Citations de Cindy Van Wilder Zanetti (172)
Et si, au fond, il était possible d'être différent ? De l'être sans honte, sans colère contre soi-même, sans volonté de vouloir se détruire parce qu'on a l'impression de ne pas correspondre à ce qu'on doit être ?
Colère. Colère envers moi, envers lui, envers ceux qui l'ont aidé. Dégoût.
Et, sous ces couches successives, tel un océan ne dévoilant pas ses dangers, un chagrin dévorant. Une flamme sombre, un feu de brousse qui continue de brûler, d'anéantir tout sur son passage, terre noircie, devenue stérile, qui n'a plus rien à donner.
Le meilleur mensonge contient toujours un grain de vérité [...].
Elle vit la victime et le criminel. Arnaut et le Chasseur. Ils avaient basculé dans l’ombre sans fin du Tombeau. Le jeune homme était mourant, le fé voulait le sauver. L’artefact avait trouvé la solution idéale selon lui : les mêler en un seul corps, une seule âme. Une âme aussi fracturé qu’un miroir is en pièces, dont les morceaux ne s’accorderaient plus jamais les uns avec les autres. Des émotions humaines se heurtaient aux sentiments du fé. Une prison éternelle pour la victime, la certitude pour le prédateur que son amour ne le quitterait plus jamais L’artefact avait joué sur cette obsession. Tel un Créateur impie, un savant fou, il avait modelé la chair et l’esprit de ses captifs.
Et au-delà de cet être, elle sentait une bête fauve, un gigantesque félin qui désirait par-dessus tout s’évader…
La Messagère brisa le contact et se heurta à la paroi de la caverne, haletante. Quand elle ouvrit les yeux, le jeune homme la fixait toujours.
- Aidez-moi.
Le Tombeau n’avait pas menti non plus sur un autre point : son prisonnier partageait bel et bien le même sang que Glenn L’Astucieux, le meurtrier de sa filleule. Elle avait senti le lion dans son âme, la malédiction qui courait dans ses veines. L’ironie de la situation n’échappait pas à la Messagère Elle en savait assez sur ceux qui se faisaient appeler les Outrepasseurs pour en reconnaître un quand elle le voyait. Et dire que ce dernier était également celui qui pouvait les libérer de la malédiction originelle…
Des fés... Ils se révélaient bien différents de la fée Clochette dans le dessin animé de Disney ou des mignonnes illustrations qui ornaient les livres de contes !
Je te demande juste de me respecter.
Je hoche la tête par réflexe. Je ne me suis jamais posé la question de savoir si, au fond, j'étais homme ou femme. Mon corps m'apportait la réponse.
Mais s'il n'en était pas de même pour tout le monde ?
Puisqu'il ne pouvait quitter ce lieu, autant que ce supplice se conclue au plus vite. Il nagea donc jusqu'au centre de la piscine, sous les exclamations choquées des autres. Il s'en fichait. Comme si elle avait entendu sa prière, la créature lui encercla la taille en une étreinte presque tendre. Avant d'être submergé, Peter emporta avec lui une dernière image : Monseigneur lui souriait.
Non c'était impossible ! Il nageait en plein délire !
Il retint un fou rire hystérique à cette pensée. Il y était même plongé jusqu'au cou.
Peter écarquilla les yeux. Devait-il comprendre que les mystérieux ennemis qui lui avaient envoyé les molosses et les fés, lesquels tourmentaient leurs ancêtres, ne formaient qu'une seule et même personne? Des fés... Ils se révélaient bien différents de la fée Clochette dans le dessin animé de Disney où des mignonnes illustrations qui ornaient les livres de contes. Gosse, il avait préféré de loin les pistolets et les figurines de super-héros. S'imaginer que sous ce nom se cachait des êtres aussi dangereux que le chasseur et qu'ils lui en voulaient pour une quelconque raison... Non c'était impossible. Il nageait en plein délire!
-Jure-moi fidélité et je te protégerai. Nous le ferons tous.
- Nous ?
- Les Outrepasseurs. Tous ceux qui portent la Marque. Regarde ces jeunes gens. Voilà ta seule famille, à présent. Vous combattrez ensemble. (Il baissa le ton de sa voix.) Nos adversaires ne s’arrêteront jamais. Les fés nous pourchassent depuis huit siècles. Une éternité pour nous. Un instant pour eux.
Je le connais, cet acharnement collectif. Il suffit qu'un seul mette le feu aux poudres et c'est l'escalade assurée.
Car la Brume attaque, corrompt, grignote tout sur son passage. Qui sait ce qui se passerait si nous commencions à en libérer encore davantage dans l’atmosphère?
Ma première pensée quand je me réveille ‒ C'est le jour J !
Le jour où les Trois Grâces vont annoncer que je fais définitivement partie de l'équipe. Mon cœur palpite d'excitation et de stress mêlés, je ne tiens plus en place. Comment vont réagir mes abonné-e-s ? Sans compter ceux et celles des Trois Grâces ! Je frétille aussi d'impatience ‒ il faut dire que toute cette semaine, j'ai joué avec leurs nerfs, distillant des indices sur le « super événement » que je leur promets. Bon, pour le moment, on parie plus sur un nouveau partenaire ‒ ou encore le fait que je me lance dans l'écriture d'un bouquin ! ‒ que sur ma future participation à une chaîne YouTube.
Peut-être parce que personne ne m'imagine vraiment passer devant l'objectif d'une caméra ? Je balaie mon inconfort naissant à cette idée, je refuse de laisser mon manque de confiance en moi gâcher ma joie.
Non, aujourd'hui, c'est ma journée ! Point à la ligne.
Peter ! Eveille-toi !
Pourquoi ?
Tu es en train de te noyer, imbécile !
" Il n'est pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre".
L'esprit des hommes est ainsi fait que même à genoux, même défait, il ne renonce jamais à ses rêve de liberté.
Je ne te prête pas ma force depuis le début de cette aventure pour que tu me laisses tomber maintenant ?
Toute magie engendre la Brume. C’est une loi immuable de Mitar. Dans les premiers temps personne ne se souciait vraiment de ce déchet évanescent, rejeté aussitôt dans l’air une fois l’opération magique terminée. Mais, après des années de ce régime, certains prêtres constatèrent des altérations dans la trame de l’univers. Ils décidèrent alors que la Brume devait être contenue et créèrent les premiers réservoirs.
Soudain, quelque chose semble émerger de cet agglomérat.
Je m’approche avec prudence, plissant les yeux.
Une main se tend soudain vers moi.
Je pousse un cri – qui demeure mort-né dans ma gorge.
Qu’est-ce que… ?
Et soudain, je les vois.
Des mains.
Des doigts.
Des visages d’hommes, de femmes, d’enfants.
Bouches ouvertes, dents aiguisées, langues avides.
Et cette faim qui brille dans leurs regards.
L’espace d’un instant, je suis certaine que ces êtres, quels qu’ils soient, vont se précipiter sur moi pour me dévorer. Mais non – ils semblent tous être prisonniers de cette masse destructrice.
Je recule avec précipitation.
Je sais déjà que cette vision va hanter mes nuits. Qui sont ces créatures ? Si ce ne sont pas des fantômes, il ne peut rester qu’une possibilité – des vivants capturés, emprisonnés dans cette Brume. Transformés en monstres.
Je ne peux détacher mon regard d’eux, de leurs mâchoires claquant dans le vide, de la faim qui crispe leurs faces.