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Critiques de Claude Pujade-Renaud (236)
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3 chats et 2 écrivains

J’aime lire les journaux d’écrivain : pas seulement celui de Virginia Woolf mais aussi celui de Charles Juliet, de Françoise Ascal, de Pierre Bergougnioux, d’Hervé Guibert et j’en passe. Je ne comprends pas que cela ne soit pas un genre prisé des lecteurs. Quoi de plus stimulant que de partager un coin de quotidien d’un auteur que l’on aime ? Notre vie semble alors mise en écho. Il y a nécessairement des vibrations entre le parcours des êtres et la vie bouscule souvent la vision de l’œuvre. Evidemment, je ne suis pas dupe : je est un autre même au cœur du journal dit intime. Quelles traces y sont laissées ? Quelles notations éditées, lesquelles supprimées ou même jamais écrites dans le cahier ? Il est impossible de livrer sa vie : parfois un événement important n’est pas consigné, parfois un détail occupe une page entière. Le journal, genre paradoxal, tient de l’aide-mémoire, du déversoir, à la mise en garde, au galop d’essai, inclassable et aussi divers qu’il existe d’auteurs. Que dire alors de celui que je viens d’ouvrir ? Un journal écrit à quatre mains par Claude Pujade-Renaud et Daniel Zimmerman. Ce couple franchit une limite ou transgresse joyeusement les non-règles de l’art. Tout d’abord, la notion d’intime est dynamitée : l’un lisant ce que l’autre écrit et inversement. Ils poussent le vice jusqu’à parler d’eux à la troisième personne. Le « je » si cher au journal devient Claude ou Daniel. Ce pas de côté m’a, au début, agacée : le pacte de lecture semblait rompu. Ils me laissaient dehors. Je regardais deux personnages s’agiter à devenir universitaires, écrivains, amants et propriétaires de chats. La cadence et le dispositif d’énonciation rendaient a priori la complicité impossible. Le couple était refermé dans sa coquille, se mettant en scène mais ne laissant rien à l’a peu près, au flottant, le propre de l’écriture du diariste. Je ne suis pourtant pas descendue du train de leur vie. J’ai tourné les pages et succombé à la litanie des Claude et des Daniel. Cette fausse objectivité qui dit la nature des repas, le nombre d’allers retours à Cavalaire, puis à Dieppe, les amis reçus, les heures d’écriture, de corrections d’épreuves, les rencontres avec les journalistes, les éditeurs, ne forme que la part émergée de leur vie. Au bout d’une cinquantaine de pages, je fus happée par la prose qui déroule des faits de vie comme un rouleau compresseur avançant coûte que coûte pour tenir, traverser les maladies, les coups de fatigue, les moments de découragement, les refus d’éditeurs, garder le cap de l’envie d’écrire encore et s’y remettre malgré tout comme la mort douloureuse d’un chat fera qu’un jour un autre chat viendra. Tout semble déposé à une certaine distance, peu de réflexion mais quantité de petits événements : restaurant, lieux, cours à la fac, opérations, noms de la famille et des amis mais rien sur leurs caractères, défauts, comportements, juste leur implication ou pas dans une revue littéraire. Peu de chose sur la composition et les enjeux des livres, seulement leurs titres et le nombre d’heures consacrées à leur écriture, les doutes, les renoncements et les nouveaux départs. Même l’amour du couple apparaît en filigrane et souvent en rudesse : temps de « baise », répétition des 20 roses pour l’anniversaire de Claude, achat répétitif d’une robe à l’occasion d’un livre accepté par un éditeur, huîtres et champagne offerts pour l’occasion. Il y aurait de quoi se sentir frustré. Pourtant, je n’ai pu lâcher ce défilement de vie, sans doute car quelque chose déborde la mise à distance : une tendresse mêlée d’exigence et d’incompréhension. Daniel n’hésite pas à pousser Claude sur le devant de la scène tout en critiquant et jalousant son succès. Il reste excessif en tout et Claude ne gomme rien de cette monstruosité. Le sulfureux ne les lâche pas non plus, comme paradoxalement l’extrême routine : les camps de base que forment leurs lieux de vacances, toujours les mêmes comme des rituels indispensables à la vie avec et pour l’écriture. Le cadre est sans arrêt redonné. Il ne faudrait pas que la passion amoureuse ébranle la construction littéraire : les habitudes protègent. La manière d’écrire, déroutante au début, marque cette nécessité d’objectiver ce qui sinon ne pourrait s’écrire. J’ai la sensation au fil du temps que c’est Claude qui prend de plus en plus la plume. Daniel dicte sans doute les règles du jeu mais Claude tient le stylo, comme elle tient la maison, repasse, cuisine. La femme qui écrit reste malgré tout celle qui assure l’intendance. Dans ce couple qui fait de la transgression un art de vivre, le bousculement des valeurs s’arrête là. Il est touchant qu’ils décident de ne pas effacer les manquements. Ils auraient pu enjoliver la mise en scène or ils mettent à nu les coulisses non glorieuses de la vie à deux. Les faits ont sans doute la peau dure mais le sang afflue sous cette épiderme et le lecteur est chamboulé d’avoir parcouru toutes ces années. La mort de Daniel, résumée en une phrase, en retrait du texte ajoute à ce parti pris de journal « objectif », une conclusion brutale mais décisive. Le quatre mains s’arrête et le livre se referme pour eux comme pour nous.
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3 chats et 2 écrivains

