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Critiques de Davide Enia (103)
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La loi de la mer

Extrait:



&#xNaN”Il y aura une épopée de Lampedusa.

Des centaines de milliers de personnes ont transité par cette île.

Il manque encore une pièce dans la mosaïque, aujourd’hui: l’histoire de ceux qui migrent.

Nous n’avons pas les paroles pour dire la vérité. Nous pouvons nommer la frontière, le moment de la rencontre, montrer des documentaires sur les corps des vivants et des morts. Raconter les mains qui soignent, et celles qui érigent des barbelés. Mais l’histoire de cette migration, c’est eux qui nous la raconteront, ceux qui sont partis pour aborder sur nos rivages, à un prix qu’on n’imagine même pas. (…) c’est eux qui auront les mots pour décrire ce que veut dire aborder sur la terre ferme après avoir échappé à la guerre et à la misère, pour suivre leur rêve d’une vie meilleure. Qui nous expliqueront ce que l’Europe est devenue, qui nous montreront, comme dans un miroir, ce que nous sommes devenus.”



&#xNaN Quel terrible et puissant livre que signe là Davide Enia: au cœur de l’universel et de l’intime, il livre un récit singulier au cœur de la tragédie de Lampedusa : il y a recueilli la parole « d’êtres qui portent en eux tout un cimetière ».

Il redonne leur humanité aux hommes, femmes et enfants qui échouent leur rêve d’une vie meilleure sur cette île, trait d’union entre deux plaques africaine et eurasienne et dont le destin est de se rapprocher inexorablement.

Un récit qui nous rappelle qu’au fond, c’est toujours la même histoire et que nous sommes tous les enfants d’une traversée sur l’eau.



Enfin un très bel et émouvant hommage intime de l’auteur à son père, auteur de la très belle photo de couverture du livre, et à son oncle, atteint d’un cancer.

Par l’écrit, créer une passerelle, poursuivre un dialogue avec eux et ainsi combler l’absence de paroles qui marque les relations entre hommes du Sud, car on apprend dès l’enfance aux garçons du sud, l’art de se taire.



Magnifique &#xNaN🙏
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La loi de la mer

Avec ce roman-documentaire, Davide Enia aborde avec beaucoup de sensibilité un sujet très difficile. Il met en avant en toute humilité les émotions avec lesquelles il a reçu les différents témoignages des migrants qui ont débarqué dans ce coin de pays Italien, et des secouristes en tout genre qui ont assisté aux naufrages au travers des années.



Pourtant, la construction du roman m’a empêchée de l’apprécier à sa juste valeur. L’auteur utilise beaucoup de retours en arrière rendant difficile la compréhension. De plus, la partie consacrée à sa relation avec son oncle, à la maladie de celui-ci prend une grande place et, bien que ce sujet soit aussi très difficile pour l’auteur, fait de l’ombre au thème principal.



Il aurait été bénéfique pour le lecteur d’avoir davantage de contexte sur ce phénomène migratoire de masse vers Lampedusa.



Néanmoins, le style de Davide Enia est très appréciable et j’ai apprécié de faire la découverte de ce roman.
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La loi de la mer

C'est un texte que j'ai découvert sous forme théâtrale, repris dans un spectacle remarquable (nommé "Abysses"), qui m'a tellement bouleversée que j'ai eu envie de lire le texte originel, qui ne m'a pas déçue.

Ce récit a deux facettes, qui se répondent de façon très personnelle et harmonieuse.

D'une part l'île de Lampedusa, petite île satellite de la Sicile, où débarquent de nombreux réfugiés. La géographie de l'île est décrite par touches, on a l'impression de pouvoir presque d'y retrouver, sans avoir eu un plan sous les yeux. Les villages et les hôtels de luxe cohabitent selon le va-et-vient des touristes, mais le narrateur-auteur Davide Enia n'y vient que hors saison touristique ... Les habitants sont entraperçus par les volets qui s'ouvrent ou se ferment, le secours apporté aux réfugiés par nécessité d'entraide humaine. Plusieurs sauveteurs, bénévoles ou salariés, prennent la parole avec leurs propres mots, dans une conversation que l'auteur met parfaitement en scène, avec les silences et la corporalité de chacun - les sauveteurs et plongeurs ont un physique impressionnant, tant de vies en dépendent, à commencer par la leur.

