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Critiques de Denis Demonpion (26)
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Salinger intime

Denis Demonpion, son truc c'est la biographie, d'Arletty à Houellebecq, il semble (oui parce que j'avoue, j'ai pas lu) aimer chercher à connaître mieux ceux dont parfois l'estampe publique se substitue à la personne dissimulée derrière. Il cherche, il creuse, il enquête et il nous fait partager. Alors, quand Enthoven (père) lui fait part un jour comme ça, mine de rien, de son envie de lui confier la dure mission de réaliser une petite enquête sur J.D Salinger dont on sait si peu de choses, Denis Demonpion, malgré la certitude que ça ne va pas être du tout cuit, accepte de se prêter au jeu et, de Vienne à New York, le voilà parti sur les traces du reclus de Cornish.



Et ça en valait la peine, malgré les difficultés qu'on imagine, les portes qui se ferment et les refus de communication, Denis Demonpion nous livre une étude solide basée sur une enquête sérieuse. Entre anecdotes, morceaux d'Histoire et tranches de vie, on suit les pas d'un tout jeune Jerry Salinger new-yorkais tapant ses premiers mots d'auteur sur une Royal portative à son voyage à travers l'Europe, puis on l'accompagne (de loin) sur les plages du Débarquement (sa machine à écrire sous le bras) jusqu'à sa vie claustrée mais non ascétique comme on tient absolument à l'imaginer dès que quelqu'un trouve ce monde suffisamment perverti pour ne pas avoir envie d'y traîner ses guêtres plus que de raison. Surtout que se retirer du monde me parait au contraire une preuve de bonne santé mentale (clin d'oeil en passant à Thomas Pynchon, ça fait plaisir... Ce qui me fait d'ailleurs penser que dans les années 70 le Soho Weekly News avait clamé que Salinger et Pynchon = même personne. Intéressant. Mais je digresse...)



♪♫ Mais laissez-lui un peu, ses secrets à garder, son intimité

C'est pour se protéger, il est fatigué de toutes vos stupidités ♫ ♪



Une vie entière donc (91 ans) et toujours une seule aspiration : l'écriture. Partout, tout le temps, Salinger ne vit pratiquement que pour elle. de ses premières nouvelles publiées dans des magazines comme Story, le Saturday Evening Post ou le prestigieux New Yorker jusqu'à l'écriture du chef-d'oeuvre que l'on sait, puis d'autres nouvelles (assez conséquentes parfois, car je n'avais jusqu'ici jamais considéré Franny et Zooey comme telles mais plutôt comme un roman, voire deux grosses novellas).

Bref, encore quelques publications de ci de là, puis plus rien. Quand on sait que J.D Salinger n'a jamais, de toute sa vie, cessé d'écrire, on se demande si on aura un jour la chance de lire un peu de toute cette production confidentielle où si vraiment – et c'est le plus probable – il faut définitivement faire une croix dessus (quand on voit déjà le nombre de nouvelles publiées dans des magazines aux Zuesses et jamais parues ni même traduites en France... ça fout le vertige.)



En tout cas, une bien chouette biographie, on aurait parfois aimé s'attarder plus longuement sur certains sujets (son hospitalisation à Nuremberg post débarquement, sa rencontre avec Hemingway...) mais c'est déjà si rare pour ne pas dire miraculeux de trouver un livre sur celui qui se taille une bonne place dans le top 7 de mes écrivains favoris, et puis – "ouah, ça m'a tué" – on apprend deux ou trois choses intéressantes sur Holden Caulfield et plus spécialement sur sa genèse (par contre la question de savoir où vont les canards de Central Park quand le lac est gelé reste entière) et rien que ça, ça rend ce livre tout digne d'intérêt.