Il s’agit ici d’un journal à quatre mains qui couvre 25 années de vie de 1974 à 2000, un extrait de journal plutôt car le manuscrit original compte quelque 1500 pages. On y retrouvera tous les éléments du genre : événements personnels, importants ou anecdotiques, petites et grandes choses qui remplissent la vie quotidienne de Claude Pujade-Renaud et Daniel Zimmermann dont l’aventure commune commence à la quarantaine, deux auteurs qui ont écrit et vécu ensemble sous la protection de trois « félins fraternels » dédicataires de l’ouvrage : Georges, Julien, Mathilde, le tout dans le style dénué d’effet du carnet de bord.

Qui a écrit quoi ? Peu importe, chacun note par jeu ses « virginités » personnelles ou celles du couple, c’est-à-dire des « faits qui pourraient constituer des événements neufs ». Belle idée d’amoureux, comme si tout était renaissance depuis la rencontre. Le choix des notes est effectué par Claude quinze ans après le décès de Daniel en l’an 2000 à l’âge de 65 ans. Qu’aurait-il retenu, lui ? Sans doute le livre aurait-il été quelque peu différent, le point de vue de Claude semblant l’emporter sur celui de Daniel. On se surprend parfois à vouloir secouer ce dernier en lui disant : « Tu ne trouves pas que tu exagères, là ? » L’amie de Claude avait sans doute raison : « […] la seule façon de supporter de vivre avec un mec qui écrit, c’est d’écrire soi-même. » Il est vrai que chacun transporte son histoire, dont on sait pudiquement peu de choses, le passé n’étant pas évoqué en tant que tel : une psychanalyse pour elle, la guerre d’Algérie pour lui ainsi qu’un lourd secret de famille. À ce sujet, cette lecture pourra être complétée par « Les Écritures mêlées », chronique « duobiographique » parue en 1995 chez Julliard.

