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Critiques de Christos Chryssopoulos (41)
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Monde clos

Christos Chryssopoulos est un auteur grec qui me laisse perplexe. À premier abord, il me semble que j'ai avec ses oeuvres une relation amour-haine. J'aime ou j'aime pas. Mais, après un certain temps, même ses romans qui m'avaient le moins plu, je finis par les trouver étrangement attirants. C'est que, ses histoires, même si elles me rejoignent plus ou moins, sa façon de les raconter réussit à me faire revenir à lui.



Et c'est le cas avec Monde clos. Dans ce recueil de nouvelles, Chryssopoulos s'attarde au destin de réfugiés. Pas ceux issus d'Afrique ou de lointaines contrées d'Asie, qui font les manchettes ces dernières années, non. Plutôt ceux qui ont fui les anciens territoires de l'empire ottoman dans la première moitié du XXe siècle. Et dans ce quartier d'Athènes qu'ils ont fait leur, ces déracinés et leurs descendances sont livrés au destin.



Parce que, c'est bien de cela qu'il s'agit, de Grecs, jeunes et moins jeunes, confrontés à un destin implacable. Une jeune fille prête à tout pour obtenir la main du jeune qui lui plaît, deux frères sculpteurs auquel la mort enlève tous les êtres chers, des adolescents et des jeunes hommes au mal de vivre, des vieillards assis sur des bancs d'une place quelconque et qui racontent des anecdotes d'une autre époque, etc. Chacun a son histoire, chacun a son drame. Tous orphelins à leur manière, tous appauvris. Plusieurs de ces personnages reviennent d'une nouvelle à l'autre ou bien se font écho. Ça permet de s'attacher davantage ou plus facilement à eux.



Comme je l'écrivais plus haut, c'est sombre mais pas trop non plus. Jamais ça ne m'a détourné, au contraire. Et, fort heureusement, le recueil ne dépasse pas les 200 pages. Conséquemment, le lecteur n'est pas prisonnier d'une litanie de malheurs. Aussi, il faut dire que certaines histoires (j'oserais écrire de personnages) font preuve de courage et d'abnégation, d'autres démontrent un penchant pour l'autodérision. Ça allège un peu.



Toutefois, au-delà des histoires, plutpôt ordinaires, surtout sombres, c'est la plume de l'auteur qui m'a séduit. En effet, très rapidement, Christos Chryssopoulos réussit à établir une atmosphère précise, précieuse, parfois étouffante (mais qui va de pair avec les thèmes exploités) mais toujours accrocheuse. Aussi, il y a ce style. Avec des phrases courtes, non-verbales, allant droit à l'essentiel, il donne un rythme captivant à son écriture.



Bref, je lirai certainement le prochain roman/recueil de Chryssopoulos.
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Terre de colère

Un petit livre que j'ai trouvé très fort, un coup de poing qui nous fait traverser la colère car nous sommes actuellement "des habitants de la Terre de colère" nous dit Christos Chryssopoulos.

L'auteur décortique la colère, la montre à l'oeuvre au fil de rencontres : des immigrés qui attendent devant un gare que l'on vienne les choisir pour du travail ; au sein d'une entreprise, un call center où se heurtent cadres supérieurs et employés, lors d'affrontements entre CRS et manifestants, quand un gamin met le feu chez lui et se retrouve face à un conseiller pédagogique, entre un homme et une femme, entre deux voyageurs, au téléphone.

Un petit livre dense, angoissant et fascinant qui nous fait prendre conscience de la dictature de la colère.

" ... bien souvent la colère crée un lien entre deux êtres. La colère produit la colère et a besoin d'une colère en face pour être supportable. Parce qu'il se produit également ceci : la colère dont on souffre le plus n'est pas celle que l'on subit, mais la sienne propre que l'on dirige contres les autres sans pouvoir la maîtriser. Et quand on est dans l'incapacité d'en affronter la cause, la seule solution, alors, est de faire en sorte que l'autre en face y soit sujet à son tour, et que le tort en revienne à chacun tout autant.

Sauf qu'ainsi, la fureur ne s'annule pas, comme deux forces contraires. La colère de l'un ne réduit pas à néant celle de l'autre. Ce qui se passe, c'est que le matériau est multiplié par deux. Il s'accumule et devient plus pesant." p 87 88

A chacun de savoir jusqu'où il peut supporter une société qui engendre ce poids et choisit l'affrontement....

