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Citations de David Medioni (14)


Je les imagine toujours s'écrire des mots d'amour. Comme ceux d’une irradiante certitude de Maria Casarès à Albert Camus: « nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes reconnus, nous nous sommes abandonnés l’un à l’autre, nous avons réussi un amour brûlant de cristal pur, te rends-tu compte de notre bonheur et de ce qui nous a été donné? ». Camus et Casarès qui, eux aussi, choisissent la vie, la séduction, l'amour en parallèle. En addition. p. 146
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Humains, trop humains. Humains, avant d'être hommes ou femmes, en somme. Humains, avec des communs et des différences. Humains qui pourront ou non se séduire. Humains, avec plein de failles.
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Le train s’arrête, je descends. Un seul quai. Une cahute en bois en guise de gare. Le photographe m’a prévenu par SMS qu’il serait là à neuf heures plutôt qu’à 8 h 32. J’ai une demi-heure pour prendre ce fameux café. Je cherche l’établissement, les tables, les chaises, les serveurs, les lectrices qui attendent le train, les fous du téléphone qui passent les coups de fil d’avant voyage. Je cherche, mais je comprends vite que le seul café que je pourrai prendre, ce matin-là, est un café lyophilisé au goût de détergent issu d’une machine automatique. Deux euros, tout de même. Je comprends aussi très vite que le seul fauteuil qui pourra m’accueillir est en fait un de ces tabourets en bois qui pullulent un peu partout en France. Le message de Meuse-TGV est clair : « Lève-toi et marche, tu ne crois tout de même pas que tu vas pouvoir prendre ton temps, lire, attendre en rêvassant. La modernité, c’est la vitesse. Le passage furtif. Le temps optimisé. La flânerie n’est pas de ce monde. » Voilà le message que me renvoie cette gare. Comme l’avait fait celle – moderne – de Montpellier Sud-de-France, alors que j’étais arrivé un peu en avance et que je cherchais un lieu pour m’attabler et grignoter un sandwich. Ce que nous disent ces nouvelles gares, c’est : « Passe ton chemin. Avance. Ne t’arrête pas. Ne stoppe pas le mouvement. » Assis sur mon tabouret de bois, alors que la gare a été désertée jusqu’à l’arrivée du prochain train, je me plonge dans les notes du téléphone où je consigne des idées. Je tombe sur Paul Virilio, philosophe de la vitesse qui écrivait :
La question de la vitesse est une question centrale qui fait partie de la question de l’économie. La vitesse est à la fois une menace, dans la mesure où elle est capitalisée, tyrannique et, en même temps, elle est la vie même. On ne peut pas séparer la vitesse de la richesse. Si l’on donne une définition philosophique de la vitesse, on peut dire qu’elle n’est pas un phénomène, mais la relation entre les phénomènes.
Alors que mon photographe n’est pas encore là, que mon café machine au goût de détergent est terminé, je songe à cette attente. Ce moment que j’aime tant habituellement. Cette attente apaisante qui donne une forme de but. L’attente qui mobilise nos corps et nos esprits. Elle est si jolie quand elle s’agrémente d’un café, de son ambiance, de son brouhaha et de pensées diverses et variées. Ce matin-là, elle était étrange. En regardant la garde vide, elle était même un peu coupable : « Et si j’étais en train de perdre mon temps » ?
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Ovidie, si elle fait le procès de nos constructions érotiques et sexuelles, invite également chacune et chacun à l'interrogation et surtout à l'invention. Ainsi, elle rappelle aux hommes qu'il ne convient pas de "baiser tout seul", mais elle demande aussi aux femmes de s'interroger sur la façon dont leurs fantasmes sont construits. Surtout, ce qui est passionnant dans tous ces ouvrages, c'est qu'ils ne sont jamais normatifs et, au contraire, ouvrent un grand éventail de possibilités et de discussions. En liberté et en égalité. Dans une curiosité complice et égalitaire. Dans une forme de réhabilitation de l'idée même de générosité. Et si, au fond, la séduction et l'érotisme tels que nous les entendons n'étaient rien d'autre qu’une générosité complice où l'on donne autant que l’on reçoit, où l'on partage et où l'on ouvre l'ensemble de ses sens? Pour ressentir ensemble. Plus globalement, ce que viennent souligner avec intelligence et humour ces ouvrages, c'est que cette libération salutaire des mots doit entraîner une nouvelle donne. Une nouvelle donne dans les mœurs de nos sociétés encore plombées par des siècles de patriarcat. p. 100-101
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Recentrons nous. Ce que j'avançais était qu'en plus de se transformer en érotisme au moment où elle entre dans le champ charnel, la séduction mute aussi en une curiosité complice et égalitaire des deux êtres humains concernés. Toujours entre deux partenaires de jeux. C’est ainsi que la sexualité érotique, faite de séduction, de complicité et d'égalité, est peut-être le plus grand champ des possibles qui soit et, par la même occasion, un terreau fertile d'élaboration d’un nouvel ordre social où l’homme et la femme, suite aux jeux qu'ils ont explorés et auxquels ils ont gagné ensemble, trônent désormais sur le pied d'égalité le plus parfait. p. 90
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Le drame des hommes et des femmes, en dehors des situations d'amour, en dehors des situations d'attachement profond, est une sorte d'absence de fraternité. Tout cela est dû à des siècles et des siècles de préjugés qui font que l'homme doit conserver son image virile et supérieure, la femme son image féminine, douce et soumise et que finalement, l'égalité dans l'explication franche, ouverte et libre (y compris dans les questions sexuelles) est un tabou. Au moment de la parution du livre, Romain Gary est vilipendé. On l'accuse même de porter atteinte à la virilité des hommes et de vouloir mettre à mal l’ordre social. Chancel lui en parle. Il précise encore sa pensée. “Je ne critique pas l'homme, je critique deux mille ans de civilisation qui font peser sur l’homme une hypothèse de fausse virilité qui pèse sur la société et qui est catastrophique. Cette intoxication, cette infection virile, n'a que très peu de rapports authentiques avec la virilité ou ce qu'elle est réellement. p. 44-45
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Esprit de séduction et esprit critique, voilà deux outils que Casanova possède et qui nous seront certainement utiles pour interroger tous les dogmatismes d’aujourd’hui. Ils seront aussi un moyen pour tracer les lignes d’une masculinité pour le XXIe siècle, qui peut peut-être s’inspirer de la masculinité «casanovienne». Loin des schémas de la virilité de vestiaire, mais aussi loin des caricatures de l'homme comme ennemi. «Il faut réinventer l'amour», scandait Rimbaud. En le paraphrasant, disons qu'aujourd'hui, il faut réinventer l'homme, pris dans un étau entre la performance patriarcale qui incombe - qu'on le veuille ou non - à chacun des hommes, et le nécessaire accueil des femmes dans l'égalité, C’est maintenant. Ou jamais.
Et en général, pour se réinventer, il faut revenir aux racines. Non pas aux racines romaines, mais aux racines vénitiennes. Aux racines qui viennent du passé mais tendent clairement vers l'avenir.
Entre donc ici Casanova, avec ton cortège de mots, de sens, d'aventures. p. 29
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(Les premières pages du livre)

