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Critiques de Claude Pujade-Renaud (236)
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Les Femmes du braconnier

C'est un roman qui explore une vie... Celle de Sylvia Plath, poète du XXème siècle, femme ardente et créatrice, fille meurtrie de la mort de son père et envahie par une mère trop présente. Elle rencontre, en 1956, Ted Hughes, poète aussi avec lequel elle a deux enfants. Celui-ci aime les femmes, un peu trop et bientôt une nouvelle aventure marquera la fin de sa vie avec Sylvia.

Ce roman est raconté en courts chapitres par de nombreux témoins, c'est l'histoire véridique de ces deux êtres qui se sont aimés avec passion, ont composé des poèmes, et se sont blessés l'un à l'autre.

J'ai eu peur de cette écriture dense, sans dialogues, mais me suis finalement passionnée pour l'histoire de ce couple.
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Dans l'ombre de la lumière

J'ai reçu ce livre en cadeau et voilà un sujet vers lequel je ne me serais jamais dirigée et qui m'a captivée. J'ai pu découvrir ce personnage de Saint-Augustin, dont j'avais entendu parler mais que je ne connaissais absolument pas, je l'avoue. Le côté romancé m'a permis de me plonger avec délice dans le début de notre ère, quand manichéisme et catholicisme s'opposaient. Je ne savais pas ce qu'était les manichéens. Parvenir à rendre ce récit intéressant sans être ennuyeux c'est faire preuve d'un grand talent.
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Les Femmes du braconnier

Un gros coup de cœur pour cette biographie dans laquelle Claude Pujade-Renaud , loin de nous délivrer SA vérité sur Sylvia Path , s’efface pour laisser place à des témoignages de ceux qui l’ont connue : mari, mère, frère, voisins, médecin, baby-sitter….., et aux réflexions empruntées à des documents concernant ses relations avec autrui, son imaginaire, son mal de vivre, ses pulsions suicidaires. Les chapitres sur l’élaboration de son œuvre permettent de percevoir l’alchimie entre ce qu’elle vit et son écriture poétique et comment sa poésie contient en préfiguration son destin .



Une biographie qui refuse la chronologie des faits et fait intervenir le passé au moment où il éclaire le présent ; une construction pointilliste, qui procède par petites touches et s’attache à la fois à ce que fut Sylvia Path comme épouse, mère, fille, voisine, et à ce qu’elle fut et devint comme poète . Car loin de s’arrêter à la mort de l’artiste, l’ouvrage évoque les étapes de sa publication , le destin de son œuvre et révèle l’étrange emprise qu’elle a continué d’exercer sur ses proches et sur ceux qui lui ont survécu .



Servi par une écriture élégante, fluide, qui sait s’adapter à la personnalité de ceux qui ont témoigné , un travail de biographe, d’analyste et de romancier qui parle autant au cœur qu’à l’esprit

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Le désert de la grâce

Encore un livre qui patientait avec résistance depuis plusieurs années, alors que j'ai beaucoup aimé deux autres livres de Claude Pujade-Renaud, "Belle-mère" et "Les femmes du braconnier", lus avec passion.

Celui-ci avec un sujet plus complexe et d'approche un peu plus difficile, n'aura peut-être pas été lu avec passion mais néanmoins avec intérêt. En effet, l'abbaye de Port Royal et le Jansénisme ont croisé plusieurs de mes lectures sans trop maîtriser le sujet. Ce livre habilement construit, à plusieurs voix, sur différentes périodes m'aura bien éclairé sur le sujet. Ce fût aussi l'occasion de découvrir plus en détail la vie de Racine et remettre en haut de ma PAL une biographie, qui patiente aussi !

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Platon était malade

Il y a une tendance : si le personnage de Socrate a souvent été repris dans la culture populaire, ce n'est pas le cas de Platon lui-même, qui ne se mettait jamais en scène dans ses dialogues. Certes, certains exégètes disent qu'il n'est jamais loin - le dialogue du Phèdre se passe à l'ombre d'un arbre dont le nom, le platane, a la même racine que Platon - mais j'étais curieux de voir si la littérature s'était aussi emparé de Platon pour en faire un personnage à part entière.



