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Citations de Davide Enia (121)


Les bombes ne détruisent pas seulement les gens, les maisons et l’espoir. Elles effacent la mémoire.

Page 20, Le Livre de Poche, 2018.
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Ils partirent du port de Trapani à la mi-septembre 1942. Deux cent huit Siciliens. Quasi analphabètes pour la plupart, des gars plus aptes à construire des routes qu'à tenir un stylo. Le retour était prévu treize mois plus tard. Ils rentrèrent à l'automne 45, la guerre finie. Le bateau qui les ramena en Sicile partit d'Alexandrie en Egypte pour aller mouiller dans le port de Palerme, où il débarqua les Siciliens qui avaient survécu.
Ils étaient deux à descendre de ce navire.

Page 85, Le Livre de Poche, 2018.
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«Le boulot de mon père, c'est ce que je veux faire : pompiste. »
La phrase de Pullara avait résonné comme une sentence. Le ton soulignait l'inexorabilité de l'avenir. Pompiste, comme boulot, c'était le summum : assis à l'ombre dans l'odeur magique de l'essence ; un chien pour te tenir compagnie, au bout d'une chaîne, à taper quand tu t'emmerdes ; un gros rouleau de pièces dans ta poche arrière.

Page 17, Le Livre de Poche, 2018.
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«Je t'assure, vraiment, c'était un pédé garanti et certifié.
— Et tu t'étais pas rendu compte que c'était une tapette ?
— À le voir, il avait l'air normal, un type bien. J'avais même parlé du match avec lui, t'imagines ? De foot, on avait parlé. — Incroyable.
— Eh oui. »
Le client avant nous était assis sur ma gauche, un frisé avec une grosse moustache. Il jugea nécessaire d'intervenir à ce moment du récit :
« Toni, t'es sûr qu'il t'a pas contaminé ?
— Justement ! C'est bien le problème. La mosexualité, c'est une sale maladie.
-— La pire, confirma le client à moustaches.
On plaisante pas avec ça», répondit le barbier.

Pages 27-28, Le Livre de Poche, 2018.
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C’est surprenant, cette insistance des femmes à demander aux hommes ce qu’ils pensent. La réponse, le plus souvent est simple, aussi élémentaire que le mâle : à rien. Parfois on est simplement en train de regarder une tache sur un mur. D’autres fois, c’est l’écoute d’un formidable solo de guitare électrique qui absorbe l’attention. Il n’y a aucune logique. Plus surprenant encore est la façon dont le mâle se sent tenu de fournir une réponse sensée et profonde qui alimenterait son charme mystérieux.
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Il raconta qu'il avis pris la petite dépouille dans ses bras, espérant que c'était une erreur, que l'enfant était peut-être encore vivant, qu'il y aurait peut-être un très léger battement cardiaque, une veine qui pulsait, un souffle de vie à ses narines.
Mais non.
Il était mort.
Cet enfant était mort pour de vraii.
Ce fut le premier cadavre de la tragédie du 03 octobre qu'il examina.
"Comment on peut laisser mourir une créature comme ça? "accussi nica" (petite comme ça) ? On envoie des hommes sur la Lune et on laisse mourir des gens "accussi".
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Je ne savais rien encore de ce poids d'émotions que nous attachons aux objets. Nous les chargeons, simplement, de notre vie entière.
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Il y aura une épopée Lampedusa. Des centaines de milliers de personnes ont transité par cette île. Il manque encore une pièce dans la mosaïque, aujourd’hui : l’histoire de ceux qui migrent. Nous n’avons pas les paroles pour dire leur vérité. Nous pouvons nommer la frontière, le moment de la rencontre, montrer des documentaires sur les corps des vivants et des morts. Raconter les mains qui soignent, et celles qui érigent des barbelés. Mais l’histoire de cette migration, c’est eux qui nous la raconteront, ceux qui sont partis pour aborder sur nos rivages, à un prix qu’on n’imagine même pas. Il faudra des années. Ce n’est qu’une question de temps, mais c’est eux qui nous expliqueront leurs itinéraires et leurs désirs, qui nous diront les noms de ceux que les trafiquants d’êtres humains ont massacrés dans le désert, et la quantité de viols à laquelle une très jeune fille peut survivre pendant vingt quatre heures. Eux qui nous diront le prix exact d’une vie sous ces latitudes. Ils feront le récit, pour nous et pour eux même, des prisons libyennes et des coups reçus à toute heure du jour et de la nuit, de la mer aperçue soudain, après des jours et des jours de marche forcée, du silence qui tombe quand le sirocco se lève et qu’on est cinq cents sur un bateau de pêche de vingt mètres où l’eau monte peu à peu depuis des heures. C’est eux qui auront les mots pour décrire ce que veut dire aborder la terre ferme après avoir échappé à la guerre et à la misère, pour suivre leur rêve de vie meilleure. Qui nous expliqueront ce que l’Europe est devenue, qui nous montreront, comme dans un miroir, ce que nous sommes devenus.
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- Eh, Doigt-Coupé, tu veux que je te dise un truc fabuleux ?
- Oui.
- J'ai appris à faire les "arancine".
- Bravoooo."
Il n'y avait chez Gerruso aucune trace d'envie. Dommage. Où est le plaisir si celui qui t'écoute ne t'envie pas un peu ?
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On cherche souvent loin de soi quand on devrait regarder tout près 
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Dans la rue derrière la place, des cris, des ambulances et des sirènes de police.
La bande-son de Palerme.
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Si tu es esclave, ta haine envers le geôlier est plus grande que celle envers ton semblable. La haine, cava vers le haut ou vers le bas, ça n'est jamais au même niveau.
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Je lui ai dit : "Barbarella, je t'aime." Elle me fait : "Comme les grands?" Moi : "Non, je t'aime pour de vrai."
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- Grand-mère pense qu’entrer dans une histoire est une œuvre d’art. Et savoir en sortir, un chef-d’œuvre.
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« Nager, c’est indispensable. On est sur une île, comment tu feras si tu veux te sauver ? Tu marcheras sur les eaux comme l’autre ? »