Ce qui frappe avant tout dans ce double parcours amoureux et littéraire, hormis l’écriture de soi à la 3e personne (une sorte de gag initial), c’est l’incroyable énergie déployée à tout instant : pour s’aimer (passionnément), écrire (ensemble et séparément), corriger ses textes, publier, étudier, enseigner (Université Paris VIII-Vincennes), animer une revue, promouvoir ses livres, jouer le jeu littéraire, voyager, entretenir ses liens familiaux respectifs (Daniel est marié), s’occuper de trois lieux de vie, soigner les chats, cultiver le jardin, faire la cuisine, des confitures, des conserves, scier du bois, recevoir les amis, s’adonner à son sport (danse pour elle, karaté pour lui)… On en reste pantois. Le métier d’écrivain ainsi conçu exige une santé de fer et un moral d’acier. Chacun épaule l’autre, lisant, commentant, critiquant, corrigeant, soutenant, surtout dans les moments de fatigue et de découragement. Claude affirme au début qu’elle n’est pas écrivain, alors qu’elle écrit des nouvelles. Daniel semble croire en elle plus qu’elle-même qui doute et rabat son enthousiasme d’une petite remarque pessimiste. Lui est un foudre de travail, jamais à court d’idées. Au début de leur relation, il dicte, elle copie. Puis les publications des deux s’enchaînent, littéraires, universitaires, les projets, les échecs, les réussites, l’œuvre de chacun se construisant sans complaisance sous le regard exigeant de l’autre. Autre aventure partagée, ils écrivent ensemble des romans pour la jeunesse. L’éclectisme et le travail acharné toujours, les retraites à Cavalaire, dans le Sundgau, puis à Dieppe permettant d’avancer à plus grandes enjambées.

On devrait conseiller ce journal à tous les écrivains que guette le découragement ! Tant de ténacité devant les refus d’éditeurs, tant de travail, d’efforts pour parfois si peu de ventes, pour des animations « foireuses » à l’autre bout de la France, pour des projets avortés qui ont nécessité des semaines d’investissement ! Ne pas abandonner, remettre l’ouvrage sur le métier, parfaire le projet, le réorienter, garder l’âme chevillée au corps quoi qu’il arrive, ne pas s’aigrir, se renouveler avec la même exigence, telle est la donne du métier d’écrire selon Claude et Daniel.

Ce qui fait le charme de ce carnet intime, outre la forte complicité littéraire, amoureuse, aussi charnelle que spirituelle, c’est la succession sans transition des faits, comme pris dans le flux de la vie, un flux d’énergie allègre et roboratif, malgré les doutes, les périodes d’épuisement physique et psychique. En dehors de l’écriture, on rit, on discute, on trinque, on fait l’amour (beaucoup), on danse, on marche, on nage, on skie, on inaugure des premières fois, audacieuses et décalées, on va ici, on revient là, on se sépare, on se retrouve, on se dispute, on se désire, bref, on vit à plein, malgré les pépins de tous ordres. Et les chats dans tout ça ? Casaniers s’abstenir ! Êtres de la famille à part entière, ils suivent le mouvement avec les exigences de leur état, rituels, joies, grandes frayeurs et petits bobos.

Pour tenir la distance, le plaisir partagé est un bon atout. Au fil des chapitres-années, le lecteur s’amusera à compter les bouteilles de champagne, les huîtres, les foies gras, les homards et autres langoustes, les gâteaux de grand pâtissier, les robes (dont chacune porte un nom de baptême, jolie idée !), les pulls en cachemire qui rythment les réussites. Autant d’étapes franchies, autant de cailloux blancs dans la grande forêt de l’écriture où il est rare de s’aventurer à deux sans que l’un dévore l’autre. Grâce aux chats, qui sait ?

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Au lecteur précoce

Nouvelle rencontre avec Claude Pujade-Renaud, mais cette fois-ci autour d’un recueil de 14 nouvelles. Je ne me montre guère enthousiaste. C’est une affaire de style, comme un vêtement qui ne m’irait pas. Et je conçois qu’il aille tout à fait à quelqu’un d’autre. Je trouve son écriture à la fois sèche et précieuse, retenue de l’intérieur et exposée de l’extérieur avec des jolis mots choisis. Cette boiterie me gêne, cela ne s’explique pas.

Quant au sujet des nouvelles, nous retrouvons le thème de l’inceste :  Mourir à petite pluie et Mamanmatante. Un inceste presque par inadvertance, nulle perversité, juste une aimantation des corps plus forte que les interdits, dans un flou qui meurtrit les âmes sans vraiment les mettre en danger.