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La tentation du vide : Shunyata

Le mois dernier, j’ai lu un roman de Christos Chryssopoulos et, sans l’avoir vraiment aimé, suffisamment d’éléments m’avaient intrigué, dont son style, pour me donner une autre chance à son auteur. Ainsi, j’avais hâte de lire autre chose de lui et je suis tombé sur La tentation du vide. Mon opinion de ce livre est tout aussi mitigée que celle du premier mais, étrangement, je suis encore prêt à suivre cet auteur dans son délire. Parce que le délire, il semble bien s’y connaître.



La tentation du vide m’a immédiatement captivé. Ça commence avec l’histoire de cette bourgade de Williamstown, sur la Côte Ouest américaine. Brève (moins de cent ans, ça passe vite) mais incisive, avec ses personnages colorés. Puis, il y a ces courts chapitres, de quelques paragraphes seulement, parfois quelques phrases, où l’auteur présente douze adolescents et adolescentes, dans leurs chambres à coucher. Il dresse leur portrait, résumant leur quotidien ou leurs habitudes, et réussit à leur donner vie sous nos yeux avant de nous informer qu’il sont morts. Les douze. Des morts abruptes et violentes, laissant supposer des suicides. Macabre, oui, mais étrangement fascinant. Qu’est-il arrivé à ces jeunes ? Qu’est-ce qui les a poussé à commettre l’irréparable ?



Puis, il y a cette biograpahie de Betty Carter. Pendant un court instant, j’ai cru qu’il s’agissait d’une histoire complètement différente. Quoi ? La tentation du vide est un recueil de nouvelles ? Je n’avais rien contre le principe mais alors quelle étrange fin inexpliquée pour tous ces adolescents. Mais non ! La jeune est la dernière des adolescents de Williamstown… Et son histoire est toute aussi macabre. Sœur aînée morte trop tôt, enfance à s’occuper d’animaux morts et d’esprits, brrr ! Mais j’étais encore preneur, ma curiosité était titillée.



Le roman continue avec une chronologie de la vie d’Antonio Pearl, mise en parallèle avec l’histoire des Etats-Unis. Curieux. Inhabituel. J'aime cette alternance dans le style. Surtout, qui est ce nouveau personnage ? Quelques entrées prouvent qu’il est passé par Williamstown quelques années avant le drame… Enfin la solution à ce mystère ? Mais non. Chaque fois qu’on pense se rapprocher de la vérité, de nouveaux indices nous plongent encore plus profondément dans l’incompréhension.



Et c’est tout aussi vrai de la dernière partie, plus longue, quoique le voile de dissipe peu à peu. En effet, quelque temps après le drame de Williamstown, la police entre chez Pearl. Elle trouve des photographies et une correspondance entre l’homme et Betty Carter. Un dialogue de fous sur la mort. Cette longue lettre, elle me rappelle le monologue du terroriste dans l’autre roman de Chryssopoulos, un vrai méandre labyrinthique. L’auteur semble avoir un faible pour les esprits dérangés et je ne suis pas certain partager cette inclinaison. N’empêche, il y est doué et les amateurs du genre apprécieront.
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La Destruction du Parthénon

Il faut en finir avec le passé et se tourner vers le futur. Et, dans un pays embourbé comme la Grèce, ça devrait commencer avec la destruction des trésors archéologiques et des monuments historiques. Il faut faire sauter l’Acropole ! Ces symboles dépassés, ces lourds héritages du passé qui ne représentent plus qu’un idéal (la politique athénienne, corrompue et inefficace, semble bien pâle en comparaison à la démocratie athénienne) sont tout juste bons à faire survivre le tourisme ! Cet appel lancé dans les années 40 ne fut pas écouté mais, aujourd’hui, C.K. est sensible à ces arguments… C’est le roman La destruction du Parthénon.



À travers des narrations multiples, on suit C.K. dans ses préparatifs, sans vraiment croire qu’il réussira la mission qu’il s’est donné. Puis, rapidement, Boum ! Tout était sans dessus dessous, le sol recouvert de débris et de poussière. Le Parthénon n’est plus. « Là où Il se dressait, il n’y avait plus que le ciel. Un ciel qui pour la première fois m’est apapru dans toute sa largeur. Implacable. » (p. 17) C’est comme une cicatrice dans le ciel. C’est la consternation chez les Athéniens. Chacun y va de sa réaction, allant de l’indignation à la colère, en passant par le refus de la réalité. « La colline qui surplombe la ville est orpheline. » Ces témoignages étaient intéressants.



