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Critiques de Claude Pujade-Renaud (237)
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Dans l'ombre de la lumière

Une belle et bonne surprise pour moi ! Ce roman est remarquable à divers titres. D'abord pour ses personnages principaux. Elissa est une amoureuse déçue et ambivalente, dont on suit le parcours avec une réelle empathie. Mais il y a surtout Augustinus (que, au XXIème siècle, nous appelons communément Saint Augustin): la pensée mais aussi le vécu de ce Père de l'Eglise sont très bien connus, notamment grâce aux extraordinaires "Confessions" qu'il a écrites et qui sont parvenues jusqu'à nous. Un homme extrêmement brillant, ardent, allant tout au bout des choses, mais aussi tourmenté, variable dans ses convictions et... très sensuel. Un adulte qui est resté sous l'influence de sa mère, elle aussi exceptionnelle: Monnica (Monique). Freud, s'il avait voulu se pencher sur cette mère et ce fils, aurait sans doute écrit beaucoup de choses sur leur relation ! Monnica, fervente chrétienne, voudrait bien qu'Augustinus suive ses pas. Il le fera assez tardivement, répudiant sa concubine chérie, Elissa. Il deviendra un chrétien exigeant, presque fanatique, austère, avant d'être choisi comme évêque de Hippo Regius (actuellement: Annaba) dans sa province d'origine en Afrique du Nord.

Mais il y a plus. La vie quotidienne dans les villes où Augustinus a habité est montrée d'une façon vivante; le lecteur ressent l'authenticité des descriptions d'atmosphères, très différentes dans les villes d'Afrique, à Rome ou à Milan. L'ambiance particulière de l'époque est aussi bien rendue: tout est en train de changer. L'Empire romain est en décadence et les Barbares sont de plus en plus menaçants (les Vandales assiègeront bientôt la ville de Hippo Regius). Sur le plan religieux, le christianisme triomphant - mais embarrassé par des hérésies - le paganisme et le manichéisme se disputent les fidèles, dans une coexistence qui n'est pas vraiment pacifique.

Quant à l'écriture de Claude Pujade-Renaud, elle est simple et accessible, sobre mais chaleureuse. Elle trouve les mots adéquats pour bien évoquer les sentiments et les atmosphères. L'ensemble des qualités de ce roman en font une vraie réussite.

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Dans l'ombre de la lumière

Elissa revient sur sa rencontre avec l'homme qui deviendra Saint Augustin. Comment ils se sont connus, comment ils ont vécu, comment ils se sont séparés.



Bien que des années se soient écoulées depuis leur séparation, Elissa aime toujours cet homme. Bien sur quand elle le revoit, toute la colère, toute la souffrance remonte à la surface.



Elle ne lui avait jamais rien demandé, elle voulait juste vivre près de lui et vivre leur amour avec leur enfant.



Mais les convenances et la bienséance peuvent venir à bout des meilleures attentions.



J'ai tout de suite éprouvé beaucoup d'empathie envers Elissa. Sa vie n'a pas été un long fleuve tranquille. Elle est revenue chez elle seule sans rien devant sa survie à sa sœur et son époux. Qui peut accepter de vivre aux crochets des autres alors qu'on a connu le bonheur.



Elle a du faire beaucoup de sacrifices pour que l'amour de sa vie puisse vivre la sienne.



C'est un roman empli d'amour indéfectible malgré les sacrifices et les préjugés.



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Dans l'ombre de la lumière

Une belle histoire très bien menée.

Les alternances entre passé et présent ne sont absolument pas gênantes.

Très belle écriture avec plein de détails qui eux non plus ne sont pas gênants, bien au contraire.

Question : Cl. Pujade-Renaud aurait-elle eu une autre vie à cette époque du IVe siècle ? :-)
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Dans l'ombre de la lumière

Ce roman est tout fait original par sa forme.

La narratrice, Elissa, fut l’ex-compagne pendant de nombreuses années du futur saint Augustin.

Elle lui donna un fils mais fut répudiée à l’âge de 32 ans, Augustinus devant convoler en justes noces, et la situation importante qu’il convoite ne souffrirait pas qu’il vive en concubinage. De plus il a maintenant embrassé la foi chrétienne.

