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Citations de Constantin Cavafis (136)


31. ITHAQUE (Traduction C. ZERVOS et Patricia PORTIER)


Quand tu partiras pour Ithaque,
Souhaite que la route soit longue,
Riche d'aventures et d'enseignements.
Ne crains pas les Lestrygons,
Les Cyclopes ou la colère de Poséidon.
Tu ne verras rien de tel sur ta route
Si ta raison reste haute, si ton âme et ton corps
Ne sont touchés que par des émotions choisies.
Tu ne rencontreras pas les Lestrygons,
Les cyclopes ou Poséidon déchaîné
Si tu ne les portes pas en toi,
Si ton âme ne les dresse pas devant toi.

Souhaite que la route soit longue,
Que nombreux soient les matins d'été
Où tu entreras — avec quel délice,
Avec quelle joie ! — dans des ports inconnus.
Attarde-toi dans les comptoirs phéniciens
Et fais de beaux achats :
Nacres et coraux, ambres et ébènes,
Parfums voluptueux de toutes sortes,
Toujours plus de parfums voluptueux.
Rends-toi dans de nombreuses villes d'Égypte,
Apprends encore et encore de leurs érudits.

Garde toujours Ithaque dans ton esprit,
C'est vers elle que tu vas.
Mais ne hâte pas ton voyage :
Mieux vaut qu'il dure beaucoup d'années,
Que tu sois vieux déjà en abordant ton île,
Riche de ce que tu auras gagné sur ta route,
Et sans espoir qu'Ithaque te donne des richesses.

Ithaque t'as donné ce beau voyage.
Sans elle, tu n'aurais pas pris la route.
Elle n'a plus rien à te donner.

Même si elle te paraît pauvre, Ithaque ne t'as pas trompé :
Maintenant que te voilà sage avec tant d'expérience,
Tu auras compris ce que les Ithaques veulent dire.
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Une autre Odyssée

... Alors il est parti.

Tandis que les côtes d'Ithaque
s'estompaient peu à peu devant ses yeux
et qu'il mettait pleines voiles vers le couchant,
vers le pays des Ibères, les colonnes d'Hercule, -
loin des eaux achéennes, -
il se sentit revivre, en rejetant ainsi
ces liens devenus insupportables
du ménage et la routine des affaires courantes.
Et son coeur d'aventurier
en éprouvait une jouissance froide, dépourvue d'amour.

p. 245
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EN ATTENDANT LES BARBARES

...

D'où vient tout à coup cette inquiétude et cette confusion (les visages, comme ils sont devenus graves!)
Pourquoi les rues, les places se vident-elles si vite,
et tous rentrent-ils chez eux, l'air soucieux?

C'est que la nuit tombe et que les barbares ne sont pas arrivés.
Certains même, de retour des frontières,
assurent qu'il n'y a plus de barbares.

Et maintenant qu'allons-nous devenir, sans barbares.
Ces gens-là, en un sens, apportaient une solution.
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Constantin Cavafis
Autant qu’il te sera possible

Et si tu ne peux mener ta vie comme tu le désires,
essaye au moins ceci, autant
qu’il te sera possible : ne l’avilis pas
dans un trop grand commerce avec le monde,
dans tout ce mouvement, tous ces discours.

Ne l’avilis pas, en l’exposant –
en la traînant ainsi et la compromettant –
à la sottise quotidienne
des relations et des fréquentations,
jusqu’à en faire une étrangère fastidieuse.

Constantin Cavafy, Poèmes, traduits par Georges Papoutsakis ( Les Belles Lettres)
relevé sur le site d'informations Okeanews.fr :
http://www.okeanews.fr/20131021-poesie-kavafis-bus-propagande
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J'ai tant contemplé la beauté
que mes yeux en sont tout emplis.
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Murs

Sans égards, sans pitié, sans scrupule,
ils ont élevé de hautes murailles autour de moi.

Et maintenant, je ne fais rien ici que me désespérer.
D'un tel destin la pensée m'obsède et me ronge ;

car j'avais beaucoup de choses à faire dehors.
Pendant qu'on bâtissait les murs, ah, que n'ai-je pris garde.

