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Citations de Cynthia Ozick (61)


Je te scandaliserais si je te parlais ne fût-ce que d'un seul des jeux horribles que je suis contrainte de jouer avec elle. Pour apaiser sa démence, pour la faire taire, je fais comme si tu étais morte. Si! c'est vrai! il n'est rien, pas une folie, que je ne dirais pour l'obliger à tenir sa langue. C'est une calomniatrice. Partout il y a des calomnies, et parfois - mes lèvres éclatantes, ma chérie! - les calomnies touchent jusqu'à toi. Ma pureté, ma reine des neiges!
J'ai honte de donner un exemple. Pornographie. Ce que Stella, cette pornographe, a fait de ton père. Elle vole toute la vérité, elle la dérobe, elle la subtilise. Le vol demeure impuni. Elle ment, et c'est le mensonge qui est récompensé. Le Nouveau Monde! C'est pourquoi j'ai démoli ma boutique! Parce qu'ici on fabrique des théories mensongères. Les gens de l'université en font autant : ils prennent les êtres humains pour des spécimens. En Pologne il y avait la justice ; ici ils ont des théories sociales. Leur système n'a presque rien hérité des Romains, c'est la raison. Faut-il s'étonner que les avocats ne soient que des charognards qui se nourrissent des excréments des voleurs et des menteurs ? Dieu merci tu as suivi le penchant de ton grand-père et étudié la philosophie et non le droit.
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À l'inverse de toi, je n'ai aucun descendant, et par conséquent personne sur qui me lamenter.
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A ces instants, il ne lui semblait plus être un maître d'école mais le détenteur d'un pouvoir quasi sacré. Il savait ce qu'il tenait entre ses mains : la miraculeuse ascension des vies, l'avenir en puissance dans le présent, toute l'excellence du genre humain. "Le monde repose sur le souffle des enfants dans les écoles" : ce fragment du Talmud faisait frissonner son âme comme le feuillage d'un arbre baigné de chaleur.
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Rien ne bougeait. Rien ne changeait. Le CP était toujours le CP, la quatrième était toujours la quatrième. Cette idée le glaçait : c'était le froid même du cosmos. Pareil, tout était éternellement pareil. La nature remplace, remplace à l'identique avec une monotonie glaciale.
Puis il les voyait qui continuaient à passer devant lui, ces enfants éternellement enfants, qui n'iraient jamais au-delà de l'éveil de la puberté ; ils passaient devant lui, pareils, toujours pareils : les mêmes enfants timides, les mêmes clowns et plaisantins, les mêmes yeux avec leurs peines cachées, les fillettes ravissantes, les enfants mornes et sans grâce, tout ce ramassis de chairs quelconques expulsées d'entre les cuisses du tout dernier contingent de mères. Une vague après l'autre et toujours la même vague. Ils étaient comme ces étoiles dont on ignore si elles sont vivantes ou mortes. Il n'est pas permis d'être témoin de leur fin ; seulement de leur précoce apparition, véhiculée par une antique lumière.
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Ils se nourrissaient de pitié, et par conséquent de potins [...].
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Elle supportait mal qu'on fût à la traîne ; et lui s'était arrêté trop tôt. L'ambition de cette femme prenait une forme qu'il n'avait jamais rencontrée, à moins qu'il ne l'eût oubliée. Cette ambition était identique au désir, et son désir ne ressemblait pas à celui qu'il nourrissait ; il avait depuis longtemps relégué le rêve. Son ambition, son désir à elle, c'était de couler des moules, de donner vie à la forme. Il reconnut - à présent qu'il savait chercher - qu'elle travaillait à construire un cadre pour chaque idée. Ses idées étaient curieusement obliques, comme dans une parodie. Elle exposait - elle mimait - tous les schémas rationnels, mais avec le tour de vis presque imperceptible de son sourire maléfique. Etrange qu'elle eût une enfant. Il connaissait les mères, en profondeur, au-delà des limites ; elle ne ressemblait à aucune d'entre-elles. Les mères étaient toutes irriguées de sécrétions spontanées, inexorables. Un magma grondait en elles du matin au soir, elles étaient propulsées en avant par l'explosion de fleuves internes. Les mères étaient des radeaux sur les grandes eaux de leurs propres instincts. Encerclement, préservation, défense, protection : voilà ce grondement et cette force. C'était le pourquoi et le comment de leur existence : creuser autour de leur progéniture un fossé bouillonnant. L'ardeur de leur vie ne tendait à rien d'autre et, en dépit des apparences, elles étaient prises dans l'étau de la nature, prisonnières d'une illusion de liberté : comme l'abeille en plein vol ignore que son but est le miel et suppose que chacun de ses vols se fait pour l'amour de voler, ainsi les mères allaient de-ci, de-là, faisaient ceci ou cela, croyaient à telle chose ou telle autre, mais tout cela à une fin immuable et sans nuance. Et un jour, leur progéniture serait pareille à elles ; agressive, arrogante, incroyablement vivace, les glandes défendant la nécessaire et rude poussée vers la continuité.
