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Citations de Cyrille Javary (114)


" La vie qui engendre la vie, c'est cela le changement" Yi Jing.
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Les civilisations de l'Antiquité se sont données des Dieux et des Codes, les Civilisations modernes de lois et des méthodes, les Chinois, eux, ont traqué l'éternel dans sa forme la plus quotidienne : le changement incessant, le roulement saisonnier.
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On mesure la distance entre ce qui est évoqué par les idéogrammes chinois et les traductions qu'on nous en propose habituellement.
Commençons par les pires : yang = masculin et yin = féminin.
Peut-on imaginer réduction plus radicale d'un système qui vise à représenter le changement ? Femme ou homme, tel on naît, tel on reste toute sa vie. Et ce n'est pas de dire que chacun de nous porte en lui sa contrepartie masculine ou féminine qui arrange le côté immuable de cette division.
L'idée de dualité nous étant plus familière que celle de dialectique, on établit souvent pour présenter yin et yang des listes en partie double comme par exemple :
Yin : Sombre, Froid, Bas, Nuit, Intérieur, Repos
Yang : Lumineux, Chaud, Haut, Jour, Extérieur, Action

Ce procédé n'est pas sans fondement. Pourtant il présente un grave inconvénient dû à l'emploi en français du verbe "être". En tant que verbe copulatif reliant l'attribut et le sujet, le verbe être n'existe pas en chinois. Un Chinois ne peut donc pas dire que le yin est sombre, froid ou bas. Il ne peut donc pas penser que sombre, froid etc sont des attributs du yin, mais seulement des résultats sensibles de son action. Yin n'est pas sombre, c'est un mouvement d'assombrissement. Il n'est pas froid, mais tendance au rafraîchissement; [...]