C'est donc comme cela que je suis tombé sur "Platon était malade". Le titre fait allusion à un extrait du "Phédon", le dialogue qui se passe au moment de l'agonie de Socrate, condamné à boire de la cigüe. Tout un groupe de ses amis et disciples assistent à ces derniers échanges, sauf Platon, qui fait dire à un des personnages, au moment de l'énumération des personnes présentes, "Platon, je crois, est malade."



Le récit de Pujade-Renaud commence le lendemain de l'exécution de Socrate. Platon couve sa gueule de bois et ses remords de ne pas avoir été auprès de son maître à Megara, chez un de ses condisciples. Jeune aristocrate à belle gueule qui a renoncé à une grande carrière pour suivre ce va-nu-pieds de Socrate dont il souffre de ne pas avoir été le favori, il rencontre et harcèle tous les présents à la dernière soirée pour tenter de recueillir les dernières perles de sagesse. Mais il n'obtient que des détails morbides sur les étapes de l'empoisonnement à la cigüe, des excuses de ceux qui n'ont pas été attentifs, ou des anecdotes sans intérêt.



Alternant récit et monologue intérieur, le livre retrace le cheminement intérieur de Platon dans cette quête vouée à l'échec de reconstituer les derniers propos de Socrate. Toujours pris de remords, Platon finit par se retirer dans une caverne (tiens donc) avec un jeune esclave, et lentement prendre la décision d'utiliser l'écrit et la forme dialoguée pour transmettre ce qu'il retient de la parole de Socrate.



En tant que roman, le livre est agréable : le soleil de plomb, les cigales, le sable brûlant, la mer sont omniprésents, et malgré quelques passages introspectifs un peu lourds, le récit est plutôt enlevé. Mais c'est surtout les références qui en font tout le sel : référence aux personnages, d'abord, avec un name-dropping fourni utilisant tout le ghota de l'Athènes contemporaine - Antisthène, le père du Cynisme, Euclide de Megara, Aristippe de Cyrène, Alcibiade, Critias, ... - et les personnages des dialogues : le jeune esclave avec qui Platon s'isole est celui qui apparaît dans le Ménon.



Ce travail de mise en scène se retrouve aussi dans le soin à resituer une version crédible de Platon en tant que personnage historique : ancien athlète, neveu d'un dirigeant athénien qui voyait en lui son successeur, un temps auteur dramatique et musicien, hériter d'un domaine viticole en Attique - toutes choses auxquelles il aurait renoncé en choisissant la philosophie.



C'est cependant surtout aux thèmes platoniciens que le livre fait le plus allusion, comme si cet isolement servait à Platon à poser les bases de toute sa pensée : réminiscence, immortalité de l'âme, le Beau, le Juste, le Vrai, morale et politique.



Enfin, c'est au Platon littéraire, à ses images et métaphores, que le livre adresse nombre de clins d'oeil : le char aux deux coursiers, l'éclat éblouissant du soleil, l'incessant chant des cigales, l'accouchement des êtres et des idées (un des personnages est une jeune mère sur le point d'accoucher)...



Ainsi, le désespoir de n'avoir pas assisté Socrate dans ses derniers moments aurait fait vivre à Platon une mort et une renaissance (en sortant de la caverne comme d'une matrice utérine), expérience si bouleversante que son souvenir traversera tous ses futurs textes.



D'autres moment de la vie de Platon, peut-être plus romanesques, aurait pu servir d'assise à un roman (je pense à ses tentatives de fonder une Cité juste en Sicile), mais il s'agit ici d'une trame initiatique, d'une étape du voyage du Héros et le pari de l'auteur - donner chair à Platon, voix désincarnée dans ses dialogues - est réussi.



Comme toutes les oeuvres fortement référencées, le livre plaira à hauteur des souvenirs - des réminiscences ! - des lectures de philo et sur la Grèce classique que chacun a. Si je l'avais lu il y a seulement 6 mois, je n'en aurais trouvé qu'une poignée. Là, je les voyais à chaque page, dans les bouts de dialogue, les descriptions, les situations, les noms...