Aparté : Salinger l'avait refusé de son vivant, pourvu que personne ne profite maintenant de tenter une adaptation cinématographique forcément foireuse de L'Attrape-Coeurs. Holden ne mérite pas ça.
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Arletty

En passionné de cinéma, je voulais en savoir un peu plus sur l’interprète des

enfants du paradis, et le moins que je puisse dire, c'est que j'ai appris énormément... Arletty, une personnalité complexe... une énigme...
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Salinger intime

La curiosité pour le repli littéraire de J. D. Salinger trouve une mince satisfaction dans ce paragraphe de l'unique biographie en français : "Les aventures de la famille Glass, Franny, Zooey, Seymour, etc., reflètent pleinement ses préoccupations à ce moment-là, sans atteindre à la drôlerie et à la liberté de ton qui ont fait sa singularité des débuts. Salinger a déserté l'adolescence, ses personnages ont pris de l'âge, quelques années supplémentaires en tout cas. La guerre n'est plus au centre de la création littéraire, la religion a pris la place et plus encore la quête mystique. Quelque chose s'est brisé. L'ampleur de la tâche qu'il s'est assignée serait-elle soudain devenue trop grande pour lui ? Pourtant, afin de se consacrer pleinement à l'écriture, il n'a conservé aucun de ses vieux amis, à l'exception de Donald Hartog. Il y a des années, l'idée était peu à peu venue à l'esprit que, tôt ou tard, une totale immersion lui serait nécessaire pour arriver à ce à quoi il voulait parvenir en tant qu'auteur de fiction. L'ambition lui a quelquefois été prêtée de vouloir bâtir, dans un registre personnel, une oeuvre dont l'impact serait de l'ordre de À la recherche du temps perdu. Seule l'ouverture du fonds littéraire qu'il a laissé dira s'il a ou non réussi son pari." (p.368).



Tout est dit, on n'en sait guère plus sur les intentions littéraires de l'écrivain vieilli et leur éventuelle matérialisation. le feu sacré a disparu; a-t-il encore écrit dans l'intention de publier ? On doute de jamais découvrir une quelconque "Recherche" posthume ou un travail de cette envergure. Retiré à Cornish (New Hampshire) depuis 1953, la fin de sa vie le voit faire quelques voyages, il a une compagne dévouée, des amis en nombre limité, s'occupe de sa maison, s'entend bien ou mal avec ses enfants, fuit les journalistes et gère ses contrats (traductions, refus d'adaptations, etc., peu de chose puisque l'oeuvre est limitée, mais lorsqu'on est pointilleux et méfiant, cela occupe). Bref, le Salinger assis sur une certaine réussite déçoit et l'on a, vers la fin du livre, de longs passages où l'homme, avant de regarder une série télé, bine son jardin, s'extasie devant les tiges volubiles de haricots et observe le manège d'un renard à l'orée d'un bois, comme vous et moi, alors qu'on allait, sans trop se l'avouer, à la rencontre d'un géant.



Ceci non pour blâmer la biographie réalisée par Denis Demonpion qui a fait un travail journalistique objectif et complet, quoiqu'il y soit trop peu question de littérature à mon goût. La tâche n'était pas facile, à l'instar de ceux qui se sont heurtés aux barrières de la vie privée de l'auteur (voir Ian Hamilton, 1988). Même chose pour le suédois Fredrik Colting qui écrivit une suite à "L'attrape-coeur" et n'imaginait pas les épreuves judiciaires que lui ferait subir le coriace Américain.



Lorsqu'en 2006, Jean-Paul Enthoven, chez Grasset, lui a suggéré de tenter ce travail, Demonpion est parti en reconnaissance et a vite compris, averti par le voisinage, qu'il serait impossible d'approcher le personnage ni même sa femme Colleen. le chemin fut long jusque 2018 et Robert Laffont, car la direction de Grasset s'opposait à ce livre, pour finir par éditer la semi-fiction "Oona & Salinger" (F. Beigbeder) en 2014, quatre ans après la mort de l'écrivain à 91 ans .



Les biographes étaient les bêtes noires de Salinger : "Selon lui, un auteur n'a pas à commenter l'oeuvre qu'il écrit. Sa force d'expression seule doit suffire à convaincre le lecteur de ses intentions. tout le reste ne relève que de l'exhibitionnisme, un travers qu'il abhorre.". Ceci explique peut-être en partie son retrait. Il avait aussi gardé des traces psychologiques de la guerre en Europe, il fut du débarquement et de la bataille des Ardennes. Demonpion note que, dans les années cinquante, "N'ayant par moments goût à rien, il n'aspire qu'à des instants de calme où on se sent si bien qu'on dirait du bonheur. Un bon moyen, selon lui, de se préserver du «comportement de l'être humain» consiste à se replonger dans l'écriture." Mais qu'écrivit-il après "Franny and Zooey" (1961) ?