Puis, la narration passe à C.K., le supposé responsable de cet attentat. Ce long monologue était un peu déconcertant, comme doivent l’être toutes les divagations de personnes troublées. Car, bien qu’il se croit investit d’une mission ayant germé dans la pensée révolutionnaire, il ressemble plutôt à un fanatique extrémiste.



Mais, alors que je croyais que le roman allait s’enfoncer dans les méandres d’un esprit malade, il se transforme en une sorte de récit policier. Ou presque. La police retrouve la trace de C.K. et quelques pièces à conviction dans ses affaires. C’est l’occasion pour faire un saut dans le passé, à l’époque où le poète polémique Yorgos V. Makris publiait des écrits aux idées révolutionnaires. Toutefois, avec tous ces noms, organisations et dates que je ne connaissais pas, je me sentais un peu perdu. Puis, lors de l’instruction, plusieurs individus en ont long à dire sur C.K., certains des choses positives et d’autres, négatives. Les dernières pages filent à une vitesse ahurissante, un procès expédié et un châtiment tout aussi expéditif.



Je ne sais pas trop quoi penser de La destruction du Parthénon. Je n’aime pas les romans sombres qui mettent en vedette un assassin ou un terroriste et, conséquemment, mon opinion s’en trouve ternie. Toutefois, il est question de plus que la destruction d’un joyau historique et le raisonnement derrière cet acte barbare était intéressant (même si je ne suis pas plus en accord avec). Ce qui est certain, c’est qu’une œuvre pareille suscite le débat. Aussi, j’ai été surpris par les tours et détours par lesquels Christos Chryssopoulos m’a amené. Tous ces points de vue exprimés, différents et vraisemblables, cette complexité et cette richesse dans un si court roman, ça m’a captivté. Cet auteur a décidément beaucoup de talent et je suis curieux de lire autre chose de lui.
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La Destruction du Parthénon

Dans cette très courte fiction "apocalyptique", Christos Chryssopoulos imagine un scénario catastrophe. Un jour, un désaxé s'est dirigé vers l'Acropole et en l'observant a eu une horrible idée qu'il a mise à exécution : faire sauter le Parthénon.



Le récit commence comme un film noir, il y a un interrogatoire, on ne sait pas ce qui s'est pas. Le témoin parle d'un mystérieux "Il" sans que le lecteur puisse l'identifier. Puis on remonte le temps et comprenons progressivement ce qui s'est passé.

Ce qui est troublant, en dehors de la construction du récit, c'est que le malfaiteur (ou terroriste) n'a pas agit pour blesser qui que ce soit, mais excéder par la colère qui l'habite lui et beaucoup de Grecs de voir la Grèce, pays autrefois si lumineux que la civilisation moderne doit beaucoup à son héritage antique, être peu à peu vendue à des étrangers. Ces lois de l'économie de marché et la gestion lamentable des dirigeants font-ils des Grecs des locataires de leur propre pays ? Condamnés à admirer les vestiges de leur grandeur passée ?



Bien sûr, notre culture occidentale nous apprend à être très attachés à notre passé et à nos vieilles pierres. Serait-il pensable que la Tour Eiffel ou le château de Versailles soient détruits ? Impensable ! Horrible vision !



Grâce à ce livre j'ai pu revoir des "images" vues lors de mon voyage en Grèce il y a près de 10 ans !

Ce n'est pas un grand roman, mais il met sur la table le problème qu'ont les Grecs à vivre en permanence de façon excessive dans un passé antique auquel ils s'identifient tant qu'ils en ont oublié de gérer le présent et se retrouve dans un marasme tel que le futur est si incertain et peu glorieux ...qu'ils retournent inlassablement vers leur passé !
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Fragments : Nouvelles et récits de Grèce

Dans ces Fragments. Nouvelles et récits de Grèce, les éditeurs Vera Michalski-Hoffman et Catherine Fragou, ont commandé des textes à 5 auteurs grecs et 4 français. Il s'agissait de rendre hommage à la Grèce  dans le cadre de l'année 2018 (Athènes est alors capitale mondiale du livre de l'Unesco).



