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Citations de David Ignatius (43)


"Soyez mystérieuse
Soyez amoureuse
Et vous serez heureuse "

Paul GAUGUIN

gravé dans la porte de la maison où il mourut.
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Comme la plupart des Orientaux qui ont réussi, il se comportait de façon réservée, presque embarrassée. Son extrême politesse semblait dans un premier temps héritée de la tradition britannique, souvenir d’un semestre passé à Sandhurst il y avait bien longtemps. Mais sa personnalité la plus profonde était celle d’un chef de tribu bédouine, généreux mais secret. C’était le genre d’homme qui ne disait jamais tout ce qu’il savait.
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Harry Pappas n'avait jamais envisagé de diriger la division des opérations pour l'Iran. Après son séjour à Bagdad, il avait caressé l'espoir de disparaître dans les tréfonds de l'administration grâce à une promotion le propulsant à un poste honorifique, de monter un petit business tranquille, de conseiller en sécurité dans le privé ou, pourquoi pas, de jouir de sa retraite comme la plupart de ses collègues. Inscris toi à un stage de formation "perspectives de reconversion" et plie tes gaules ! Il avait perdu toute motivation. L'Irak en était la cause; pas la guerre destructrice qui faisait la une des journaux, mais la désolation douloureuse et incommunicable liée à son de deuil personnel. L'Agence avait perdu toute motivation, elle aussi, mais ce n'était pas son problème. Du moins, il ne voulait pas que cela le devienne.
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sophie songea a ses propres rêves quand elle était un jeune agent des renseignements, au lieux où elles s'etait rendu, aux risques qu' elle avait pris. tout ca pour quoi?
pour un chapelet de mensonges : des collegues qui mentaient, trichaient et ne sourcillaient que lorsque quelqu un s' apprêtait a vendre la mèche.
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On n’écrivait plus de lettres d’amour, de nos jours ; on s’envoyait des e-mails.
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Pour surveiller cette expérience, l’Agence avait choisi l’un de ses vieux guerriers secrets les plus teigneux, Cyril Hoffman. Il était sous-directeur adjoint, le troisième poste le plus important de la CIA et le plus invisible. Célèbre pour garder profil bas, Hoffman était un excentrique qui aimait collectionner les premières éditions de romans anglais du xixe siècle et dont l’iPod contenait des opéras modernes de Philip Glass. Il avait la manie de fredonner quand il était au téléphone, et, parfois, pendant les réunions. Ceux qui ne le connaissaient pas le prenaient pour un timbré. Ils avaient tort.
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Marx connaissait la brève histoire du lieu, le « mythe » fondateur, pour ainsi dire. Comme tant de choses aux États-Unis, The Hit Parade était une conséquence du 11 septembre 2001. La CIA avait été envoyée au front avant d’être désignée à la vindicte publique quelques années plus tard quand certains avaient décidé qu’ils n’aimaient pas les aspects malpropres de ce qu’on avait demandé aux agences de renseignement de faire. Cela avait laissé les gens au quartier général de Langley démoralisés et se sentant mal-aimés ; les vétérans de l’Agence se protégeaient en en faisant le moins possible, ce qui ne faisait qu’aggraver la situation. Puis vint une nouvelle administration. Les potentats s’étaient dit alors : pourquoi nous torturer ainsi ? Laissons le vieux paquebot CIA rouiller à quai ; pendant ce temps, nous lancerons une nouvelle vedette plus rapide et discrète.
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Le général avait une règle dans la vie : ne pas interrompre quelqu’un en train de commettre une erreur. Laisser les autres avancer leurs pions les premiers, afin de pouvoir réagir et retourner la situation à son avantage. Le général avait ses propres contacts. Il observerait et attendrait. Dire que le Pakistanais menait un double jeu aurait été le sous-estimer. Sa stratégie était bien plus complexe.
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Que trafiquaient les Américains ? Ce n’était certainement pas la première fois qu’il était confronté à cette question au fil des ans et il y avait d’autres casse-tête estampillés USA qu’il essayait de résoudre. Mais celui-ci était différent : les Américains changeaient les règles du jeu. Ils se croyaient sûrement très malins à Washington, mais ils s’aventuraient sur un terrain où personne ne pouvait les aider, ni le général, ni ses agents, ni leurs contacts clandestins. Une fois dans le pétrin, ils en rejetteraient la responsabilité sur le Pakistan, plus particulièrement sur les services du général, mais c’était eux les semeurs de troubles. Ils se feraient piéger et ce serait leur faute.
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Le général pakistanais poussa un soupir. Il n’aimait pas se montrer aussi direct ; c’était gênant. Il n’avait pourtant pas le choix.