"Salinger était très méticuleux, il avait tout supervisé de la couverture à la qualité du papier en passant par l'espacement entre les lignes, c'était incroyable." lit-on dans Le Figaro (2010). Salinger était dur en affaires et suspicieux sur le devenir de ses textes, ce qui explique peut-être qu'il n'existe, selon mes sources, aucune anthologie exhaustive de ses écrits. Ses nouvelles des débuts, publiées dans diverses revues, précisément notées dans la biographie, vaudraient une réédition. Elles sont pour la plupart non traduites à ce jour. La traduction française de "L'attrape-coeur" par Sébastien Japrisot fut jugée trop libre par l'auteur qui protesta chez Robert Laffont. Il préféra celle d'Annie Saumont, "moins échevelée".



Un récit journalistique qui vaut surtout par sa première partie où Jerome David Salinger, jeune écrivain ambitieux et tenace, accède à la notoriété, avant d'en mesurer l'incompatibilité avec un caractère authentique, altier et farouche.
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Houellebecq non autorisé. Enquête sur un phénomène

De critique de ma part, il n'y en aura pas. Je me trahirais si je donnais une quelconque importance à ces attaques ad hominem faites en plus dans le dos de l'écrivain qu'il n'a jamais rencontré et pas plus recueilli son aval pour écrire ce torchon.

Passons vite à autre chose.
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Salinger intime

Si Denis Demonpion envisageait d’ajouter son nom à une longue liste, celle des auteurs, journalistes et amoureux des lettres ayant voulu un jour faire la biographie de Jerome David Salinger, il peut se dire que c’est désormais chose faite. Le journaliste français publie Salinger intime : Enquête sur l’auteur de L’Attrape-cœurs chez Robert Laffont. Lettres it be vous livre son avis.





Tout d’abord, il est intéressant de noter que le genre biographique semble être celui dans lequel Denis Demonpion se régale : il publiait déjà Houellebecq non autorisé : Enquête sur le phénomène chez Libella en 2005 ou encore Arletty chez Flammarion en 1996. D’autres biographies ont suivi, toujours avec cette envie de percer le mystère des existences, de dénicher le fondamental dans le banal.





Dans ce Salinger intime, on se met donc dans les pas du jeune Jerome David, né d’un père juif et d’une mère catholique irlandaise (sans le savoir immédiatement). De cette enfance va naître un goût prononcé pour le voyage, d’abord en Pologne puis dans de nombreux pays, mais surtout un sérieux penchant pour l’écriture. Des petites histoires d’abord, des grandes un peu plus tard, Salinger a toujours fait traîner son stylo en se nourrissant de ses nombreuses aventures, à l’armée comme ailleurs. Jusqu’à donner le chef-d’œuvre que l’on connaît tous.





Difficile de retracer le parcours de Salinger ici en quelques mots, c’est d’ailleurs là tout l’objet du dernier livre de Denis Demonpion. Même si la bibliographie de Salinger fait triste mine à côté de celles d’autres auteurs américains de son époque, sa vie n’en demeure pas moins dingue, mouvementée, romanesque. Avec toute la précision biographique qu’on lui reconnaît, le journaliste aujourd’hui en poste du côté du Nouvel Observateur délivre donc un ouvrage touffu, dense, rempli d’anecdotes et de petites histoires qui ont fait celle de J. D. Salinger. Et même s’il faut, avant même l’ouverture du livre, avoir un intérêt marqué pour l’auteur de L’Attrape-cœurs, force est de constater que ce livre n’en demeure pas moins intéressant pour tenter de percer les mystères de la genèse d’une œuvre qui trouve encore aujourd’hui dans nos sociétés un écho tout particulier. A réserver aux amateurs, mais pas que !





Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be
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Salinger intime

SALINGER INTIME pourrait s'appeler SALINGER FOR EVER tant l'auteur-enquêteur, semble tomber en pamoison journalistique devant l'écrivain de l'Attrape-coeurs.

Certes il y a de quoi, la vie de Jérôme David SALINGER est un véritable roman. Bellâtre New-Yorkais ayant suivi un enseignement militaire, amoureux transi d'une belle Oona qui le quittera pour épouser Charlie Chaplin, J D devient G I à 24 ans, agent spécial des renseignements, participe au débarquement en 1944 sur les fameuses plages de Normandie, à la bataille des Ardennes, à la libération de Berlin et écrit toujours des nouvelles et des nouvelles même sous la mitraille. Cela dans l'optique d'un livre qui le taraude, avec un personnage de 17 ans qui le taraude, un certain Holden Caulfield qui lui ressemble sous bien des aspects.