La mémoire et le passé traversent d’autres nouvelles : la mémoire d’enfance avec Une odeur à fréchin, Une Halte, Lustrum, Poterne des peupliers et le poids du passé avec l’enjeu de la transmission dans No Pasará et Sennen Sennen. La culpabilité et le passé douloureux se conjuguent dans La Grenade, mais aussi Poterne des peupliers. Seule la dernière nouvelle, Au lecteur précoce, clôt le recueil sur une note d’optimisme alors qu’auparavant une petite musique triste et désabusée nous a accompagnés de page en page. Plus que des histoires, Claude Pujade-Renaud nous raconte des blessures jamais refermées.
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Au lecteur précoce

Quelle belle écriture !
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Au lecteur précoce

Auteur : Claude Pujade Renaud

Je ne connaissais pas cette auteure. Elle a pourtant de nombreux prix littéraires.

Du même auteur: Belle mère (1994)/ Le sas de l'absence (1998)

Genre: nouvelles

Ici, il y a 14 nouvelles. Le recueil est assez fin.

La couverture ne m'a pas du tout attiré. Par contre, le titre m'a interpelé "Au lecteur précoce", nouvelle des dernières pages (comme si on gardait le meilleur pour la fin). La construction est intéressante puisque cet ouvrage commence par "Mourir à petite pluie" et se termine par la précocité. Est-ce à dire qu'ici on fait le tour de la vie?

Ces nouvelles sont une promenade dans le quotidien. Les personnages sont peu brossés, parce qu'ils sont courants (leur physique importe peu).

Dans ce quotidien, il y a les secrets qui nous font "mourir à petite pluie" (ça change de mourir à petit feu!). L'humidité gagne le cœur, se met aux bords des yeux, alors on ferme les volets. On espère une "halte" ou un "passage".

Parmi toutes les dédicaces que peut faire un écrivain, combien prennent-elles sens? Un jour Gérard en fait une pour une femme enceinte. Il a écrit "pour le lecteur précoce" et cela tissera un lien de paternité avec le futur lecteur de son livre.

J'ai beaucoup aimé "Lustrum" car cette nouvelle est amusante. Des parents discutent dans le noir de la soirée où a été conçu leur fils. Ils ont une image très nette d'un lustre témoin de leurs ébats. Sébastien ayant tout entendu va mettre des lustres à s'en remettre!

L'ensemble du recueil est agréable, avec quelques pointes d'humour. Les tableaux de vie sont fidèles, mais pas inoubliables.

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Au lecteur précoce

De courtes nouvelles écrites dans un français superbe, fluide et lumineux.

De la première, Mourir à petite pluie, et son éblouissante évocation de la côte normande, jusqu'à la dernière, Au lecteur précoce, et un auteur piégé dans un salon du livre. Claude Pujade-Renaud a enseigné la danse et l'expression corporelle, et j'oserais dire, c'est un compliment, que cela se sent à lire ses nouvelles.
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Au lecteur précoce

Récompensée par plusieurs prix (dont le Goncourt des lycéens 1994 pour Belle-mère), la nouvelliste et essayiste Claude Pujade-Renaud signe avec L'enfant précoce(titre de l'une des 14 nouvelles) un recueil de nouvelles jouant avec les mots d'une façon très psychanalytique.

Des thèmes différents mais tournant autour d'un traumatisme(inceste,enfance malheureuse,séparation,blocage corporel,rituel,fausse-couche,origines,souvenirs de guerre,maladie,failles,enterrement,amours interdites,passé) qui ressurgit et franchit la porte ouverte de l'inconscient lors d'une ambiance particulière. La clef d'accés est un patois, un langage à part,un lapsus,une appellation à la sonorité particulière,un blocage,une interprétation,un délire,une consonnance étrangère,un délire,un double sens,une invention,un pluriel,une dédicace...

Parle-t-on le même langage? Les conflits se basent-ils sur les non-dits?Peut-on à travers mots retrouver le bonheur (ou le malheur volontairement oublié) ?

Des nouvelles douces-amères, en demi-teintes comme ces tableaux pointillistes où la lumière sourd à travers un univers fragmenté.