De très beaux textes d'auteurs grecs contemporains dont une sur la Nuit d'Arcadie, où ce voyageur, abreuvé par les textes des auteurs grecs de l'Antiquité, part sur les routes du Peloponnêse et découvre la "campagne parsemée de constructions et de routes qui couturaient le.paysage, de barrières qui délimitaient les propriétés" (p. 12). Une autre nouvelle sur la vieille maison de son père dans un village "entre deux montagnes pelées  en un lieu oublié de Dieu" ( p. 39) menacée par les projets immobiliers du maire du village de construction d'une route qui devrait permettre de transformer toute la région en pôle touristique.



Rêve et réalité, références à la Grèce antique et à la Grèce contemporaine, se mêlent dans plusieurs de ces nouvelles et nous donnent, par petites touches, l'image d'une Grèce bien différente des clichés des cartes postales pour touristes estivaux.





Une étude de deux Francais sur la richesse des bibliothèques du mont Athos et la relation des moines aux livres. Des textes d'auteurs francais sur leur decouverte et leur relation à la Grèce et un ensemble de photographies de la Grèce prises, dans les années 1950, par Jacques Lacarrière, grand connaisseur de la Grèce et de la langue grecque, auteur de l' été grec et du Dictionnaire amoureux de la Grèce.



Mais quel dommage, aucune présentation de ces auteurs ne nous est faite pour nous guider dans la découverte de cette littérature grecque contemporaine, trop méconnue. Aucune mise en contexte non plus.

Pas plus d'ailleurs que ne sont présentés les auteurs français dont les textes sont publiés à la fin du volume. Qui sont-ils ? A quel titre ont-ils été  sollicités ?



Bref, l'impression d'une publication, trop rapidement conduite, destinée à un cercle d'initiés.

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La Destruction du Parthénon

Étrange petit livre. Provocateur évidemment, anarchiste apparemment, iconoclaste sans aucun doute.

C'est très choquant, non?, de vouloir détruire un chef-d'oeuvre de l'humanité. On pense au fanatisme, aux bouddhas de Bamian, ou à Palmyre.

Mais il n'est pas question de fanatisme ici. S'il y a une provocation, c'est à la réflexion. Et elle est subtilement amenée, malgré l'énormité du sujet.

La question posée est de savoir ce que cela nous ferait si un monument comme le Parthénon venait à disparaître. Nous en avons eu un avant-goût avec l'incendie de Notre-Dame de Paris.

Nous nous représentons ces chefs-d'oeuvre emblématiques comme intangibles, immuables, points de repère éternels. Mais c'est tout à fait faux. Le Parthénon est fragmentaire et rafistolé de toutes parts et la flèche de Notre-Dame datait du 19e siècle.

L'auteur interroge donc la valeur que nous accordons à ces monuments, ce que cela dit de notre rapport personnel à la beauté. Ne déléguons-nous pas la beauté à quelques monuments, pour mieux la détruire par ailleurs? Ils remplissent en plus magnifiquement le rôle d'attraction touristique pour faire tourner la machine économique. Le véritable humanisme ne consisterait-il pas désormais à nous débarrasser de ces emblèmes pour bâtir quelque chose de nouveau? Peut-être pas, mais nous débarrasser de certaines fonctions que nous leur assignons serait sans doute une bonne chose. C'est à élaborer une sorte de paradoxe de l'humanisme que se livre donc l'auteur de ce petit livre.

Et il s'appuie pour cela sur des faits historiques: la proclamation de Yorgos Makris le 18 novembre 1944, dans ce moment d'entre-deux de l'histoire grecque entre la fin de l'occupation nazie et le début de la guerre civile.

La première partie du livre, plus intemporelle, est ainsi rejointe par la réalité historique dans la deuxième partie.

Et le final met en scène ce dont est capable le pouvoir pour préserver les illusions sur lesquelles il se fonde.

Il y a peut-être quelques raisons d'être anarchiste...
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La Destruction du Parthénon

L'Acropole a disparu de la colline d'Athènes ! L'auteur de cet acte destructeur est un jeune homme que le voisinage juge sans histoire. Qu'est-ce qui l'a poussé à cette extrémité ? Des témoignages d'un gardien du monument, des voisins et une confession apocryphe du coupable tenteront d'éclaircir ce mystère.



