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Citations de Claude Farrère (246)


Je suis romancier, bon ou mauvais.
Mais je suis d'abord écrivain, et passionnément amoureux de la langue qui est la mienne, et qui fut celle de Voltaire, de la Bruyère, de Bossuet et de Descartes, sans parler de Racine, de la Fontaine et de Corneille le plus grand.
Les égaler, il n'en est pas question.
Mais les prendre pour modèle, c'est le devoir de tout homme qui écrit...
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Je vous dis là des folies; n'en riez pas. J'ai bien le droit de déraisonner un peu loin de vous. Petite fiancée, saurez-vous jamais combien je vous aime? Songez que je n'ai jamais aimé personne avant de vous rencontrer ; songez que je n'ai point eu de sœur, ni d'ami ; songez que ma mère ne m'a pas caressé, que mon père ne se souciait de moi que pour me trouver des collèges toujours lointain.
C'est un cœur tout neuf que je vous apporte, un cœur qui n'a jamais servi ; et quoique vous soyez une petite sainte et moi un mécréant, c'est moi qui de nous deux suis le plus naïf et le moins blasé : car ces mots mêmes que je vous écris, et qui ne savent pas être assez tendres , hier encore je les ignorais.
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Il est à coup sûr déplorable, quand on a son chemin tracé dans la vie, d’en être détourné. L’homme compte parmi les animaux les plus routiniers, et il appelle rarement bonheur ce qui bouleverse ses habitudes ou ses projets, même agréablement.
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A Constantinople, sur la côte d'Europe, chez sir Archibald Falkland, dans son jardin qui longe le Bosphore. Il est tard dans la nuit, environ une heure à la franque. A gauche, un petit pavillon d'aspect délabré. Il n'a qu'un étage. L'une des façades regarde le fleuve. Au fond du décor, au loin, on aperçoit des lumières, celles des maisons de l'autre rive. Pour sortir du jardin, du côté du Bosphore, il y a une grille et derrière elle, un débarcadère. Adroite, assez éloignée, la maison principale d'habitation. En vérité, elle est située au milieu du jardin, dont le décor représente l'un des coins. Cette maison, précédée d'un perron, est très éclairée. Dans les salons, une réception se termine.
Au lever du rideau, deux hommes jeunes viennent de la maison dans le jardin....
(lever de rideau de "l'homme qui assassina" pièce parue dans "la petite illustration" en mars 1913)
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- Ne pas souffrir, - ne pas sentir ! Cela ne me suffit plus. J'ai soif d'autre chose. Je ne me résigne plus à vivre pour manger, boire et me coucher. Et je n'en veux plus de cette vérité, qui n'a rien de meilleur à m'offrir : j'aime mieux le mensonge, j'aime mieux ses duperies, ses trahisons et ses larmes !
- Tu es fou !
- Non, j'y vois clair. La vérité, qu'ai-je à en faire ? Rien, trois fois rien ! Ce qu'il me faut, c'est le bonheur. Et bien, j'ai vu des gens vivre selon le mensonge, parmi tout le fatras des religions, des morales, de l'honneur et de la vertu : ces gens-là étaient heureux...
- Heureux comme des forçats à la double boucle.
- Et quand même ? S'il fait meilleur dans le cachot qu'à la belle étoile ?
- Essaie, et tu verras.
- Je ne peux pas essayer ! On sort de ce cachot-là, on n'y rentre pas. J'ai vu la vérité, je ne peux pas revenir au mensonge. Mais je regrette le mensonge, et je hais la vérité.
- Fou !
- La vérité, qu'a-t-elle fait de nous, qui l'avons aimée comme les chrétiens n'aiment pas leur Christ ? Qu'a-t-elle fait de Rochet, de Mévil, de moi-même ? Des malades et des vieillards, acculés à l'ataxie ou au suicide.
- De moi, elle a fait un heureux.
- Allons donc, un fuyard, un proscrit, dont la vie est cassée comme une paille, et qui demain, déshonoré, condamné, chassé de partout, n'aura pas un cimetière où reposer ses os !
- Possible. Cela ne prouve rien.
Il faisait tout à fait sombre; la lampe achevait de râler, et c'était comme un feu follet qui dansait encore dans le noir. Torral prononça, calme :
- Cela ne prouve rien. Je me suis peut-être trompé, mais ce n'est qu'une faute de calcul. La méthode du problème reste exacte. Je recommencerai...
Il écouta l'heure qui sonnait à un clocher.
- Je recommencerai, ce n'est qu'une vie à refaire. Je pars : adieu. Jadis, je t'aurais emmené, nous aurions déserté ensemble, nous serions tous deux sortis vivants et forts des ruines qui vont crouler ici, et t'ensevelir. Mais tu as craché sur la civilisation, tu retournes vers les barbares, et je pars seul. Adieu.
Il marcha vers la porte, la lampe était sur son chemin, il la renversa d'un coup de pied.
- Adieu, dit-il encore.
