AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Dave McKean (104)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Raptor

Parfois, un livre te fait peur. Tu ne t'autorises pas à le lire, … tu l'ouvres, tu trouves ça beau, incontestablement, mais tu penses que c'est pour d'autres, pas pour toi.



Raptor est de ces livres-là. Et la conclusion, c'est qu'il faut oser !



La claque graphique est évidente, à chaque page, elle est partout. Dave McKean nous offre une variété impressionnante - peinture, collage, dessin - des ambiances envoûtantes, des impressions, rien n'est évident, tout est là mais chacun y composera son oeuvre.



Le récit permet également au lecteur de chercher sa place… j'ai parfois cru tout comprendre puis le fil m'a échappé… j'ai navigué entre 2 mondes, un monde sensible et un autre imaginaire… j'ai réussi à me laisser porter, manipuler, j'ai juste tourné les pages.



Tu l'as vu venir, je ne te dirai rien de plus sur le sens car chaque lecteur saura y trouver le sien. Sache juste qu'il y est question de création, de démons intérieurs, de littérature, de politique aussi et d'amour évidemment. Et de frontière, entre un monde et l'autre….



Je vais tâcher de retenir la leçon : il ne faut jamais avoir peur d'un livre. Il ne faut jamais se priver d'une expérience de lecture comme celle-ci… Merci Thomas @librairiebd16 et @francinevanhee

Commenter  J’apprécie          62
Raptor

Grandiose, fascinant, captivant … fantastique, dans tous les sens du terme. Rien que la couverture, mystérieuse et envoûtante, du graphic novel Sokól de Dave McKean paru aux Éditions Futuropolis, est une invitation à franchir la frontière entre réalité et fiction et pénétrer dans un monde où plutôt errer dans les limbes de deux mondes parallèles non seulement par le magnétisme des images mais également par la magie des mots.





Il rêvait d'autres mondes

Sokól est le type même de récit ou plutôt de récits pour lesquels il convient de ne donner que les grandes lignes sans trop en dévoiler et pour cela, je me contenterai de citer l'éditeur.

« Sokól erre dans un paysage féodal et fantastique, chassant les monstres pour le compte de ceux qui peuvent s'offrir ses services, tandis qu'Arthur, un auteur de contes fantastiques, qui pleure la mort de sa jeune épouse dans le Pays de Galles du XIXe siècle, s'en remet au surnaturel dans le vain espoir de la revoir. Tous deux vivent dans le crépuscule entre la vérité et le mensonge, la vie et la mort, la réalité et l'imaginaire. Raptor nous donne à voir tour à tour deux mondes et deux âmes en proie au conflit. »

Et si la lecture de Raptor, nous donnait accès à un autre monde, le mien, le vôtre en nous ouvrant les portes de notre propre conscience ? Outre cette incursion en terres inconnues, ce qui importe, c'est le sens que chacun d'entre nous donnera à ces planches empreintes de poésie, de fantastique, d'ésotérisme.





Quand les mots se font oiseaux et « descendent, tombent à pic au bas de la page ».

Dès la première planche, le ton est donné. En contrepoint de la virtuosité graphique, viennent s'ajouter la qualité littéraire, la puissance des mots, la poésie et la musicalité du texte composé par l'auteur, grand amateur de jazz. L'amour de la nature y est admirablement retranscrit par l'utilisation d'un vocabulaire recherché dans la description des lieux traversés et on se laisse bercer par la sonorité de ces mots tout comme de ceux prononcés en énochien, la langue occulte utilisée lors d'une séance de spiritisme.

Bravo à la traductrice Sidonie van den Dries qui a accompli un travail remarquable en conservant le rythme et la beauté de la langue.





« Le texte est la clé, le miroir, la porte »

« Je voulais faire quelque chose qui s'inspire de la nature contemporaine et de la littérature de voyage que j'ai lue, quelque chose qui exprimerait mon amour du monde naturel et quelque chose qui vivrait dans ce royaume entre la réalité et l'imagination. Mon personnage est pris au piège entre ces deux mondes, l'état de l'humain et de l'oiseau, ou la réalité et le fantasme, de la vie civilisée et de l'instinct animal brut. »

Tout est dit ou presque. Certes, entre ces deux mondes, espace et temps s'entremêlent et la frontière n'est pas hermétique… Mais Raptor, c'est aussi une réflexion sur la vie et la mort, le processus créatif, la puissance de l'écriture, le pouvoir politique ...





