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Critiques de Davide Enia (103)
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La loi de la mer

= Un récit bouleversant. =



Davide dont les relations avec son père peuvent être qualifiées de mutiques, va l’inviter à venir avec lui à Lampedusa et à sa grande surprise ce dernier lui répond par l’affirmative.

Ils résideront chez Paola et Melo, des anciens amis.

Davide est écrivain et son père ancien chirurgien cardiaque à la retraite qui l'accompagne sur l'île durant quelques jours. Le père va faire découvrir à son fils sa passion pour la photographie.

Durant cette période, les deux personnages vont se rapprocher et chacun va apprendre plus de l’autre que ceux qu’ils ont appris avant durant toute leur vie. Deux hommes bien différents, mais qui ont aussi de par les liens du sang énormément de ressemblance que ce soit dans leurs comportements ou dans leurs gestuels.



L’auteur aborde avec élégance et tendresse ce rapprochement entre deux humains devenus des étranges, mais aussi une tout autre thématique tout aussi bouleversante, il s’agit de celle de la situation des migrants échoués sur l’île Lampedusa.



Lampedusa en Italie, situé à 240 km de la Lybie est comme un croisement migratoire de la voie maritime.

L’auteur va recueilli pendant plus de trois ans les récits des amis, des médecins, des bénévoles et des plongeurs qui sont et seront toujours présents pour essayer de sauver et d'apporter un sourire et un petit réconfort aux personnes rescapées. Et aussi le sentiment des autres personnes qui apeurer se cache chez eux et ferme tout pour ne pas les laisser entrer.



Et puis il y a aussi ce fameux trois octobre 2013, un événement qui dépassa les pires cauchemars, l’horreur absolue. Une embarcation va se retourner à quelques centaines de mètres des côtes, les eaux vont se couvrirent de cadavres et Lampedusa va être envahie par les télévisions et les cercueils.

Mais très loin de la réalité des médias, l’horreur est à chaque fois totale, inhumaine, très souvent insoutenable pour les sauveteurs dont les médias n’ont pas vraiment parlé.

Voici le récit de Bartolo, le docteur qui devait vérifier la cause des naufragés décédés :

‘‘Bartolo raconta que, vu l’énorme quantité de cadavres repêche en mer, il avait fallu utiliser le hangar de l’ancien aéroport pour y accueillir les morts. Il y avait des sacs noirs partout. Ce jour-là, il pria : « Mon dieu, s’il te plaît, fait que dans ce premier sac que je vais ouvrir il n’y ait pas un enfant Je t’en supplie » Bartolo revivait la douleur de ce passé terrible Ses mains s’étaient posées d’instinct sur sa bouche, comme pour ne pas crier.’’



Un récit qui m’a énormément touché et bouleversé, voir la face cachée de l’histoire à travers des récits réels m’a brisé le cœur. Comment des passeurs peuvent envoyer dans des conditions abominables des gens dans une traversée qui leur assure une mort très probable juste pour de l’argent !



Un récit que je recommande et dont vous ne sortirez pas sans les images d’horreur que l’humain et la mer peuvent infliger à d’autres êtres humains. Mais aussi le tendre rapprochement d’un père et de son fils.


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La loi de la mer

Merci à Babelio pour m'avoir permis de lire cet ouvrage avant sa sortie officielle et toutes mes excuses pour cette critique tardive, vacances obligent !

C'est un livre qu'on lit lentement, en savourant les mots, en accueillant les émotions qu'ils procurent. Le sujet est forcément grave, qu'il s'agisse des aspects liés aux migrants ou des relations entre père et fils, ou encore de la maladie (cancer). Cela n'empêche pas l'auteur de le traiter avec beaucoup de pudeur, de sensibilité et de poésie, sans tomber dans la sensiblerie et le pathos. J'ai été particulièrement touchée par le récit de la relation père fils, bizarrement, plus que par le récit de ce que vivent les migrants. Peut être est-ce parce que l'un a la tonalité de l'autobiographie et permet de s'identifier, quand l'autre s'apparente davantage à un reportage documentaire.

Je relirai La loi de la mer dans un contexte moins estival je pense, pour en apprécier à nouveau la profondeur.
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La loi de la mer

Ce livre coup de poing correspond à une réalité dont on parle moins aujourd'hui parce que l'arrivée de migrants à Lampedusa n'est quasiment plus d'actualité : disparition des bateaux qui portaient assistance aux migrants en mer, politique récente de l'Italie et de l'Europe en matière d'immigration clandestine, forte baisse du nombre des migrants empruntant la voie méditerranéenne, rôle amplifié des garde-côtes libyens qui arraisonnent et ramènent les canots en Libye, etc… Il n'en reste pas moins que la réalité de cette immigration vers l'Europe est toujours présente avec son lot de drames ; sans compter que les importants camps de migrants en Libye et leurs conditions effroyables ainsi que l'instabilité politique de ce pays ne met pas l'Europe à l'abri d'une nouvelle vague massive d'arrivants.



