Clarissa Pinkola Estés

La rage est corrosive : elle attaque notre confiance et nous croyons qu'il ne peut rien se passer de bien dans la vie. Quelque chose est arrivé à l'espoir. Et, derrière la perte de l'espoir, on trouve habituellement la rage, derrière la rage, la douleur, derrière la douleur une forme quelconque de torture, parfois récente, parfois ancienne.

Certaines personnes ont beau affirmer que leur rage chronique leur permet de créer, le problème est que la fureur limite l'accès à l'inconscient collectif - cet infini réservoir d'images et de pensées ) de sorte que si l'on tire sa créativité de la rage, on a tendance à créer toujours la même chose sans que rien de nouveau n'émerge. une fureur qui n'est pas transformée peut devenir un mantra permanent qui répète combien nous sommes des êtres opprimés, blessés, torturés.

Il existe une autre voie. Toute émotion, la fureur y compris, véhicule une connaissance, une perspicacité et ce que certains appellent l'illumination. Notre rage peut, un certain temps, devenir un professeur..., un élément dont il ne faut pas se débarrasser trop vite, mais qui va servir à escalader la montagne, que l'on va personnifier, par le biais de différentes images, afin d'en recevoir des leçons, de la gérer à l'intérieur, puis de la transformer en quelque chose d'utile pour le monde ou de la rendre à la poussière.

[Shonotoku Taishi] enseignait aussi et surtout la tolérance envers chaque être humain, chaque animal, et chaque émotion. Admettre que toute émotion a son prix est sans aucun doute un façon de se respecter soi-même.On peur considérer que les émotions, mêmes brutes, même désordonnes, sont une forme de lumière, bourrée d'énergie. il est possible d'utiliser la lumière de la fureur de manière positive, pour voir dans des endroits qui nous échappent habituellement. Nous l'utilisons négativement quand nous la concentrons de manière destructrice sur un point minuscule jusqu'à ce que, ici l'acide créant un ulcère, elle vienne brûler les délicates couches de la psyché et y forer un trou noir.

[Le Conte L'Ours au Croissant de Lune] appartient à un groupe d'histoires où, au début, le protagoniste fait appel à une créature blesse, solitaire d'une manière ou d'une autre. En l'étudiant comme si toutes ses composantes appartenaient à la psyché d'une seule femme, nous voynos qu'il y a dans la psyché un secteur torturé, en proie à une grande fureur, représenté par le mari de retour de la guerre. L'esprit aimant de la psyché, l'épouse se donne la mal d'aller chercher un remède à cette colère et à cette rage afin qu'elle et son amour puissent vivre à nouveau en paix. 'est là un effort que chacune d'entre nous a intérêt à faire, car il traite la rage et nous permet souvent de découvrir le chemin qui mène au pardon.

En ce sens, on peut faire de la sexualité un remède pour l'esprit et elle est en conséquence sacrée. Quand le rire sexuel est un remedio, un remède, c'est un rire sacré. Et tout ce qui provoque un rire qui soigne est de même sacré. Quand le rire aide sans faire de mal, quand il éclaire, réaligne, remet en ordre, r"affirme force et pouvoir, ce rire-là est générateur de santé. Quand le rire rend les gens heureux de vivre, heureux,  d'être là où ils sont, plus conscients de l'amour, quand il fait disparaître leur tristesse et les coupe de la colère, il est sacré. Ce qui nous rend plus forts, meilleurs, plus généreux, plus sensibles est sacré.

Le rire est un aspect secret de la sexualité féminine, un aspect physique primitif passionné, vitalisant et donc excitant. c'est le genre de sexualité dépourvue de but, au contraire de l'excitation génitale. C'est une sexualité joyeuse, une sexualité du moment, un véritable amour sensuel qui se libère, vit, meurt et revit de par sa propre énergie. Il est sacré parce qu'il a valeur de guérison. Il est sensuel parce qu'il réveille le corps et les émotions, parce qu'il excite et fait naître des ondes de plaisir. Il n'est pas unidimensionnel, car le rire se partage. C'est la sexualité la plus sauvage de la femme.Le rire est un aspect secret de la sexualité féminine, un aspect physique primitif passionné, vitalisant et donc excitant. c'est le genre de sexualité dépourvue de but, au contraire de l'excitation génitale. C'est une sexualité joyeuse, une sexualité du moment, un véritable amour sensuel qui se libère, vit, meurt et revit de par sa propre énergie. Il est sacré parce qu'il a valeur de guérison. Il est sensuel parce qu'il réveille le corps et les émotions, parce qu'il excite et fait naître des ondes de plaisir. Il n'est pas unidimensionnel, car le rire se partage. C'est la sexualité la plus sauvage de la femme.

