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Citations de Colombe Schneck (353)


Peu de gens veulent de manière délibérée le mal, ont conscience de détruire. Ils détruisent en pensant faire le bien, c’est d’ailleurs la manière la plus puissante de faire le mal, vouloir faire le bien. Je ne fais que citer Vassili Grossman : « Là où se lève l’aube du Bien, les enfants et les vieillards périssent, le sang coule.  
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N'est-ce pas ce que nous vivons quand nous lisons, la reconnaissance d’une voix humaine qui nous parle ? Un être humain d'un autre siècle, d'un autre monde, nous donne de nos nouvelles, nous comprend sans nous juger.
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Un an après la mort de mon père, j'ai rencontré Charles. Il m’a séduite par sa culture, il a visité tous les musées européens, mais nous n'évoquons jamais mes études, il n'a pas terminé les siennes. Mon travail dans une émission de télévision qui connaît un certain succès n'est pas non plus un sujet. Journaliste comme moi, ses débuts sont plus difficiles. Une de ses amies m'a confié qu'en mon absence, il parlait de moi avec fierté et cela me suffit. À table, il finit la bouteille de vin, puis commande un dernier verre avec l'addition, il a toujours quelque chose à dire, j'en suis persuadé, avec lui je ne m'ennuierai pas. Nous nous sommes très vite installés ensemble.

(…)

Je suis alors comme Vava experte en embellissement, j'ai appris à créer dans nos 30 mètres carrés un beau décor, une belle table, une atmosphère chaleureuse. Nous recevons nos amis, je fais les courses, prépare le dîner avec soin, débarrasse, parfois aidée par une convive, il prend en charge la conversation. Je lis des romans qu'il juge un art mineur. Si un invité m’interroge sur mon travail à la télévision, il nous interrompt, le sujet est superficiel et moi bien narcissique. Je pense qu'il a raison.

Une fois les amis partis, il critique ce qui manquait, ce qui a été raté, ce que j'ai oublié. Quand il lui arrive de me faire un compliment, la sauce de la salade est délicieuse, je suis contente.
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Lire des livres écrits par des proches exige une certaine compréhension, les écrire un certain égoïsme. 
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Ce que l’on peut désigner comme des avancées de la science, de la médecine, de la mécanisation, de la fin du travail manuel ardu, nous conduit vers la dévastation de nos richesses, de nos cultures, de notre faune et de notre flore, de notre diversité humaine. ... Lévi-Strauss lui apprend à se défier de ses croyances dans un monde de progrès qui irait « vers l’avant ». Il dévoile les dévastations qui conduisent vers d’autres dévastations. 
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Grâce à notre don commun pour l’imitation du bonheur, nous sommes magnifiques et écrasons les doutes des plus perspicaces. Parfois, le regard d'un inconnu sur nous me rappelle la réalité. Je tente de sortir Charles de la voiture sous le regard de pitié du chauffeur de taxi, Charles est ivre, ne tient pas debout.

Jeanne, ma sœur, me convoque, Charles est alcoolique. Je tombe des nues. Je ne connais pas d’alcoolique, j'imagine des types au comptoir le matin, lui commence à boire en fin d'après-midi. Je confronte Charles au nombre de bouteilles vides que je descends le matin à la poubelle, il rigole. Un médecin spécialisé en alcoologie m’annonce que pour Charles, c'est trop tard, il est malade. Il faudrait le convaincre d'aller en cure. Je convoque Charles, il me répond « je m'arrête demain si je veux ». Son meilleur ami me dit que je m’inquiète pour rien, il ne lui parlera pas.
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La richesse n'est pas l'accumulation de biens, mais de liens à l'autre. (p 39)
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Par hasard, j'avais fait connaissance avec un premier inconnu, mon grand-père paternel. En lisant un vieux Paris Match, j'avais appris qu'il avait été assassiné. Mon père avait dix-huit ans, il avait dû affronter les crieurs de la presse à scandale et les articles quotidiens sur son père, l'homme coupé en morceaux par son amant, victime d'une passion homosexuelle qui aurait mal tourné. Je suis devenue obsessionnelle, je veux tout savoir de cet assassinat, partager avec mon père l'humiliation qu'il a subie, la porter avec lui, dans l'espoir d’effacer sa peine. Mais je crains le mot en trop qui aurait démontré mon inaptitude à être l'auteur de quoi que ce soit. Le livre terminé, il est très court, je mets plusieurs mois à oser l'envoyer à une maison d'édition. J'ai peur des moqueries, pour qui se prend-elle ? J’ai enfin quitté Charles, je suis mariée, mais ses mots résonnent, de manière souterraine, ils ne me quittent pas, « tu vaux zéro ».