— Nous avons détecté des signes d’activité d’une nouvelle unité, avec de nouvelles missions. Je ne peux pas en dire plus. Mais nous voyons venir vers nous quelque chose qui ne nous plaît pas. Je tiens à ce que vous le sachiez car, comme vous l’imaginez, nous devons nous protéger.

Barkin hocha la tête d’un air perplexe. Il s’humecta les lèvres comme pour se préparer à ce qu’il allait dire.

— Je ne vois vraiment pas de quoi vous parlez. Nous n’avons pas de nouvelles unités. Pas que je sache, en tout cas. Vous pensez ! On n’arrive même pas à gérer les anciennes. Vous faites fausse route, mon ami.
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Le Pakistanais s’enfonça dans son fauteuil, joignit les mains et ferma les yeux. Quand il les rouvrit, il reprit la parole sur un ton plus ferme :

— Permettez-moi de reformuler ma question le plus clairement possible : les États-Unis envoient-ils des officiers de renseignement au Pakistan en dehors des canaux clandestins habituels ? La CIA est-elle derrière ces opérations ? Est-ce une autre agence ? J’aimerais savoir ceci : jouez-vous à un nouveau jeu contre nous ? Voyez-vous, nous croyons bien vous connaître mais de nouvelles rumeurs nous parviennent au sujet d’activités dont nous n’avons pas été informés. Or, soyons honnêtes : personne n’aime être pris de court.

Barkin fronça les lèvres comme s’il venait d’avaler un fruit douteux.

— Merde, Mohammed. Vous savez très bien que je ne peux pas répondre à une question pareille. Bien sûr que nous dirigeons toutes sortes d’opérations, officielles et officieuses, tout comme vous. Nous avons des employés de l’Agence à l’ambassade qui assurent la liaison avec vos services et vous connaissez leurs noms. Mais si je vous disais que nous n’avons personne d’autre au Pakistan et aucun officier non officiel, vous sauriez que c’est un mensonge. Mais ça, ce sont les affaires, pas vrai ? Nous ne regardons pas sous vos jupons et supposons que vous ne lorgnez pas sous les nôtres.
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— Fort bien, j’ai une question à vous poser. En temps normal, je ne vous ennuierais pas en fin d’après-midi pour ce genre de choses, mais il s’agit d’une affaire assez importante. J’espère que vous me pardonnerez pour le dérangement et que vous m’excuserez auprès de Mme Barkin si vous rentrez plus tard à la maison par ma faute.
— Mme Barkin vit à Washington, général. Je ne sais pas si je pourrai vous fournir une réponse mais je ne vous raconterai pas de bobards.
Le général Malik sourit. Les Américains n’aimaient pas mentir à autrui, cela les rendait mal à l’aise. Leur spécialité était de se mentir à eux-mêmes.
— Voici ma question, cher ami : dirigez-vous actuellement des opérations au Pakistan en dehors de votre organisation ? Pardonnez mon franc-parler, mais il faut que je le sache.
Barkin inclina la tête comme s’il avait un problème d’audition. Il était peut-être vieux mais pas idiot.
— Excusez-moi général, je ne vous suis pas. Que voulez-vous dire ?
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Le regard de Barkin était neutre et son attitude impassible. Ce n’était pas un homme que l’on pouvait flatter ou embobiner aisément. Il demanda de but en blanc :
— De quoi s’agit-il, général ?
— Je vais tout vous expliquer, cher ami. Ces dernières années, nous avons mené ensemble de nombreuses opérations fructueuses, n’est-ce pas ? Nous pourrions presque dire que nous sommes des partenaires, je me trompe ? J’aime à penser qu’il existe une certaine confiance entre nous, même si nous ne sommes qu’un pays pauvre et faible comparé aux États-Unis. C’est que nous avons notre fierté, voyez-vous.
— Je ne l’oublie jamais, Mohammed, pas un seul jour.
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À voir Homer Barkin, avec ses yeux cernés par l’insomnie de la dépression et son bouton de col menaçant de sauter sous la pression de son cou gras, on l’imaginait mal faisant preuve de fanatisme. Cependant, c’était là son aspect « d’après ». Il n’aurait pas été nommé chef de station à Islamabad s’il n’y avait eu un « avant ».
— Mon cher ami Homer, reprit le Pakistanais, pardonnez ma franchise mais vous n’avez pas l’air en forme. Vous travaillez trop.
— Croyez-moi, vous ne connaissez pas la moitié de l’histoire, répondit l’officier de la CIA.
— En effet, ni même le quart. Vous m’en voyez navré, quelle que soit la raison. J’espère quand même que vous prenez soin de vous en ces temps difficiles. Considérez-vous ici comme chez vous. Vous êtes pour nous un hôte précieux.
— C’est gentil.
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Barkin avait mauvaise mine. Il avait le teint cireux et était boudiné dans son veston comme une saucisse prête à éclater. Le général Malik savait pourquoi : ces derniers temps, Homer Barkin forçait sur la bouteille pour tenter d’oublier ses problèmes judiciaires aux États-Unis. Comme bon nombre de ses collègues de la CIA, il avait été rattrapé par l’effet boomerang de la « guerre contre le terrorisme ». Le bruit courait que, dans un précédent poste, il avait « dépassé les bornes » en ciblant l’ennemi avec un peu trop de ferveur.
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C’est dans cet esprit affable mi-sincère mi-factice que le directeur général téléphona à Homer Barkin, le chef de station de la CIA hébergée par l’ambassade américaine en expansion constante. Leur réunion de liaison habituelle était prévue pour plus tard dans la semaine, mais le général demanda à son collègue américain s’il pouvait passer le voir avant la fin de l’après-midi, voire le plus tôt possible. Il ne donna aucune explication, ayant compris qu’il était toujours préférable d’en dire moins que ce que l’on pensait, notamment avec les Américains, qui faisaient tout le contraire.