Elissa, répudiée, quitte Milan, revient vivre à Carthage et se lie d’amitié avec un couple dont le mari a pour métier de consigner les discours des grands orateurs. Ainsi, Elissa suit la carrière d’Augustinus, devenu évêque d’Hippone.

Dans le secret de sa mémoire, et de son cœur, elle revoit sa vie avec son amant et à l’écoute des discours de l’évêque, prend le contrepied de ses affirmations actuelles (lui l’amant passionné qui prône la chasteté !)

Chaque chapitre alterne ainsi les secousses de la vie actuelle, avec ses drames, et la profondeur de leur relation et surtout du don total d’Elissa au bien-être d’Augustin.

Cette alternance donne le rythme de l’évolution de cette relation fusionnelle au début puis rompue pour satisfaire aux critères de la société et de la religion.

Un très beau livre qui donne une version personnelle d’une réalité historique et permet une approche des discours de saint Augustin.

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Dans l'ombre de la lumière

Douée pour décrire et raconter les femmes, leur présence singulière au monde, leur rapport au temps, au corps, à la sensualité des choses, la romancière tisse aussi, via son héroïne, le tableau chahuté d'une époque de métamorphoses. [...] Reste que cette plongée au cœur du Ve siècle romain, africain est passionnante.
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Dans l'ombre de la lumière

Carthage, au 4ème siècle après Jésus-Christ. Christianisée comme toutes les provinces romains le furent peu à peu, la cité vit alors les derniers moments des anciens cultes païens auxquels une partie de la population semble encore attachée. C'est là qu'est née Elissa, celle qui partagea pendant une quinzaine d'années la vie du jeune Augustinus ( devenu par la suite Saint-Augustin), eut avec lui un fils, et fut congédiée lorsque ce compagnon hors du commun se convertit au catholicisme après avoir été, disait-il, "touché par la grâce" . Monté dans la hiérarchie ecclésiastique, il devint l'évêque d'Hippone célèbre pour ses prêches.

Très beau roman, construit autour de courts chapitres mêlant présent et passé à travers la voix d'Elissa , celle qui fut successivement une femme aimée et aimante, une femme rejetée remplie de colère, et une vieille dame jamais véritablement apaisée.

L'écriture à la première personne du singulier confère au récit une belle dimension émotionnelle.
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Dans l'ombre de la lumière

Un seul mot: MAGNIFIQUE!. En gros, ce sont les confessions de saint Augustin vue par celle qui a partagé sa vie durant quinze ans. Ce n'est pas forcément un témoignage à charge, quoique sans concession pour ce grand homme. Les propos sont modérés, nuancés chaque fois qu'elle est tentée d'aller trop loin. Jusqu'à présent, nous ne connaissions que la souffrance d'Augustin, que son point de vue. Le tour de force de l'auteur est d'imaginer comment Élissa, elle qui n'est même pas nommée par Augustin, a vécu ces années de concubinage, puis "l'après Augustin". Vraiment un roman où l'on prendra d'autant plus de plaisir qu'on connaît (un peu) le contexte historique qui sous-tend le roman.
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Dans l'ombre de la lumière

La meilleure façon d'extirper ce qui doit l'être est de ne pas parler de soi, la plus forte évocation de notre temps est celle que l'on va chercher à des années de là. Les écrivains qui l'ont compris sont nombreux. Ceux qui en sont capables, moins.







Alors nous voilà à l'un des temps de splendeur de Carthage, en compagnie de cette femme, Elissa, dont on apprend qu'elle fut longtemps la compagne de celui qui est à présent évêque d'Hippo Regius - le futur Saint Augustin -. C'est elle que l'on suit, au gré de son présent et de ses souvenirs tout au long du livre et toute une vie qui vient. Si l'on est soi-même femme, ayant connu l'amour et ses répudiations, les amitiés profondes aussi et le poids des familles, on parvient très vite à se sentir Carthaginoise ou de Thagaste par obligation, et le (léger) effort requis par les premiers chapitres (2) se trouve récompensé.