Un artiste à part entière

David McKean né en 1963, est un artiste britannique protéiforme à la fois illustrateur, photographe, graphiste, dessinateur de comics, réalisateur et musicien. Alors oui, c'est un géant de la bande dessinée anglo-saxonne à qui l'on doit notamment le magistral « Arkham Asylum » sur un scénario de Grant Morisson, plusieurs ouvrages avec Neil Gaiman au scénario ainsi qu'en tant qu'auteur « amphivalent » (selon la définition de la scénariste Loo Hui Phang qui réfute le terme d'auteur complet) de « Cages », un pavé de 500 pages, Alph-Art du meilleur album étranger à Angoulême en 1999 et enfin « Black Dog: The Dreams of Paul Nash » en 2016, une oeuvre de commande dans laquelle l'artiste a exploité toutes les facettes de son talent afin de dénoncer les horreurs de la Grande Guerre à travers le regard Paul Nash, artiste officiel durant les deux guerres. Mais Dave McKean est bien plus qu'un bédéiste : c'est avant tout un créateur en réflexion et création perpétuelles qui va puiser ses sources d'inspiration aussi bien dans l'art contemporain que la littérature.

Grand amateur de la littérature fantastique du XIXe siècle, nul doute que le personnage d'Arthur a été fortement inspiré par Arthur Llewelyn Jones, dit Arthur Machen, écrivain fantastique gallois qui après la mort de sa femme rejoignit une société secrète de mouvance occultiste.

Son travail pictural, ses compositions graphiques associant dessin, peinture, collage … réalisées sur feuilles avant d'être scannées et nettoyées (ou pas) par infographie sont d'une beauté à couper le souffle et on est ébloui de la première planche à la dernière.





Maintenant, vous savez ce qu'il vous reste à faire : précipitez-vous chez votre libraire, prenez l'album, ouvrez le et plongez dans ce superbe one shot certes étrange et complexe mais plus que tout envoûtant.

Commenter  J’apprécie          60
Premières fois

Premières fois est un recueil de 10 récits érotiques où l'on retrouve des auteurs non habitués au genre comme Alfred, Pedrosa ou encore Vatine. C'est toujours intéressant de voir ce qu'il propose.



J'ai bien aimé le fait que cela va au-delà de la simple pornographie et de l'acte sexuel bestial. C'est tout d'abord un rapport que l'on a avec le plaisir lorsque l'on sait ranger sa pudeur et ses angoisses.



D'ailleurs, certaines chutes de scène sont particulièrement réussies. J'ai bien apprécié par exemple la première histoire qui fait l'ouverture de ce festival charnel et sensuel. Mention spéciale également pour "Club" dessiné par Vatine.



Bref, une fois n'est pas coutume dans le genre, il y a de la grâce et même de la tendresse. Un pari réussi pour Sibylline qui a orchestré le tout.
Commenter  J’apprécie          60
Black dog, les rêves de Paul Nash

Ce livre est une oeuvre graphique étonnante, alternant des styles artistiques très différents et maitrisés. Hommage à Paul NASH, elle traite de la guerre de 14 et du monde onirique avec notamment un rêve récurent où apparait un chien noir. Déconcertante au premier abord, on est vite happé par le dessin de Dave McKean.
Commenter  J’apprécie          60
Premières fois

Pas de répétition pour une fois, toutes les histoires sont différentes, les dessinateurs aussi. Je n'ai pas trouvé la bd vulgaire, le noir et blanc relativise et atténue en même temps.
Commenter  J’apprécie          60
Violent Cases

J'ai relu cette histoire après avoir terminé les 10 tomes de Sandman et force est de constater que ce premier comics de Neil Gaiman contient déjà plusieurs thèmes chers à cet auteur. En 1987, un éditeur anglais a l'intuition de confier le scénario d'un jeune anonyme à un illustrateur qui n'a encore rien réalisé : Neil Gaiman et Dave McKean font connaissance.



L'histoire est bâtie autour de réminiscences d'un narrateur qui a l'apparence de Neil Gaiman. Il se souvient qu'un accident domestique avait amené son père à le faire triturer par un vieil ostéopathe. À partir de là, le narrateur entremêle ses discussions avec l'ostéopathe et ses souvenirs de fête d'anniversaire chez des enfants d'amis de ses parents... jusqu'à sa dernière rencontre avec ce vieil homme.