Un éditeur m'annonce qu'il me publie et qu'il attend le manuscrit suivant. Dans son bureau, je comprends à l'instant que je vais devoir choisir entre l'écriture et mon mariage.
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J'étais contente de retrouver Pierre. Il partageait mon enthousiasme. C'était bien de pouvoir remercier, d'avoir la possibilité d'être reconnaissant. (p. 135)
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Elle est une petite fille de dix ans qui pleure parce qu'elle devine qu'elle appartient à un monde où même si l'on travaille dur, qu'on est sage et respectueux, on ne peut désirer, espérer, s'échapper.
Ce qu'elle a pu apercevoir dans ses manuels de classe, derrière les portes, dans les rues de Sucre, restera à jamais inaccessible ?
À Chuqui-Chuqui, l'école s'arrête à la septième, c'est sa dernière année, après il faudra aller dans les champs de maïs, de cannes à sucre ou partir trouver un boulot à Santa Cruz.
Elle fait une deuxième septième, elle a obtenu cela de sa mère et de sœur Amalia, la directrice, parce qu'elle aime l'école. Elle s'occupe des plus petits de la classe, des enfants de la montagne qui parlent mal espagnol, elle apprend par cœur les miettes du programme, ravie quand elle découvre des choses nouvelles.
Elle a dix ans et elle pleure parce qu'elle a peur de ne pas avoir le droit de désirer autre chose que ce qu'elle a déjà.
A-t-elle le droit ?
Elle a dix ans et voit, tout à coup, autour d'elle des barrières qu'elle n'avait pas devinées avant.

Est-ce que la vie est injuste ?
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Qu'est-ce qu'il y a de juif en moi ? (...) J'ai peur. J'ai tout le temps peur qu'il arrive quelque chose à mes enfants, je ne suis pas croyante mais tous les soirs je m'endors en priant, pitié qu'il ne leur arrive rien. S'il leur arrivait quelque chose, je mourrais. (p. 65-66)
[Heum... N'est-ce pas la terreur de la plupart des mères, quels que soient leur religion, leurs origines, le passé de leurs ancêtres ??]
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Mentir, écrire, mêler ma vie à un monde rêvé, les confondre devient ma citadelle. Je me fabrique une maison solide, bien qu'imaginaire, à l'extérieur de mon mariage. Avec raison, mon mari ne le supporte pas.

Écrire et aimer sont deux activités clandestines. Quelqu'un mentionne mon premier livre, il réplique, agacé, « cela vaut zéro ». J'entends Charles. Le soir même, j'annonce à mon mari que je le quitte et à mon éditeur et amant qu'il doit choisir. Il reste avec sa femme. Nous nous séparons.

Les enfants ont trois et sept ans, mes parents sont morts, je perds mon emploi à la télévision. Quand on m'interroge, je nie que cela soit diffïcille.