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Dans l'ombre de la lumière

Claude Pujade-Renaud, que je découvre avec ce livre, imagine la vie de la femme anonyme qui a partagé la vie de Saint-Augustin pendant une quinzaine d'année, lui a donné un fils, et qui a été répudiée à cause d'un projet de mariage en cours, qui finalement n'aura pas lieu. Elle n'aurait pas rejoint, comme la tradition le laisse entendre, une communauté religieuse, mais serait revenue à Carthage dont elle est originaire, là où elle a vécu la plus grande partie de sa relation avec Augustin. Le roman évoque les souvenirs, la relation de couple, mais aussi ce qui advient de suite dans la vie d'Augustin et de celle que Claude Pujade-Renaud a choisi de nommer Elissa. Elle devient en effet proche d'un couple, dont le mari handicapé, Silvanus, est copiste, et reproduit un certain nombre d'écrits de l'évêque d'Hippone, dont les fameuses Confessions, ouvrage pour lequel il se passionne et qu'il évoque longuement devant Elissa , qui découvre un certain nombre de choses sur leur liaison vue par son compagnon, et qui livre aussi en écho son vécu à elle. En arrière plan, le contexte historique et social, les changements entraînés en particulier par le christianisme devenu religion d'état, les convulsion de l'empire romain qui s'achemine vers sa fin sous la poussée des Barbares.



J'ai au départ eu une petite réticence, à cause de l'invraisemblance des données de départ : cette femme qui a vécu un certain nombre d'année avec un homme en vue comme Augustin, qui revient chez sa sœur relativement rapidement (Elissa ne sera pas restée bien longtemps en Italie), dont les voisins et relations, ne devaient pas ignorer la situation, où d'ailleurs Alypius, un ami proche d'Augustin va la chercher sans problème lorsque le récit l'exige, peut devenir après son retour anonyme, personne n'ayant gardé la moindre trace de ses liens avec un Augustin qui devient de plus en plus célèbre. Et puis ce copiste qui lui lit les écrits d'Augustin, dont les Confessions, d'une façon si providentielle. Mais j'ai pu rapidement passer sur cet aspect quelque peu artificiel, car cela permettait en effet de mettre en parallèle les deux voix, et était indispensable pour que le roman puisse développer son propos. Une sorte de licence romanesque en somme.



Comme souvent, il vaut mieux ne pas lire et se fier aux présentation de l'éditeur, d'après qui Claude Pujade- Renaud « replique à l'histoire officielle ». Or elle suit en réalité avec une grande fidélité les données historiques que l'on peut trouver par exemple dans Les Confessions ou dans les biographies de référence, comme celles de Peter Brown ou Serge Lancel, qu'elle cite d'ailleurs parmi ses sources. Elle résume aussi sans réellement les déformer, un certain nombre d'idées exprimées par Saint-Augustin, surtout celles qui sont passées dans le débat plus grand public, en les simplifiant parfois très fortement, mais c'est inévitable dans un roman qui n'est pas par essence un traité de philosophie, et logique dans la bouche d'un personnage comme Elissa. Mais globalement le livre permet à quelqu'un qui n'aurait pas lu Les confessions et ne se serait pas intéressé à Saint-Augustin d'avoir une première idée de ce qu'a pu être la vie et un tout petit peu la pensée de cet homme.



Bien évidemment, c'est une femme blessée, rejetée par celui à qui elle a tout donné, qui a été séparée de son fils, et qui souffre. Et comme c'est elle qui parle, qu'elle est attachante, on peut avoir la sensation que l'auteur privilégie sa parole, son témoignage, par rapport à ceux de son illustre ex-compagnon. Mais là aussi je trouve que le livre est bien plus subtil et plus complexe que ce certains commentaires pourraient le laisser penser. Par exemple, Elissa évoque longuement Monique, la mère d'Augustin. Autant le dire, elle la déteste franchement, et cela dès le premier regard, pourrait-on penser à lire le roman. Tellement de choses ont été dites et écrites sur celle qui deviendra Sainte- Monique, sa relation avec son fils, en particulier a donné lieu à un nombre incalculables d'interprétations, entre autres psychanalytiques. Nul doute qu'elle aura été pour Saint-Augustin la femme de sa vie, qui n'a laissé que bien peu de place pour les autres. L'aversion d'Elissa est explicable, comme l'est sa façon d'essayer de lui attribuer la responsabilité de tout ce qui ne lui plaît pas chez Augustin, et en premier lieu son abandon. Mais on n'est pas obligé de la croire complètement sur parole, d'autant que Claude Pujade-Renaud suggère à un moment une sorte de mauvaise foi. Elissa exprime dans un passage de la sympathie pour Patricius, le père d'Augustin, qu'elle n'a pas connu. Elle lui reconnaît quelques défauts, comme ses infidélités et sa brutalité, envers serviteurs et animaux. Et là, le lecteur des Confessions s'attend qu'elle parle aussi du fait qu'il battait sa femme, élément qui figure à ce moment du livre de Saint-Augustin. Mais Elissa n'en dit rien, et il est clair qu'elle est au courant, à un autre moment ce passage est évoqué de façon très reconnaissable dans les lectures de Silvanus. Mais elle choisit de passer sous silence ce fait qui rendrait Patricius bien moins sympathique et Monique peut-être moins antipathique. Il ne faut donc pas prendre pour argent comptant tout ce qui dit Elissa, elle aussi livre sa version de l'histoire, qu'elle peut aussi arranger, ou dont elle n'a pas tous les éléments en main pour donner une version tout à fait complète et objective.