Neil Gaiman nous convie à analyser l'effet des souvenirs d'enfance, leur nature fragmentaire et le merveilleux qui naît du manque de compréhension du monde des adultes (difficultés de reconnaître les liens de cause à effet). Le lecteur assiste à la naissance d'un mythe dans un contexte très quotidien. Il contemple un enfant dont l'interprétation de la réalité est différente de celle de ses camarades. Il assiste à une petite révélation de ce qui se cache derrière les tours de passe-passe d'un magicien. Au fil des pages, Neil Gaiman parle du souvenir, des émotions qui lui sont liées, mais aussi en arrière plan d'un cheminement psychanalytique.



Pour mettre en image ce récit ambitieux, il a eu la chance de croiser le chemin de Dave McKean qu'il retrouvera pour les couvertures de Sandman (réunies dans "Sandman: Dust covers", un incroyable voyage onirique) et pour quelques collaborations sortant de l'ordinaire telles que "Le Jour où j'ai échangé mon père contre deux poissons rouges", ou "Des loups dans les murs", et Signal / Bruit et Mr Punch.



Dave McKean illustre ce récit introspectif avec des dessins déjà inventifs, avec quelques collages, des trames et quelques photographies d'objets. Sa créativité est à un niveau tel qu'il est possible pour le profane de distinguer les techniques qu'il emploie et de comprendre dans quel but il y a eu recours.



Au final cette première collaboration entre ces 2 créateurs s'avère déjà très aboutie, tout en restant accessible. L'histoire constitue une interrogation sur la transfiguration des expériences de l'enfant par le prisme de la mémoire. La bande dessinée permet à cette histoire de provoquer des associations d'idées et de conjurer des sensations qu'un livre n'aurait pas pu faire. Cette lecture est à recommander aux delà du cercle des admirateurs de Gaiman et McKean.
Commenter  J’apprécie          60
Premières fois

Souvent les recueils de nouvelles déçoivent ...

La BD érotique Premières fois n'échappe malheureusement pas à la règle.

Chaque petite histoire coquine est un récit différent et un dessin différent (autant de dessinateurs).

Une ou deux histoires valent le détour avec un texte coquin qui amuse, une chute inattendue qui surprend et un dessin sensuel qui émoustille.

Comme Fantasme avec le dessin de Jérôme Daviau.

Le reste n'est malheureusement pas à la hauteur.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          60
Premières fois

La représentation de la sexualité dans la BD est souvent venue me conforter dans l'idée d'un dessin masculin et donc d'une vision du monde patriarcale. Les femmes ont pratiquement toutes des longs cheveux et une paire de seins improbables : gros et fermes comme une bonne vache laitière.



De manière plus générale, je regrette souvent qu'il n'y ait pas de nuances entre l'érotisme ridiculement représenté par des pseudos frottis frottas nourris de gémissements grotesques et la pornographie zoomée sur un membre violacé pratiquant avant tout la performance et l'utopie des montagnes russes. L'un et l'autre se valent dans leur concept dépassé du produit qu'est le sexe.



Sybilline, oui c'est son vrai prénom, a écrit plusieurs histoires érotico-pornographiques (je ne sais pas quel terme utiliser, je choisis le consensus) chacune illustrée par un dessinateur différent. Premières fois est une surprise à chaque page, un album que l'on découvre seul ou à deux avec délice.



Le trait de crayon est sensuel, charnel, voluptueux, joliment impudique sans être vulgaire ou libidineux. C'est un hommage à la beauté des sens, aux possibilités de la sexualité quand elle est bien vécue et librement consentie. La plume aborde les fantasmes avec délicatesse et sans aucune grossièreté. Comme il s'agit d'un collectif, une histoire ou un style peut heurter, il est alors facile de sauter le chapitre jusqu'au suivant.



Une BD que les parents feront attention de ne pas exposer sur leurs étagères...
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
Commenter  J’apprécie          61
Masque miroir

Entre le roman et la bande dessinée Masque miroir est une excellente histoire écrite comme dans un journal intime. Je suis fan de l’auteur, Neil Gaiman, et je me reconnais dans chacun de ses textes, celui-ci ne fait pas exception.