Intéressant et joliment écrit par une excellente manieuse de mots (maux?)!!!
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Au lecteur précoce

14 récits relatent une quête de bonheur chez des hommes blessés par une enfance souvent mal vécue, parfois même à la lisière de la folie.

Vous dire que j’ai aimé chacune de ces nouvelles serait faux. J’ai tout d’abord adoré le titre de l’ouvrage, qui était comme une invitation. Et puis, d’une écriture incisive, sans dérobade, l’auteur a su m’imposer son style, provoquer de vrais pincements au coeur.

Oui, quelques-uns de ces récits ont su faire basculer mon imaginaire.

D’autres m’ont beaucoup dérangée.
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Belle mère

Eudoxie épouse Armand en secondes noces et en s'installant chez lui, elle découvre qu'elle a un beau-fils qui semble entretenir des relations difficiles avec son père. Entre ce beau-fils méfiant et cette femme vont se nouer des liens qui dureront des dizaines d'années.



J'avoue que je suis un peu étonnée que les lycéens aient choisi ce roman pour le Goncourt des lycéens 1994 car il met en scène des personnages à mille lieux d'eux, pas très jeunes dès le début et qui vivent sans beaucoup de contacts avec le reste de la société. Je pense que j'aurais pu aimer cette histoire si elle avait été davantage développée mais là, tout allait trop vite pour que je m'attache. J'avais de beaucoup préféré Les femmes du braconnier
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Belle mère

Des années 30 aux années 80, la vie ordinaire et simple de gens simples et ordinaires (ceux qu'on appelait les français moyen avant de les dénommer "La France d'en bas" puis, surenchère dans le mépris, "les gens qui ne sont rien"). Des gens venus en région parisienne de Normandie, de Mayenne, du Béarn, construire la France d'aujourd'hui.

Claude Pujade-Renaud, de son écriture limpide, livre un roman plein de pudeur et délicatesse sur la tendresse, la confiance et même l'amour qui s'établissent entre deux êtres qui se retrouvent, sans l'avoir souhaité et par la force des choses, vivre côte à côte dans leur pavillon de banlieue pendant une cinquantaine d'années.

De petites choses en petits détails, de non-dits en petits orages domestiques s'établissent des liens quasi filiaux entre Eudoxie, veuve du père, et son beau-fils Lucien, adulte "dérangé" ne vivant que pour ses chats et ses inventions.

Un très beau livre.
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Belle mère

Eudoxie, épouse à quarante - sept ans, Armand, sexagénaire et veuf, père de Lucien, trente- deux ans, sauvage , taciturne , peut- être à moitié fou....

Celle- ci s'installe donc dans le modeste pavillon de Meudon Val- Fleury où habitent les deux hommes......elle se retrouve veuve peu de temps aprés, la guerre est fatale à Armand., seule, face à ce beau- fils, avec lequel il faut bien tenter de vivre.....

Madame Pujade Renaud brosse ici deux portraits forts et attachants: Lucien,fuyant sans cesse, jaloux, exclusif,gourmand, bricoleur ingénieux qui "bichonne " sa " fiancée" , la voiture, et Eudoxie,couturière, économe, travailleuse, qui apprivoise Lucien et sa paranoïa,l'apaise, l'amadoue, étaye ses désordres psychiatriques(obsessions, hypocondrie, tendance aux interprétations, mutisme prolongé).Une belle histoire qui aborde avec sensibilité et justesse la relation à l'autre quand celui- ci est différent, c'est une relation difficile mais Lucien n'est pas aussi fou....il tente de montrer son affection à sa belle- mère...cela en fait un être à part pour l'époque....Eudoxie est un personnage fort , elle s'affirme et s'émancipe peu à peu......



Quand les hasards de la vie amènent une belle- mère et son beau- fils à cohabiter des décennies durant, le rejet et l'ignorance de l'autre se muent, au fil du temps, en un indéfectible attachement d'un couple que les voisins au fil du temps viennent parfois à prendre pour mari et femme, tant la vieillesse émousse les différences d'âge...., ici, quinze ans....les désagréments de la vieillesse sont de plus en plus nombreux... Mais l'amour de la vie et l'attachement s'expriment avec force...Lucien offre une plante nommée belle mère à Eudoxie pour ses 80 ans...