Lien : https://hu-mu.blogspot.com/2..
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La nuit la neige

Un beau roman lent et long, avec des personnages qui ressassent leurs souvenirs, pour aborder les tractations de la monarchie européenne, fin Louis XIV début Louis XV, par le biais de l'Espagne, pays d'Inquisition antisémite et d'étiquette aristocratique lourde, gouverné par un roi posé là, à la mauvaise santé mentale. Et par le biais des femmes - princesses monnaie d'échanges et accompagnatrices de reines - cherchant à affirmer leur pouvoir comme elles le peuvent, dans les alcôves et les alliances, manipulant mais manipulées aussi. Roman de neige et de nuit, d'inquiétude et d'angoisse tant les personnages sont sur un fil - "avoir le plus de pouvoir possible, se maintenir et ne pas glisser" - dans l'écriture riche et cultivée de Claude Pujade-Renaud qui n'a pas peur du charnel.

Je n'avais que de vagues références - quelques images de films - sur cette partie de l'Histoire de notre monde européen avant la Révolution, j'ai donc appris beaucoup et en même temps, difficile de ne pas être un peu perdue dans les noms et les ramifications.
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Chers disparus

Livre étrange. La continuité de style rend délicat le passage d'une veuve à l'autre. Même si l'auteure tente de nous aider par des liens, des allusions annonçant le suivant ( Schwob et Renard, bien sûr les plus évidents) ou des allusions, des références (la veuve de London s'adressant à celle de Stevenson).

Que dire des révélations qui y sont faites, des allusions, des réponses aux accusations portées contre ces femmes ? Je ne lirai plus jamais du même oeil le Journal de Jules Renard, tant aimé autrefois.

Le parti pris est celui de donner une voix à celles qui ont lutté pour faire perdurer l'image de leur homme écrivain. Il est difficile d'y démêler le vrai du faux, si faux il y a. Cela nécessiterait très probablement de se pencher en détail sur chacun des auteurs concernés.

Et puis, il y a quand même un manque de fil rouge plus solide d'un auteur à l'autre. Le lien tient plus à leurs veuves qu'à leur oeuvre. Je reste sur une sensation d'inachevé.

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Dans l'ombre de la lumière

L'histoire romancée de la vie de la compagne de Saint Augustin, qui a vécu avec lui pendant quinze ans, d'Afrique du Nord en Italie. On ne sait rien d'elle, même pas son nom, sinon qu'elle lui a donné un fils, Adeodatus, bien avant qu'Augustin, qui était professeur et rhéteur, se convertisse au christianisme puis se fasse baptiser (il était manichéen). Cette femme, l'autrice l'appelle Elissa, et décrit toute la gamme de ses sentiments, de ses émotions, quand elle revoit Augustin, devenu évêque, venir prêcher à Carthage. En flash-backs, nous assistons aux différents moments de leur vie ensemble : la rencontre, la vie à deux, la naissance du fils, les questionnements philosophiques et spirituels d'Augustin, les tensions avec la mère de celui-ci, Monnica qui est chrétienne. L'auteure s'est inspirée des Confessions du saint. Un roman bien écrit, bien charpenté, qui fait voir d'un autre œil la vie du saint homme, en tout cas ses 32 premières années, pendant lesquelles il a eu une jeunesse de lettré romain et de philosophe angoissé, et pas toujours en bonne santé.
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La nuit la neige

Si les événements décrits dans ce livre sont très intéressants pour qui aime l'Histoire (j'adore l'Histoire), les intrigues (pareil) voire les potins (coupable!), les allers-retours dans le temps et la multitude de personnages m'ont perdu une bonne partie du roman. Je ne connais pas l'histoire de l'Espagne, même si à cette époque elle était fortement liée à celle de la France, et j'ai eu du mal à suivre.

Au bout d'un moment, je me situais beaucoup mieux et c'était plus confortable. Une lecture difficile qui me laisse après coup une bonne impression.