Un texte assez court, mais dense, sur la place de l'art dans la société, la question de sa pérennité, et la critique du tourisme de masse. Le roman est séduisant, mais quelques passages demeurent insaisissables à la première lecture.
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La tentation du vide : Shunyata

La tentation du vide est un livre étrange et énigmatique aux résonances macabres. Le roman du grec Christos Chryssopoulos débute par une sombre litanie : celle des noms des 14 garçons et filles qui se sont suicidés la même nuit dans une petite ville américaine sans histoire. Les circonstances de cette tragédie sont livrées dans un style glacé de rapport de médecin légiste. Chryssopoulos enchaîne avec le portrait un peu plus détaillé de l'une de ces victimes, Betty Carter, fascinée depuis l'enfance par la mort. Dans sa dernière partie, le roman livre in extenso la lettre adressée par un personnage inquiétant, en lisière de ce fait divers, à Betty. Missive dans laquelle il apparait comme une sorte de penseur nihiliste dont on pressent qu'il a pu être à l'origine de ces suicides. Mais rien de certain, le lecteur peut bien se perdre en conjectures, ce n'est certes pas l'auteur qui lui donnera ne serait-ce qu'un commencement de réponse. Le roman est troublant, c'est le moins que l'on puisse dire, au point qu'il a pour première conséquence de rechercher si ce fait divers a effectivement eu lieu. Que nenni, ce n'est que pure fiction, mise en scène dans un faux thriller et une réflexion cahoteuse sur l'adolescence et ses pulsions morbides. Sa dernière partie, trop étirée par rapport au reste du livre et passablement nébuleuse, empêche de se passionner totalement pour un roman qui fait de nos existences un néant tôt ou tard remplacé par un autre, encore plus indéchiffrable. Comme l'a dit Woody Allen : Y a t-il une vie avant la mort ? Hum, oui, merci, M. Chryssopoulos, vous avez 150 pages pour vous exprimer sur le sujet.
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La Destruction du Parthénon

Je viens de découvrir un petit livre tout à fait passionnant. Petit, il l’est certes par son format de quelque 94 pages, notes incluses. Mais ô combien vaste est le champ de réflexion qu’il ouvre !



A quoi songeons-nous lorsqu’on évoque la Grèce ? En tout premier lieu, on pense Antiquité, dieux et héros, et bien sûr l’image du Parthénon vient très vite à notre esprit. Athènes n’est pas une ville que l’on connaît forcément très bien. On n’y fait bien souvent qu’une halte avant de s’envoler vers une autre destination - les Cyclades, le Péloponnèse ou les Météores. A cette occasion, on ne manque pas de gravir l’Acropole, dominée par le majestueux édifice. Mais Athènes saurait-elle se réduire à ce monument ?



D’après Chryssopoulos, le Parthénon tiendrait en tout cas une place bien trop importante dans la psyché grecque. Représentation d’une harmonie parfaite, manifestation insurpassable de perfection, cet édifice écraserait de son poids toute velléité d’innovation et de créativité. Pire encore, elle retiendrait les Grecs captifs d’un passé idéalisé qui les priverait de toute perspective d’avenir. Et nul ne semblerait pouvoir y échapper : refuser de lui rendre un culte équivaudrait à s’exclure de la communauté.



Dès lors, pour se libérer de cet envahissant symbole et pouvoir enfin aller de l’avant, une seule chose resterait à faire : le détruire. C’est ce qu’imagine Chryssopoulos, qui donne successivement la parole à l’un des gardiens du temple, puis à celui qui a commis l’inconcevable avant de reprendre les témoignages de quelques individus qui, dans les années 1940, exprimèrent réellement ce qu’ils considéraient comme la seule voie possible.

Ce texte rend compte de l’effroi et du désespoir que ce geste irréparable ne manquerait pas de provoquer au sein de la population, si celui-ci devenait réalité. Il est évident que l’émotion dépasserait les frontières de ce pays, tant l’Europe est imprégnée de la culture grecque. Détruire les traces tangibles de l’histoire de l’humanité est traumatisant pour chaque individu - la destruction du site de Palmyre, en Syrie, nous l’a malheureusement récemment démontré. On ne fait pas impunément fi de sa mémoire.

Mais ce qu’interroge brillamment Chryssopoulos, c’est notre capacité à nous émanciper de ce qui est constitutif de notre identité, notre capacité à nous projeter hors des limites de ce qui nous est familier.