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Ce n’est qu’une question de temps, mais c’est eux qui nous expliqueront leurs itinéraires et leurs désirs, qui nous diront les noms de ceux que les trafiquants d’êtres humains ont massacrés dans le désert, et la quantité de viols à laquelle une très jeune fille peut survivre pendant vingt-quatre heures. Eux nous diront le prix exact d’une vie sous ces latitudes. Ils feront le récit, pour nous et pour eux-mêmes, des prisons libyennes et des coups reçus à toute heure du jour et de la nuit, de la mer aperçue soudain, après des jours et des jours de marche forcée, du silence qui tombe quand le sirocco se lève et qu’on est cinq cents sur un bateau de pêche de vingt mètres où l’eau monte peu à peu depuis des heures. C’est eux qui auront les mots pour décrire ce que veut aborder sur la terre ferme après avoir échappé à la guerre et à la misère, pour suivre leur rêve d’une vie meilleure.
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« Tu sais ce que je voudrais ? Voler le froid de l’hiver, et comme ça, quand viendrait le sirocco, j’aurais toujours le frisson du vent sur la peau et un peu dans le cœur aussi. Dans les histoires, par contre, je voudrais me souvenir seulement de l’instant d’avant. L’instant avant de pêcher un poisson, l’instant avant de toucher un sein, l’instant avant de goûter une orange. »
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C'était ça, pour toi, être père ? Me suivre en silence quand je marche dans les ruines et les buissons d'épines, sans me perdre de vue?
Si je ne m'étais jamais aperçu de sa présence, c'est que je donnais plus d'importance à ce qui manquait, les paroles, au lieu de comprendre la valeur de ce qui avait toujours été là, son regard.
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Plusieurs récits livrent le même témoignage : celui qui se noie, souvent, crie son nom aux autres, qu’il ait été jeté à l’eau vivant par les passeurs, ou précipité en mer par une vague prise de travers. Avant de se noyer, on crie son nom.
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Ici on sauve des vies. En mer, toutes les vies sont sacrées. Si quelqu’un a besoin d’aide, on lui porte secours. Il n’y a ni couleur de peau, ni ethnie, ni religion. C’est la loi de la mer.
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