Quant aux évènements, on se rend compte de la barbarie des puissants, des décideurs. Il sacrifie des peuples, des enfants pour des luttes de pouvoir. Il n'est question que d'intérêt personnel parfois celui défendu est celui du Roi, ça sonne mieux mais ça reste une personne et chacun voit ses intérêts... Difficile d'estimer des marionnettistes...

On voit par petites touches les portraits se dessiner. Il est intéressant de retracer la vie et les combats de chacun pour comprendre la genèse d'un événement central et bouleversif comme le dirait ma mère.

On peut parfois éprouver de la compassion mais ça ne dure pas bien longtemps car les actes sont révélateurs des désirs profonds...
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3 chats et 2 écrivains

Il s’agit ici d’un journal à quatre mains qui couvre 25 années de vie de 1974 à 2000, un extrait de journal plutôt car le manuscrit original compte quelque 1500 pages. On y retrouvera tous les éléments du genre : événements personnels, importants ou anecdotiques, petites et grandes choses qui remplissent la vie quotidienne de Claude Pujade-Renaud et Daniel Zimmermann dont l’aventure commune commence à la quarantaine, deux auteurs qui ont écrit et vécu ensemble sous la protection de trois « félins fraternels » dédicataires de l’ouvrage : Georges, Julien, Mathilde, le tout dans le style dénué d’effet du carnet de bord.

Qui a écrit quoi ? Peu importe, chacun note par jeu ses « virginités » personnelles ou celles du couple, c’est-à-dire des « faits qui pourraient constituer des événements neufs ». Belle idée d’amoureux, comme si tout était renaissance depuis la rencontre. Le choix des notes est effectué par Claude quinze ans après le décès de Daniel en l’an 2000 à l’âge de 65 ans. Qu’aurait-il retenu, lui ? Sans doute le livre aurait-il été quelque peu différent, le point de vue de Claude semblant l’emporter sur celui de Daniel. On se surprend parfois à vouloir secouer ce dernier en lui disant : « Tu ne trouves pas que tu exagères, là ? » L’amie de Claude avait sans doute raison : « […] la seule façon de supporter de vivre avec un mec qui écrit, c’est d’écrire soi-même. » Il est vrai que chacun transporte son histoire, dont on sait pudiquement peu de choses, le passé n’étant pas évoqué en tant que tel : une psychanalyse pour elle, la guerre d’Algérie pour lui ainsi qu’un lourd secret de famille. À ce sujet, cette lecture pourra être complétée par « Les Écritures mêlées », chronique « duobiographique » parue en 1995 chez Julliard.

Ce qui frappe avant tout dans ce double parcours amoureux et littéraire, hormis l’écriture de soi à la 3e personne (une sorte de gag initial), c’est l’incroyable énergie déployée à tout instant : pour s’aimer (passionnément), écrire (ensemble et séparément), corriger ses textes, publier, étudier, enseigner (Université Paris VIII-Vincennes), animer une revue, promouvoir ses livres, jouer le jeu littéraire, voyager, entretenir ses liens familiaux respectifs (Daniel est marié), s’occuper de trois lieux de vie, soigner les chats, cultiver le jardin, faire la cuisine, des confitures, des conserves, scier du bois, recevoir les amis, s’adonner à son sport (danse pour elle, karaté pour lui)… On en reste pantois. Le métier d’écrivain ainsi conçu exige une santé de fer et un moral d’acier. Chacun épaule l’autre, lisant, commentant, critiquant, corrigeant, soutenant, surtout dans les moments de fatigue et de découragement. Claude affirme au début qu’elle n’est pas écrivain, alors qu’elle écrit des nouvelles. Daniel semble croire en elle plus qu’elle-même qui doute et rabat son enthousiasme d’une petite remarque pessimiste. Lui est un foudre de travail, jamais à court d’idées. Au début de leur relation, il dicte, elle copie. Puis les publications des deux s’enchaînent, littéraires, universitaires, les projets, les échecs, les réussites, l’œuvre de chacun se construisant sans complaisance sous le regard exigeant de l’autre. Autre aventure partagée, ils écrivent ensemble des romans pour la jeunesse. L’éclectisme et le travail acharné toujours, les retraites à Cavalaire, dans le Sundgau, puis à Dieppe permettant d’avancer à plus grandes enjambées.