Le Parthénon a pour lui la force et la permanence de la pierre. En outre, de par sa position en surplomb de la ville, il impose sa domination de manière extrêmement manifeste. Mais il en va de même de tout ce qui constitue notre culture : textes, images, croyances... Nous en avons intensément besoin, mais nous devons également savoir être critique à son égard, ne pas la sacraliser et continuer à inventer sans rester tourné vers le passé. Le chemin que doit accomplir chaque génération, en somme !


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La tentation du vide : Shunyata

Déception totale, attirée par la couverture, la 4ème aussi , je m'attendais à un roman certes atypique mais pas au point de passer complètement à côté. Le début s'annonçait plutôt intéressant puis s'en suit des biographies sans grand intérêt à mon humble avis. Pour finir une tirade sur la mort, dieu etc bref quelque chose qui m'a irritée, je croyais lire un roman me voilà avec un semblant de "philo" attention j'ai mis les guillemets comprendront ceux qui liront le livre. Car pour moi ce n'est que du blabla qui m'a terriblement déçu, et doublement car j'aime les éditions Actes Sud je suis rarement déçue mais là c'est une exception j'espère à la règle d'avoir une fois de plus succombé à la tentation. La mort de 14 adolescents le même jour teintée de mystère, s'est dissipée dans les limbes de la tirade de Pearl pour Betty. Au final je n.ai rien capté du moins je n'ai même pas essayé de comprendre. Sans intérêt pour ma part. Mais cela n'est que mon ressenti.
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La Destruction du Parthénon

Une bombe a détruit le Parthénon. Les Athéniens sont médusés en regardant la colline vide et la fumée qui s'en élève. Plusieurs voix racontent, y compris l'auteur des faits.



J'ai été attirée par le titre du roman et la nationalité de l'auteur, histoire d'entendre parler et de découvrir la Grèce autrement que par les informations ! Et je n'ai pas été déçue. J'ai beaucoup aimé la construction du récit, plusieurs points de vue nous font découvrir ce qui s'est passé. Y compris des documents historiques. Car ce récit s'appuie sur un fait réel : en 1944 Yorgos Makris, écrivain surréaliste et président de la SSEA : Société des Saboteurs Esthétiques d'Antiquités, a écrit un manifeste prônant la destruction de l'Acropole.



Ce roman est court, mais il est dense ! L'auteur aborde le thème du rapport à l'art, à l'histoire, au mythe... Roman très philosophique qui mérite d'ailleurs une seconde lecture pour en percevoir toute sa richesse. Sa parution en Grèce a d'ailleurs suscité bien des débats.


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La tentation du vide : Shunyata

Un livre vraiment spécial à avis. Tout commence avec l'énoncé de 14 morts adolescents dans une petite ville tranquille.Des méthodes différentes pour des personnalités tout aussi différente. Puis s'ensuit la biographie de Betty, sombre personnage qui à la suite de la mort tragique de sa soeur s'est repliée dans un monde mortuaire. Jusque là on comprend l'intérêt de cette biographie qui pourrait avoir du sens pour la suite. Puis on bascule sur la biographie et lettre d'un troisième personnage qui s'immerge dans un troublant monologue qui n'aboutit à rien et surtout ne fait pas avancer l'histoire qui d'ailleurs en restera là, en suspens. Un début qui aurait pu être intéressant mais une grande déception et une lecture soporifique...

On reste sur sa fin et en même temps on est content que cela s'arrête tellement c'est décousu.
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La Destruction du Parthénon

Un récit très intéressant qui nous interroge à notre rapport aux monuments et à ce qu'ils symbolisent.

Le lien entre la ville et son monument emblématique est abordée et questionnée. Que serait Paris sans la Tour Eiffel ? Athènes sans le Parthénon ?



Un récit très intéressant.
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Le Manucure

Il n'est ni médecin ni chimiste, cet homme qui arpente la ville en blouse blanche, une mallette en cuir à la main ; il est manucure. Ses clients sont très satisfaits de ses services, il est indéniablement le meilleur. Car de sa passion il a fait un métier, de son obsession un art de vivre. Philippos Dostal évolue dans un univers d'effleurements et d'émotions tactiles. Il a appris le braille pour lire du bout des doigts, il collectionne et répertorie minutieusement matières et frôlements, il fréquente une femme dont il admire les mains de marbre. Retranché dans une solitude morbide, il évite tout contact avec le monde extérieur. Jusqu'à ce que l'amour se présente sous la forme d'une fascinante paire de mains virevoltantes appartenant à un jeune homme sourd-muet... C'est dans une langue froide et précise comme un scalpel que Christos Chryssopoulos sonde les abîmes d'un esprit fétichiste et tourmenté, en quête de beauté pure.