Encore plus intéressant à mon sens, ce passage dans lequel Sylvanus lit un extrait des Confessions dans lequel Augustin exprime une intense souffrance psychique, avant sa conversion. Cela aussi a donné lieu à énormément de lectures, à des diagnostics cliniques (dépression etc). Et Elissa réalise qu'elle n'avait pas eu conscience de cette souffrance chez l'homme qu'elle aimait. Comme si deux histoires parallèles se vivaient en même temps, sans réussir à vraiment se rejoindre. Ce qui pose la question du couple, du vivre ensemble, de ce qui est vraiment partagé, commun. Toute cette angoisse existentielle d'Augustin, dont la grande affaire aura été de donné un sens au monde et à son existence, qu'il a résolu uniquement par sa plongée dans la foi, semble avoir complètement échappé à Elissa. Ce qui pose aussi le questionnement, à mon avis essentiel, de savoir pourquoi tant d'hommes se satisfont très bien d'une relation de couple dans lequel leur partenaire partage (en réalité prend en charge) le quotidien, mais pas le reste, dans le cas d'Augustin, le philosophique, le spirituel. Où elle reste exclue de ce qui est considéré comme le plus essentiel. Le livre évoque l'histoire biblique de Marthe et Marie, et suggère l'assimilation d'Elissa à Marthe. On a plus tendance maintenant à vouloir, tout au moins dans des déclarations d'intentions, que les femmes assurent les deux postures. Mais c'est vraiment une exigence énorme, si en même temps les hommes ne prennent pas en charge une part conséquente de la part de Marthe, parce que faire peser tout sur les femmes, les quotidien, le professionnel, le sensible, l'intellectuel, les met forcément dans une situation impossible qui peut mener rapidement à un sentiment d'échec.



Aimer Augustin aura été au final la seule chose qui ait eu de l'importance pour Elissa, tout le roman évoque cet amour, dont elle ne s'affranchit pas malgré la trahison, malgré l'absence, malgré les années. Le livre est au final une sorte de déclaration d'amour à cet homme, comme Les confessions sont aussi une déclaration d'amour que cet homme fait à son Dieu, qui exclut tout autre amour, comme l'amour qu'Elissa porte à Augustin lui rend impossible d'aimer quelqu'un d'autre. L'absolu de l'un répond à l'absolu de l'autre.



Un beau livre qui ouvre beaucoup de pistes de réflexion.
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Dans l'ombre de la lumière

Attention, petit bijou droit devant ! Je n’ai pas d’autres mots pour qualifier Dans l’ombre de la lumière. Claude Pujade-Renaud m’avait déjà séduite avec Les femmes du braconnier mais on dépasse amplement ce stade pour tomber dans la phase amoureuse. Petit bijou de sensibilité porté par une écriture lumineuse, tellement limpide, ce roman appartient à la catégorie des récits qui transcendent puis apaisent.