On devrait conseiller ce journal à tous les écrivains que guette le découragement ! Tant de ténacité devant les refus d’éditeurs, tant de travail, d’efforts pour parfois si peu de ventes, pour des animations « foireuses » à l’autre bout de la France, pour des projets avortés qui ont nécessité des semaines d’investissement ! Ne pas abandonner, remettre l’ouvrage sur le métier, parfaire le projet, le réorienter, garder l’âme chevillée au corps quoi qu’il arrive, ne pas s’aigrir, se renouveler avec la même exigence, telle est la donne du métier d’écrire selon Claude et Daniel.

Ce qui fait le charme de ce carnet intime, outre la forte complicité littéraire, amoureuse, aussi charnelle que spirituelle, c’est la succession sans transition des faits, comme pris dans le flux de la vie, un flux d’énergie allègre et roboratif, malgré les doutes, les périodes d’épuisement physique et psychique. En dehors de l’écriture, on rit, on discute, on trinque, on fait l’amour (beaucoup), on danse, on marche, on nage, on skie, on inaugure des premières fois, audacieuses et décalées, on va ici, on revient là, on se sépare, on se retrouve, on se dispute, on se désire, bref, on vit à plein, malgré les pépins de tous ordres. Et les chats dans tout ça ? Casaniers s’abstenir ! Êtres de la famille à part entière, ils suivent le mouvement avec les exigences de leur état, rituels, joies, grandes frayeurs et petits bobos.

Pour tenir la distance, le plaisir partagé est un bon atout. Au fil des chapitres-années, le lecteur s’amusera à compter les bouteilles de champagne, les huîtres, les foies gras, les homards et autres langoustes, les gâteaux de grand pâtissier, les robes (dont chacune porte un nom de baptême, jolie idée !), les pulls en cachemire qui rythment les réussites. Autant d’étapes franchies, autant de cailloux blancs dans la grande forêt de l’écriture où il est rare de s’aventurer à deux sans que l’un dévore l’autre. Grâce aux chats, qui sait ?

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La nuit la neige

Publié en 1996, c’est le premier roman historique à proprement parlé de Claude Pujade-Renaud qui en publiera plusieurs autres par la suite. Le personnage au centre du livre est Marie-Anne de La Trémoille, princesse des Ursins. Nous la découvrons à Gênes en 1715, alors qu’elle a plus de soixante-dix ans. Petit à petit, par des retours en arrière, par des narrations distillées par différents personnages, mais aussi par la parole de Madame des Ursins elle-même, nous faisons connaissance avec l’ensemble de sa vie, nous croisons quelque personnages illustres, l’image de toute une époque nous est restituée. Le fait central, celui à laquelle les personnages, et surtout l’héroïne elle-même, font en permanence référence, est la rencontre de Mme des Ursins avec la nouvelle reine d’Espagne, Élisabeth Farnèse, en 1714, dans un village, Jadraque, entrevue pendant laquelle la nouvelle souveraine signifie à la princesse, qui remplissait jusque là, même sans en avoir le titre, les fonctions de conseiller du roi, pratiquement de premier ministre, la disgrâce. La vieille princesse devra quitter immédiatement et définitivement l’Espagne.



Après un passage par le France, elle s’installera en Italie où elle finira sa vie. Elle va se remémorer sa tumultueuse existence, mêlée au plus près aux événements politiques de son temps. Entre la cour de France et celle d’Espagne, la princesse devient la confidente de la première épouse de Philippe V, roi d’Espagne, mais petit-fils de Louis XIV. Marie-Louise-Gabrielle de Savoie, la toute jeune souveraine, va s’attacher à sa camarera mayor et à elles deux, elle vont au final gouverner le pays. Jusqu’à la mort de Marie-Louise-Gabrielle et l’arrivée de la nouvelle reine, qui chassera la princesse.