D'autre part, il y a la relation de l'auteur avec sa famille, son père, son oncle, la maladie, et ses séjours à Lampedusa qui créent un lien assez improbable mais qui permet de (re)nouer un dialogue entre personnes qui s'aiment mais n'ont pas appris à l'exprimer.

Beaucoup d'émotion, de justesse et d'humanité dans ce livre qui a l'originalité d'aller voir silencieusement, au plus près de toutes les personnes qui le vivent, ce que représentent ces débarquement de réfugiés qui ne sont que des chiffres abstraits sur les chaînes d'info continue ou des arguments électoraux cyniques.
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La loi de la mer

Dans ce récit où s’entrelacent deux histoires, David Enia puise dans sa propre vie et son lien avec l’île de Lampedusa. Terre de vacances pendant son enfance, il y revient quand elle est sous le feu des projecteurs des médias et que chaque jour déverse son lot de miséreux, morts ou vifs. 240 km séparent les côtes libyennes et siciliennes, une distance porteuse d’espoir et de terreur.

Enia rencontre des pêcheurs, des éducateurs, des plongeurs, des personnels soignants… celles et ceux qui sont en première ligne quotidiennement et qui se démènent pour accueillir cette marée humaine… ou des corps. Il recueille des témoignages forts, livrés du bout des lèvres ou dégueulés avec colère.

Enia parle aussi de son lien avec son père, quand deux taiseux se côtoient et ont le même langage des émotions à travers leurs gestes. Entre eux, il y a surtout l’amour qu’ils portent à Beppe, oncle et frère, qui fait face à la maladie.

Face à la détresse, à l’indifférence, à la mort, au deuil, à l’injustice s’opposent la solidarité, la générosité, le sens de l’accueil.



Le récit est fort et franc mais il n’est pas une dénonciation ou une extorsion de pathos. Il est surtout la rencontre d’humains dans des situations effroyables. Comment rester debout ?
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Sur cette terre comme au ciel

SUR CETTE TERRE COMME AU CIEL de Davide Enia



Je considère ce roman comme un chef-d'œuvre. On pourrait croire, à prime abord, qu'il s'agit d'une histoire de boxe mais, ça va bien au-delà car Davide Enia nous livre un livre sur la vie, les valeurs morales et sur une amitié improbable. Bien sûr, il faut faire l'effort de se rappeler qui est qui ...



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La loi de la mer

Bouleversé par le tragique naufrage d'une bateau qui transportait 500 migrants au large de Lampedusa en octobre 2013, Davide Enia decide de se rendre sur l'île 3 années durant pour tâcher de mieux comprendre, et raconter ce qui s'y passe.



De ces observations, des rencontres qu'il fait à Lampedusa, des réflexions qu'elles suscitent naît ce récit intime et bouleversant.



Enia donne la parole avec une pudeur et une sensibilité remarquables à ceux qui accueillent au quotidien ces hommes, femmes, enfants qui viennent chercher l'espoir en Europe. Médecin, plongeur, bénévole, habitant de l'île...ils disent leurs souvenirs, les mains tendues, les mots qui apaisent et le choc continu face aux cadavres, aux tortures subies, aux souffrances de ceux qu'ils accueillent coûte que coûte, parce que c'est la loi de la mer.



On entend la peur, l'effroi, l'impuissance mais aussi les chants, les danses, les blagues qui redonnent aux voyageurs épuisés et effrayés une humanité. Enia évoque évidemment aussi avec certains migrants l'odyssée cauchemardesque qu'ils ont vécu, les geôles libyennes, les tortures, les viols, les disparus, puis la traversée dans des conditions inhumaines. Et le sentiment d'abandon des Lampedusains.



Dans une langue toujours soignée et poétique, l'auteur palermitain nous invite à regarder en face ce qui se passe tout au sud de l'Europe, à travers son regard ou celui de son père, photographe, qui l'accompagne de ses silences, et de l'ombre protectrice de son oncle malade, qui craint de ne pas vivre suffisamment longtemps pour lire une dernière fois les mots de son neveu.



Un immense coup de cœur pour ce récit indispensable et d'une infinie bonté qui m'a émue aux larmes et révoltée. Indispensable pour comprendre ce qui se passe en Méditerranée et redonner un visage à ceux qui y risquent la vie chaque jour.