L’histoire quelle est-elle ? C’est celle d’Elissa, concubine répudiée de Saint Augustin, évêque d’Hippone, un des pères fondateurs de l’Eglise Chrétienne, un de ses plus grands penseurs. De cette femme on ne sait rien, mise à part une brève ligne dans les Confessions de Saint Augustin. Claude Pujade-Renaud décide de donner la parole à cette femme de l’ombre, amante insatiable, femme patiente, mère dévouée, à travers un long monologue où elle se remémore sa rencontre avec l’homme, Augustinus, l’étudiant fougueux, l’amant intrépide, l’orateur charismatique, manichéen convaincu, fils dévoué à une mère ayant une ambition dévorante pour lui. Elle seule connait les failles et les blessures de l’homme qu’elle a tant aimé, restée dans l’ombre, femme sacrifiée sur l’autel des ambitions d’Augustinus.



Dans l’ombre de la lumière évoque la nostalgie d’Elissa face au bonheur simple d’autrefois, bonheur lumineux, partagé dans la foi manichéenne avec Augustinus. Ce récit décrit tout autant sa colère face à ce paradis sacrifié, piétiné ! J’ai vibré de concert avec cette femme douloureusement amoureuse, si révoltée face à des ambitions qu’elle ne souhaite ni partager ni comprendre, elle qui ne cautionne pas le reniement de sa foi qu’a opéré Augustinus pour embrasser la religion chrétienne. A travers ce monologue est également esquissée la figure de Saint Augustin, homme intransigeant, devenu si rigoureux dans son christianisme, partagé entre sa foi manichéenne et son ambition dévorante. Quel homme ingrat, lui qui fut si fougueux, si sensuel, jamais rassasié du corps de sa concubine ! Dans l’ombre de la lumière est aussi une belle peinture d’un empire romain en décrépitude, reniant ses dieux païens pour le monothéisme chrétien, assiégé de toutes parts. Nous assistons aux derniers soubresauts d’un royaume autrefois victorieux qui n’est plus que l’ombre de lui-même, une bête traquée qui s’éteint tout comme Elissa, la femme répudiée, l’amante éternelle, figure émouvante dont on partage la souffrance qui transparait à chaque page
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Dans l'ombre de la lumière

Nous ne quittons plus Saint Augustin depuis quelques temps… Après Le Sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari, c'est à nouveau lui qui inspire l'auteur de ce très beau roman, toujours chez Actes Sud. Il apparaît ici sous les traits d’ Augustinus et c’est Elissa son ex-compagne qui redonne vie à cet homme. Et nous voilà plongés dans l’Afrique romaine au Ve siècle.



Saint Augustin évoque une concubine répudiée dans Les Confessions, puis il se tait. À leur tour, les biographes du saint homme en feront peu mention. Mais la romancière brise le silence au sujet de cette femme et imagine celle qu’elle fut. Elle la prénomme Elissa (prénom phénicien de Didon, la reine de Carthage, grande figure de femme abandonnée) et lui donne la parole. Augustinus fut son grand amour, son compagnon du quotidien, son amant, le père de son fils durant 15 ans. Et puis il l’a abandonnée. Pour quelles raisons ? Comment a-t-elle vécu après sa répudiation, seule sans son fils ? Tout cela , elle va nous le raconter. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Après douze ans de séparation, Augustinus revient à Carthage, la ville où Elissa s’est réfugiée et ce sera une difficile épreuve de revoir le visage de l’homme qu’elle a tant aimé. Le pire reste à venir car plus rien n’existe de celui qu’il a été. Lui qui était un amoureux transit et un manichéen convaincu est devenu un homme droit, rigide et irréversiblement catholique.



Alternant entre ses souvenirs et la description de son quotidien, Elissa nous raconte la vie qu’elle a menée depuis sa rencontre avec Augustinus jusqu’à sa mort. Claude Pujade-Renaud excelle dans la manière de donner vie à cette femme et la faire vibrante de vie. Sous sa plume élégante et précise , Elissa est un personnage fort, terriblement attachant. Sa parole sonne juste, parole pleine d’humilité. Troublante et touchante, sa voix est envoûtante. Cette sensuelle oratrice , est l’incontournable témoin d’une vie d’homme, d’une quête spirituelle. Son portrait d’Augustin est humain, vibrant, passionnel et passionné. C’est aussi toute une époque où coexistent manichéisme, paganisme et christianisme qu’elle fait revivre, évoquant la chute de Rome puis l’invasion barbare dans l’est africain. La nature, en toile de fond, est très présente. Présentent aussi les choses de la vie quotidienne : les sorties aux bains, les promenades, le goût des poires, des raisins et des figues, le travail du pain et de la terre, l’odeur du papyrus... On est complètement immergé dans cette période. Tout cela est servi par un style magnifique, lumineux, poétique.