On suit donc l’aventure d’Héléna Campbell, dans le cirque de sa famille, au début du texte puis rapidement la mise en page laisse place à des illustrations ou des photos. A la base c’est une nouvelle qui a été illustré à merveille par Dave McKean, j’ai aimé ce format qui sort des sentiers battus. Pour revenir à l’intrigue, elle est simple mais efficace, je me suis laissé transporter dans ce monde comme toujours avec cet auteur, il a le don pour mettre des mots sur ce que je ressens et trouve toujours beaucoup d’originalité pour mettre ses textes en valeurs. Neil Gaiman a un imaginaire qui me correspond, ni trop fantastique, ni pas assez, toujours le bon mixe entre le réel, le sérieux mais adapté à tous. Il y a aussi toujours une certaine mélancolie, tantôt heureuse, tantôt triste et ce tome résume parfaitement ce qu’on peu trouver dans ses romans.

J’ai adoré de bout en bout.

Commenter  J’apprécie          50
La comédie tragique ou la tragédie comique de M..

Décidément, Neil Gaiman n'est pas mon auteur de prédilection. J'ai voulu essayer d'aborder cette comédie tragique en pensant qu'avec ces marionnettes enfantines, cela sera simple à lire et c'est tout l'inverse qui s'est produit. Cet univers m'a semblé totalement hermétique. Je n'ai presque jamais réussi à rentrer dans ces longs bavardages autour d'un grand-père et ses marionnettes.



Par ailleurs, ce n'est point destiné aux enfants pour son côté beaucoup trop morbide. Il y a tromperie sur la marchandise. Bref, ce n'est pas ce à quoi je m'attendais mais pour autant, cela ne m'a guère séduit. Il reste de cette oeuvre un montage photo et dessin assez intéressant car surprenant.
Commenter  J’apprécie          50
Violent Cases

La collaboration entre Neil Gaiman et Dave McKean a produit quelques pépites réjouissantes, comme ce "Violent Cases" dans lequel McKean parvient miraculeusement à tempérer son penchant pour la surcharge graphique (Ce qui donne déjà des planches bien remplies).



Gaiman brode un scénario dense sur la trame d'un souvenir d'enfance: La rencontre fortuite d'un vieil ostéopathe, qui eut pour client un certain Al Capone.

L'histoire et sa mise en page jouent donc sur le caractère parcellaire de la mémoire, et sur l'évocation des impressions fugaces de l'enfance.

Une aubaine pour McKean, qui multiplie cadrages, découpages et effets de composition pour donner au récit une profondeur métaphorique et un style formel cohérent.



Une bonne histoire, racontée avec les bons outils de la bande dessinée.
Commenter  J’apprécie          50
La comédie tragique ou la tragédie comique de M..

Il s'agit d'une histoire complète et indépendante de toute autre, initialement parue en 1994.



Un homme se souvient de plusieurs épisodes de son enfance essentiellement lors de l'été de ses 8 ans : une partie de pêche avec l'un de ses grands pères, la découverte des spectacles de marionnettes de Punch et Judy, les agissements incompréhensibles et coupables des adultes qui l'entourent. Le narrateur contemple ses souvenirs d'enfants et les analyse à la lumière de sa maturité d'adulte pour prendre conscience de la signification de faits incompréhensibles à l'époque.



C'est sûr qu'avec un résumé pareil, le lecteur peut craindre une introspection intello, dans le mauvais sens du terme. La lecture de ce récit s'avère tout à fait différente. Il s'agit d'une bande dessinée avec un scénario de Neil Gaiman et des illustrations de Dave McKean. On a l'impression que ces 2 créateurs se sont retrouvés au summum de leur force créatrice pour aborder à nouveau (dans le sens "de manière nouvelle") les thèmes qu'ils avaient abordés en 1987 au début de leur carrière dans Violent Cases. Et cette fois-ci, le scénariste comme l'illustrateur sont dans la catégorie "talent exceptionnel" ; le lecteur n'a plus qu'à se laisser emmener dans ce monde enchanteur et à profiter.



Neil Gaiman enfourche ses dadas préférés, mais dans une construction littéraire plus élaborée que d'habitude. Le lecteur se trouve face à un narrateur qui effeuille ses souvenirs d'enfance et tout de suite les illustrations de Dave McKean font la différence. Il a pris le parti de rendre les scènes de théâtre de marionnettes avec des photomontages travaillés à l'infographie. Et la couverture est à elle toute seule un poème d'une force onirique sans égale. Il est facile de se perdre dans les détails et de s'interroger sur la présence d'un coquillage dans ce qui semble tout d'abord être un mécanisme d'horlogerie, comme il est facile de se laisser porter par le visage inquiétant de Punch qui domine cet improbable assemblage. Pour les personnages humains, il a choisi de les dessiner et de les encrer de manière traditionnelle, puis de les peindre. Mais son choix de formes évoque les expérimentations du des peintres du début du vingtième siècle. Cette juxtaposition de style renforce le décalage entre les individus, les lieux dans lesquels ils évoluent et les spectacles de Punch et Judy.