Revenons au témoignage de Davide Enia… L'état des migrants lorsqu'ils débarquent à Lampedusa est indescriptible. L'auteur nous en fait effleurer la réalité avec ces petites filles enceintes suite à des viols répétés, ces femmes gravement brûlées parce qu'obligées de voyager assises dans le fond du canot et marinant dans eau+pétrole+urine (seuls les hommes ont le droit d'être assis sur les boudins bordant le canot), ces migrants qui, repêchés après naufrage et épuisés par de longs mois de souffrance, meurent de froid sur le pont du bateau avant l'arrivée au port, d'autres qui s'évanouissent en chaîne lorsque qu'ils mettent le pied à terre parce que totalement déshydratés, etc…, etc…

Comment concevoir que les bénévoles qui les assistent puissent moralement résister et trouver encore le courage de leur sourire ? Surtout quand plusieurs canots arrivent en même temps et qu'ils sont totalement débordés par l'afflux et le nombre de cas à prendre en charge médicalement ; et je passe sous silence les morts, surtout les enfants, l'obligation de faire des choix pour les sauveteurs en mer lors des chavirages (trop de naufragés ne sachant pas nager pour le nombre de sauveteurs-plongeurs)… des choix qui les hantent.

« On parle des êtres humains sous forme de chiffres et de statistiques, alors qu‘une personne, c'est beaucoup plus. Une personne, ça a des espoirs et des inquiétudes, des désirs et des tourments» dit l'une des bénévoles. Elle raconte que la première fois où elle a vu des migrants, c'était ceux qui s'étaient réfugiés sous l'auvent de sa maison pour s'abriter de la pluie et du froid ; « Il faut fermer » s'est-elle dit. Puis elle a eu honte de ce premier reflexe et est sortie pour aider dans la mesure de ses moyens ; son rôle parmi les bénévoles venait de commencer… « Les gens de Lampedusa n'accueillent pas les réfugiés par pitié ou par altruisme ; tout ce qu'ils veulent c'est pouvoir se regarder dans la glace le matin sans avoir honte » a-t-elle dit dans un interview pour Arte.



Deuxième thème du livre : les relations entre Davide Enia et son père. Pas de communication entre eux : « le Sud souffre d'une difficulté à communiquer venue d'une culture séculaire où se taire est une preuve de virilité. (…) Parler, c'est une activité de ‘'fimmina''. Les faibles parlent, les vrais mâles restent muets. ». Cardiologue à la retraite, son père pratique la photographie en amateur : « Il n'est pas étonnant que mon père ait trouvé dans la photographie le moyen d'expression idéal. Dans cet environnement asphyxiant (omertà), quasi analphabète sur le plan des sentiments, incapable de nommer son désir, je vois ses photos comme une ouverture sur le réel ».

Pour tenter d'établir un début de communication et illustrer son reportage, il invite son père à l'accompagner à Lampedusa. Et là, il va découvrir que celui-ci est bien plus présent qu'il ne le croyait : « Si je ne m'étais jamais aperçu de sa présence, c'est que je donnais plus d'importance à ce qui manquait, les paroles, au lieu de comprendre la valeur de ce qui avait toujours été là, son regard. S'il n'était pas intervenu, c'est parce qu'à un moment donné je lui avais interdit de m'aider. » La fin de vie de Beppe, oncle très proche de Davide et frère cadet de son père avec lequel il avait un lien très fort va finir de les rapprocher.





Pour conclure, je reprendrai ces mots de l'auteur : « Des centaines de milliers de personnes ont transité par cette île. (…) Nous n'avons pas les paroles pour dire leur vérité, (…) eux qui sont partis pour aborder nos rivages à un prix qu'on n'imagine même pas. (…) C'est eux qui auront les mots pour décrire ce que veut dire aborder sur la terre ferme après avoir échappé à la guerre et à la misère, pour suivre leur rêve d'une vie meilleure. Qui nous expliqueront ce que l'Europe est devenue, qui nous montreront, comme dans un miroir, ce que nous somme devenus. »

Et je ne suis pas sûre que cette image soit à notre gloire…

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La loi de la mer

Avant tout, je remercie l’équipe Babelio et les éditions Albin Michel, à travers une Masse critique privilégiée, de m’avoir permis de découvrir un point de vue différent sur un sujet (« la migration ») qui m’intéresse pour plus d’une raison. Je les remercie également de m’avoir présenté un écrivain, Davide Enia que je ne connaissais pas et qui a su faire d’une réalité observée et écoutée sur le terrain d’une tragédie, un récit essentiel pour prendre de la distance lorsqu’on est soi-même en quelque sorte venue d’ailleurs.

Le 3 octobre 2013, plus de cinq cent personnes se déplaçaient sur un bateau qui a pris feu près des côtes de Lampedusa. Cinquante-cinq survivants. Trois cent soixante-huit cadavres repêchés en mer. « Les images de ces corps sans vie flottant sur la mer furent montrées par tous les médias du monde ». Mais c’est dans le vide du silence interrompu par la mort et loin de l’image et des statistiques qui ont remplacé la parole, la chair et l’os qu’un passant, Enia Davide, mi écrivain, mi journaliste a fait irruption pour construire son récit bouleversant sur le destin tragique d’une île, de ses habitants et des personnages principaux de la tragédie lampédusienne (migrants, plongeurs, travailleurs sociaux, garde côte…) qui sont confrontés à des cadavres qu’ils n’ont pas eu le temps de sauver. Ces corps nus, ce reste d’une jeunesse majoritairement africaine qui a choisi ou a été contrainte de mourir pour partir est le reste d’une jeunesse qui alimente les trafiquants d’êtres humains en prenant le risque d’être torturée, violée et dévorée par les poissons de la « Mère Méditerranée » au lieu d’être résolument et convenablement dévorée par les guerres, la corruption, les injustices et finalement, les insectes affamés du pays natal.