Je suis une mère de famille célibataire à la recherche d'un emploi, acceptant ce qu'on lui propose, surveillant son compte en banque, redoutant l'arrivée des vacances scolaires. Comment faire pour les occuper et leur offrir l'illusion que tout va bien ? Je trouve des séjours en solde, m'ennuie dans des parcs à thèmes. Le soir, je suis trop fatiguée pour raconter l'histoire jusqu'au bout. Je traite ma fille de six ans de salope parce qu’elle m'écrase au jeu des sept familles.
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À vingt ans, je suis une jeune femme trop aimée par son père, qui se heurte aux garçons de son âge. Je suis déçue, je m'ennuîe et les quitte pour un rien. L'idée de sacrifier ma vie pour un homme, de me fondre en lui, de faire de ses désirs et projets les miens m'est étrangère, mais j'admire Isabelle qui a choisi de lâcher sa future carrière dans un musée pour suivre Patou.
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Gilbert avait arbitré que cela n'était pas possible. Dans les récits destinés à ses enfants, un héros ne pouvait pas mourir.
Pendant les cinq ans de l'Occupation, Gilbert a rencontré ce qu'il y a de meilleur et de pire dans l'humanité. De toutes ses forces, il a décidé qu'il ferait semblant d'oublier le pire et se tournerait vers le meilleur.
Ces héros l'ont porté tout au long de sa vie. (p. 134)
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Azul, le cœur serré, pense à cette minuscule fillette de trois ans qui, un week-end sur deux, espérait chez son père, sa belle-mère et leur bébé, qu'un adulte la prenne dans ses bras. Elle suivait du regard son nouveau petit frère dans les bras amoureux de ses parents. Elle regardait, tendait ses bras vers son père qui ne la remarquait pas.
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Pendant les sept années où j'avais dû écouter la liste de mes méfaits, je ne les entendais pas, je n'étais pas là. Ce ne pouvait pas être mon histoire, ou seulement de manière accidentelle, ce n'était pas de sa faute, c'était l'alcool le monstre. J'avais oublié d'acheter du pain et c'était honteux, j'avais laissé traîner une peau d'orange sans la jeter immédiatement, signe de mon effondrement intérieur, la porte du placard était entre-ouverte, preuve de ma faiblesse mentale, je n'avais pas choisi la bonne marque d’essoreuse à salade, ni celle de la lunette des toilettes, une idiote, une grosse vache, t'as vu ton cul, des poils sous les bras, mes sous-vêtements distendus, comment pouvait-il me désirer ? Il traquait la moindre faute, la déception, le mauvais choix, les soulignant, je n’avais pas le droit à l'erreur, je récurais toute trace, j'allais me coucher le plus vite possible pour ne pas avoir à entendre davantage. L'humiliation, la honte que j'éprouvais, je ne pouvais pas être cette femme-là, soumise à la peur, c'était forcément de ma faute, quelque chose que je faisais mal. Il arrivait que des témoins s'interposent. Je ne le voulais pas, cela n’existait pas, je les rassurais. Je me suis barricadée, sourde et muette, j'étais hors d’atteinte et je travaillais. Le reste, l'amour, appartenait à un passé inaccessible.
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Chaque jour m'arrivent des doses d’humiliation, de rabaissement. Je crois ne rien ressentir comme si j'étais vaccinée contre la douleur. Je me couche de plus en plus tôt, je me tais, je n'entends rien, inventant une forme de résistance passive.

J’ai vingt-quatre, vingt-cinq, vingt-six, vingt-sept ans, vingt-huit, puis vingt-neuf ans et les apparences d'une femme moderne à qui la vie réussit, un travail et bientôt un mariage. J'en suis certaine, je suis le bon modèle.

(…) je collectionne les preuves d'amour et de bonté de Charles, elles sont nombreuses, les bouquets de tulipes rouges, d'iris, de pivoines. J'arrange les fleurs dans un vase, ainsi tous les visiteurs peuvent admirer sa générosité, l’amour qu’il me porte. Je comprends que si je partage avec lui un succès, il répond avec cruauté. Si je lui montre que je souffre, j'ai droit à un cadeau.

(…) Un matin, Charles m’assène, « Tu vaux zéro ». Le lendemain, c'est un vendredi, nous dînons ensemble, je lui annonce, « C'est terminé ». Il se lève de table, son verre tombe à terre. J'appelle ma mère en sortant, elle vient me chercher dans le joli studio dont les fenêtres donnent sur un faux acacia et je reviens vivre chez elle. Elle ne m'a pas plainte, je ne me suis pas plainte. J’ai rencontré le père de mes enfants six mois après.
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On lui a transmis les valeurs de la culture inca, la richesse n'est pas l'accumulation de biens, mais de liens à l'autre. Le riche est celui qui connaît le plus de monde. (p. 39)
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Mes parents n'ont personne à qui nous confier. Notre famille est sans racines en France, pas de maison avec grand-parents et cousins, de province, de petites villes, de fermes, de cabanes, de lieux-dits. Il y avait des maisons « avant », mais elles sont situées dans des pays qui n'existent plus, des membres fermés du bloc soviétique.

Nos parents sont occupés, leurs vies mystérieuses, ils ne détaillent pas leur passé, leur quotidien, leurs soucis. Leurs enfants sont rangés dans des boîtes tapissées de coton qu ils ouvrent régulièrement pour vérifier que « ça va » puis qu'ils referment pour rejoindre leurs univers parallèles aux nôtres. Nous sommes des enfants en leasing. Cette vallée est notre refuge, nous sommes une trentaine à nous retrouver vacances après vacances, presque toujours les mêmes.
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Hélène et les autres femmes dont il tombait amoureux, que l'on désire pour une nuit ou plusieurs, comment fait-on, mon vieux ? Est-ce que tous les hommes ne sont pas déchirés, coupés en deux, d'un côté la mère aimée de ses enfants et de l'autre celles qu'on n'a pas épousées ?
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