Claude Pujade-Renaud fait un portrait fascinant d’un personnage d’exception, à la forte personnalité, tout en élégance mais aussi en volonté. Femme de tête, cultivée, lucide, elle conduit sa vie d’une manière très libre, depuis son premier mariage, qu’elle choisit, en dépit des mœurs de l’époque. L’auteure nous dépeint d’autres personnages, surtout des femmes, comme Élisabeth Farnèse, qui la chassera d’Espagne, puis qui assumera les fonctions royales d’une main de fer. Nous croiserons Mme de Grignan et sa fille Pauline, qui donnerons lecture de quelques pages que la marquise de Sévigné, leur mère et grand-mère a consacré à la princesse. Tous les personnages, même ceux qui passent très rapidement, sont très bien caractérisés, pétris d’humanité, et à eux tous, dresse un tableau très vivant et juste de l’époque.



J’avoue que je ne connaissais pas vraiment ce personnage, je n’aurais même pas imaginé qu’une femme ait pu à cette époque avoir une telle importance politique. Ce fut donc une belle découverte, grâce à un livre habilement construit, qui garde son intérêt de bout en bout. Sans oublier l’écriture de Claude Pujade-Renaud, sobre mais élégante, qui donne à entendre la voix de ses personnages avec justesse.
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La nuit la neige

La Nuit La Neige est au roman historique ce que sont les métiers d'arts à l'artisanat: une fine joaillerie, une pierre finement sculptée, un vitrail aux milles couleurs. Roman choral, nous y partageons l'intimité de personnages ayant réellement vécu dans la royauté de la 1ère partie du 18ème siècle en Espagne. Avec ce roman centré sur les femmes, Claude Pujade-Renaud nous donne à voir la partie cachée de l'Histoire. J'ai adoré ressentir une sororité avec ces femmes pourtant si loin de moi. J'ai appris/compris beaucoup sur la place des femmes dans les royautés. Enfin, j'ai été émue, portée par une écriture très ciselée, presque dure parfois mais parfaitement en symbiose avec son sujet.
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La chatière

Tout d’abord, il me semble important de préciser que je n’ai jamais lu d’autres livres de Claude Pujade-Renaud avant ce recueil de nouvelles. Mon avis est donc basé uniquement sur ces nouvelles.



Sur les onze nouvelles présentes dans ce recueil, je n’ai lu que les six premières avant de décider d’abandonner/mettre en pause pour un temps indéterminé ce livre. Certaines nouvelles me semblent juste totalement inutiles et sans aucune profondeur ou intérêt (par exemple « le déserteur » ou « l’ancrage » ), d’autres sont plus profondes et intéressantes (« Morienval » ou « sidération ») mais globalement même si toutes me donnent une sensation de justesse humaine, aucune ne me marque ou me percute.



Je n’éprouve aucun plaisir à les lire, peu voir aucune curiosité à les poursuivre, si bien que j’abandonne la lecture au milieu du recueil. Peut-être qu’un jour, je le terminerai, peut-être pas. Je verrais avec le temps si finalement ces nouvelles nous perdant dans l’esprit humain embrumé vont m’avoir laissé une trace ou non.



Arrivée globalement au milieu du recueil, je ne sais pas vraiment que penser de ce que je viens de lire. Certaines nouvelles m’ont semblé mieux conçu que d’autres, mais elles sont toutes très alambiquée.



Toutes sont une juste représentation des mélanges d’idées qui peuvent se bousculer dans notre esprit quand ce dernier vagabonde. Si bien que toutes ces nouvelles sonnent incroyablement justes et terriblement humaines, mais pourtant je ne suis pas certaine que cela rende bien par écrit. J’ai eu la sensation parfois d’être totalement perdue, de ne pas comprendre réellement ce qu’il se passe ou de quoi l’on parle, même si à la fin, on retrouve toujours le fil, comme lorsqu’on s’évade dans nos souvenirs ou pensées, et qu’on finit par reprendre le fil.



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Dans l'ombre de la lumière

Une belle histoire très bien menée.

Les alternances entre passé et présent ne sont absolument pas gênantes.

Très belle écriture avec plein de détails qui eux non plus ne sont pas gênants, bien au contraire.