En faisant le parallèle entre la garde côtière et la garde médicale, l’auteur a pu démontrer le courage qu’il faut avoir pour lutter contre la mort de l’autre. Or, si le médecin a tout un dossier médical ainsi que le cercle familial de celui qu’il n’a pas pu sauver, le plongeur ou le travailleur social est confronté à un cadavre qu’il n’a pas sauvé et dont il ne sait rien. Tout ce qu’il sait, c’est que c’est un « Immigré non identifié, de sexe masculin, ethnie africaine, couleur noire. ». Et pour le définir convenablement, il n’y a pas d’autre possibilité que celle d’inscrire les circonstances de la découverte du corps et de sa mort. Ainsi, ce récit pose la question de la mémoire d’un cadavre pêché loin des siens, sans nom, sans pays d’origine, ni âge.

Pour finir, ce livre que j’ai lu en Europe, en partie dans une plage sauvage, au bord de la mer Méditerranée (Les Aresquiers) a terriblement bouleversé mon rapport à la mer, à la mort. A la lecture des récits déchirants des acteurs de la migration que l’auteur a rencontrée, je me suis rendue compte que cette mer qui me permet ici et maintenant, de l’autre côté de la Méditerranée, de me détendre était en même temps une mer qui tue, une mer qui produit des cadavres sans fin. Malgré ce constat culpabilisant mais soutenu par mon impuissance, je continue, avec la canicule, de m’y baigner en me posant toujours les mêmes questions sur la migraine de la migration: qui sont les véritables responsables de cette tragédie migratoire qui dure depuis plus de 25 ans? L’Europe, les gouvernements corrompus des pays d’origine, les trafiquants d’êtres humains ou les migrants eux-mêmes du fait qu’ils ont survécu aux massacres dans le désert, aux viols, à la mort, bref, à La Loi de la mer?

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La loi de la mer

Un récit qui nous plonge dans l’actualité des migrants sur l’Ile de Lampedusa, une terre à mi-chemin entre les terres africaines et les terres européennes, une île comme terre d’accueil, ou de dernier voyage. Pendant 3 ans, Davide Enia, dramaturge et écrivain, est allé recueillir les témoignages des hommes et des femmes qui œuvrent pour sauver les vies de ces migrants. Loin des clichés racistes, des jugements, des chiffres, des positions politiques, ce récit nous emporte dans l’humanité, où seule la mer méditerranée fait sa loi. Les témoignages des sauveteurs de ces migrants sont poignants. Leur courage les met aussi parfois en danger. Psychologiquement chacun témoigne de la difficulté de ne pas réussir à sauver ceux qui fuient leur terre d’origine. En parallèle, Davide Enia raconte sa famille, son lien avec son père qu’il embarque avec lui à Lampedusa tandis que son oncle Beppe, atteint d’un cancer (c’est une récidive), s’accroche à la vie, sa force jusqu’à la fin est bouleversante. Les deux récits sont touchants car ils sont les symboles d’un combat sur la vie. Cette histoire c’est aussi l’Italie, les vacances à Lampedusa de l’auteur et plus tard, son retour sur cette île pour ce projet d’écriture. J’ai été émue par ces témoignages, par son histoire personnelle, c’est un homme à l’écoute des autres, de ses sentiments, de son cœur. Une très belle découverte qui aide à se dépasser, à tendre la main à son prochain.
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La loi de la mer

La Loi de la mer de Davide Enia ne fait pas officiellement partie de la sélection #RL2018 des éditions Albin Michel, mais c'est tout comme pour moi, et j'aimerais qu'il ne passe pas inaperçu surtout. Un grand grand merci à Babelio ainsi qu'à l'éditeur pour cette découverte.



Pendant trois ans, Davide Enia a été témoin des débarquements quotidiens de migrants à Lampedusa. Il a rencontré les locaux, les sauveteurs, les plongeurs et bien sûr ces femmes, ces hommes et ces enfants à qui tout est arraché, jusqu'à la vie souvent. En parallèle de ces drames, dont il est spectateur auprès d'un père si taiseux, il y a la maladie, autre tragédie, qui guette sa famille.



Si je peine à envisager ce récit comme un roman, il n'empêche que vous n'y trouverez aucune analyse de la politique migratoire européenne, aucune justification quelconque aux voyages bien souvent mortels qui sont entrepris... Si vous cherchez un ouvrage sur la question, il faudra passer votre tour pour celui-ci, en revanche, si vous voulez vous affranchir des chiffres et des quotas pour vous confronter à l'urgence brute, alors vous avez choisi le bon bouquin.