Un auteur à découvrir, si ce n'est déjà fait, avec ce récit ou son sublime premier roman "Sur la terre comme au ciel".
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La loi de la mer

En mer, toute vie est sacrée. Si quelqu’un a besoin d’aide, on lui porte secours. Cette loi de la mer est celle qui règne sur Lampedusa, cette île au cœur des vents, ce roc en pleine mer. Cette loi de la mer est celle que suivent ceux qui habitent les maisons aux volets colorés, ceux qui travaillent et portent secours, ceux qui viennent écouter les histoires que racontent les vagues…



Je connaissais l’auteur, son talent de conteur, la musique de ses mots, la magie de son univers. Si on ne peut pas vraiment qualifier ce récit de roman, il est cependant évident qu’il s’agit d’une histoire qui frappe, qui cogne, qui remue et qui bouleverse.



Davide Enia mêle avec virtuosité la vie de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants qui affrontent le danger, à celles de ceux qui les regardent s’échouer en tendant une main, en offrant un sourire. Il décrit avec tact et pudeur, la peur qui envahit le corps, face à cet inconnu, malgré sa faiblesse, ses douleurs, sa vulnérabilité. Et puis cette honte d’avoir presque tourner le dos, d’avoir presque refuser d’ouvrir ses bras. Et enfin cette chaleur qui envahit l’âme quand on accueille avec le cœur.



Bien sûr, Lampedusa est loin d’être la fin du voyage. Il reste encore tellement de chemin, escarpé, sinueux, difficile. Mais les voix qui résonnent dans ces pages sont lumineuses et elles rendent toute l’humanité qu’on doit à ces êtres en souffrance.



A travers les silences, les mots qu’on tait, les sentiments qu’on cache, c’est l’amour, le pardon et la solidarité qui donnent la force d’avancer et de croire qu’un jour, peut-être, chacun puisera le courage, au fond de lui, de tendre la main…
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La loi de la mer

Le récit est très bien documenté et nous emmène à la rencontre de différents acteurs des sauvetages ayant lieu à Lampedusa et de quelques survivants en mettant en exergue l'histoire de l'auteur avec son père et son oncle.



Le livre est agréable à lire et poignant, tout en permettant de s'interroger sur les drames qui se jouent sans cesse à nos portes et notre rôle à tenir.
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La loi de la mer

Un récit qui nous plonge dans l’actualité des migrants sur l’Ile de Lampedusa, une terre à mi-chemin entre les terres africaines et les terres européennes, une île comme terre d’accueil, ou de dernier voyage. Pendant 3 ans, Davide Enia, dramaturge et écrivain, est allé recueillir les témoignages des hommes et des femmes qui œuvrent pour sauver les vies de ces migrants. Loin des clichés racistes, des jugements, des chiffres, des positions politiques, ce récit nous emporte dans l’humanité, où seule la mer méditerranée fait sa loi. Les témoignages des sauveteurs de ces migrants sont poignants. Leur courage les met aussi parfois en danger. Psychologiquement chacun témoigne de la difficulté de ne pas réussir à sauver ceux qui fuient leur terre d’origine. En parallèle, Davide Enia raconte sa famille, son lien avec son père qu’il embarque avec lui à Lampedusa tandis que son oncle Beppe, atteint d’un cancer (c’est une récidive), s’accroche à la vie, sa force jusqu’à la fin est bouleversante. Les deux récits sont touchants car ils sont les symboles d’un combat sur la vie. Cette histoire c’est aussi l’Italie, les vacances à Lampedusa de l’auteur et plus tard, son retour sur cette île pour ce projet d’écriture. J’ai été émue par ces témoignages, par son histoire personnelle, c’est un homme à l’écoute des autres, de ses sentiments, de son cœur. Une très belle découverte qui aide à se dépasser, à tendre la main à son prochain.
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La loi de la mer

Davide Enia part d'un reportage qu'il doit faire sur Lampedusa pour étendre son propos à ses relations avec son père et au cancer en phase terminale de son oncle, Beppe. le père et l'oncle sont tous deux médecins. le père de Davide Enia, à la retraite, s'est trouvé un hobby, la photographie. Il va l'accompagner au gré des séjours d'Enia à Lampedusa, autant d'occasions pour Enia d'essayer de renouer un dialogue avec son père et de persuader celui-ci de téléphoner (et de voir) Beppe, son frère.



On ne va pas se mentir, ce n'est pas un livre facile. le propos rend la lecture parfois pénible. Enia revient sur le naufrage de plusieurs centaines de migrants le 3 octobre 2013 et sur les commémorations officielles. Le sujet est dur.