Comme d'habitude, Neil Gaiman insère des histoires dans l'histoire et un métacommentaire par le biais des spectacles de marionnettes. Cette fois-ci ce dispositif gagne en efficacité car il ne se limite pas à renvoyer un reflet déformé de la réalité ou à une simple mise en abyme. Ces spectacles ont une influence sur le jeune homme, sur sa perception des événements et ils peuvent être interprétés par le lecteur comme le sens des scènes qui échappe au jeune narrateur. Ils enrichissent autant l'histoire que les scènes du Black Freighter (Les contes du vaisseau noir) dans Watchmen. Et au final, le lecteur se rend compte dans la scène du mariage et dans la dernière scène à l'arcade que Gaiman est en train de broder subtilement sur le mythe de la caverne de Platon. Ces séquences fonctionnent d'autant mieux que Dave McKean trouve des représentations d'une grande élégance pour évoquer ce mythe, sans avoir recours à des illustrations littérales.



Neil Gaiman se sert à nouveau du point de vue de l'enfant pour réenchanter le monde. La capacité limitée des enfants à comprendre le monde qui les entoure leur permet d'évoluer dans un univers où la magie est présente, où chaque jour amène un lot de découvertes merveilleuses. Il leur est impossible d'être blasés comme des adultes usés par le quotidien. L'une des forces de Dave McKean est de savoir composer des images à nulle autre pareilles qui sont capables de capturer la féerie de l'enfance. McKean ne sert pas de photoshop pour en mettre plein la vue à ses lecteurs. Il s'en sert pour composer des tableaux à la fois impossibles et magnifiques, défiant la logique et capturant des associations d'idées indicibles et d'une beauté envoutante. Son talent de composition défie la logique pour atteindre le poétique et l'enchanteur. Il utilise tout le champ des possibles en terme de styles d'illustrations couvrant presque a totalité de la surface de la pyramide imaginée par Scott McCloud dans L'art invisible. Sa maîtrise d'autant de styles relève presque de la magie.



C'est le mariage de ces 2 rêveurs experts dans leur art qui aboutit à une histoire défiant les lois naturelles pour transporter le lecteur dans le monde de la mémoire, sans oublier l'humour, l'émotion et la magie du monde. Pour être honnête et malgré le charme sous lequel je suis tombé, il faut avouer que cette histoire pourra déplaire aux esprits les plus cartésiens car il n'y a pas de véritable résolution, ni de vérité absolue quant aux questions du narrateur sur son passé et ceux de ses proches. Il règne également une angoisse diffuse par moment liée à la présence d'un bossu, d'une infidélité conjugale cachée, d'un potentiel avortement et de l'ombre de la folie.



Neil Gaiman et Dave McKean ont également créé la bande dessinée Signal / Bruit. Ils ont réalisé 2 albums pour les enfants : Des loups dans les murs & Le Jour où j'ai échangé mon père contre deux poissons rouges.



Et Dave McKean a continué à matérialiser ses visions intérieures dans des histoires courtes en bandes dessinées Pictures That Tick (en VO) et dans une longue histoire en bande dessinée Cages. Et ses couvertures pour la série Sandman ont été regroupées dans Dust covers. Il a également réalisé un ouvrage érotique sans paroles : Celluloid.
Commenter  J’apprécie          50
Celluloid

Ce tome comprend une histoire complète, racontée sans aucune bulle, sans aucun texte.



Une femme rentre chez elle. Elle arrive sur le palier. Elle ouvre la porte de son appartement avec une clef plate. Il pourrait s'agir d'un appartement parisien. Elle pose sa valise et appelle son compagnon (ou peut être son mari). Elle l'appelle avec son portable. Il est au travail dans un grand bureau. Après quelques explications agenda en main, il apparaît qu'il y a eu un décalage d'une journée dans leur rendez-vous. La femme raccroche et décide de prendre un bain. Elle se déshabille, se prélasse dans l'eau, se sèche sort sans prendre la peine de se rhabiller. Dans la pièce, elle avise un projecteur avec un film prêt à être visionné. Elle le met en marche et elle est vite troublée par le caractère érotique du film. La bande de celluloïd prend feu et la projection sur le mur se transforme en porte que la femme franchit pour se retrouver dans un monde onirique et érotique.