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Un jour, il constata qu'il était plus vieux qu'il ne l'avait jamais été.
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- Mais votre mère dit...
- Ma mère ment beaucoup. (Rires du public.) C'est son métier. (Rires du public.)
- Et de quel métier s'agit-il?
- Le métier de mère. (Rires du public.)
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«Nulle réalité ne dépasse la pensée», écrivit le golem.
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Autrefois je pensais que le pire était le pire, après ça rien ne pouvait être le pire. Mais maintenant je vois que même après le pire il y a encore plus.
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Puttermesser marmonna : «Je n'aime pas ta prose. Ton style ressemble à une mauvaise traduction du moyen finnois. Fais un effort» [...]
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Marvin l'inexorable, qui avait la logique dans le sang. C'était sa nature, il avait monté une affaire, il savait ce qu'était l'avidité, il trempait dans une connaissance innée de la mauvaise foi.
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Il songeait à cette région des mathématiques où tout peut être inventé et où tout ce qui est vient choisir ses formes dans l'infinie plénitude de ce qui pourrait être.
Il se disait : 𝘓𝘦 𝘊𝘳𝘦́𝘦́ 𝘦𝘵 𝘭𝘦 𝘕𝘰𝘯-𝘌𝘯𝘤𝘰𝘳𝘦 𝘊𝘳𝘦́𝘦́ 𝘰𝘯𝘵 𝘶𝘯𝘦 𝘦́𝘨𝘢𝘭𝘦 𝘦́𝘭𝘰𝘲𝘶𝘦𝘯𝘤𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘦𝘶𝘳 𝘭𝘢𝘯𝘨𝘢𝘨𝘦 𝘰𝘳𝘪𝘨𝘪𝘯𝘦𝘭, 𝘭𝘢 𝘥𝘪𝘷𝘪𝘯𝘦 𝘭𝘰𝘤𝘶𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘦 𝘭'𝘦́𝘲𝘶𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 ; 𝘢𝘭𝘰𝘳𝘴, 𝘲𝘶𝘪 𝘱𝘰𝘶𝘳𝘳𝘢𝘪𝘵 𝘥𝘪𝘳𝘦 𝘭𝘦𝘲𝘶𝘦𝘭 𝘦𝘴𝘵 𝘭𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘣𝘦𝘢𝘶, 𝘭𝘦𝘲𝘶𝘦𝘭 𝘦𝘴𝘵 𝘴𝘶𝘱𝘦́𝘳𝘪𝘦𝘶𝘳 𝘢̀ 𝘭'𝘢𝘶𝘵𝘳𝘦 ? 𝘊𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘵𝘦𝘯𝘰𝘯𝘴 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘙𝘦́𝘢𝘭𝘪𝘵𝘦́ 𝘯'𝘦𝘴𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘗𝘰𝘴𝘴𝘪𝘣𝘪𝘭𝘪𝘵𝘦́ 𝘱𝘢𝘳𝘵𝘪𝘦𝘭𝘭𝘦, 𝘨𝘳𝘰𝘴𝘴𝘪𝘦̀𝘳𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘵𝘢𝘪𝘭𝘭𝘦́𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘢 𝘮𝘢𝘵𝘪𝘦̀𝘳𝘦 𝘮𝘶𝘦𝘵𝘵𝘦, 𝘮𝘰𝘥𝘦̀𝘭𝘦 𝘥𝘦 𝘱𝘩𝘺𝘴𝘪𝘤𝘪𝘦𝘯 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘵𝘳𝘶𝘪𝘵 𝘴𝘶𝘳 𝘭'𝘢𝘳𝘮𝘢𝘵𝘶𝘳𝘦 𝘣𝘳𝘶𝘵𝘦 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘱𝘦𝘴𝘢𝘯𝘵𝘦𝘶𝘳 𝘦𝘵 𝘥𝘦𝘴 𝘦́𝘭𝘦́𝘮𝘦𝘯𝘵𝘴 𝘤𝘩𝘪𝘮𝘪𝘲𝘶𝘦𝘴.