Le sacré et la vie sensuelle/sexuelle sont très proches l'in de l'autre à l'intérieur de la psyché. Tous deux viennent en effet à notre connaissance, à travers un sens de l'émerveillement, non par le biais de l'intellectualisation, mais par l'expérience du corps, expérience momentanée ou éternelle de quelque chose - baiser, vision, rire profond, qu'importe - qui nous change, nous fait sortir de nous-mêmes, nous porte au pinacle, adoucit notre caractère, nous fait éclater de vie.

Il y a quelque chose de différent dans le rire d'origine sexuelle. Le rire "sexuel" semble atteindre les profondeurs de la psyché, libérant un grand nombre d'éléments, jouant sur nos os et communiquant une exquise sensation à tout le corps. C'est une forme de plaisir sauvage qui appartient au répertoire psychique de chaque femme.

... la petite déesse Baubo nous transmet l'idée intéressante qu'un peu d'obscénité peut aider à faire céder la dépression. Il est vrai que certaines formes de rire, nées e ces histoires, usées, ressasses, que les femmes se racontent, stimulent la libido. Ces histoires-là nous redonnent goût à l'existence.Mettons donc dans notre trésor de petites histoires "cochonnes" à la Baubo. Ce sont des remèdes puissants. Ces histoires peuvent non seulement aider à chasser la dépression mais encore supprimer la colère, l'humeur noire et rendre la femme plus heureuse. Essayez, vous verrez.

L'énergie masculine est quelque chose de formidable, mais c'est un peu comme si on abusait des chocolats. on a envie, après, d'un bol de riz et d'eau fraîche pour se laver l'estomac. Il faut le faire de temps à autres.

Il est parfois difficile d'éloigner les hommes afin de rester entre soi. Je sais seulement que dans l'Antiquité, les femmes encourageaient les hommes à "aller à la pêche". Cette ruse ancestrale leur a permis depuis toujours de satisfaire leur besoin de vivre de temps en temps dans une atmosphère uniquement féminine seules ou en compagne d'autres femmes, ce qui est un cycle féminin naturel.

J'ai toujours pensé que la papotage autour d'une tasse de café était le vestige d'un très ancien rituel féminin, un rituel dans lequel les femmes se réunissent, parlent avec leurs tripes, ne se cachent pas la vérité, s'amusent comme des folles et se sentent revivre. Et quand elles retournent chez elles, tout va mieux.

En riant, la femme peut vraiment respirer et, ce faisant, commencer à ressentir des émotions non autorisées. En fait, il s'agit moins de sensations que du soulagement d'émotions et, dans certains cas, de remèdes pour des émotions, comme la libération de pleurs refoulés ou le rappel de souvenirs oubliés, ou encore la rupture des chaînes qui tiennent prisonnière de la personnalité sensuelle.

Pour rire, il faut pouvoir alterner rapidement les expirations et les inspirations. Nous savons, par le biais de la kinésiologie et différentes thérapies corporelles comme l'Hakomi, qu'inspirer nous fait ressentir nos émotions, et que lorsqu'on souhaite ne rien ressentir, on retient sa respiration.

Malgré cette entreprise de dénigrement, des fragments d'histoire ont survécu aux diverses purges dans la culture mondiale. Ils nous montrent que l'obscénité n'a rien de vulgaire, mais qu'elle ressemble plus à une créature naturelle fantastique dont vous aimeriez qu'elle vienne vous rendre visite et devienne l'une de vos meilleurs amies.

Il existe un aspect de la sexualité féminine qu'on appelait dans l'Antiquité l'obscénité sacrée. Il ne faut pas comprendre le terme "obscénité" au sens i nous l'entendons actuellement ; il s'agit d'une sagesse de la sexualité pleine d'esprit, en quelque sorte. A une époque, il existait des cultes de Déesses voués en partie à une sexualité féminine irrévérencieuse. Les rites n'avaient rien de désobligeant, mais touchaient à des aspects de l'inconscient qui restent mystérieux aujourd'hui encore et sont loin d'avoir tous été répertoriés.

Il existe certes maintes théories sur les "blocages" de la créativité, mais la vérité est que les plus légers vont et viennent telles les saisons - l'exception des blocages psychologiques [...] comme la peur d'être rejetée, la crainte de dire ce que l'on sait, le doute sur ses propres capacités, la pollution du flot fondamental, le choix de rester dans la médiocrité ou d'être une pâle imitation de quelqu'un, entre autres.

Se déconcentrer, c'est perdre de l'énergie. Dans ce cs, il ne faut absolument pas s e précipiter pour tenter de la rassembler. Se précipiter est la dernière chose à faire. Le conte nous montre la voie  il faut s'asseoir et bercer. La patience, la paix, le balancement sont ce qui renouvelle les ides. Tenir les idées dans ses bras, les bercer patiemment représente pour certaines femmes un véritable luxe. La Femme Sauvage nous enseigne que c'est une nécessité.

La nuit, c'est quand nous sommes au plus près de nous-mêmes, au plus près des idées et des sentiments essentiels que nous n'enregistrons pas avec la même acuité durant la journée.