Mais jamais je n'ai entendu le bruit des maçons ni leurs voix.
C'est à mon insu qu'ils m'ont enfermé hors du monde.
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Cierges

Les jours de l'avenir se dressent devant nous
comme une file de petits cierges allumés -
des petits cierges dorés, chauds et pleins de vie.

Les jours passés restent en arrière,
une triste rangée de cierges juste éteints ;
les plus proches encore fumants,
cierges froids, fondus et prostrés.

Je ne veux pas les voir ; leur aspect m'afflige,
comme il m'afflige de me rappeler leur éclat premier.
Je regarde, vers l'avant, mes cierges allumés.

Je ne veux pas me retourner pour constater avec horreur
comme s'allonge vite l'obscure rangée,
comme augmentent vite les cierges éteints.
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Désirs.

Beaux comme des morts qui n'ont point vieilli,
enfermé au milieu des larmes dans un mausolée splendide,
le front ceint de roses et jasmins aux pieds -
tels sont les désirs qui nous ont quittés
sans s'être accomplis ; sans qu'aucun n'atteigne
à une nuit de volupté ou à son lumineux matin.
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LES FENËTRES

Dans l'obscurité de ces chambres, où je coule
des jours pénibles, je marche de long en large
pour trouver des fenêtres,- Si pouvait s'ouvrir
une fenêtre, quel réconfort ce serait.-
Mais il n'y a pas de fenêtres, ou est-ce moi qui n'arrive pas
à en trouver. Et peut-être vaut-il mieux ne pas en trouver.
Peut-être la lumière causerait-elle un autre supplice.
Qui sait quelles choses nouvelles elle découvrirait.
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CHE FECE...IL GRAN RIFIUTO

A quelques-uns arrive un jour
d'avoir à choisir entre le grand Oui
et le grand Non. Se révèle aussitôt celui
qui a le Oui tout prêt en lui, et de le dire

le fait aller plus loin dans l'honneur et dans sa conviction.
Celui qui refuse ne regrette rien. Si on lui reposait la question,
c'est non qu'il redirait. Et pourtant il l'accable,
ce non- dans sa jeunesse- durant toute sa vie.
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UN VIEILLARD

Dans le brouhaha du café, à l'arrière
de la salle, un vieillard est penché sur sa table;
sans autre compagnie devant lui qu'un journal.

Et dans la déchéance de ses misérables vieux jours,
il pense qu'il a bien peu profité des années
où il avait la force, et la parole et la beauté.

Il sait qu'il a beaucoup vieilli; il le sent, il le voit.
Sa jeunesse pourtant, il aurait juré
que c'était hier. Quel intervalle court, quel intervalle court.

Et il songe que la sagesse s'est bien moquée de lui;
et comme il lui faisait confiance- quelle folie! -
cette menteuse qui disait toujours: " Demain. Tu as tout le temps".

Il se souvient des élans qu'il réfrénait; ; que de joie aussi
il a sacrifié. Sa prudence insensée,
tant d'occasion perdues la rendent ridicule à présent.

- Mais à force de penser et de se souvenir,
le vieillard à la tête qui tourne. Et il s'endort,
appuyé contre la table du café.

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VOIX

Voix sublimes et bien aimées
de ceux qui sont morts, ou de ceux
qui sont perdus pour nous comme s'ils étaient morts.

Parfois, elles nous parlent en rêve;
parfois, dans la pensée, le cerveau les entend.

Et avec elles résonnent, pour un instant,
les accents de la première poésie de notre vie-
comme une musique qui s'éteint, au loin, dans la nuit.
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REVIENS

Reviens souvent me prendre,
sensation bien-aimée, reviens me prendre_
quand la mémoire du corps se réveille,
et qu'un désir ancien tressaille dans le sang;
quand les lèvres et la peau se souviennent,
et que les mains ont de nouveau l'impression de toucher.

Reviens souvent me prendre, la nuit,
à l'heure où les lèvres et la peau se souviennent...
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Constantin Cavafis
Ithaque (Traduit par Marguerite Yourcenar et Dominique Grandmont)

Quand tu partiras pour Ithaque, souhaite que le chemin soit long, plein d’aventures et d’enseignements. Les Lestrygons et les Cyclopes, ne les crains pas, ni la colère de Poséidon. Tu ne verras rien de pareil sur ta route si tes pensées restent hautes, si une émotion rare étreint ton esprit et ton corps. Les Lestrygons et les Cyclopes, tu ne les rencontreras pas, ni l’irascible Poséidon, si tu ne les portes pas en toi-même, si ton coeur ne les dresse pas devant toi.