Parce qu'il n'est question que de cela. Davide Enia nous parle d'une ile qui est devenu un symbole, un sujet brulant d'actualité... mais ça, c'est la perception extérieure. Le quotidien est tout autre, seulement régi par "la loi de la mer". Face à des êtres humains qui se noient et qu'il faut sauver, toutes les barrières tombent, à commencer justement, par la politique. Les arrivées des canots, tous les jours, les sauvetages qui exigent qu'on "choisisse" entre deux groupes si on ne veut pas voir tout le monde mourir, les cadavres qui changent la mer à jamais... Mais aussi les chants et la gratitude de ceux qui parviennent à toucher terre, l'entraide qui balaie toutes les petites peurs de l'autre... Il n'y a aucun misérabilisme dans ce récit, bien au contraire, sa pudeur (aussi incarnée par la relation silencieuse père-fils) ne fait que renforcer tous ces témoignages. En allant au plus près de ce qui se passe réellement à Lampedusa, Davide Enia semble restituer la vérité de cette île. Une île avec son histoire, avec ses habitants, loin des fantasmes qui ravivent la peur et minimisent la souffrance. Cette vérité, on la retrouve dans le style très direct du témoignage, à peine entamé par de rares poncifs dès que l'auteur se risque à la métaphore.



Davide Enia évoque aussi la maladie d'un oncle à qui cet ouvrage semble dédié. Si les incursions intimes dans ce genre de récit sont parfois maladroites, ici, le parallèle entre le crabe qui guette et la mort derrière la vague est on-ne-peut-plus saisissant...



A lire le coeur bien accroché, et grand ouvert surtout.
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La loi de la mer

C'est un texte que j'ai découvert sous forme théâtrale, repris dans un spectacle remarquable (nommé "Abysses"), qui m'a tellement bouleversée que j'ai eu envie de lire le texte originel, qui ne m'a pas déçue.

Ce récit a deux facettes, qui se répondent de façon très personnelle et harmonieuse.

D'une part l'île de Lampedusa, petite île satellite de la Sicile, où débarquent de nombreux réfugiés. La géographie de l'île est décrite par touches, on a l'impression de pouvoir presque d'y retrouver, sans avoir eu un plan sous les yeux. Les villages et les hôtels de luxe cohabitent selon le va-et-vient des touristes, mais le narrateur-auteur Davide Enia n'y vient que hors saison touristique ... Les habitants sont entraperçus par les volets qui s'ouvrent ou se ferment, le secours apporté aux réfugiés par nécessité d'entraide humaine. Plusieurs sauveteurs, bénévoles ou salariés, prennent la parole avec leurs propres mots, dans une conversation que l'auteur met parfaitement en scène, avec les silences et la corporalité de chacun - les sauveteurs et plongeurs ont un physique impressionnant, tant de vies en dépendent, à commencer par la leur.

D'autre part, il y a la relation de l'auteur avec sa famille, son père, son oncle, la maladie, et ses séjours à Lampedusa qui créent un lien assez improbable mais qui permet de (re)nouer un dialogue entre personnes qui s'aiment mais n'ont pas appris à l'exprimer.

Beaucoup d'émotion, de justesse et d'humanité dans ce livre qui a l'originalité d'aller voir silencieusement, au plus près de toutes les personnes qui le vivent, ce que représentent ces débarquement de réfugiés qui ne sont que des chiffres abstraits sur les chaînes d'info continue ou des arguments électoraux cyniques.
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La loi de la mer

Je vais être honnête, il m'a fallu beaucoup de temps pour lire et terminer ce roman. Plusieurs raisons à cela :



Tout d'abord, le sujet principal du roman qui n'est autre que l'arrivée des migrants sur l'île de Lampedusa et tout ce qu'il y a autour. C'est à dire pour commencer l'enfer qu'on vécu ces gens pour prendre le risque d'un tel voyage, le voyage horrible en lui même, et puis la vie des habitants de l'île qui doivent faire face, seuls, aux survivants comme aux morts (enterrer les morts, sauver les survivants, les prendre en charge, les rassurer, faire en sorte que l'enfer s'arrête...). Ce sujet là est censé être bouleversant. Quand on en parle, ou qu'on en entend parler, on ne peut pas ne rien ressentir (sauf si on est totalement dépourvu d'empathie, mais avoue le, c'est rare). Or là, je n'ai pas ressenti grand chose en lise ce roman. Alors oui, 1 ou 2 fois, j'ai eu une boule dans la gorge ou les larmes au bord des yeux, mais c'est si peu face à tout ce qui est raconté !



Pourquoi est-ce que ça m'a si peu touchée ? Je ne suis pourtant pas une personne insensible, bien au contraire... Je ne peux pas dire que ça vient du style de l'auteur, qui ne sais pas véhiculer les émotions. Ni dire que je suis réfractaire à ce style et qu'il n'a aucune emprise sur moi, car j'ai été touché (profondément touché même) par le sujet secondaire du roman qui concerne le lymphome de l'oncle de l'auteur.



Et là on en vient à la deuxième raison qui a fait que ce livre a été long à lire. Je sais ce que c'est que de perdre quelqu'un à cause d'une maladie. C'est un sujet que j'ai beaucoup de difficulté à aborder, sur lequel je suis très sensible. Et ça a donc été dur pour moi, de vivre cette expérience à travers les yeux de l'auteur. Et pour continuer dans l'hônneteté, si j'avais su avant que le sujet serait abordé dans le roman, jamais je ne l'aurais lu et jamais je n'aurais accepté le SP.