En 2011 paraît cet étrange objet bédéïque entièrement réalisé par Dave McKean (scénario et illustrations). Il s'agit d'un récit érotique, sans aucun mot, illustré (à quelques exceptions près) sous la forme de pleines pages. Les français ont eu l'honneur de bénéficier de sa première parution, avant qu'un éditeur américain n'ose le publier au pays des puritains. S'agit-il vraiment d'un ouvrage érotique ? Oui, il est impossible de s'y tromper. La femme est nue à partir de la scène du bain jusqu'à la fin de livre. Elle commence par être témoin d'actes sexuels, puis elle participe à des actes sexuels. S'agit-il d'un ouvrage pornographique ? On n'en est pas loin. Il y a des représentations explicites et détaillés des organes génitaux masculins et féminins en gros plan, il y a des scènes d'accouplement et de fellations, mais il n'y a pas de gros plan de pénétration. Y a-t'il une histoire ? Oui, Dave McKean reste un vrai créateur et son objectif n'est pas d'accumuler les scènes racoleuses. Il y a une vraie progression narrative au fur et à mesure que le désir augmente chez l'héroïne. Il suffit de regarder les premières pages disponibles en aperçu pour constater que McKean n'a pas recours à l'esthétisme codifié des bandes dessinées érotiques ou pornographiques. Les mensurations de son héroïne restent dans la normale (pas de glandes mammaires hypertrophiées) et qu'il a choisi un esthétisme qui rappelle au départ celui de Cages.



C'est d'ailleurs le propre de ce créateur d'accorder la première place aux illustrations, au langage de l'image : il ne se contente jamais de représenter une personne ou un objet. Il en donne à chaque fois une vision artistique, un point de vue qui met en évidence les sentiments, les sensations, un jugement de valeur, le regard subjectif de l'artiste. McKean utilise plusieurs techniques différentes pour illustrer cette femme s'aventurant dans le monde de l'érotisme et du désir. Les premières pages commencent avec le style qu'il a adopté à partir de Cages. La représentation des individus évoque Picasso dans des tableaux comme "Les demoiselles d'Avignon" (1908) pour les visages anguleux, le "Portrait d'Ambroise Vollard" (1910) pour la décomposition de l'image en formes géométriques. Ce style empêche le lecteur de réduire la femme à un simple objet du désir. Les illustrations présentent son visage sur une surface plus importante que la vue directe ne le permet. McKean s'en sert pour augmenter l'importance du regard en accordant plus de place aux yeux que ce que rendrait une perspective traditionnelle. Il applique également ce mode de représentation au corps dénudé. Du coup, les attributs sexuels sont effectivement mis en évidence, mais dans une composition qui fait également ressortir des angles là où tout n'aurait été que courbes voluptueuses dans un magazine de charmes. Le regard du lecteur bute sur ces angles ce qui provoque une personnification de cette femme qui ne peut pas être réduite à un objet (bimbo ou MILF), à des appâts sexuels.



La représentation des décors évoque Vincent Van Gogh pour la perspective déformée, légèrement faussée de "La chambre de Van Gogh à Arles" (1889). Dave Mckean change de style au fur et à mesure des paliers de plaisir franchis par l'héroïne, jusqu'à utiliser à la fin la retouche de photo par logiciel d'infographie, avec un vrai modèle féminin nu. Dans les différents modes de représentation picturale, il s'arrête à chaque fois juste avant l'abstraction, juste avant Kandinsky, ou la dernière période de Picasso. Dave McKean est un artiste érudit qui utilise ses différents modes picturaux pour mieux traduire ce qu'il souhaite dire. À mon goût, il réussit à faire ressentir au lecteur les sensations éprouvées par la femme. Toutes les activités sexuelles sont évoquées de son seul point de vue. Chaque scène a suscité une empathie de ma part, avec des images inoubliables. Parmi les plus marquantes, il y a cette montée du plaisir féminin chez l'héroïne qui est représenté en juxtaposant des esquisses rapides de cette femme avec son sexe en premier plan et des photographies de fruits tels qu'une grappe de raisin, une goyave, un fruit de la passion, une poire, etc. Ces images transcrivent la narration sur le plan des sensations éprouvées, un exploit en matière de bandes dessinées (les grappes de raisin auront maintenant pour moi une forte connotation). Il y a également le passage où le désir devient de plus en plus pressant jusqu'à être animal et il est représenté sous la forme d'un démon rouge, nu et bien pourvu par la nature. La métaphore est simple, mais les illustrations sophistiquées et légèrement second degré apportent des nuances et des subtilités insoupçonnées.



