Christos Chryssopoulos -
La tentation du vide (Shunyata) .
Christos Chryssopoulos vous présente son ouvrage "La tentation du vide" aux éditions
Actes Sud. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/chryssopoulos-christos-tentation-vide-shunyata-9782330060633.html Notes de Musique : Chris Zabriskie "Virtues Inherited, Vices Passed On" - Free Music Archive Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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Bien souvent la colère crée un lien entre deux êtres. La colère produit la colère et a besoin d’une colère en face pour être supportable. Parce qu’il se produit également ceci : la colère dont on souffre le plus n’est pas celle que l’on subit, mais la sienne propre que l’on dirige contre les autres sans pouvoir la maîtriser. Et quand on est dans l’incapacité d’en affronter la cause, la seule solution, alors, est de faire en sorte que l’autre en face y soit sujet à son tour, qu’il soit mis sur le même plan que soi, et que le tort en revienne à chacun tout autant.
Il est difficile de contrôler la colère. Tout le monde sait cela. C'est la raison pour laquelle la colère est la méthode de victimisation la plus radicale. Ce n'est peut-être pas un hasard si en grec les mots "colère" (thumos) et "victime" (thuma) sont si proches...Parce que la colère engendre la victime avant d'éclater.
Si la mort n'est plus, l'univers n'a plus ni sens ni lieu, il a perdu toute nécessité (éthique, métaphysique ou téléologique). Nous en tirons alors notre première conclusion. La mort devient l'alibi de Dieu, ou disons l'alibi de ceux qui ont inventé Dieu. Si la mort n'existe pas, il n'y a pas besoin de Dieu pour raconter la naissance de l'univers ou pour justifier sa raison d'être.
La mort était chose cachée, secrète, inexplicable.
C’est nous les fous, les songe-creux de la terre,
Le cœur enflammé, les yeux exorbités.
Nous sommes les penseurs soumis, les amoureux tragiques.
Mille soleils roulent dans nos veines
et de partout nous poursuit la vision de l’infini.
La forme est impuissante à nous dompter.
Nous sommes amoureux de l’essence de notre être
et à travers toutes nos amours c’est elle que nous adorons.
Nous sommes les grands fanatiques et les grands négateurs.
En nous est enclos l’univers tout entier et nous ne sommes
rien en dehors de lui.
Nos jours sont un incendie, nos nuits, un océan.
Autour de nous résonne le rire des hommes.
Nous sommes les Annonciateurs du chaos.
YORGOS MAKRIS
La beauté est savamment enfouie dans des détails imperceptibles.
Le soir du 31 de ce même mois, on m’annonce au téléphone qu’il est tombé du toit-terrasse de son immeuble. A une question que lui avait posée le concierge, il avait répondu : « Je descends tout de suite. »”
La première chose à laquelle j’ai pensé, ou plutôt, non, la première chose que j’ai imaginée nettement, réellement, ce sont les conséquences. C’est tout. Le retentissement de l’événement à la Une des journaux, dans les premières déclarations à la radio, en couverture des magazines. Les conséquences… L’acte suspendu au-dessus de la ville, qui se propulse en un raz-de-marée par-dessus les immeubles et les avenues. Accroché au plafond de la ville. Cloué aux nuages. L’acte devenu information. L’acte dont tout le monde parle. L’acte présent partout, tout le temps. L’acte devenu nôtre. Le plaisir de pouvoir se l’approprier en secret.
C’était la première étape. Aujourd’hui je puis le dire avec certitude. La première chose qui m’a fasciné était que tout le monde en parlerait, serait au courant, complètement abasourdi, mais que moi seul je pourrais en jouir. Moi seul je l’anticiperais, et chaque fois que quelqu’un en parlerait, chaque fois que moi je lirais le récit qui en serait fait, le moindre détail, tout contribuerait à le rendre plus délicieusement réel. Cet acte serait tout entier à moi, rien qu’à moi.
Dans notre ville, il est difficile de considérer qu’une chose vous appartient bel et bien. Vos succès se partagent entre vous et ceux qui se les approprient. Les échecs, personne ne les possède, car ils sont rarement acceptés. Du coup, il ne reste rien qui vous appartienne sans partage. Sauf peut-être une ultime illusion: un acte réalisé en toute conscience.
Notre colère, nous y faisons face seuls. Chacun pour soi. Elle s'accumule et nous rend fous. Nous avons même peur de notre ombre. Nous cherchons un moyen de canaliser le trop-plein de violence qui nous submerge à l'intérieur de nous-mêmes.
Il n'y a que l'illusion de l'action spontanée, seuls les actes ont un sens.