Lettre d’un homme un peu perdu
Je suis un homme hétérosexuel de 41 ans. Je vous écris de chez les lourds, les porcs, les connards, les dragueurs, les manspreaders, les harceleurs, les lâches, les qui « ne rappellent pas après une nuit de sexe », les qui ne se « rendent même pas compte que leur conception du monde est profondément machiste et genrée », les mariés qui cachent leurs alliances, les visionneurs de YouPorn, les peine-à-jouir, les deux minutes douche comprise, les qui « s’endorment après l’amour », les « qui se barrent au milieu de la nuit », les qui « ont fait des listes de leurs nanas avec les copains », les qui ne voient pas bien pourquoi c’est choquant de tenir la porte à une femme ou de lui proposer de porter sa valise, les qui ne trouvent pas choquant de dire « Mademoiselle » à une femme qui n’est pas mariée, les qui ont enterré leur vie de garçon avec une strip-teaseuse… Je vous écris de chez les hommes. De chez ces collabos du patriarcat qui oppresse les femmes. De chez ces hommes dont il ne faut plus « lire les livres », « regarder les films », « écouter les chansons », et qu’il conviendrait de « détester », voire « d’éliminer ».

Ça ne fait pas rêver. Et pourtant, convenons-en, si la barque est aussi chargée, c’est bien que quelque chose cloche. Profondément, intensément, structurellement. Un portrait ne peut pas être aussi négatif sans être basé sur des faits tangibles, sur un ras-le-bol, sur une souffrance intense, sur une forme de sentiment d’impuissance face au mur du patriarcat tellement consubstantiel à notre société que l’on ne le voit plus. Ce portrait, celui que certaines font des hommes, est légitime, nécessaire, mérité parfois, indispensable pour réinventer nos rapports. Pour qu’ils soient plus égalitaires, plus universels. Et pourtant, faut-il qu’il soit aussi violent, aussi peu nuancé, aussi à charge ?