Au sortir de la guerre, des mois entiers de dépression, de psychose traumatique traceront les contours de sa personnalité définitive, tranchée, hautaine, réservée, solitaire.



Le roman enfin écrit en 1951 s'appellera "The Catcher in the Rye", "l'Attrape-coeurs" en Français : le succès instantané qui suit la parution de l'unique roman de J d'procède à la légende romanesque SALINGER. La suite c'est la fuite de SALINGER, qui se cache dans ses montagnes du New Hampshire pour vivre une existence tout à fait normale et terriblement banale. Parce que pour lui "le visage d'un écrivain ne devrait jamais être connu", ainsi il s'efface de la scène publique pour mieux se transfigurer en figure romanesque.

De Sonny, en passant par Jerry, à J D SALINGER, l'écrivain est un être qui fascine car il ne se dévoile pas même quand il mute, change, grandit, vieillit. Avec cette enquête on comprend petit à petit ce qui fait sa force et son

génie, seul compte pour lui la "distanciation" nécessaire à l'acte d'écriture, "ce parfait degré intérieur de glace" qui permet à l'écriture de jaillir. Et même s'il ne publie pas cette « distanciation » est et reste sa respiration.

Denis DEMONPION nous attrape avec son livre qui n 'en finit pas, on veut lire ou relire l'Attrape-Coeurs à tout prix, on veut trouver l'édition des années cinquante avec le cartouche prophétique qui avertit le lecteur dans ces termes :" Ce livre inhabituel peut vous choquer; il vous fera rire, et peut vous briser le coeur - mais vous ne l'oublierez jamais".

Mais quelquefois on s'ennuie à lire ces chroniques d'un J D qui vieillit tranquillement, loin de tout, avec ses femmes, ses chiens et ses matchs de tennis à la télé et au terme du livre on se demande si l'auteur n'aurait pas pu faire plus concis, plus ramassé, plus percutant. Est-ce qu'il n'a pas voulu trop dire au risque de diluer l'énigmatique et légendaire fibre SALINGER romanesque?

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Houellebecq non autorisé. Enquête sur un phénomène

Demonpion fouille les poubelles. Ce serait en fait suffisant pour résumer le livre.

Le pire peut-être dans tout cela, c'est qu'il en a écrit un deuxième ! Visiblement, il considère Michel Houellebecq comme une poule aux œufs d'or et il essaie d'exploiter le filon jusqu'au bout !
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Houellebecq non autorisé. Enquête sur un phénomène

Une biographie non autorisée qui n'hésite pas à fouiller dans les poubelles. On sent bien le style journal people de ce pseudo journaliste.

D'ailleurs visiblement Denis Demonpion avait besoin d'argent, car il a sorti une suite à ce livre. Une suite d'une biographie ? C'est original, il faut bien lui accorder cela.
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Arletty-Soehring : Hélas ! Je t'aime

"Ma douce,

Je suis plein de toi. Mon sang me parle de ta peau dans les nuits, et mes pensées te cherchent au delà de ces montagnes ensoleillées, qui montent dans un immense silence vers le ciel.

Je t'aime. Biche, crois en notre bonheur."

De Soehring à Arletty.



Arletty, hélas je t'aime Soehring. Il est son "Faune", elle est sa "Biche". L'amour le plus célèbre de la collaboration.

Une passion irrésistible. Une correspondance foisonnante et inédite. Plus de 6OO lettres.

Arletty, 43 ans, actrice la plus adulée du cinéma français de l'époque rencontre, en début d'année 1941, un officier allemand : Soehring.

Coup de foudre, il ne se quitte plus.

La période est de plus en plus difficile. La guerre est dans tous les esprits. Soehring est envoyé sur le front italien. Leur échange épistolaire devient de plus en plus intense et passionné. S'envoyant parfois jusqu'à deux lettres par jour, les numérotant pour être sûr de toutes les lire, leur amour n'a pas de frontière. Ils restent parfois une éternité sans nouvelles l'un de l'autre. Les événements politiques et militaires exacerbant leurs angoisses. Pourtant la merveilleuse cohorte d'émissaires formée par leurs entourages est impressionnante. Rien n'aurait été possible sans eux.