J'avais entendu parler de ce texte à la radio et il m'avait semblé suffisament bizarre pour me donner envie de le lire. La personnalité du héros m'a beaucoup plu et le début de sa rencontre avec son ami aveugle mais j'ai trouvé la fin un peu trop glauque à mon goût.
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La Destruction du Parthénon

Lu juste après le Palmyre de Veyne , La destruction du Parthénon, m'évoquait les destructions du Patrimoine mondial comme celles des antiquités du musée de Mossoul ou des Bouddhas de Bâmiyan... il est parfois assez étrange qu'on pleure plus les destructions d'antiquités que les hommes, femmes et enfants sous les bombes. J'étais partie sur une mauvaise piste.



Éliminée la piste terroriste, j'imagine un fou, mégalomane, en mal d'une célébrité monstrueuse.



"La première chose à laquelle j'ai pensé, ou plutôt non, la première chose que j'ai imaginée nettement, réellement ce sont les conséquences; Le retentissement de l’événement à la Une des journaux [.....]l'acte suspendu au dessus de la ville qui se propulse en un raz-de-marée par dessus les immeubles et les avenues. [...]l'acte devenu information L'acte dont tout le monde parle. L'acte devenu nôtre. Le plaisir de pouvoir se l'approprier en secret. "



L'examen de la personnalité de l'artificier qui a miné systématiquement colonnes et structures de soutien, ne colle pas avec ce monstre en mal de publicité. C'est un jeune homme effacé, poète, un esthète qui va à la recherche de la beauté. Puisque le Parthénon en est le symbole le plus universel



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"Certains l'aiment parce qu'il est simple, léger, pur, sans fioriture. mais où sont-elles la simplicité,la légèreté, la pureté, l'élégance dans leurs vies? "



"la beauté, c'est une affectation et une hypocrisie" répond-il.



Ce livre est à la fois une déclaration d'amour au monument et une recherche esthétique. Interrogation aussi de l'identité de la ville noyée dans la lumière orange de l'éclairage urbain, le corps de la ville.



Le court roman, paru en Grec en 2010 ne se réfère pas tant à l'actualité immédiate qu'à un étrange appel à la destruction de l'Acropole datant de 1944 d'un cercle surréaliste Les Annonciateurs du chaos et de la Proclamation de Yorgos Makris poète, passablement fou, qui s'est jeté de sa terrasse en 1968.



"... cercle d'amis devant qui il proclamait (non dans un esprit nihiliste mais au contraire, dans l'esprit d'un renouvellement des orientations philosophiques de l'entre-deux-guerres et relayant l'écho tardif du dadaïsme en Grèce) : "Faisons sauter le Parthénon! Son influence sur la philosophie est néfaste".



Roman comme un essai philosophique?



Ce roman est étrange, hétéroclite, composé de monologues de témoins divers, du coupable, d'un soldat, de proclamations, d'une liste tronquée.



"Le contenu de cette Proclamation utopique est non seulement tout à fait justifié, mais aussi prophétique, quand on pense au développement phénoménal de l'industrie touristiques et à ce qui est en train de devenir la misère idéologique ne matière de voyage et de tourisme."



La piste socio-économique, la place de la Grèce dans l'Europe, autre facette des réflexions que ce kaléidoscope peut suggérer
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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La Destruction du Parthénon

Redoutable petit livre ! Seulement 80 pages, mais il constitue une mine de réflexions. L’auteur imagine, comme le titre l’indique, la destruction du vénérable Parthénon. Il analyse, suite à cet événement imaginaire, l’impact de ce désastre : une manière de sonder l’état de la société grecque.



Le texte a été publié en 2010 en Grèce, soit un an après le début de la crise qui a frappé le pays. Mais Chryssopoulos ne lie pas directement l’une à l’autre. Et il faut souligner que son texte multiplie les points de vues : il évoque tout autant une société qui s’accroche à sa splendeur passée par des symboles que le désarroi d’un peuple qui peine à se projeter dans l’avenir.