Souhaite que le chemin soit long, que nombreux soient les matins d'été, où, avec quels délices et quelle joie ! tu pénétreras dans des ports que tu n’as jamais vus. Arrête-toi dans les comptoirs phéniciens, et procure-toi de belles marchandises : nacre et corail, ambre et ébène, et mille sortes de capiteux parfums. Oui, acquiers le plus possible de ces capiteux parfums. Visite aussi de nombreuses cités égyptiennes, et instruis-toi avidement auprès de ceux qui savent.

Garde sans cesse Ithaque présente à ton esprit. Y parvenir est ta destination finale. Mais n'écourte pas ton voyage : mieux vaut qu'il dure de longues années et que tu n’abordes enfin dans ton île qu'aux jours de ta vieillesse, riche alors de tout ce que tu as gagné en chemin, et sans attendre d'Ithaque plus de bienfaits.

Ithaque t'a donné ce beau voyage : sans elle, tu ne te serais pas mis en route. Elle n’a plus rien d’autre à te donner.

Même si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t'a pas trompé. Sage comme tu l'es devenu à la suite de tant d'expériences, tu as sûrement déjà compris ce que les Ithaques signifient.
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EN ATTENDANT LES BARBARES

Ce poème de Constantin Cavafy (1963-1933) a été traduit du grec par Marguerite Yourcenar et Constantin Dimaras

"Qu'attendons-nous, rassemblés sur l'agora?
On dit que les Barbares seront là aujourd'hui.

Pourquoi cette léthargie, au Sénat?
Pourquoi les sénateurs restent-ils sans légiférer?

Parce que les Barbares seront là aujourd'hui.
À quoi bon faire des lois à présent?
Ce sont les Barbares qui bientôt les feront.

Pourquoi notre empereur s'est-il levé si tôt?
Pourquoi se tient-il devant la plus grande porte de la ville,
solennel, assis sur son trône, coiffé de sa couronne?

Parce que les Barbares seront là aujourd'hui
et que notre empereur attend d'accueillir
leur chef. Il a même préparé un parchemin
à lui remettre, où sont conférés
nombreux titres et nombreuses dignités.

Pourquoi nos deux consuls et nos préteurs sont-ils
sortis aujourd'hui, vêtus de leurs toges rouges et brodées?
Pourquoi ces bracelets sertis d'améthystes,
ces bagues où étincellent des émeraudes polies?
Pourquoi aujourd'hui ces cannes précieuses
finement ciselées d'or et d'argent?

Parce que les Barbares seront là aujourd'hui
et que pareilles choses éblouissent les Barbares.

Pourquoi nos habiles rhéteurs ne viennent-ils pas à l'ordinaire prononcer leurs discours et dire leurs mots?

Parce que les Barbares seront là aujourd'hui
et que l'éloquence et les harangues les ennuient.

Pourquoi ce trouble, cette subite
inquiétude? - Comme les visages sont graves!
Pourquoi places et rues si vite désertées?
Pourquoi chacun repart-il chez lui le visage soucieux?

Parce que la nuit est tombée et que les Barbares ne sont pas venus
et certains qui arrivent des frontières
disent qu'il n'y a plus de Barbares.

Mais alors, qu'allons-nous devenir sans les Barbares?
Ces gens étaient en somme une solution."

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Corps, souviens-toi, non seulement de combien tu fus aimé,
non pas seulement des lits où tu t’étendis,
mais aussi de ces désirs qui pour toi
brillaient dans les yeux visiblement,
et tremblaient dans la voix ― et que quelque
obstacle fortuit rendit vains.
Maintenant que tout cela plonge dans le passé,
il semble presque qu’à ces désirs
tu te sois donné. Comme ils brillaient
souviens-toi, dans les yeux qui te regardaient,
comme ils tremblaient dans la voix, pour toi ; souviens-toi, corps.
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