Le genre érotique se compte parmi les plus codifiés et les rigides, il semble presqu'impossible de pouvoir trouver une idée originale dans ce genre, et encore moins de la représenter sans tomber soit dans la pornographie ordinaire, soit dans les stéréotypes éculés. Dave McKean a mis tout son art au service de cette histoire simple pour transmettre les sensations du personnage féminin au lecteur. J'ai trouvé qu'il y avait parfaitement réussi en mettant en oeuvre tout son vocabulaire graphique (aussi sophistiqué qu'étendu) pour le récit qui se révèle être un point de vue construit sur le désir et le plaisir sexuel. Seul petit défaut : du fait de l'absence de texte, il s'agit d'une bande dessinée qui se lit très vite (environ 20 minutes en s'attardant sur les images).
Commenter  J’apprécie          50
Mes cheveux fous

Dans le cadre des Masses critiques de Novembre 2012 sur l'imaginaire, j'ai choisi et reçu ce livre.



C'est l'histoire d'une jeune fille qui rencontre un homme aux cheveux longs, et fous. Elle va s prendre de passion pour cette chevelure extraordinaire et va apprendre à la découvrir.

L'homme lui parlera de tous ceux qui peuplent sa chevelure, les animaux, les cirques, les pirates...

Elle va alors décider de les peigner.



On déambule au milieu des illustrations, dans les cheveux toujours plus fous, plus précis. Le texte accompagne les courbes et ils se complètent dans une danse intime.



Le public visé est plutôt féminin. Parce qu'on parle de cheveux ? Non, je suis au delà du cliché machiste. Simplement par rapport au personnage principal qu'est la fille, l'écriture qui se veut poétique et les questions qui sont posées dans l'ouvrage.



Neil GAIMAN, l'auteur, fait des jeux de sons dans ses phrases, on a des assonances, des mises en pages qui sont ludiques et agréables, les illustrations de Dave McKEAN sont vraiment chouettes bien qu'un peu sombres.



Bref, c'est un livre plutôt chouette qui m'a séduit mais pas emballé.

Qui m'a donné envie de danser mais pas de me lever,

Qui m'a montrer un trésor mais ne l'a pas partagé.



C'est un livre sympa à partir des débuts de la lecture (vers 6ans quoi). Amis adeptes de la jeunesse, j'attends vos pensées.



Merci à Babelio pour l'envoie de ce livre, expérience à réitérer.
Commenter  J’apprécie          50
Premières fois

Merci à Sybilline et aux auteurs pour ce merveilleux album !

Et merci à Sybilline pour sa petite dédicace qu'elle m'a fait à la fin de mon stage.
Commenter  J’apprécie          50
Cages

Cages raconte l’histoire de trois artistes : un dessinateur en reconquête d’inspiration, un romancier en quête d’oubli et un musicien de jazz spirituellement accomplit. Ils habitent un lieu étrange où insolite, bizarrerie, folie, fantasmagorie et même fantastique se confrontent sans cesse. Eux-même sont des personnages bien curieux. Leur immeuble se situe au milieu d’une mégalopole contemporaine.

Dans cet endroit particulier, il se passe des évènements faussement

anodins. Entre rencontres, monologues intérieurs, discussions et chants spirituels, entre témoignages « à la façon » d’un documentaire télé et longs silences, Dave McKean donne toutes les autorisations et le temps nécessaires à sa réflexion personnelle sur l’art et la création pour se développer.

Cette recherche narrative s’accompagne alors d’une incroyable variété graphique. La plupart du temps épurées, en noir, blanc et gris, les illustrations changent d’une page, voire d’une case, à une autre. On passe ainsi d’un crayonné simplissime à un dessin baroque en couleur, d’une photo à un montage finement pensé. Déroutant mais magnifique !
Lien : http://www.iddbd.com/2007/12..
Commenter  J’apprécie          50
Premières fois

Trouvé totalement par hasard, suite à la lecture d'une liste sur Babelio, je me suis lancé dans sa lecture.



Dans ce roman graphique très ouvert d'esprit, on a le droit a 10 récits différents qui parle d'un même sujet : le sexe. Peu importe avec qui, s'il est bon ou mauvais, avec qui il est partagé, le sujet est le même mais développé différents selon les auteurs et leurs sujets liés.