Il s'en alla.
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... Tout Saigon était là. Et c'était un prodigieux pèle-mêle d'honnêtes gens, et de gens qui ne l'étaient pas - ceux-ci plus nombreux : car les colonies françaises sont proprement un champ d'épandage pour tout ce que la métropole crache et expulse d'excréments et de pourriture. - Il y avait là une infinité d'hommes équivoques, que le code pénal, toile d'araignée trop lâche, n'avait pas su retenir dans ses mailles : des banqueroutiers, des aventuriers, des maîtres-chanteurs, des maris habiles, et quelques espions; - il y avait une foule de femmes mieux que faciles, qui toutes savaient se débaucher copieusement, par cent moyens dont le plus vertueux était l'adultère. - Dans ce cloaque, les rares probités, les rares pudeurs faisaient tâche. - Et quoique cette honte fut connue, étalée, affichée, on l'acceptait, on l'accueillait. Les mains propres, sans dégoût, serraient les mains sales. - Loin de l'Europe, l'Européen, roi de toute la Terre, aime à s'affirmer au-dessus des lois et des morales, et à les violer orgueilleusement. La vie secrète de Paris ou de Londres est peut-être plus répugnante que celle de Saigon : mais elle est secrète, c'est une vie à volets clos. Les tares coloniales n'ont pas peur du soleil. Et pourquoi condamner leur franchise ? Quand les maisons sont en verre, on fait économie d'illusion et d'hypocrisie.
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C'était juste dans cet instant, si bref aux tropiques, qui n'est déjà plus la nuit et qui n'est pas encore le jour. Le soleil, d'ailleurs, quoique tout près de se lever, ne se devinait nulle part, et pas plus à l'est qu'à l'ouest, parce que le ciel était très bas et qu'il pleuvait, ou plutôt qu'il bruinait, comme il bruine presque toujours en baie d'Along. Si bien qu'il faisait exactement cette autre obscure clarté, qui ne tombe pas des étoiles, mais, au contraire, semble monter d'on ne sait quel souterrain royaume des fantômes et des ombres. Rien de plus mystérieux, rien de plus spectral. Cô Mi, réveillée en sursaut, s'effara d'apercevoir, confusément rangés autour d'elle, des géants sans nombre, jaillis immobiles de la mer. Cette mer était immobile elle-même, grise et glauque. Et les géants s'y reflétaient, glauques et gris. Cô Mi, frissonnante, frotta ses yeux. Les géants n'étaient que des menhirs immenses; mais menhirs comme nulle Cornouaille, anglaise ni française, n'en dressa jamais. Et par le fait, la nature seule, non l'homme, avait planté là cette fabuleuse armée, pétrifiée. Depuis combien de millénaires, Dieu seul l'eût pu dire. A perte de vue, dans toutes les directions, les rocs minces et hauts surgissaient, debout sur l'eau plate, les uns chauves, les autres vaguement chevelus, d'une brousse âpre et rugueuse. Et, ça et là, des îles plus vastes se profilaient parmi les roches en obélisques. Mais ces îles, elles aussi, tombaient par falaises abruptes dans la mer. Et même, l'eau salée, corrodant peu à peu le pied de ces falaises, les creusait; et toute cette architecture de rêve portait à faux, et s'équilibrait comme par sortilège ou magie. Certes, des oiseaux seuls pouvaient hanter ces îles ou ces rochers, réellement inaccessibles. Dans l'instant, le soleil se leva, mais sans qu'on le vît. Il fit clair, voilà tout. Et clair d'un coup, sans transition. Mais la brume et la pluie entouraient le Dap-Cau d'un cercle à court rayon, et l'on ne voyait rien à cent mètres en avant, non plus qu'en arrière. Par bâbord, une terre se devina, beaucoup plus considérable. Non qu'on n'en vît rien, mais des cris en venaient qui n'étaient pas tous des cris de goëlands; un jacassement criard se mêlait à quelques bêlements brefs. Et il y eut aussi quelque chose qui ressemblait au jappement d'un chien; mais c'était très lointain, et il était bien improbable qu'un chien pût se faire entendre à pareille distance.
- Vous reconnaissez le cri? - fit M.Dubourg, qui se pencha vers Cô Mi.
Cô Mi, les yeux énormes, s'efforçait de ne rien perdre de l'extravagant paysage. Elle répondit à la question d'un simple signe de tête: "Non."
- C'est le tigre, voyons! - précisa M.Dubourg.
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- Ce n'est pas à un romancier de votre race qu'il faut en dire plus long.
Les Turcs d'aujourd'hui, voyez-vous, sont un composé de Mongols, d'Arabes et de Persans.
Et je ne parle pas de l'apport tcherkess, ni de l'apport kurde, ni de quelques autres.
Bref, une race très complexe, aussi complexe que notre race à nous Français ...
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Le sel des vagues poudrerizait âprement son visage et brûlait ses yeux.