Si je dois parler d'un point négatif durant la lecture, c'est la mise en page. Il y a eu des moments où je me suis retrouvée perdue au milieu du roman à cause des changements temporels. Un coup l'auteur nous parle du présent (ou du moins qu'on croit être le présent), sauf qu'après il nous parle d'une période qui arrive après ce présent. Pour ensuite revenir en arrière. Pour changer encore et nous raconter des souvenirs d'enfance ou d'adolescence... Il m'a parfois fallu 1/2 pages pour arriver à comprend où on en était, à quelle période de sa vie.. Et parfois même il faut un peu de temps pour savoir avec qui il parle.



Et ce que je reproche à la mise en page, c'est de ne rien faire pour nous aider à nous y retrouver.. Résultat j'étais perdue. Et avouons le, ça ne m'a pas aidé à rentrer dans le roman et à ressentir toutes les émotions que j'aurais dû avoir...



Et je compte finir sur le point positif (parce que oui, il y en a ^^) : la diversité des témoignages. Même si ce ne sont que des témoignages bienveillant (ils sont tous pour le soutien des migrants, et aucun n'étais en mode "saleté de migrants, qu'ils aillent voir ailleurs si on y est") on y trouvé des témoignages d'habitants de l'île, des sauveteurs, des pêcheurs ou même des plaisancier qui se sont retrouvé présent lors d'un naufrage, et qui sont intervenu que ce soit en mer, ou sur terre.



Et il faut aussi dire que le ton du roman n'est jamais moralisateur, ni "implorant". Il se contente simplement de relater les faits, de rappeler que les migrants ce ne sont pas des chiffres, ce sont avant tout des humains et qu'ils ont besoin d'aide comme n'importe qui d'autre. Je pense que ce roman peut tout de même permettre d'ouvrir les yeux à certaines personnes !
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La loi de la mer

Davide ENIA signe avec La loi de la mer un document poignant s’inscrivant pleinement au cœur de l’actualité : celle de la crise migratoire.



Durant trois ans, l’auteur s’est rendu à Lampedusa, petite île italienne située au sud de la Sicile et porte d’entrée des migrants en Europe. Il y a recueilli le témoignage de ses habitants, des médecins présents sur place, des sauveteurs et pécheurs toujours en première ligne des missions de sauvetage des embarcations précaires transportant des migrants par centaine.

C’est à partir de ces témoignages que l’écrivain a construit un récit factuel, sans pathos, où transparait l’humanité, l’empathie et l’entraide de la population locale envers les migrants.



« Ici on sauve des vies. En mer, toutes les vies sont sacrées. Si quelqu’un a besoin d’aide, on lui porte secours. Il n’y a ni couleur de peau, ni ethnie, ni religion. C’est la loi de la mer. »



On y retrouve également une île, livrée à elle-même, abandonnée de l’Europe, face à un flux migratoire de plus en plus important.



Davide ENIA nous livre ici un document percutant, un document qui révèle l’urgence d’une réalité actuelle, un document fait pour l’éveil des consciences.
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La loi de la mer

Davide Enia, écrivain, et son père, photographe amateur, regardent pantois la tragédie se jouer dans l’immensité de la Méditerranée, regardent l’Histoire couler sous leurs yeux. En arrière-plan, l’auteur pense aussi à la fin prochaine et inexorable de son oncle Beppe, atteint d’un terrible cancer. Deux histoires, deux parcours, mais un point commun : une frénétique course contre la mort et une soif de vivre.



Pendant plus de trois ans, Davide ne cesse de se rendre à Lampedusa, devenant dès lors le témoin privilégié du drame qui se joue en ce lieu, le témoin de toutes ces vies humaines qui viennent s’échouer (dans le meilleur des cas) sur les rives de la désormais tristement célèbre Lampedusa. En effet, le nom de cette île italienne est connu de tous. Non pas pour le côté soleil, dolce vita, sable chaud, Méditerranée, … mais pour le triste sort de tous ces migrants qui y voient l’espoir d’un avenir meilleur, une première étape vers la liberté.



Dans son livre, Davide Enia observe, découvre, et donne la parole à toutes ces personnes qui sont touchées de près ou de loin par ces événements : habitants, secouristes, exilés, survivants, … autant de personnes plongées dans cet enfer quotidien. Par tous ces témoignages, Davide Enia parvient à brosser le portrait d’une île brisée, d’Hommes à jamais marqués.



L’auteur décrit avec beaucoup de précision la violence qui accompagne chaque migrant, le vécu inimaginable et insoutenable de toutes ces personnes qui risquent leur vie afin de s’en sortir. Le récit est poignant, sans verser dans le pathos, jamais.



Malgré tout, La loi de la mer est une ode à la vie, une ode à la fraternité. Aucun discours politique sous-jacent, aucune volonté de juger, mais juste cette volonté de comprendre, de témoigner, de tirer la sonnette d’alarme. Un récit poignant, tragique, émouvant, révoltant, violent, qui ne laissera personne indemne.
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La loi de la mer

Avec La Loi de la mer, le Sicilien Davide Enia signe un récit aussi personnel que littéraire sur la tragédie des migrants.
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La loi de la mer

Monsieur Enia, vous insufflez un nouveau genre à la littérature sicilienne!

Boulversant, émouvant, époustouflant!

Comme le premier roman, une écriture fluide et efficace pour décrire les méandres humains.

Un récit d’une authenticité poignante qui révèle au grand jour la vie des habitants de Lampedusa, de ces gens ordinaires qui essaient d’apporter leurs aide à ses naufragés.