Question : Cl. Pujade-Renaud aurait-elle eu une autre vie à cette époque du IVe siècle ? :-)
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Belle mère

Surprenant, dérangeant, hallucinant voir asphyxiant.. Ce roman, récompensé par le prix Goncourt lycéens 1994, est à la fois inclassable et intemporel.

"veuf, cinquante-six ans, sérieux, souhaite finir vie tranquille avec femme douce, bonne ménagère ,en vue mariage et affection" Cette annonce dans le Chasseur français a été rédigée par Alphonse Bouvier, Eudoxie, veuve également , 47 ans y a répondu. L'annonce précisait aussi "maison de rapport avec jardin, banlieue Paris, un enfant"...

mais ne précisait pas que l'enfant avait passé les trente ans, qu'il était un peu "bizarre" . C'est ainsi que Eudoxie est devenue la Belle-mère de Lucien à la vie à la mort oserais-je dire, parce qu'en 1935 lorsqu'une femme s'engageait elle ne rompait pas sa parole.Elle n'avait juste pas prévu de vivre cinquante ans en compagnie de son beau-fils...

Ce roman m'a fait pensé à un vieux film en noir et blanc, où chaque geste semble sortir du néant, où tout bouge lentement, très lentement , où les personnages principaux vieillissent côte à côte sans beaucoup échanger si ce n'est sans doute l'essentiel.

L'écriture de Claude Pujade-Renaud confère à ce texte une tonalité et une densité très particulière. Un roman qui pose les éternelles questions de la vieillesse et de la différence . Une lecture un brin éprouvante mais enrichissante
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Vous êtes toute seule ?

Ce recueil de onze nouvelles de Claude Pujade-Renaud est un livre héritage de ma mère qui pose la question "Vous êtes toute seule ?" parce que la femme, ses rapports amoureux ou sa solitude sont au centre de chaque texte et j'ai aimé la belle écriture de l'autrice qui donne une harmonie à l'ensemble.

Dans la première nouvelle, le pas de deux, Nathalie la danseuse vit avec Pierre le chorégraphe et découvre la liberté et la jouissance partagée de danser pieds nus dans la nature.

Dans Vous êtes toute seule ? Fabienne ne veut pas déjeuner seule au restaurant et en vient à inviter un sdf pour être accompagnée.

Dans le nuage, Marthe est quittée par son mari Jérôme pour faire un enfant avec une autre parce qu'elle n'en veut pas.

Dans Bagheera Bagheria, Violette au lit avec son amant parlent d'autres expériences vécues.

Dans le clapotis, une nageuse préfère l'environnement aquatique que le face à face avec son mari, une façon de se mettre la tête sous l'eau.

Dans Les lavandières, Virginie est persuadée que sa machine à laver le linge lui en veut et complote après elle malgré la bienveillance de son mari Roland qui tente de la rassurer.

Dans Les îles, Francis et Josy sont en vacances, ils s'aiment mais vivent dans des mondes différents, lui est un doux rêveur qui cherche à retrouver les sensations des souvenirs heureux de l'enfance, elle, matérialiste, est une femme active et joyeuse qui a les pieds sur terre.

Dans le café d'en face, Francine s'installe dans un café pour observer les gens avant sa séance de psychanalyse. Cette nouvelle est particulièrement juste et on se doute que l'autrice aussi est une fine observatrice de ce qui se passe autour d'elle.

Dans Un amour de soie, Odile et Stéphane forme un couple qui, avec le temps, font appel à des fantasmes quand il font l'amour si différents que cela va les éloigner l'un de l'autre.

Dans Insectes, Béatrice est obligée de subir le cérémonial hebdomadaire des Délicieuses, la maison familiale de Claude son compagnon.

Dans le lac des signes, Galina est une vieille dame russe qui se souvient qu'elle a été danseuse étoile.

Et là, on voit que la boucle est bouclée avec le thème de la danse que l'on trouve à l'ouverture et à la fin du livre. Ce n'est pas un hasard car Claude Pujade-Renaud a été professeure de danse, il n'est donc pas surprenant qu'elle décrive parfaitement les gestes et les mouvements des corps.