Les interviews de pêcheurs, des gardes civils, des habitants de Lampedusa qui ont participé aux repêchages de corps, à l'accueil de migrants... ce ne sont pas des moments de franche rigolade. Pourtant, même en étant assez cash sur les mots, Davide Enia n'est jamais voyeur, il reste humaniste et humble. Même lorsqu'il parle de la dégénérescence de son oncle, de l'état des corps repêchés après un long séjour en mer, des violences faites aux femmes, des viols, de l'attitude hypocrite des autorités... Finalement la loi de la mer s'impose. le récit de Davide Enia se situe entre incompréhension et révolte, colère et acceptation, entre souvenirs et temps présent.



Le résultat est fort et secoue pas mal.
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Sur cette terre comme au ciel

Palerme, années 1980’



Dans cette famille sicilienne, il y a d’abord Rosario, le sage grand-père avare de mots ; puis, le fils Paladin, boxeur prometteur tragiquement disparu dans un accident de moto ; enfin, Umbertino, l’oncle, entraineur de boxe, débrouillard et sur qui tout le monde compte. Trois générations d’hommes peuplées de douleurs, d’ambitions et d’espoirs que le jeune Davidù, le petit-fils de Rosario, vient incarné.



Mêlant leurs histoires avec beaucoup de talent, l’auteur dresse le portrait d’une sage familiale vibrante d’espoirs. Entres les rings de boxe, les sirènes de police et des ambulances, la plume transparait de justesse et de passion pour Palerme et ses habitants. Un quotidien grouillant de vie, de mots et celui plus sombre des assassinats et des règlements de compte.



Qui aurait pu se douter du plaisir que j’aurai à lire un roman sur la boxe empli de tant de précisions techniques…



Un beau roman pour cet auteur que je lis pour la première fois et qui parvient à faire suinter dans ses mots tout son amour pour la Sicile.



A découvrir si ce n’est déjà fait…
Lien : https://www.instagram.com/ne..
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La loi de la mer

"UN MORT NOUS APPREND A PLEURER"



▶️Lampedusa, petite île italienne balayée par le sirocco, lieu de transit d’un exode de masse et ticket d’entrée pour l’Europe de milliers de migrants, d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont fui la violence, la misère et la guerre pour l’espoir d’une vie meilleure : les plus résistants, les plus chanceux, repêchés en mer, sauvés par des pêcheurs de passage où par es gardes-côtes - tant d’autres, plus nombreux, s’échouant, morts, sur la plage...

▶️C’est de ce drame humanitaire qui dure depuis 25 ans que Davide Enia rend compte ici, recueillant les témoignages des habitants de l’île, pêcheurs, plongeurs, garde-côtes, médecins, simples bénévoles, tous confrontés à la détresse des migrants : «chaque fois, j’ai le sentiment de me trouver face à des êtres qui portent en eux tout un cimetière »...

▶️A cette tragédie se superpose le récit familial et intime de l’auteur ; la fin de vie de son oncle qui se meurt d’un cancer et dont il est très proche - moment douloureux et qui cependant le rapproche de son propre père - ces deux-là n’ayant jamais su se parler...

▶️ «En mer, toutes les vies sont sacrées. Si quelqu’un a besoin d’aide, on lui porte secours. Il n’y a ni couleur, ni ethnie, ni religion. C’est la loi de la mer »...

▶️Le récit brut de la traversée en mer des migrants et des conditions de leur débarquement - quand ils y arrivent! La peur, les humiliations, les viols aussi : «même aux animaux, on ne fait pas ce qu’on fait aux femmes » - ce que cela suppose de détresse : «on n’échappe pas à la guerre en montant dans un avion. On s’enfuit à pied et sans visa, puisque personne n’en délivre plus. Quand la terre finit, on monte dans un bateau ».

▶️Un récit fort, singulier, poignant et lumineux...
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La loi de la mer

Le récit progresse au fil des témoignages tragiques des sauveteurs de Lampedusa. Si leur témoignages sont poignants, ils n'en restent pas moins accolés les uns aux autres, alternant dialogues et descriptions trop brèves pour amener l'immersion dans le roman.
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La loi de la mer

J’ai toujours eu une grande attirance pour les témoignages et récits de vie. Je me souviens de ma lecture du très fort Les Echoués, une fiction (pourtant) autour de 3 personnages qui débarquent à Lampedusa, écrite par le journaliste et reporter Pascal Manoukian. J’y ai beaucoup repensé en lisant ce livre, toujours sous forme de roman mais rédigé cette fois à partir de témoignages. L’auteur italien Davide Enia récolte et partage les paroles de celles et ceux dont les mains soignent. Habitants, secouristes, plongeurs, garde-côtes, pêcheurs, nous racontent un épisode de leur vie sur cette île particulière, jonction entre les continents européen et africain.