Je vous écris aussi de chez les hommes qui ont ressenti un profond sentiment de sidération devant l’ampleur de la libération de la parole qu’a été le mouvement #MeToo. Dans cette sidération, il y avait à la fois le sentiment d’avoir peut-être été un jour le « porc » en étant un peu trop insistant dans la drague ; il y avait aussi le sentiment d’avoir été sourd, aveugle, et d’avoir profité allègrement et inconsciemment d’un privilège uniquement basé sur le sexe. Il y avait également l’interrogation de savoir si nos mères, nos femmes, nos sœurs, nos filles étaient elles aussi victimes de tout ce que #MeToo révélait. Je vous écris de chez ces hommes qui se sont mis à douter, à s’interroger et à se dire qu’un changement était souhaitable. Je vous écris de chez ces hommes qui s’étonnèrent qu’aucun d’entre eux ne vienne prendre la parole et porter une voix aux côtés des femmes qui révélaient alors ce qu’elles avaient subi ou subissaient encore. Je vous écris de chez ces hommes qui exprimèrent alors la volonté et l’envie de se battre ensemble, femmes et hommes. Pour inventer du nouveau. Je vous écris de chez ces hommes qui pensent qu’il faut encourager les colleuses d’affiches qui rappellent le massacre dont sont victimes les femmes, et qu’il convient aussi de ne plus jamais taire cette violence et lutter contre ceux qui voudraient le faire.
Je vous écris de chez ces hommes qui ont sincèrement cru que la déflagration serait telle qu’elle nous amènerait – collectivement – à construire de concert. Mais ce ne fut pas le cas. Les hommes ne furent globalement pas au rendez-vous. Se terrant dans le silence, se demandant comment agir, ou pis, critiquant la façon dont la parole s’exprimait. Puis, les fronts se divisèrent. Pour ou contre le « droit d’importuner ». Tu ne peux pas parler, toi, « actrice bourgeoise » tu es « has-been », tu marques un but contre ton camp. Tu en as bien profité de l’époque, alors ne « viens pas maintenant salir notre combat et ce pourquoi nous nous battons ». Et toi, l’homme, tu restes un ennemi. Tu continues de nous oppresser, de ne pas comprendre, de nous payer 25 % de moins à compétences égales. Tu continues de ne pas vouloir que nous puissions accéder à la même visibilité dans l’espace public. Tu nous infliges des Polanski, des Darmanin, des « Ligue du LOL », etc. Tu nous agaces avec ton male gaze ou tes porte-parole « masculinistes » qui viennent nous expliquer que nous sommes en train de vous « castrer ».

Je vous écris de chez les hommes qui ont vu ce débat passer d’un mouvement de société puissant, joyeux, nécessaire, indispensable, salutaire – pour les hommes comme pour les femmes – à une guerre de tranchées. Celle des féministes pro-sexe contre les autres, celles des intersectionnelles essentialistes contre les universalistes et celle, surtout, des femmes contre les hommes, alors tous mis dans le même sac.
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En chemin, je recroise le contrôleur. "Alors, vous, vous êtes un esthète, vous aimez ce que vous découvrez ou re-découvrez", rigole-t-il avant de me souhaiter bonne nuit. Ce que je redécouvre ? Le fait de maitriser le temps. Le fait de ne pas être en stress. De ne pas voir tout le monde courir partout. Le fait de ne pas déambuler dans un train où tout le monde est sur son écran.
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Je compris aussi très vite que le seul fauteuil qui pourra m'accueillir est en fait un de ces tabourets en bois qui pullulent un peu partout en France. Le message de Meuse-TGV est clair : " Lève-toi et marche, tu ne crois tout de même pas que tu vas pouvoir prendre ton temps, lire, attendre en rêvassant. La modernité, c'est la vitesse. Le passage furtif. Le temps optimisé. La flânerie n'est pas de ce monde.
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Les gares "modernes" sont désormais hors des villes. Comme si, au fond, ce qui faisait la modernité n'était plus la centralité de la gare, mais sa capacité à nous faire perdre le moins de temps possible. Drôle d'époque.
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Les gares "modernes" sont désormais hors des villes. Comme si, au fond, ce qui faisait la modernité n'éta
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Ce soir, en arrivant à vingt heures à Paris, ceux qui sont parents de jeunes enfants savent qu'ils ne pourront pas dîner avec les petits, et qu'ils ne les verront pas éveillés non plus. Ils sont le symbole de cette vie frénétique qui épuise. Cette vie un poil ahurissante que nous menons sans nous en rendre compte. Entre déplacements professionnels, pression des chefs, des actionnaires, charge mentale, impression que le temps file sans que l'on puisse le saisir, et avec cette certitude qu’au fond il y a quelque chose de don donquichottesque dans nos existences. comme si nous courrions après du vent.
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Un peu plus loin, une femme seule, 45 ans environ. Elle pleure. J'ai toujours aimé ces instants en train. Instantanés de nos vies grandes et minuscules à la fois. Il paraît même que dans ce wagon, un journaliste en transit rêvait d'écrire un roman.
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