Très difficile de revenir sur toutes les idées que brasse ce livre : et encore une fois, en seulement 80 pages ! Il y est aussi question de l’absurdité de l’existence, et par là le texte atteint à l’universel ; du rapport des individus les uns aux autres dans le cadre donné d’une ville… L’auteur teinte aussi ce récit d’une touche de surréalisme, en écho aux fantasmes (réels) de destruction de l’éminent monument par les surréalistes grecs.

Un brillant petit texte, jamais ennuyeux, très vivant et qui en plus fait intelligemment cogiter ! J’ai adoré !!!

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Athènes - Disjonction

Dans ce petit livre, le lecteur trouvera une trentaine de photographies d'Athènes accompagnées de courts textes inspirés par les images.

Et c'est un choc. Car ici la flânerie dans une ville, lieu commun en littérature (Georges Perec, Julien Gracq, Walter Benjamin) , devient une interrogation profondément dérangeante et stimulante sur le tissu urbain et la manière d'y vivre, sur fond tragique de crise économique.

On ne verra ici nulle image esthétisante du Parthénon, mais des brins d'herbes poussant entre les dalles de la Bibliothèque nationale, un fauteuil en plastique abandonné dans une rue, un cône orange signalant un improbable carrefour.

La déambulation hasardeuse de l'auteur saisit des objets dans leur surgissement et nous dit que ces objets existent et n'existeront plus. Ils sont en voie de disparition, comme celui qui écrit et photographie qui disparaitra, dit-il, dans «le trou noir de la dernière photographie. »

Les perspectives se mêlent, les strates se superposent, l'avant, l'après, le devant, le derrière. On peut jouer avec la ville. Elle n'a pas de rationalité. Elle est « indisciplinée ». Elle est « folle », « violente », « tordue », provoque une « frénésie assez pénible », mais aussi « intrigue », car l'inattendu distille « un charme étrange. »

Oui, Athènes est une ville musée, mais pas comme on l'entend généralement.

« La ville se métamorphose en un musée à ciel ouvert, rempli de fragments », soit de tôles froissées, de poubelles fixées à un lampadaire coupé en deux, de chicanes en plastique, ainsi que de quelques et rares situations humaines, comme cet homme soliloquant sur une barrière, ou cette femme au soleil.





La démarche de Christos Chryssopoulos est extrêmement intéressante, car elle témoigne d'un tiraillement entre garder (quitte à « mettre sous le tapis ») et perdre. Sa portée philosophique dépasse largement l'anecdotique.

L'origine de ce livre est un projet nommé « Disjunction » qui a fait l'objet d'expositions à Marseille, Paris et Athènes. Les textes ont été traduits du grec par Anne-Laure Brisac et publiés dans sa maison d'édition Signes et Balises. Merci à Masse critique.







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Une lampe entre les dents : Chronique athénie..

Chryssopoulos, une lampe entre les dents. Acte Sud.

Deux indices pour caractériser ce livre :

1) une citation de Walter Benjamin qui caractérise l’attitude du flaneur, révélateur et conscience de la ville.

2) le sous titre « Chronique athénienne » ou le visage d’Athènes par le spectacle de ses rues et de ceux qui la peuplent.



Le texte est donc personnel, il rapporte des « choses vues », des expériences vécues, des confidences recueillies, des sensations/sentiments ressentis. Il s’élève au-dessus du « banal » pour analyser l’attitude du regardeur, et l’identité d’une ville, dans son passé comme dans son présent.

Des photos parsèment le récit, et lui donnent le caractère authentique et tragique d’un carnet de voyage au quotidien.
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Une lampe entre les dents : Chronique athénie..

L'auteur nous propose ici une retranscription de ses déambulations dans sa ville d'Athènes, ravagée par la crise.

L'auteur nous livre ses réflexions, ses rencontres avec des SDF. On y croise par exemple un ancien plombier qui a tout perdu, qui raconte la difficulté de s'en sortir une fois qu'on est à la rue; un monsieur qui utilise du papier journal comme chaussettes. La misère humaine est là, devant lui, tous les jours. Le livre m'a mis les larmes aux yeux, plus d'une fois. C'est terrible et c'est poignant.

J'ai moins aimé les parties plus "philosophiques" sur la ville en tant que telle, comment déambuler dans la ville, comment habiter dans une ville.



Mais ce court récit ou chronique montre les ravages de la crise à Athènes.
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