Il y a ces épisodes que nous connaissons déjà, comme ce tristement célèbre 3 octobre 2013 diffusé dans tous les médias, mais qui racontés « de l’intérieur » prennent une dimension encore plus puissante.



Promis, on ne fait pas que pleurer, c’est aussi (surtout ?) une ode à la vie, aux belles rencontres et aux jolies âmes.

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Mai 43

Dans le cadre d’une opération masse critique de Babelio, aujourd’hui, je prends la direction de la Sicile avec Maggio ʻ43 de Davide Enia traduit par Eugenia Fano paru aux Presses Universitaires du Midi en 2020.



Le texte s’ouvre quelque temps après le bombardement du 9 mai 1943. Gioacchino se rend sur la tombe de son frère Rosario et se met à lui faire le récit des jours du bombardement. Accompagné par la comptine du Roi Béfè Biscotte et Miné, Gioacchino avance dans le souvenir de ses aventures en même temps qu’il récite la comptine.

Entre parties de cartes, pillages, bombardements et histoires de famille, Maggio ʻ43 est un récit de guerre dans un théâtre de narration maîtrisé par un fier représentant de la deuxième génération, Davide Enia.



Maggio ʻ43 est porté par Gioacchino, un enfant de 12 ans et c’est ce qui fait toute la spécificité de ce texte. Orphelin, il vit avec ses oncles et ses tantes. Quand Palerme est bombardée, sa famille doit fuir dans le village d’à côté. Maggio ʻ43 est le récit de la guerre vue à travers les yeux d’un enfant. Un récit à la fois naïf, sincère et bouleversant. Gioacchino assiste aux violences faites par les milices fascistes, il doit également apprendre à se cacher et à voler pour survivre. Gioacchino grandit tout au long du récit. Dans un quotidien terrifiant, mais à la fois banal car devenu habituel, Gioacchino livre un récit innocent teinté de situations comiques et légères.



Je n’avais jamais lu de théâtre de narration et j’ai été bluffée, scotchée et subjuguée. J’ai lu d’une traite cette version bilingue de Maggio ʻ43. Comment peut-on faire autrement tant le récit est captivant ? Davide Enia réussit à nous emporter dans la vie de cette famille sicilienne. On s’attache aux personnages et en particulier à Gioacchino. J’ai été touchée par l’authenticité et la maturité dont fait preuve ce garçon tout au long du récit. J’ai aimé découvrir ce pan de l’histoire palermitaine à travers le récit de Gioacchino.

Une introduction au texte et une note sur la traduction précèdent le récit. Ces explications permettent de nous immiscer et de nous imprégner complètement et de savoir comment lire ce type de théâtre si particulier.



Merci à Babelio et aux Presses Universitaires du Midi pour cette opération masse critique. Maggio ʻ43 m’a donnée envie d’en découvrir plus sur Davide Enia.
Lien : https://juliegorsky.wordpres..
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Mai 43

Ce livre, en version bilingue, n'est pas un livre à lire, mais plutôt un livre à déclamer. « Déclamer » n'est pas le terme qui convient « conter » irait mieux. Mais, faute de public, je me suis contenté de le lire, frustrée de l'intonation du conteur et de la saveur des expressions siciliennes. En effet Dàvide Enia est un auteur de théâtre et ses oeuvres sont des monologues sur accompagnement instrumental, qu'il met en scène et interprète lui-même. Les curieux pourront en trouver quelques extraits sur Youtube.



En tant que Palermitain, Dàvide Enia a choisi de nous raconter un des plus tragiques événement qu'à pu subir sa ville depuis les guerres puniques : le bombardement aérien massif du 9 mai 1943 où, pendant 20 minutes à peine, un vol serré de bombardiers à lâché 1570 bombes, ne laissant que des ruines sur une grande partie du centre historique.