Un livre qui n’est rien d’autre qu’une ode à l’humanité.
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La loi de la mer

Je suis désolée pour ma bibliothécaire préférée, je n ai pas réussi à aimer ce roman, je l’ai en grande partie parcouru en sautant les passages qui m’arrachaient des larmes. Non pas qu’il ne soit pas bien mais il est trop dur . Tous ces êtres humains par milliers que des passeurs entassent dans des embarcations en sachant fort bien que la plupart périront mer c’est absolument insupportable. Mais pourquoi pourquoi des gens se laissent-ils conduire à cette mort plus que probable ? Ce n’est pas le sujet du livre. Le sujet c’est cette île dont le nom à te donner à nos oreilles, pendant de longues années : » Lampedusa » .Comment vivent tous les habitants de cette île ? C’est vrai que c’est un point de vue que l’on n’a peu entendu et c’est pour cette raison qu’il a été choisi pour être lu à notre club. Qu’est ce qu’il se passe quand des cadavres viennent s’échouer sur vos plages ? et bien quelles que soient vos opinions politiques, vous ferez tout pour sauver un maximum de personnes.L’auteur a choisi de passer trois ans à Lampedusa , il y rencontre le maximum d’habitants de cette île, tous habités par des récits qui sont aussi horribles que ce que vous pouvez imaginer et plus encore. L’auteur parle aussi de son père médecin et de son oncle atteint d’un cancer dont il ne guérira pas. Les histoires de naufrages sont tellement atroces que je lisais avec soulagement la descente vers la mort de son oncle bien aimé. Comme son père le dit un moment, je me suis demandé à quoi sert ce genre de témoignages, puisque visiblement rien ne peut arrêter ceux qui fuient leur pays, et des tortionnaires Libyens avides d’argent faciles seront toujours là pour les pousser sur des bateaux de fortune après les avoir torturés, rançonnés et violés pour les femmes. Je ne mets aucun coquillages à ce livre à vous de juger si vous voulez le lire .
Lien : http://luocine.fr/?p=10477
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La loi de la mer

"UN MORT NOUS APPREND A PLEURER"



▶️Lampedusa, petite île italienne balayée par le sirocco, lieu de transit d’un exode de masse et ticket d’entrée pour l’Europe de milliers de migrants, d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont fui la violence, la misère et la guerre pour l’espoir d’une vie meilleure : les plus résistants, les plus chanceux, repêchés en mer, sauvés par des pêcheurs de passage où par es gardes-côtes - tant d’autres, plus nombreux, s’échouant, morts, sur la plage...

▶️C’est de ce drame humanitaire qui dure depuis 25 ans que Davide Enia rend compte ici, recueillant les témoignages des habitants de l’île, pêcheurs, plongeurs, garde-côtes, médecins, simples bénévoles, tous confrontés à la détresse des migrants : «chaque fois, j’ai le sentiment de me trouver face à des êtres qui portent en eux tout un cimetière »...

▶️A cette tragédie se superpose le récit familial et intime de l’auteur ; la fin de vie de son oncle qui se meurt d’un cancer et dont il est très proche - moment douloureux et qui cependant le rapproche de son propre père - ces deux-là n’ayant jamais su se parler...

▶️ «En mer, toutes les vies sont sacrées. Si quelqu’un a besoin d’aide, on lui porte secours. Il n’y a ni couleur, ni ethnie, ni religion. C’est la loi de la mer »...

▶️Le récit brut de la traversée en mer des migrants et des conditions de leur débarquement - quand ils y arrivent! La peur, les humiliations, les viols aussi : «même aux animaux, on ne fait pas ce qu’on fait aux femmes » - ce que cela suppose de détresse : «on n’échappe pas à la guerre en montant dans un avion. On s’enfuit à pied et sans visa, puisque personne n’en délivre plus. Quand la terre finit, on monte dans un bateau ».

▶️Un récit fort, singulier, poignant et lumineux...
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La loi de la mer

Traduit par Françoise Brun



Aujourd'hui tout le monde connaît le nom de Lampedusa, cette île mise sous les projecteurs des médias quand elle a vu s'accumuler les arrivées de migrants, morts ou vifs, en particulier ce 3 octobre 2013, dont personne sur l'île n'a vraiment envie de parler. C'est le jour où Lampedusa est devenue le centre du monde, un cimetière à ciel ouvert : 368 cadavres repêchés et 155 survivants.



Davide Enia, originaire de Palerme connaît bien cette île perdue au large de la Sicile et de la Tunisie : il y passait ses vacances enfant. L'auteur, écrivain, dramaturge et acteur, endosse ici le rôle de reporter dans ce récit autobiographique, qui ne s'en tient pas aux bateaux qui chavirent. Davide Enia part interroger les habitants de Lampedusa, des amis ou des inconnus pour les faire parler et convainc aussi son père, médecin en retraite, de l'accompagner pour faire des photos. Peu à peu l'omerta pudique sur ce 3 octobre 2013 se brise. Et celle d'un père et de son fils qui ont du mal à communiquer, également. Un récit de naufrages intime et humanitaire.



Ce qui arrive à Lampedusa, c'est vingt ans d'Histoire géopolitique, jusqu'à la tectonique des plaques qui voit l'Afrique avancer vers l'Europe (j'ai aimé ce détail !)