Dans l’ombre de la lumière est un livre qui se savoure. A travers ces deux portraits, Claude Pujade-Renaud entremêle l'Histoire et l'intime tout en finesse et subtilité. Un roman passionnant et poignant. Remarquable !
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Dans l'ombre de la lumière





Douze ans après sa répudiation, Elissa la belle carthaginoise raconte son abandon, son enfant perdu, son amour pour la terre et sa foi manichéenne. Son travail de potière et sa culture l’amènent à fréquenter un vieux scribe, qui consigne par écrit discours et prédications. C’est ainsi qu’elle revoit celui qu’elle a aimé et qui l’a quittée quand il s’est converti au christianisme : l’évêque d’Hippone, Saint Augustin. Ce récit vibrant et tendre est une sorte d’anti-confession, l’ombre d’une lumière, ou la lumière d’une grande ombre ? Un beau portrait de femme, un chant de fidélité et un hymne sensuel à la vie.

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Dans l'ombre de la lumière

Carthage, 4e siècle après J.C., le christianisme est en train de supplanter le paganisme et le manichéisme ; alors qu’au faîte de sa notoriété, Augustinus, évèque d’Hippone (Algérie), vient prêcher à Carthage (Tunisie), Elissa, elle, se souvient... Car Elissa, concubine jadis répudiée, a partagé la vie et la couche de celui qui sera plus tard Saint-Augustin et lui a donné un fils.

Biographie imaginée d’une femme dont on ne sait rien sinon qu’elle partagea la vie de Saint-Augustin et fut la mère de son fils Adeodatus, « Dans l’ombre de la lumière » nous fait découvrir une période passionnante de l’histoire, celle où l’Empire Romain bascula. Là où Jérôme Ferrari faisait une allusion assez tirée par les cheveux à la chute de Rome, Claude Pujade Renaud fait revivre ces événements dramatiques vus de Carthage, par les yeux d’Elissa, abandonnée par Augustinus, un homme qu’elle n’a jamais cessé d’aimer. On y découvre la trame de ce que fut le manichéisme et la vie quotidienne dans l’Empire africain, alors partagé entre paganisme, manichéisme et christianisme.

A travers ce beau portrait de femme assujettie à son homme et à sa belle-mère (la très sainte Monique !) Claude Pujade-Renaud fustige une condition féminine difficile et précaire tout en affirmant son admiration pour la pensée augustine et l’homme qu’il a été.

Je reste assez réservée quant à la forme de ce roman qui se complait souvent dans un style passablement prosaïque et quelquefois répétitif, mais j’ai beaucoup apprécié le fond.

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Dans l'ombre de la lumière

L'amour est définitivement le moteur qui fait tourner le monde.

Dans ce roman Elissa nous livre son histoire en deux temps, à une vingtaine d'années d'intervalle.



Ecrit à pleins poumons, ici il est question de sentiments exacerbés d'amour/haine, dévotion/déception mais surtout de l'admiration sans bornes qu'une femme porte à un homme, à son intelligence et à son génie.



On est face au poids de la religion catholique que telle un bulldozer vient annihiler et renier les dieux paiëns et des siècles de croyance. Elissa reste fidèle à sa foi manichéenne.



Les paroles sont douces l'espace d'un instant mais laissent très vite un redoutable goût acide.



Un drame d'amoureux désunis mais surtout l'histoire d'une femme qui va perdre tout ce qui comptait dans sa vie et qui basculera dans l'ombre de celui qui pour elle représentait la lumière…



De la souffrance peut naître la mort, la vie, la haine, le pardon ou l'amour.



Beau et tragique à la fois, tout comme la vie!





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Dans l'ombre de la lumière

J'aime beaucoup l'écriture sensible, érudite et terriblement romanesque de Claude Pujade-Renaud autour du très beau portrait féminin de Elissa dans la période Antique.

La femme que l'auteure appelle Elissa dans son roman a réellement existé au 3-4ième siècle et figure dans "Les Confessions" écrites par Saint-Augustin à l'orée de sa vie.

