avoir passé la majeure partie de son existence en querelles, guerres, revendications territoriales et pressions économiques.
J'avais d'abord voulu m'exprimer en kilomètres.
Dans trois jours vous aurez droit à un peu de congé. Vous passerez deux jours dans la ville, puis vous reviendrez pour un autre kilomètre.
Je lui demandai comment il pouvait calculer le passage du temps à la fois en journées et en distance. Il faut à la ville une dizaine de jours pour parcourir un kilomètre de distance, m'explique t'il. En un an, elle en parcourt environ trente six et demi
J'avais d'abord voulu m'exprimer en kilomètres.
-Dans trois jours vous aurez droit à un peu de congé; Vous passere deux jours dans la ville, puis vous reviendrez pour un autre kilomètre
-Qu' est ce que c'est?
-Un butoir. Imaginez que les câbles se rompent tous à la fois.. la ville partirait en arrière et quitterait les rails. Ces butoirs n'offriraient certainement pas une grande résistance, mais c'est tout ce que nous pouvons faire.
- La ville a t-elle déjà reculé?
-Une fois.
Au loin, je distinguais le point de fusion des nuages avec l'horizon. Une ligne rouge très pâle commençait même à cerner le contour d'un petit nuage. Comme portés par la lumière, le nuage et ses compagnons se déplaçait lentement au dessus de nous. Le vent les entraînait loin de la source lumineuse. Le halo rougeâtre s'étendait, touchant par instants les nuages à la dérive, les chassant d'une vaste étendue de ciel qui se teintait alors d'un orange profond. Toute mon attention se fixait sur cette vision: c'était tout simplement ce que j'avais connu de plus beau de toute ma vie.
Pour moi, un livre doit avoir l’air de révéler quelque chose de son auteur, on doit avoir l’impression d’y trouver des éléments intimes de la vie de l’écrivain. Mais il faut également qu’il contienne des détails contradictoires qui manipulent la vérité, par exemple un roman écrit par une femme et qui semble authentique, vécu, alors que son personnage central est un homme.
"Tu pourrais faire une demande de transfert dans une guilde, suggérais-je au bout d'un moment. Je suis certain...
- Question de sexe, répondit-elle sèchement. C'est réservé aux hommes. Tu ne le savais pas ?
- Je l'ignorais.
- Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre deux ou trois petites choses", poursuivit-elle, le débit rapide, son amertume contenue à grand-peine. "Je les avais vues toute ma vie sans jamais en saisir la signification : mon père toujours absent de la ville, ma mère s'acquittant de son travail, s'occupant de tout ce qui semblait aller de soi : la nourriture, la chaleur, l'enlèvement des ordures. Maintenant, je sais. Les femmes sont trop précieuses pour risquer leur existence au-dehors. On en a besoin ici, dans la ville, parce qu'elles font des enfants et que l'on peut les mettre à contribution encore et encore." (p. 81)
Malchuskin me demanda un soir : "Depuis combien de temps êtes-vous ici ?
- Je ne sais pas trop.
- En journées ?
- Oh... sept."
J'avais voulu d'abord m'exprimer en kilomètres.
"Dans trois jours vous aurez droit à un peu de congé. Vous passerez deux jours dans la ville, puis vous reviendrez pour un autre kilomètre."
Je lui demandais comment il pouvait calculer le passage du temps à la fois en journées et en distance.
"Il faut à la ville une dizaine de jours pour parcourir un kilomètre de distance, m'explique-t-il. En un an, elle en parcourt environ trente-six et demi.
- Mais la ville ne bouge pas !
- Pas pour le moment. Mais cela ne tardera pas. (p. 56)
J'avais passé des années à préparer l'Homme Transporté puis sa suite moderne, ainsi que ma carrière en général, sans songer une seule fois que fonder une famille risquait de réduire tous mes plans à néant.
J'avais atteint l'âge de mille kilomètres. De l'autre côté de la porte, les membres de la guilde des Topographes du Futur s'assemblaient pour la cérémonie qui ferait de moi un apprenti. Au-delà de l'impatience et de l'appréhension de l'instant, en quelques minutes allait se jouer ma vie.