Davide Enia livre un récit sans voyeurisme, pudique, mais dont le souci de vérité n'épargne aucun détail. Un hymne à la vie, un hommage tant aux naufragés qu'aux habitants de la belle Lampedusa, à leur courage à tous. Un récit intime également qui permet d'appréhender l'Histoire au-delà des mots.



Un livre qui redonne leur humanité et un visage aux migrants, au-delà des chiffres auxquels les réduisent les médias et les politiques. Je ne peux que vous inciter à le lire.
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La loi de la mer

Tout d'abord je tiens à remercier Babelio et les Editions Albin Michel, pour m'avoir permis de lire ce livre avant sa sortie.



Ce livre n'est pas vraiment un roman. Il se situe entre le reportage et le récit autobiographique, ou récit familial. J'ai aimé ces deux aspects, qui nous permettent à la fois de s'attacher aux personnages, et de savoir si ils vont réussir à se rapprocher les uns des autres, se livrer, se retrouver... et d'un autre côté, vivre avec l'auteur ces débarquements de migrants sur cette petite île italienne, leur parcours, leur tragédie...



L'auteur donne la parole aux habitants de cette île, Lampedusa, et nous rapporte par leur témoignage la dureté de la situation, tous ces sentiments enfouis, ce qu'ils éprouvent lors de sauvetages des embarcations de fortune et l'arrivée de ces migrants morts ou vifs, sauvetages parfois heureux, parfois désastreux...



Un livre rempli d'émotions, d'un côté entre les habitants de cette île et les migrants, de l'autre côté avec l'auteur et les membres de sa famille qui vivent avec la maladie d'un proche.



Je n'en dirai pas plus, si ce n'est que j'ai aimé cette lecture.



« En mer, toutes les vies sont sacrées. Si quelqu'un a besoin d'aide, on lui porte secours. Il n'y a ni couleur de peau, ni ethnie, ni religion. »
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La loi de la mer

Lampedusa, petite île de Sicile, devenue symbole de la tragédie mondiale qui pousse les êtres les plus désespérés à un périple mortel avec pour seule lueur d'espoir, l'Europe. Si proche et si lointaine.

Les autorités ne veulent pas d'eux.

Mais les habitants sont doux. Dévoués.

C'est leur quotidien que nous suivons. Leur engagement pour soulager une fatigue, réchauffer un corps ou un corps.

Chaque parcours est exceptionnel.

Ce couple qui tient une chambre d'hôtes, dont la femme est chargée de rédiger l'inscription sur les tombes de ceux qui n'ont pas pu être sauvés.

Ce plongeur en haute mer, un colosse qui, au milieu de l'océan, en une seconde, doit choisir s'il va sauver le corps qui se trouve à sa droite ou celui à sa gauche.

Ce pêcheur qui remonte des corps dans ses filets et qui, un jour comme un autre, a accueilli sur son petit bateau 47 personnes à bout de forces.

Ce commandant de frégate, un samouraï, un guerrier, un berger, qui a pu sauver 156 personnes en une seule intervention.

Cette infirmière bénévole qui a repêché 57 personnes à sa première sortie. La mer était démontée. Il pleuvait, il faisait très froid. Arrivés à terre, la moitié des gens secourus étaient morts sur le pont du bateau de l'association.



Davide Enia à passé 3 ans sur l'île de Lampedusa à rencontrer habitants, secouristes et survivants.

Ces témoignages terribles de morts, de mutilation, de tristesse sont adoucis par la plume de l'auteur qui, comme tout ' bon ' sicilien, parle uniquement lorsque nécessaire, en choisissant soigneusement, longuement, chacun de ses mots.



Ces tragédies vont rapprocher un père et son fils, qui n'ont jamais su se parler mais qui vont témoigner, l'un par la photo, l'autre par l'écriture, de ce qui se joue à quelques kilomètres de nos côtes.

Ce morceau de terre, objet de tous les espoirs, terre la plus au sud de l'Europe qui est pourtant, au point de vue géologique, un haut plateau de la plaque tectonique africaine.

Le trait d'union entre ces 2 continents.



Ce livre, bouleversant, est nécessaire selon moi.



Je remercie les éditions Albin Michel et Babelio pour leur envoi.



Si vous êtes sensibles à ce sujet, je vous renvoie à la merveille de Laurent Gaudé, ' Eldorado '. ( Avis loin loin loin en bas de ma page )
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La loi de la mer

Récemment je vous ai beaucoup parlé du très beau et très émouvant roman illustré « Une prière à la mer » de Khaled Hosseini.

Aujourd’hui, je viens vous parler d’un ouvrage qui pour moi lui fait écho.

Un livre qui évoque cette même brutalité, cette même peur. « La loi de la mer », cette loi terrible qui amène ses prières qu’on lui fait.

Une même histoire, chacun d’un côté de cette étendue d’eau symbole de liberté, d’un espoir perdu depuis trop longtemps, de rêves d’une vie meilleure.

Mais cette mer colérique, chimérique, qui se transforme en prison.

Retenant, prenant, avalant, recrachant.

Davide Enia prend le parti de nous raconter cette île que nous ne connaissons, malheureusement, que trop bien : Lampedusa. 🛶🌊



Par sa plume, il donne la parole à ses habitants, ces sauveteurs, ces bénévoles.