J'ai apprécié certains sujets d'autres moins, comme les styles de dessin mais ça se lit assez vite !



Pour publics avertis ! Voila, vous êtes averti !
Commenter  J’apprécie          40
Raptor

Extrait de ma chronique :



"Raptor est tout autant tiré de faits réels que Black Dog, et plus précisément de l'année 1899 : comme il l'avoue dans un entretien avec Brigid Alverson, Dave McKean s'inspire de la vie de "l'écrivain gallois Arthur Machen, et particulièrement son implication dans l'ordre occulte de la Golden Dawn après la mort de sa femme – son désir fou de la revoir."





Les patronymes employés en font foi : la femme morte d'Arthur s'appelle Amy (diminutif d'Amelia Hogg, la femme de Machen), et son ami le plus proche, Ed (diminutif d'Edward) Waite ; par ailleurs, l'usage de lames du tarot dans la cérémonie magique de Raptor rappelle que le même Waite est également le co-créateur, avec l'illustratrice Pamela Colman Smith, du fameux tarot Rider.





Dave McKean utilise toutefois sa propre version du tarot dans son oeuvre, et c'est l'un de ses arcanes mineurs, "le Deux de Denier – le Soi" (page 44), qui livre peut-être la clé de Raptor : Arthur et Sokol sont le recto et le verso de la même pièce, et pareillement en quête d'eux-mêmes"
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
Commenter  J’apprécie          40
Raptor

Tu sais quoi minou.e ? Je jure que Dave McKean compte parmi les meilleurs magiciens visuels qui ont su élargir l’étendu de mon imaginaire post-adolescent.



Je l’avais découvert dans un film qu’il avait réalisé avec Neil Gaiman (🖤) intitulé MirrorMask puis au hasard des publications grâce à ses magnifiques illustrations (Sandman, Mes cheveux fous, Le jour où j’ai échangé mon père contre deux poissons rouges,…).



Raptor est à la hauteur de ce que j’attendais d’une nouvelle œuvre sortie de ce petit génie de l’aquarelle et de l’encrage merveilleux.



L’onirisme à la fois magique, enfantin, aux accents de contes cruels sans jamais être ni violent ni (trop) macabres sont souvent au service de thématiques dures ; la maladie, le deuil, les terreurs de l’enfance.



Ce n’est pas rare qu’on ne comprenne pas une œuvre de McKean à sa première lecture, mais ce que je sais pour vrai par contre c’est qu’on y revient toujours parce qu’il possède un nombre incalculable de clés pour ouvrir les portes de notre inconscient tant les illustrations regorgent de symbolismes !



Raptor est merveilleux, vive Raptor !


Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          40
Black dog, les rêves de Paul Nash

OVNI graphique signé le rare mais toujours Dave McKean.

En rendant hommage à Paul Nash, peintre surréaliste anglais qui fut "atrsite officiel" pour l'armée anglais lors de la Première Guerre Mondiale, il multiplie les expérimentations graphiques. Collages, phtos retouchées, influences marquées du surréalisme allemand, du cubisme... ce livre est un bijou pour les yeux. Une oeuvre d'une puissance graphique exceptionnelle. Elle reste malheureusement un peu trop loue dans sa narration. En une suite de chapitres qui traitent dans le désordre des épisodes de la vie de Paul Nash, parfois racontée de manière réaliste, parfois par le prisme du rêve ou d'un symbolisme parfois obscur, Dave McKean dresse un portrait kaléidoscopique pour illustrer le cheminement intérieur de Nash. De l'image d'un chien noir qui le poursuit dans ses rêves McKean montre comment Nash réussit finalement à trouver sa place d'artiste face à la guerre et comment il a trouvé une sens à son travail Ce Black Dog, qui obsédait effectivement Paul Nash, c'est sa peur, son angoisse, ses illusions perdues... c'est une part de lui-même qu'il doit accepter, embrasser pour mieux se dissocier de lui pour se libérer. McKean utilise d'ailleurs énormément le symbolisme des oiseaux pour marquer l'opposition avec ce chien noir qui hantre Nash.

Black Dog n'est pas un album évident. il risque de désarçonner plus d'un lecteur. Il mérite pourtant le détour, ne fut-ce que pour l'extraordinaire travail visuel réalisé par Dave McKean.
Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Dave McKean (585)Voir plus

Quiz Voir plus

Stefan Zweig ou Thomas Mann

La Confusion des sentiments ?

Stefan Zweig
Thomas Mann

10 questions
47 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}