Challenge Plumes féminines 2022

Challenge Coeur d'artichaut 2022

Challenge Riquiqui 2022

Challenge XXème siècle 2022

Challenge ABC 2022-2023

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Chers disparus

Très intéressant et d'écriture fluide : on découvre ou redécouvre ces écrivains célèbres fin 19è, début 20è siècle, par le regard de leurs veuves qui consacrent le reste de leur vie à finaliser l'oeuvre de leur homme - en y jetant par ci par là un oeil quelquefois surpris, quelquefois choqué, mais toujours admiratif et témoignant de l'amour qu'elles ont partagé avec leur mari - et sans s'appesantir sur les tâches qu'elles ont assumées pour permettre à leurs hommes de devenir de grands écrivains. Chapeau mesdames ! et merci à Claude Pujade-Renaud de nous les faire découvrir.
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Le sas de l'absence

Les vieux ne rêvent plus

Leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermés

Le petit chat est mort

Le muscat du dimanche ne les fait plus chanter

Les vieux ne bougent plus

Leurs gestes ont trop de rides leur monde est trop petit

Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil

Et puis du lit au lit.



Jacques Brel - Les vieux.



La narratrice nous parle de ses deux parents devenus vieux et qui vont décéder à deux mois d'intervalle. Elle nous parle de l'absence de couleurs sur la tapisserie du salon autour de l'armoire où trônait la vielle commode, de l'absence de force lorsque son vieux père doit franchir la porte de son cabinet dentaire, de l'absence d'eau dans les tissus fripés et vieillissants, de cette lente indifférence au spectacle de la vie autour d'eux. Avec beaucoup de délicatesse et des mots bien choisis, elle nous parle du sas entre la vie et la mort, de la mort lente de la sénilité, de l'amour pour ses parents.

Prix de l'écrit intime 1998.



Challenge Riquiqui 2022.
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Platon était malade

Ce livre est incroyable, à la fois extrêmement bien écrit, ancré dans une Grèce antique plus vraie que nature, érudit sans en avoir l'air (de nombreuses références à l'oeuvre de Platon) et agréable à lire !

Une perle rare, de mon point de vue. Je l'ai lu lentement, j'ai pris le temps de profiter des détails, moi qui ai tendance à lire vite.
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Le jardin forteresse

Grèce, début du IV siècle avant notre ère, Syracuse et l'île d'Ortygia.

Trois sœurs de haut lignage : Sophro (la modération), Diké (la justice), Harmonia (l'harmonie), et leur amie Arété (la vertu), de l'enfance à la maturité, dévoilent les familles au sein desquelles elles grandissent, leurs aspirations propres, leurs joies, leurs vies, leurs destinées.

Immersion dans la Grèce antique !

Issues du gynécée, monde féminin par excellence, où se passent leurs premières années, les trois sœurs découvrent peu à peu les relations, rapports, de l'époque qui régissent la vie d'alors : maîtres-esclaves, hommes-femmes, tyrans-subalternes, toute puissance patriarche-famille.

Leur apprentissage des rites, mythes, acquis par le biais des récits des esclaves, ceux de la musique, de la poésie, dont est friand leur père bien-aimé, ponctués de jeux, accompagnent une enfance insouciante bercée de douceur, de joie, dans un magnifique jardin de la forteresse; forteresse du haut de laquelle elles observent de loin la vie du peuple, minée de guerres, querelles, violences, dont elles n'ont qu'une rumeur sourde, mais qui, peu à peu, vont les rattraper, les happer, les faire réfléchir et agir.

Face à ces problèmes inconnus jusqu'alors, elles offrent un front commun, certes tempéré par leur personnalité propre, mais fort de leur union intime, chacune aidant l'autre, chacune s'aidant elle-même.

Réflexion magnifique sur la place des femmes dans la société, face aux pouvoirs, aux hommes, aux patriarches, aux philosophes, à la violence.

Description suave, sensuelle, colorée, rafraichissante, tant de la nature humaine, animale, végétale, que du bruit et de la fureur.

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Claude Pujade-Renaud (1932-2024)

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