A ceux qui voient, qui côtoient.

Tous concernés, tous impuissants, tous témoins de cette misère humaine qui arrive chaque jour sur ces embarcations chaque fois plus effrayantes. 🛶🌊



À ces moments de vie sur l’île, se mêle des moments de vie personnelle de l’auteur. Il évoque son oncle, sa maladie. Il oserait presque cette comparaison, et cette pensée : finalement, ne luttons pas tous pour notre survie ?

Récit émouvant, dur, et déchirant, Davide Enia nous fait ressentir cette douleur, cette urgence et ce besoin d’agir qui se mêle aux frustrations et à la honte de ne pouvoir le faire correctement.

Engagé ce livre l’est, c’est un texte qui se lit facilement évitant les pièges de morale ou donneur de leçons dans lesquels il aurait pu tomber. 🛶🌊



À lire pour cet éveil de l’urgence d’une situation trop vite oublié. 🛶🌊



Il est publié aux éditions @editionsalbinmichel et en lice pour le Grand Prix des Lectrices Elle dans la catégorie document. 🛶🌊



Vous connaissiez ?
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La loi de la mer

Peu accrochée par ce mélange de récit/essai et d’autobiographie même si l’écriture est belle et poétique.

Un père photographe, ancien médecin et son fils écrivain sont les témoins de la loi de la mer à Lampedusa, qui règne à la fois sur les habitants et sur les migrants qui arrivent à la recherche d’espoir et d’une vie meilleure.

Davide Enia nous plonge dans l’actualité sordide des migrants, ceux qui débarquent mais aussi ceux qui périssent en mer ; il le fait à travers les voix de quelques habitants (médecin, pilote de vedette, ses amis qui habitent en face de la mer, un plongeur sauveteur, des pêcheurs) mais jamais celles des migrants. Il veut ainsi donner une profondeur humaine à la tragédie. Mais le récit est pétri de bons sentiments, certainement loin de refléter la multiplicité des réactions face à cette thématique des migrants et de leur accueil comme le montre la montée des nationalismes en Europe, alimentés en grande partie par cette problématique.

En revanche, la partie autobiographique déclenche l’émotion que ce soient les relations difficiles d’un fils avec son père avec lequel il n’a pas réussi à communiquer jusqu’à ce séjour cathartique à Lampedusa, son amour pour son oncle qui se meurt d’un cancer. Les souvenirs affluent, mêlés à ce qu’il voit et vit.

Davide Enia donne une place centrale à la mer dans sa vie, dans celle des habitants de Lampedusa et des migrants. Tous doivent respecter sa loi ; ce n’est certainement pas pour rien que le mot loi porte une majuscule dans le titre : c’est une règle intangible qui s’applique à tous et qui n’admet pas d’être remise en question.

La Sicile est aussi très présente à travers Palerme, Lampedusa, les nombreuses expressions en sicilien qui émaillent le texte ; l’auteur est très attaché à cette région d’Italie et il en parle avec le cœur.

Enfin la mort est partout dans le texte : celle des migrants bien sûr mais aussi celle de l’ami Toto, de sa grand-tante Nunzia et celle de son oncle Beppe pour lequel il a écrit ce livre avant qu’il décède.









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La loi de la mer

La loi de la mer, ce sont les yeux de Davide Enia devant les migrants sur l’île de Lampedusa, au sud de l’Italie.



Naufragés-survivants.

La tombe ou la terre.

La mer, grande dame qui porte dans ses vagues l’espoir d’un avenir meilleur.



A travers des témoignages poignants, l’auteur nous plonge dans cette migration sous les traits de l’urgence à agir, telle une mère pour secourir son enfant en danger, telle une mer portant hommes femmes et enfants dans ses tumultes, ses vagues, tempêtes afin d’amener les plus chanceux sur une terre d’asile.



Davide Enia nous livre son regard dans un roman sans trêve, pas de chapitre ici nous permettant de reprendre notre souffle. On embarque dans ses flashs, dans des bouts de recueils d’autres regards. On devient rescapés sur cette île de Lampedusa face aux espoirs échoués.



Ce n’est pas une romance ni une histoire suivant un fil.

Des témoignages et des images sur ces migrants à travers un fils et un père dont le silence est omniprésent. « Chacun de nous reste là encore en silence, le téléphone à la main, face a son propre vide, comme deux embarcations qui n’ont fait que se frôler la nuit en mer et reprennent ensuite leur voyage en solitaire. » Le voyage d’un fils vers son père est poétique et troublant. Toujours cette mer en toile de fond en guise d’image émotionnelle.



L’image est permanente dans ce roman. L’image plus forte que les mots pour figer l’horreur. L’image pour saisir le détail, l’émergence de la trêve.



La loi de la mer interroge : sommes-nous prêts à aider, secourir, comprendre, aimer quel qu’en soit le poids des drames et du sacrifice...



Un roman que je conseille pour sa prestance littéraire, pour toutes les espérances fatiguées que retient et s’en va larguer dans ses profondeurs, la grande maîtresse bleue.



J’adresse mes remerciements aux Éditions Albin Michel pour cette participation à Masse Critique Babelio, j’ai découvert un roman et un auteur tout à fait méritants et prometteurs l’un comme l’autre.
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