Une analyse psychologique très fine et une évocation du grand âge, empreinte de beaucoup d'émotion et d'une grande pudeur, un panorama très juste de la vie que les "gens de peu", les humbles travailleurs pouvaient mener dans ces modestes pavillons de la banlieue parisienne , au cours des années 1950 à 1990....

Un roman tendre, une histoire émouvante, celle de ce couple insolite qui restera ensemble.. Jusqu'à la lente et inexorable entrée dans le grand âge,cet "arrangement " pas toujours simple entre deux êtres que tout sépare,ainsi , pour Lucien, Eudoxie , de belle- mère devient Belle Mère.....

Un magnifique roman sur la vieillesse( surtout dans la 2° partie),à propos de l'anormalité,sur les relations de confiance qui peuvent s'établir entre deux personnes que tout sépare...

Madame Pujade Renaud a su trouver avec son talent habituel, les mots simples du quotidien, les phrases emplies de tendresse et d'humour aussi, avec,en prime une agréable promenade dans une banlieue qui se modernise........

Une belle histoire, bienveillante et douce,un vrai bonheur de lecture avec une fin insoupçonnée,mais logique.....ce n'est que mon avis.
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Belle mère

Une histoire de couple assez touchante et très singulière.

Eudoxie est une femme née à la fin du 19 eme siècle dans un milieu modeste. Après un premier veuvage, elle se remarie par petites annonces avec Armand, veuf lui aussi.

Elle s'installe dans son petit pavillon où vit également Lucien, le fils qu'il a eu de son premier mariage avec Blaisine. Lucien est un peu dingue et très sauvage. Il ignore la nouvelle épouse de son père pour rester fidèle à sa mère ( Et à ses tantes mortes)

Lorsque la guerre arrive, Armand et Eudoxie fuient les bombardements et au cours de l'exode, Armand meurt.

Eudoxie rentre au Val Fleury, Armand, délirant, est hospitalisé en psychiatrie.

Peu à peu, une relation étrange et forte se noue entre eux. Lucien est intelligent mais parfois bizarre.il est très exclusif, Eudoxie l'apprivoise en le respectant. Chaque fois qu'elle le quitte, il sombre à nouveau dans un délire. La vie s'écoule, les années passent, la vieillesse arrive et Eudoxie part en maison de retraite.

A l'occasion d'un WE de " permission" ils finiront ensemble dans l'étang avec le chat Nonotte.

L'auteur nous embarque dans cette vie de simples gens, l'époque est bien rendue avec l'arrivée du confort : Frigidaire, téléphone, télévision. On sent la solidarité, les engagements politiques, la peur du communisme.

Eudoxie a le goût des mots. Elle découvre la littérature. Elle est heureuse de ce qu'elle a, de ce que sa vie assez rude pourtant lui apporte.

Un très bon roman dont les personnages nous accompagnent encore une fois le livre refermé.



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Belle mère

Eudoxie épouse Armand en seconde noce en 1935. Il est veuf, habite un pavillon avec jardin dans la grande banlieue, ils forment un vieux couple dès le départ, elle ayant 47 ans et lui 56 ans. Une fin de vie tout à fait ordinaire pourrait se profiler si ce n'était pour Lucien, le fils d'Armand, trentenaire un peu particulier, un peu autiste, un peu fou, qui vit chez son père au milieu des fantômes des femmes de sa famille (mère et tantes) qui viennent le hanter régulièrement. Et puis, la guerre qui fait de Eudoxie une veuve avec à sa charge cet "enfant" un peu spéciale, ni tout à fait dépendant, ni tout à fait capable de vivre seul.



Ils vont vivre ensemble, côte à côte, presque comme un couple... mais pas tout à fait... Entre eux, il y a à la fois une certaine distance mais ils sont aussi malgré tout très proches. Il y a beaucoup de tendresse.