Saint-Augustin avant de se convertir à la religion chrétienne était Augustinus, fin lettré de courant manichéen maniant avec aise la dialectique, la rhétorique et l'art oratoire.

Augustinus était aussi un homme follement épris d'Elissa d'origine modeste, humble et courageuse qui sera pendant 15 ans sa concubine "aimée et aimante" avec qui il partagea la foi manichéene et dont il aura un fils.

Pourtant, Augustinus assoiffé de reconnaissance et d'une carrière plus prestigieuse va répudier Elissa pour envisager un mariage avec une femme de son rang capable de lui ouvrir les portes de la réussite. Finalement, il ne donnera pas suite à ce mariage mais connaîtra un bouleversement intérieur, fruit d'un long cheminement spirituel où "touché par la grâce", il embrasse la foi catholique.

Elissa sera donc contrainte d'abandonner non seulement celui qu'elle aime mais aussi son fils qui mourra très jeune sans qu'elle ait pu le revoir.

Qu'est-elle devenue ? "Les Confessions" ne disent rien sur sa vie d'après. C'est là qu'intervient le merveilleux talent de Claude Pujade-Renaud pour faire sortir de l'ombre Elissa par une forme romanesque inventive agrémentée de précieux repères historiques et religieux.

Elissa répudiée est revenue vivre à Carthage chez sa soeur. Elle fabrique des poteries où ce travail de la terre est une métaphore à son attachement aux valeurs terrestres et accomplit chaque jour les gestes quotidiens, silencieuse.

Elle n'a plus aucun contact avec Augustinus devenu évêque. Demeurent les prêches de l'évêque et la lecture de l'ouvrage "Les Confessions" par son beau-frère, copiste.

Auditrice anonyme dans les 2 cas, Elissa en est bouleversée et parfois indignée quand elle ne reconnaît plus dans les diatribes féroces de l'évêque l'homme sensible qu'elle a aimé.

Par opposition et avec courage, Elissa restera fidèle à la vie, à la lumière et à son amour.



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Dans l'ombre de la lumière

J'ai reçu ce livre en cadeau et voilà un sujet vers lequel je ne me serais jamais dirigée et qui m'a captivée. J'ai pu découvrir ce personnage de Saint-Augustin, dont j'avais entendu parler mais que je ne connaissais absolument pas, je l'avoue. Le côté romancé m'a permis de me plonger avec délice dans le début de notre ère, quand manichéisme et catholicisme s'opposaient. Je ne savais pas ce qu'était les manichéens. Parvenir à rendre ce récit intéressant sans être ennuyeux c'est faire preuve d'un grand talent.
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Dans l'ombre de la lumière

Elissa,compagne d'Augustinus,devenant le grand ST AUGUSTIN,vécut dans l'ombre de celui-ci qui la répudia ensuite pour s'ouvrir à la lumière du CHRIST.

Vie de souffrance contée avec beaucoup de poésie,de tendresse,dans un style magnifique avec en toile de fond l'histoire de Carthage au Vème siècle,du christianisme,du manichéisme.

Très beau récit,je suis conquise par cet auteur et m'en vais découvrir d'autres de ses ouvrages.
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Dans l'ombre de la lumière

Sur la base d'un passage des confessions de st Augustin, l'auteur fait vivre une femme qui fut la concubine et la mère du fils d'Augustinus et qui fut répudiée.

Mise en scène de cette époque où à Carthage comme à Rome sont mêlées les religions païennes, manichéennes et chrétiennes, où les barbares envahissent une Rome sur le déclin.

Critique à peine voilée d'un homme qui sous prétexte de foi chrétienne est devenu froid et intolérant, et de sa mère qui s'est acharnée toute sa vie pour la conversion de son fils.

Plus intime, la souffrance d'une amante répudiée, séparée de son fils, qui fait front comme elle peut en étant présente à sa sœur, à ses voisins, à ses amis.

Très beau livre
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Dans l'ombre de la lumière

Dans l’ombre d’Augustinus, qui deviendra Saint Augustin, Elissa sa concubine pendant quinze ans, partagera sa foi manichéenne initiale et lui donnera un fils.

Répudiée depuis douze ans lorsqu’elle entreprend ici de conter le difficile parcours que sera sa vie, elle a trouvé refuge chez sa sœur.