Emblèmes du mouvement concertant de la vie, yin et yang ne se réalisent qu'à l'intérieur de la dynamique qui les accouple.
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Dans peng [traduction suggérée en chinois pour le mot hasard], la mise en relation se passe entre le visible d’une situation et l’invisible d’une vibration, entre la succession d’un souverain et la nouvelle gamme sonore qui en résulte et en témoigne. Dans ou [autre traduction suggérée en chinois pour le mot hasard], le couplage a lieu entre le monde des humains et celui des défunts, la trace du pied étant le signe matériel de son adéquation. Dans les deux cas, il s’agit d’un contact entre le ciel et la terre, entre les ancêtres et leurs descendants, entre le souverain et son peuple, entre le haut et le bas, entre le yin et le yang.
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A la différence de la Chine qui apprivoisera le hasard pour en faire le pivot de sa rationalité, la raison cartésienne va se poser en s’y opposant. « S’articulant autour de l’idée de déterminisme, elle va substituer l’idée de nature à celle de Dieu », comme l’explique Karl Popper. La nature détermine tout par avance : elle est toute-puissante autant qu’omnisciente, pensait-on. Mais à l’inverse de Dieu, la nature n’est pas insondable. Dès lors que ses lois seront connues, le futur pourra être prédit et le hasard vaincu. Le rationalisme s’est fondé en créant une catégorie artificielle : l’irrationnel, vaste fourre-tout dans lequel sera rangé tout ce que ses axiomes sont impuissants à concevoir : la foi, la magie, l’aléatoire.
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L’hexagramme qui apparaît par tirage dessine l’organisation énergétique du consultant à un moment donné, par rapport à la question qui le préoccupe.
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Vieux a deux sens en chinois. Le premier souligne ce qui est sur le point de se transformer radicalement, le second en fait un équivalent de « vénérable », et qualifie toute personne qui doit être écoutée.
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Demander au Yi Jing si un projet va réussir relève de la divination. […] Demandez-lui donc, en revanche, comment faire aboutir ce projet. Il vous répondra alors en vous proposant la stratégie la plus appropriée compte-tenu du moment, de vous-même et du projet.
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On n’interroge pas le Yi Jing pour savoir le temps qu’il fera demain ou le cheval qui gagnera dimanche. Non pas parce que cela serait lui manquer de respect (comment peut-on manquer de respect à un volume de papier ?) mais parce que ce serait manquer de logique. Ce genre de question, comme toute demande d’information sur le futur, relève de la voyance ou de la prophétie.
Le Yi Jing, lui, s’occupe du présent. Mais ce présent n’est ni figé ni extérieur, c’est l’état momentané d’une situation qui existe dans la mesure où nous y sommes impliqués. Car, en dernier ressort, ce que le Yi Jing analyse, c’est nous-mêmes.
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A l’inverse de toute voyance, prophétie ou magie, le Yi Jing ne prédit pas le futur, il sait seulement analyser le présent. Son usage ne permet pas de faire des pronostics, mais des diagnostics.
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La statue de la Liberté qui orne le port de New York ne représente pas la Liberté. Elle n’était d’ailleurs pas destinée à la métropole américaine. Bartholdi l’avait conçue pour être érigée à l’entrée du canal de Suez. Là, le visage tourné vers le Levant, elle devait symboliser « la Science occidentale apportant la lumière aux peuples de l’Asie ». Les affaires du canal ayant connu un krach retentissant, le projet fut abandonné et, quelques années plus tard, les Américains la rachetèrent à l’occasion du premier centenaire de la déclaration d’Indépendance.
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L’expression Tai Ji est difficile à rendre en français. Tai contient l’idée de grand à son extrême, et Ji, celle de culmination. A l’intérieur d’une pensée dialectique, toute culmination opère un renversement et se transforme en son contraire ; on devrait donc s’approcher un peu du sens de cette expression en la rendant par « Grand Retournement » […].
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[Renouvellement du confucianisme après l’arrivée du bouddhisme] L’idée de salut individuel au travers de la roue du karma […] sera reformulée en termes de spontanéité consonante avec le mouvement yin/yang de l’univers, celle de l’illumination du cœur comme une recherche en soi-même de l’être authentique, en prise directe avec le Tao (car il fallait compter aussi avec l’influence prise par les taoïstes). Il en résultera une sorte de naturalisme évolutionniste, à la fois rationnel et syncrétiste, qui sera appelé en français « néo-confucianisme », et en chinois tantôt « logique de la Réalité », tantôt « doctrine de la Voie ». On peut comparer ce mouvement à celui qui occupera deux siècles plus tard les scolastiques européens dans leur tentative d’harmonisation de l’héritage gréco-romain avec les doctrines de la théologie chrétienne.
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Ranger, classer, organiser : l’éternelle obsession des Chinois. Qu’il s’agisse de plantes, de points d’acupuncture ou bien d’idéogrammes, leur problème est toujours le même : comment disposer les données du réel d’une manière à la fois rationnelle et efficace ? Songez un instant aux difficultés que pose, en l’absence de tout alphabet, donc de tout ordre alphabétique, l’organisation d’un simple dictionnaire ?
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Quasiment sans s’en apercevoir, les devins Shang ont inventé l’écriture chinoise. Après avoir été brûlées, les pièces divinatoires étaient soigneusement conservées pour permettre une comparaison ultérieure entre ce qui avait été pronostiqué et ce qui était arrivé. Mais cette sage habitude a fini par poser de graves problèmes d’archivage et de mémorisation. Les devins ont donc pris l’habitude de graver sur les pièces mêmes des signes mnémotechniques résumant leurs commentaires divinatoires.
Ces signes sont des idéogrammes, les premiers idéogrammes chinois, les ancêtres directs des caractères actuels dont ils ont déjà toutes les caractéristiques.
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Il faut donc s’imaginer le trait yang comme s’étendant vers l’extérieur, s’allongeant à l’infini, grandissant tellement qu’il finit par se rompre en son milieu, par s’ouvrir comme une porte. Le mouvement yang d’élongation a provoqué de lui-même sa mutation en yin. Il va aussitôt alors s’animer d’un mouvement yin de contraction vers l’intérieur qui se poursuivra jusqu’au moment où les deux moitiés se toucheront. A cet instant, l’autre point de retournement sera atteint, la porte sera fermée et la tendance se renversera à nouveau.
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[…] le Yi Jing se propose de rentrer dans les détails et de réaliser cette gageure : représenter la continuité du passage du temps par une organisation réfléchie de 64 moments.
Les hexagrammes ne sont pas des symboles, ce sont des schémas, des radiographies d’instants particuliers dans un devenir général. Ce ne sont pas des moments statiques à l’inverse de ceux que nous intercalons pour séparer deux durées, ce sont des moments en train de passer, au ralenti, presque à la vitesse du Grand Retournement.
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Regardons d’abord le yang. La partie droite du caractère ressemble beaucoup au yi de Yi Jing. En fait, elle ne s’en distingue que par un trait horizontal. Alors que le mot yi évoque les changements de temps en général, la « facilité » avec laquelle soleil et pluie alternent dans le ciel ; yang, lui, insiste sur un des aspects de ce changement. Le trait horizontal différencie nettement le soleil de la pluie qui tombe. Cette partie de l’idéogramme dessine la fin d’un orage, quand le soleil prend le pas sur les nuages, quand il s’en distingue de plus en plus nettement. Yang est ce moment particulier où les nuages diminuent, où le soleil se dévoile, l’air se réchauffe et devient plus lumineux, le ciel monte, les nuages s’effilochent et disparaissent.
Yin se compose dans sa partie droite de deux signes. Le premier exprime une idée de présence latente, et le second est le caractère : nuage(s). Il y est décrit le mouvement complémentaire du yang, les nuages de pluie s’amassent, le soleil se voile, le ciel descend, l’air devient plus sombre et plus froid.
On mesure la distance entre ce qui est évoqué par les idéogrammes chinois et les traductions qu’on nous en propose habituellement. Commençons par les pires : yang = masculin et yin = féminin. Peut-on imaginer réduction plus radicale d’un système qui vise à représenter le changement ? […]
En tant que verbe copulatif reliant l’attribut et le sujet, le verbe être n’existe pas en chinois. Un Chinois ne peut pas dire que le yin est sombre, froid ou bas. Il ne peut donc pas penser que sombre, froid, etc., sont des attributs du yin, mais seulement des résultats sensibles de son action. Yin n’est pas sombre, c’est un mouvement d’assombrissement ; il n’est pas froid, mais tendance au rafraîchissement ; il n’est ni intérieur ni repos, mais rentrée et freinage. De même, yang n’est pas clair, mais mouvement d’éclairement ; il n’est pas chaud, extérieur ou action, mais réchauffement, ascension ou mise en action.
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En chinois, le Yi Jing est un tout petit livre. Le texte canonique comporte à peine 4000 caractères. On pourrait le faire tenir dans une demi-page du Quotidien du peuple. En ajoutant les commentaires officiels (les Dix Ailes) qui comptent environ 6000 caractères, une édition complète du « Classique des Changements » n’occuperait qu’une trentaine de pages pareilles à celles que vous êtes en train de lire.
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Jing (King dans l’ancienne orthographe) est le nom général de tous les « livres-maîtres », par exemple, Dao De Jing (Tao Te King) : « Classique de la Voie (Dao) et de la Vertu efficace ».
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