Pesanteurs, éléments chimiques ! Atomes et forces ! Systèmes à l'état brut. Peut-être les galaxies n'étaient-elles qu'une ébauche, un choix provisoire au regard d'un autre principe non encore expérimenté dans la matière. Etait-il lui aussi une ébauche, une autre version d'un homme qui aurait pu se tenir ici, à sa place, sur le sable froid ?
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Il est philosophe, alors il est devenu vagabond.
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[..] elle pensait aussi au fait que les noms ont leur propre destin, qu'ils influencent sur quiconque les prononce ou les porte. Par exemple le poète Wordsworth - words, les mots, worth, digne -, sa vie ayant épelé toutes les lettres de son patronyme. Ou bien Mann, lui-même - man, l'homme, l'humain, parti à la recherche des origines de l'humaine nature dans la préhistoire israélite. Ou encore cette façon dont un Eliot en corrige un autre : «le juif se tapit sur le rebord de la fenêtre» - ça, c'est de Tom - blâmé par la Jérusalem visionnaire de Deronda - et cette fois, c'est George qui parle. Et James, l'aristocratie jacobite, prétendant au trône. La Molly de Joyce, se réjouissant. Bellow, le soufflet, qui ranime les feux ; Updike, comme un écho à dyke qui signifie doigter - travaillant ses ouvertures avec la précision d'un pianiste ; Oates, l'avoine, qui sème au vent ; Roth, comme wroth (courroucé). Etc.
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- Une religion avancée. Monothéiste, je veux dire.
- Et qu'est-ce qui vous dit que le monothéisme est avancé ? Au contraire ma chère petite ! C'est aussi sot de se fixer sur un seul dieu que de se fixer sur une seule idée, vous ne voyez pas ? L'indice de l'avancement, c'est la flexibilité. Les tempéraments humains sont si variables, comment un seul dieu pourrait-il les satisfaire tous ? Les Grecs et les Romains avaient un dieu pour chaque personnalité, tout comme l'Eglise a un saint pour chaque humeur. Les sauvages, les hindous et les catholiques comprennent tout cela. Seuls les juifs et leurs imitateurs insistent sur un Dieu inflexiblement unitaire - je ne peux imaginer rien de plus malheureux pour l'histoire : c'est la porte étroite ...
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- Je vous accompagne.
- Non, non, il arrive qu'une personne ait besoin d'être seule.
- Quand on est trop seule, dit Persky, on pense trop.
- Quand on n'as pas de vie, répondit Rosa, on vit où on peut. Quand tout ce qu'on a c'est la pensée, c'est là qu'on vit.
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Elles emmenèrent Albert en haut de la tour Eiffel, au bois de Boulogne, lui firent prendre le bateau-mouche et naviguer sous tous les ponts de la Seine. Elles lui montrèrent la Bastille - rien qu'une colonne -, puis le firent descendre dans les profondeurs du métro pour émerger sur les Champs-Elysées. Elles lui montrèrent les tours de Notre-Dame et l'Arc de Triomphe. Elles l'emmenèrent à l'Opéra, avec son grand escalier, son plafond peint et ses allures de palais illuminé, et au cinéma Le Grand Rex (il préféré le Rex à Guillaume Tell). Ils jouèrent les badauds devant l'Elysée, virent les statues de cire au musée Grévin et les chamois au zoo. Elles louèrent même une voiture (payée par Berthe) pour aller à Versailles et, lorsqu'elles lui demandèrent - dans la galerie des Glaces du Roi-Soleil - ce qu'il préférait parmi toutes ces aventures, il répondit que c'étaient les croissants.
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Ce n’est pas mon genre de vie de me promener pour aller nulle part.
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Toi, par contre, tu étais capable de répondre à des questions qu'on n'avait même pas encore inventées. Après quoi, tu inventais les questions.
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