Le hasard fera qu’à travers un voisin avec lequel elle liera amitié, elle continuera de vivre sans qu’il le sache jusqu’à la fin dans le sillage d’Augustinus qui, converti au christianisme, devient un homme qu’elle ne reconnait plus mais auquel elle continue de vouer une admiration sans borne pourtant souvent dans la douleur.



Une vie de souffrance dont l’écriture magnifique de Claude Pujade-Renaud nous imprègne irrésistiblement tout au long de ce roman très attachant.







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Dans l'ombre de la lumière

Une amie m’a conseillé ce roman, que je ne connaissais pas : et comme cette amie-là est toujours de bon conseil… Bref, merci l’amie !

Car ce fut un grand plaisir, à la fois de l’émotion, de l’imagination, et de l’esprit. De l’émotion : on s’attache sans peine au devenir de cette femme qui déroule devant nous sa vie, avec les choix qu’elle a faits et qu’elle assume, sa façon d’assumer les difficultés, la peine que nous éprouvons pour elle. De l’imagination : l’auteure nous emmène à la découverte de la vie quotidienne dans ces temps anciens, en nous faisant partager l’ambiance des villes, et la présence de la nature. De l’esprit : nous cheminons à travers les préoccupations de tous ces êtres à la recherche de la meilleure façon d’accepter la vie, et d’un divin qui permettrait de comprendre.

Nous ne savons pas tous qui est Saint Augustin et ce qu’il a pensé, et nous n’avons pas nécessairement envie de le connaître. Pour ceux qui le connaissent, le récit est remarquable de fidélité à la vérité historique et aux écrits du penseur. Ce n’est pas hasard si l’auteure a reçu le prix du roman historique des « rendez-vous de l’Histoire » de Blois. Et de fait, l’angle de vue est du plus haut intérêt, puisque la vie et la doctrine de Saint Augustin sont confrontées à ce que pourrait penser de lui cette concubine avec laquelle il a vécu (réellement) pendant une quinzaine d’années, dont il a eu un enfant. Et la pensée qui lui est prêtée éclaire évidemment d’un jour nouveau le personnage de Saint Augustin : cette femme est restée fidèle à sa croyance manichéenne de vie et de lumière, alors que lui s’est rigidifié dans un dogme austère et dur (après avoir été manichéen pendant de nombreuses années) ; elle l’aime toute sa vie, jusqu’au dernier souffle, alors qu’il l’a remplacée par une femme temporaire nécessaire à ses besoins sexuels, avant de renier toute vie sexuelle et refuser toute dignité à l’amour charnel, pour lui et pour les autres, et développant une morale extrême, laissant bien peu de place aux sentiments humains. C’est en particulier la confrontation entre ce qu’il dit de sa vie dans « les Confessions » (la romancière cite le texte authentique), et ce que vraisemblablement cette concubine aurait pu en penser (la romancière crée un personnage très plausible), que la confrontation prend tout son poids.

Pas de doute : il s’agit tellement de l’humain tout entier, qu’il n’est pas besoin de d’intéresser à Saint Augustin en tant que tel pour aimer ce roman. Sur fond de fin de civilisation (les barbares arrivent et Rome est mise à sac…), la vie du Vème siècle, ressuscitée dans sa réalité quotidienne, est en même temps la vie de tout être humain à la recherche du bonheur, le bonheur relatif qu’on tire de soi-même dans l’acceptation de ce que le destin nous impose : Silvanus est devenu paralysé et impuissant par accident, mais il vit, au milieu de textes dont son travail est de les recopier et qu’il aime tant lire ; la jeune Valéria va le rencontrer et recréer son bonheur auprès de lui, elle qui ne peut plus se donner à l’homme après les viols multiples dont elle a été victime ; Victoria, elle, aura quitté Silvanus parce qu’elle ne peut plus vivre sans vie sexuelle, et nul ne lui fait reproche, et elle devient lumineuse auprès de son amant…. Et Elissa surtout, Elissa la concubine, se révèle capable à la fois d’être fidèle à son chagrin et de célébrer la vie dans tout ce qui lui est encore donné… Suivez-là, cette héroïne, elle vous chantera un perpétuel hymne à la vie qui assume l’inévitable et douloureuse présence de la mort.

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