Cette histoire, très touchante, c'est aussi celle des années qui passent, de l'évolution de la société et de la vieillesse qui s'installe.



D'un style très agréable, j'ai bien aimé ce roman qui se lit très vite et qui fait réfléchir aux relations humaines et aux personnes qui vieillissent ensemble.
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Belle mère

Après sept ans de veuvage, Eudoxie a décidé de se remarier avec Armand, veuf lui aussi. Tout se passe pour le mieux (ou presque) dans ce remariage mais il y a tout de même un "hic", le fils d'Armand. C'est un jeune homme un peu spécial qui vit dans le souvenir de sa mère et de sa tante décédées. Il ne fait aucun effort vis à vis de la nouvelle femme de son père.



Eudoxie, qui en a vu d'autres, ne se laisse pas impressionner par la bizarrerie de son beau-fils et fait comme si de rien n'était. La routine s'installe dans le trio jusqu'à ce que la guerre éclate et que le mari d'Eudoxie quitte cette terre, laissant sa femme et son fils dans un tête à tête qui durera quarante ans.Et ces deux là finiront par devenir inséparables...



Cette relation un peu étrange entre belle-mère et beau-fils est touchante et assez piquante. J'ai beaucoup aimé le personnage d'Eudoxie. Elle fait le bien autour d'elle tout naturellement et sait prendre la vie comme elle vient, avec ses joies et ses malheurs.



Une histoire un peu surranée mais très touchante, qui m'a permis de découvrir (enfin) la plume de Claude Pujade-Renaud


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Belle mère

J'ai aimé ce petit livre qui se lit en quelques heures. L'auteur fait mourir Armand, le mari, assez vite, pendant la guerre, et nous entrons dans l'histoire, la vraie : celle d'une femme qui a le choix de laisser pourrir son beau fils en hôpital psychiatrique, et du coup s'en débarrasser, où le faire sortir et vivre avec lui, apprendre à la connaître, avec ses différences (et oui Sév, je cultive!), ses lubies, sa "folie". Aujourd'hui, les médecins diraient de Lucien qu'il était autiste...Peut être, peut être pas....Mais à cette époque, on acceptait plus facilement les autres. Alors ces deux là vont cohabiter pendant plus de trente ans, apprendre à se connaître, se respecter. Le troisième âge savoureux comme il devrait être, des gens simples, heureux. J'avoue que quand Eudoxie a eu 94 ans, j'ai arrêté de compter les années et son âge mais je crois que j'étais arrivée presque à la fin de l'histoire. Un bonheur simple jusqu'à la fin. A lire en fin d'après midi, à la tombée du jour...


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Belle mère

Eudoxie, 47 ans, veuve, décide de répondre à l’annonce d’Armand, 56 ans. Elle n’aura pas seulement un compagnon mais aussi un beau-fils de 30 ans, Lucien qui est un être fuyant ; elle ne le voit jamais. Il s’isole dans sa chambre. C’est presque un fantôme. Très intelligent, il a des réactions pourtant imprévisibles et infantiles.



Eudoxie s’en accommode et ne pose pas de question. Après quelques années de vie commune avec Armand, Eudoxie se retrouve veuve à nouveau, avec Lucien sur les bras.



Un apprivoisement mutuel, puis une relation d’attachement vont peu à peu s’établir entre Eudoxie et Lucien. Et si Lucien n’a pas toute sa raison, Eudoxie va devenir sa raison d’être.



Un récit très touchant sur la vieillesse et la bienveillance à l’égard des autres.

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Belle mère

Tiens, le titre a un autre sens puisqu’il ne s’écrit pas belle-mère mais belle mère. Cela traduit la relation d’Eudoxie et Lucien le fils de son second mari décédé peu après leur mariage.



Eudoxie apprivoisera Lucien paranoïaque, comme on fait avec un petit chat sauvage, Elle m’a fait penser au Petit Prince de Saint Exupéry. Elle ira même plus loin et fera un véritable travail de thérapie pour lui éviter un internement psychiatrique. Lucien, grâce à la patience de sa belle-mère arrivera à se comporter peu ou prou comme un adulte.