page 193
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Pas un d'entre nous n'en reviendra sans doute ; mais à mon âge, la mort est une auberge où, bon gré mal gré, l'on dînera dans la soirée ; peu donc importe l'heure du dîner.

page 66
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Le propre des hommes civilisés est de jouer les sages le jour et les fous la nuit.

page 48
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...il est grossier d'exiger des points quand les i ne sont pas ambigus.

page 25
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Dame !
Songez que naguère, cinquante et un mois durant, le monde entier cessa de travailler !
Je veux dire de travailler utilement pour le bien-être universel ; cessa de bâtir, de fabriquer, de réparer, d'entretenie, de labourer même ! ...
Et songez surtout que pendant tout ce même laps, le monde entier fit encore pis : qu'il détruisit ! qu'il détruisit tout, pêle-mêle : bêtes, gens, choses !
Un tel accès de folie furieuse, et si long, se paie, très cher.
Tout l'acquit des siècles précédents, toutes les réserves de civilisation qu'avaient accumulées nos pères, en un mot tout le capital ancestral de l'humanité y fondit peu à peu ; et quand vint l'armistice, trop tard, il ne restait plus grand' chose de cette fortune humaine, ainsi dilapidée, ainsi vomie aux quatre vents, par toutes les bouches de nos canons sans nombre !
Cinquante et un mois, ç'avait été trop pour la résistance de la planète.
La guerre d'usure, non la guerre tout court, fut la grande responsable.
Et nous n'en serions pas où nous en sommes si l'Allemagne s'était effondrée plus vite et si la victoire nous était venue plus tôt.
Etait-ce possible ?
J'estime que oui.
Et j'apporte aujourd'hui, ici, un document bien authentique, qui plaide très fortement à l'appui de ma thèse ...
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Son malheur fut peut-être d'habiter toute sa vie à Rochefort, de s'y enliser dans une existence devenue d'année en année plus sombre et plus solitaire. Tous ceux qui l'aimaient étaient de beaucoup ses aînés. Et tous l'ont quitté, un à un. — cependant que Rochefort, port fossile, ne lui offrait nulle occasion d'amitié nouvelle et vivante. Ainsi son coeur s'est peu à peu effarouché de solitude. La Marine a toujours médiocrement aimé ce marin qui ignorait Brest comme Toulon, qui détestait Paris et se souciait seulement de mers lointaines et de croisières sans fin. Sa grande gloire s'abattant par là-dessus, mille jalousies, toutes plus mesquines les unes que les autres, ont ajouté à sa misanthropie.
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Et jamais certes il n'y eut aucune femme moins adultère qu'elle n'était.
Car en sa présence elle oubliait en toute sincérité qu'elle eût jamais eu un mari ...
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La vie et la mort, c'est tout pareil, en les regardant par en dessous ...
(La Varende)
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Tout ce que je suis, tout ce que j'ai fait, tout ce que j'aurai pu faire et être, c'est à elle que je le dois ...
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La vie réelle ressemble au théâtre, au pire théâtre des Vaudevilles à tiroirs ; bien plus exactement que le vrai théâtre, le meilleur, n'arrive à ressembler à la vie ...
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Et vous-même m'avez dit bien souvent que le secret de la vie la plus intense tient précisément dans l'amour ....
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Et presque aussitôt, la guerre-éclair ayant subjugué toute l'Europe occidentale, les communications avaient été coupées entre le Japon, - quoique neutre encore, - et l'Europe.
Et sir James Garnwall, ministre dans le gouvernement de sir Austin, accepté par Moscou comme protecteur, à Edimbourg, de ce qui restait, provisoirement, de la Grande-Bretagne, fut sans nouvelles, sauf incertaines et rares, du fils qui continuait d'être tout pour lui ...
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