Citations de Daniel Bourrion (55)
maintenant on va à Chicago sans bien savoir pourquoi pour le comment c’était rouler pour le pourquoi peut-être l’envie de croiser Al Capone son ombre blanche sur les pavés qu’on voulait noirs de sang séché l’envie d’aller au Nord et le Nord pour nous c’était droit Chicago on verrait bien envie de voir le lac voir de grandes eaux puisqu’à Sardinia, État de New York, États-Unis, n’étaient que des ruisseaux et deux ou trois étangs planqués derrière leurs arbres trop verts
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envisagez votre famille comme une arme de destruction massive
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n’hésitez pas à faire demi-tour lorsque la sortie est proche restez à contre-jour brûlez vos tickets de métro pincez-vous d’heure en heure pour ne pas vous endormir affûtez votre crayon de papier il pourrait vous sauver la vie sachez entendre le murmure des murs les comprendre découpez votre visage sur les photographies de votre enfance effacez des registres vos noms prénoms numéro matricule taille poids stature etc.
(Cantique A1)
on a trouvé une rue morte un grand décor et dans le jour éteintes glauques dégoulinantes d’ennui les grandes enseignes tristes à mourir ...
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soudain nous étions noirs évadés des plantations suants épuisés de fatigue et la peur manquait nous faire nous pisser dessus quand on entendait les chiens derrière pataugeant cherchant aboyant enrageant gueules ouvertes bonne viande de nègres à bouffer déchiqueter on flippait derrière le bruit massif des chevaux et les hommes dessus plus effrayants que leurs chiens bien pires bien pires la route elle toujours pareille grise jaune
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nous droits perçant ce grand mur noir encore encore encore plus rien dessus le ciel était lui noir aussi et dedans nous dans les moments où les rires cessaient aussi par petites poches se levait l’immense peur sombre de l’inconnu mais ça ne durait pas...
Cette ville n'existe pas sinon en quelque conte en quelque terre montée de tous ceux de nos mots qui demeurent une fois que nous avons couvert de cris et de colère de bruit et de fureur les murs du couloir.
méfiez-vous des gens suspicieux
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Dans la nuit à présent pleine, alors que la soutane ne se devinait plus derrière la tache blanche du papier, nous comprîmes que le prêtre ne s'occuperait pas de cela, qu'il ne voulait pas de ça, ces papiers-là, ces phrases-là, et qu'il nous les rendait, nous rendant dans le même mouvement à nous, nous signifiant que nous n'avions plus qu'à nous démêler de cela seuls puisque, le plus souvent, nous réglions nos histoires sans l'aide de personne, sans foi, ni loi et, surtout, sans lui
Je pensais aussi, faut dire, aux autres, à ceux qui dans d’autres coins du département prenaient les mêmes autocars ou presque pour eux aller dessous la terre, rejoindre les puits qui sur la ligne horizontale (quand tu regardes ce pays, le mien, tu vois ces deux lignes, une Nord-Sud, l’autre Ouest-Est, et tout du long, vers le haut c’est l’acier, vers la droite plutôt le charbon, on aime les choses bien rangées dans la région) étaient comme des sortes de fanaux, des points d’ancrage.
ces mauvais cahiers dont les couvertures aux couleurs criardes mal posées sur le croquis central, un chevalier sur une monture cabrée je crois, leur texture au toucher, ressemblaient un peu à la peau qu'attrapaient les vieux paysans après leurs années passées sous les caresses vives du vent, du soleil, de la pluie et, plus souvent encore, du gel qui faisait éclater dans les bois certains arbres affaiblis, fendus déjà et par les fissures desquels l'eau s'insinuait peu à peu jusqu'à en atteindre le coeur pour y attendre que des températures bien largement égatives la fassent se figer, gonfler, se gonfler jusqu'à ce qu'elle parvienne, cette eau changée en glace, à opposer sa dureté minérale à celle plus tendre du bois, puis à vaincre cette dernière en la faisant littéralement exploser
une enveloppe grosse très grosse surprise sous le siège conducteur épaisse ronronnante comme une chatte pleine un vrai paquet de fric dans les dix mille au moins nous gueulant tellement que ça a failli prendre fin dans le fossé celui qui conduisait en oubliant qu’il tenait le volant.
ne pas penser ne rien penser ne pas se souvenir que nous étions à peine majeur
pourtant on nous l’avait assez dit rabâché en cours au collège cette terre immense qui était la nôtre enfin presque la nôtre
se dire que Robert Smith alors, le vrai, vivait comme ça, était comme ça, plus souvent à la glace que sur les scènes donc, une vie étrange, une vie de maquillage, une vie à cache-cache, et qu’on aurait pu le croiser dans les rayons du petit supermarché de M*** sans réaliser que cet homme planté longtemps devant les mascaras dans le rayon réservé par habitude aux filles, c’était lui.
Avec ma langue perdue a sombré tout un continent, cette musique particulière qui était celle de ce temps-là que je retrouve parfois dans des échos, quelques éclats de voix, des tournures de phrases que gardent encore dans leurs sacs usés de vieilles personnes, cette mélodie qui s’enfuit mais de suite, me fait toujours penser à ces concerts qu’on peut entendre de loin, de l’autre côté d’une forêt, d’un lac bleu-gris
c’était une vie nouvelle une vie de folie et personne n’a dormi cette nuit-là
une sorte de routine d’endroits tous identiques tellement qu’on ne savait plus où l'on était sinon sur la route
c’était soulagement de ne pas trouver nos trognes étalées à la une comme une pâte trop molle
on a commencé à croquer dans la grande tarte de l’horizon déroulant devant nous son demi-cercle toujours parfait à se demander comment le pâtissier faisait.