Ce livre, sur le respect de l’autre, est une bien belle histoire. Le temps passe et laisse des traces. La vieillesse arrive sans se montrer et puis il faut se rendre à l’évidence, elle est là. Eudoxie à 94 ans ne peut plus s’occuper de Lucien. Elle entre en maison de retraite pour y finir ses jours (théoriquement). La séparation est dure des deux côtés. Il la rejoindra (peut-être) lorsqu’une chambre pour couple se libérera.



Ce magnifique roman parle des relations de confiance qui peuvent s’établir entre deux personnes que tout sépare. Ainsi, pour Lucien, Eudoxie, de belle-mère, devient belle mère



Claude Pujade-Renaud a su trouver les mots simples du quotidien, des phrases emplies de tendresse, d’émotions avec, en prime, une promenade dans une banlieue en pleine modernisation. Un vrai petit bonheur de lecture avec une fin insoupçonnée mais logique.



Ce roman a été couronné par le Goncourt des lycéens en 1994.


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Belle mère

Cette histoire m'a touché au plus profond de mon être.

La vie qui glisse tout doucement vers la vieillesse cette vieillesse qu'on appréhende jour après jour quand on arrive à l'automne de sa vie.

Surtout ne pas être un fardeau , surtout ne pas finir lentement dans une maison qui n'est pas la sienne entourée d'étrangers , surtout, surtout .......

Pas très gai me direz-vous cette lecture ; eh! bien détrompez vous elle est pleine de bons sentiments et de choses simples qui m'ont semblé essentiels. Une vie bien remplie et surtout une fin sommes toute heureuse car choisie et accompagnée de derniers instants en harmonie avec tout ce à quoi j' aspire.

Le temps est gris et je quitte ce livre avec dans le cœur une langueur monotone apaisante et apaisée.
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Belle mère

"-La belle-mère c'est parce que je pique?

-Des fois...Mais le plus souvent vous avez la peau douce."

Belle Mère, roman tendre à souhait, conte l'apprivoisement de Lucien, un jeune homme "sauvage" qui "a le génie de la mécanique" mais passe pour un débile léger par sa belle-mère Eudoxie, deuxième épouse de son père, qui à la mort de ce dernier durant l'exode de la deuxième guerre mondiale et son retour dans la maison familiale se voit obligée de cohabiter avec cet ours.Sans enfants, mais maternelle, cette "couturière à domicile" arrive à l'amadouer peu à peu, à l'apaiser et à étayer ses désordres psychiatriques (obsessions, hypocondrie, tendance aux interprétations..).

De chat Nonotte en chat Nonotte, de secret de famille en confidences mutuelles, de framboises en "billets doux", une véritable relation de couple (bien que platonique) s'instaure et cinquante ans de vie s'écoulent. On pense bien-sûr à la complicité décrite par Marie-Sabine Roger dans La tête en friche entre Germain et Marguerite car Belle Mère est un roman plein d'espoir pour un inadapté à la société.

Claude Pujade-Renaud, rédactrice, nouvelliste (cf: Vous êtes toute seule?), romancière a obtenu pour Belle Mère le Goncourt des lycéens en 1994.

Elle brosse ici deux portraits forts et attachants. Lucien: "fuyant", "inventeur","jaloux",exclusif, gourmand qui bichonne sa "fiancée", en l' occurence sa voiture et Eudoxie: économe,travailleuse qui remue cet homme infantile et secoue ce "rentier" amorphe mais ingénieux.

C'est pétillant de vie!
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Belle mère

Un livre qui m’a profondément émue, tout en pudeur et retenue, une belle histoire d’êtres marqués par le deuil et la perte, accompagnés de chats. Des histoires de vie et de vieillissement. Une écriture souple et simple
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Claude Pujade-Renaud (1932-2024)

J'ai toujours admiré les femmes du ...?..., le jeune Ted Hughes, poète prometteur, homme d'une force et d'une séduction puissantes.

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