Quarante-cinq minutes plus tard, le chef de station arriva à Aabpara. Le général Malik l’accueillit d’un cordial « Mon ami Homer ! ». C‘était généralement ainsi qu’il s’adressait à lui, et, de son côté, l’Américain l’appelait « mon ami Mohammed » ou, parfois, quand il avait besoin d’un service, « mon ami Mo ». Cela agaçait particulièrement le général, qui se gardait de le lui dire. Il serra la main de son visiteur avec cette fermeté qui plaisait aux Américains.
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L’estime dont jouissait le général Malik auprès de ses collègues du Q. G. de l’armée à Rawalpindi venait en partie de ce qu’il savait comment traiter avec les Américains. Dans sa jeunesse, il avait passé un an à l’école militaire supérieure de Fort Leavenworth, dans le Kansas. On disait que qui connaît le Kansas connaît la vraie Amérique. En réalité, Malik ne s’était pas plu au Kansas ; le seul endroit des États-Unis ayant trouvé grâce à ses yeux était les Rocheuses, où l’air raréfié et les pics abrupts lui avaient rappelé la demeure de ses ancêtres dans les montagnes du Cachemire. Néanmoins, il savait simuler, de cette manière que les peuples d’Asie du Sud ont élevée au rang d’art. Il affectait donc depuis des années d’avoir une tendresse particulière pour le Middle West.
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Omar a rejoint le terrain familial et voit soudain l’ombre d’une flèche de métal assombrir le verger. Le dragon de feu fond sur eux, mais on n’entend pas son rugissement. Il se déplace plus vite que le son. Il est si fulgurant, ce dernier instant : à peine un battement de paupière et il est trop tard. Les arbres ploient, les herbes se couchent, les bêtes mugissent désespérément et les gens autour d’Omar sont figés dans le temps.
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Karimullah s’est arrêté. Il a entendu à son tour et regarde le ciel. Il lève son fusil machinalement, mais c’est inutile et il se remet à courir. Le portail du mur d’enceinte s’ouvre grand et les membres de sa famille se ruent à l’extérieur, se prenant les pieds dans leurs robes, appelant Dieu à l’aide. Peine perdue. Ils ne voient pas ce qu’il y a là-haut mais le devinent au bruit et subissent la dégradation de la peur. Leurs intestins lâchent ; ils trébuchent et tombent. Les enfants plaquent les mains contre leurs oreilles comme pour arrêter l’inévitable. Hadji Mohammed, lui, ne court pas. C’est un homme ; il sort lentement et posément de sa maison en tenant un invité par la main.
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Omar se met à courir. Il était en train de réfléchir à ce qu’il dirait ce soir à son père et à ses frères mais à présent son esprit intelligent n’est plus capable de former des pensées, c’est celui d’un animal pourchassé. Il entend le bruit : un lointain vrombissement de moteur ; il veut croire qu’il vient de la ville au bout de la route à quelques kilomètres de là, mais il est plus sec et constant. Il lève à nouveau les yeux et sait avec cette certitude instinctive d’un être traqué que le son vient du ciel, trois mille mètres au-dessus de leurs têtes.

Il crie à son frère tout en courant vers les murs qui ont contenu sa jeunesse et abritent à présent sa mère, ses sœurs et les enfants. Un autre camion arrive pour le dîner en soulevant un nuage de poussière. Il hurle le nom de son frère de toutes ses forces pour attirer son attention. Il est trop tard ; la lumière a disparu et chaque fraction de seconde est trop courte. Le chuchotement au-dessus s’est mué en un bourdonnement implacable d’insecte géant et indestructible.
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