Trop jeune pour être un témoin direct, l'auteur a construit son récit à partir des témoignages qu'il a pu recueillir, essentiellement de septuagénaires qui étaient enfants à l'époque, et de quelques survivants plus âgées. de la sorte, il a choisi de placer son récit dans la bouche de Gioacchino, un enfant qui aurait dû fêter ses 12 ans le jour même. Au lieu de cela, il lui a fallu fuir la ville avec sa famille, des personnages plus truculents les uns que les autres. Il nous raconte, non seulement la fuite en rasant les murs pour ne pas être vu des brigades fascistes, mais aussi les jours qui l'ont précédée ponctués de bombardements de moindre importance. Il nous décrit les alertes, les abris, l'insécurité, la faim, le marché noir… et tout cela avec l'humour qui sourd du ressenti d'un enfant devant la folie des adultes.



Édifiant.



PS : Je ne comprends pas certains choix de la traductrice, par exemple je n'ai jamais entendu appeler un oncle onc' (à part Donald) ni une tante Ti, mais plus couramment Tonton et Tatie.

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Mai 43

Teatro de narrazione? Mais encore? Ne connaissant pas du tout ce type d'écrit j'ai pu profiter de la dernière opération masse critique pour découvrir ce genre littéraire .Ce qui m'a attiré ici est la thématique seconde guerre mondiale que j'apprécie particulièrement et le coté "Italien" que je n'ai jusqu'à présent jamais exploré. J'ai été très sceptique sur l'introduction du livre : cette dernière est longue , technique et assez complexe par moment.Les propos sont illustrés par des citations du récit que l'on n'a pas encore lu?Cela m'a vraiment dérouté : quel est le but? Je ne l'ai compris que plus tard : cette introduction permet de nous familiariser et de comprendre comment il faut lire le récit. Plus que nécessaire a mon sens car il s'agit d'un long monologue , sans annotations , sans rythmes , sans informations pour guider le lecteur .Voila toute la subtilité de ce type littéraire : nous devons lui donner vie à travers notre imaginaire : personnages , intonations ,..... tout! Prise par le récit ,j'ai tout lu d'une traite à ma grande surprise ! Du coup j'aimerais bien voir ce que cela pourrait donner mis en scène ! ( qu'est ce que cela doit être dur pour l'acteur !). Plutôt sceptique au début , je termine agréablement surprise et assez curieuse de ce teatro di narrazione , avec l'envie de réitérer l'expérience.
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Sur cette terre comme au ciel

Parfois on me demande de lire des choses.



Et parfois c’est le coup de foudre !



J’ai adore ce roman à la fois personnel et universel.



On passe d’un petit garçon qui apprend la boxe, les filles, bref la vie, à son grand père sur le front d’une obscure guerre coloniale. Les souffrances se reflètent du père à l’oncle, les échecs et les remords passent entre les générations comme dans toutes les familles. On retrouve cette évidence fluide du quotidien, entre les entraînements, les études (contrairement au cliché notre jeune boxeur est brillant) et les femmes. Elles ont vraiment leur rôle, chacune dans sa profondeur. Accompagner ce monde d’hommes sous entendant un autre univers, bien plus vaste où elles dominent. Leurs destins s’entremêlent avec ceux de ceux qu’elles aiment, ou qui les aiment ; les amitiés se tissent et se renforcent au fil des années. Le personnage de l’oncle est presque caricatural de bienveillance familiale italienne et pourtant on le sent moins angélique qu’il en a l’air, plus dynamique et plus vivant que cela.



Cette famille étendue nous dit le passage à l’âge adulte et la force de ces gens « ordinaires ».



Le lien entre Davidù (notre héros) et Gerruso son ami d’enfance, plus ou moins forcé au départ, est magnifique : par la découverte de la base, par le soutien indéfectible de cet autre, hors du cercle familial et la porte qu’il lui ouvre sur le monde féminin (et amoureux).



Plus encore les paysages habitent cette œuvre par leur chaleur, les falaises et la mer comme cadre omniprésent et idyllique.



Tout est fort et brut dans ce texte, tout y est vrai.
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Sur cette terre comme au ciel

Superbe ! Magnifique écriture...reflexions sur la vie la mort ce noble sport la boxe, sur la famille l'amitié l'amour..... Des mots des paroles pleine de douceur de tendresse d'amour mais fortes et puissantes dans leur signification ! Enchanté à chaque page...
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La loi de la mer

Avec les sauveteurs en mer, professionnels et bénévoles, à Lampedusa.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/06/05/note-de-lecture-la-loi-de-la-mer-davide-enia/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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