Ca faisait très longtemps que je n'avais pas lu d'échanges épistolaires. (Le dernier remonte au lycée je pense). Encore une fois, Benoît aura visé juste ! Une magnifique lecture dans un tourbillon d'amour. Une passion dévorante, irrésistible, interdite. Une fenêtre sur l'Histoire de cette période.
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Arletty-Soehring : Hélas ! Je t'aime

Fermez-les yeux.

Respirez lentement.

Vous sentez cette odeur désuète d'encre mélangée à celle du vieux papier? 

Ce sont les lettres d'amour d'Arletty et Soehring. 

Paris, 1941. Il vous faut imaginer la Capitale sous l'Occupation, vivant à l'heure du couvre feu imposé par le régime allemand... et l'actrice Arletty, qui "se tape un coup de rouge" dans un vieux bistro pour oublier la défaite consommée de son pays. C'est lors d'une soirée mondaine qu'elle rencontre Hans Jürgen Soehring, un officier allemand portant l'uniforme gris de la Luftwaffe. Soehring a belle allure, "un air viril, l'oeil incisif et clair, la mâchoire volontaire et carrée, la bouche ourlé, le front large et dégagé, les cheveux courts".  Il parle parfaitement le français. Il n'en fallait pas plus... Elle est tout de suite "chipée". Elle lui trouve un air de faune... Et le surnomme ainsi. Pour lui, elle sera sa "Biche". Arletty et Sohering ne se quittent plus, passant tout leur temps ensemble, à Paris. Mais bientôt, leur vie les rattrape et il faut bien sortir de chez soi... Arletty part en tournage à Nice où elle jouera notamment dans La Femme que j'ai le plus aimé ou Les Visiteurs du soir. Soehring part superviser les manoeuvres de l'armée allemande dans l'est de la France et la Belgique. Ils s'écrivent finalement très peu pendant cette période, ils se voient entre souvent. Mais le rythme de leur correspondance s'accélère à partir du 1er mars 1943, lorsque Soehring est envoyé sur le front italien. Des centaines de lettres, près d'une par jour sont alors envoyées. Avec la guerre qui fait rage, leurs correspondances arrivent difficilement à destination. Mais leur amour est plus fort que tout. Et puis la guerre se termine... Les deux amants sont inquiétés pour avoir aimé "l'ennemi". Arletty est assignée à résidence. Mais ils ont continuent leur correspondance. Jusqu'au moment où ils doivent se rendre à l'évidence, la vie a repris ses droits, banale, ordinaire. Ils n'est plus le héros galonné qu'elle avait idéalisé et qui sans doute, la protégeait des affres d'un conflit qui la dépassait. Et elle l'a bien compris... Il a une autre femme dans sa vie, une jeune étudiante de Munich, Hanni.



Cette correspondante est puissante, touchante. Elle est presque intrusive finalement, car on entre dans leur histoire, on lit leurs échanges amoureux, on ressent leur désir, leur passion. On tombe amoureux de leur amour. Et on se surprend même à laisser couler quelques larmes en apprenant que Soehring mène une double vie. 



A lire et à relire, l'amour épistolaire de ces deux amants "ennemis" en temps de guerre. 
Lien : https://legerbadinage.wordpr..
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Arletty

Des planches de théâtre aux plateaux de cinéma en passant par Drancy et Fresnes, où elle fut internée à la Libération pour avoir fricoté avec un officier nazi, voici magnifiquement conté le parcours épique d'une femme libre, talentueuse et courageuse, d'un vrai personnage de roman.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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Salinger intime

Une biographie surprenante à propos d'un écrivain qui ne voulait qu'écrire des livres et pas être connu finalement. Jérôme David Salinger est un auteur qui n'aimait pas la compagnie de ses semblables et préférait écrire dans sa maison isolée de Cornish, dont il protégeait soigneusement l'accès.C'est une longue silhouette toute en jambes.

Son livre le plus fameux est "l'attrape coeur" (en VO : "The catcher in the rye", une référence à un poème de R. BURNS, qui fait sens pour son héros, Holden Caufield, qui se voit comme celui qui dans les champs de seigle qui s'achèvent au bord d'une falaise, empêcherait les enfants de basculer dans le vide : l'attrapeur dans le seigle encore une fois de la difficulté de traduire les titres ...).

Demonpion se plonge dans le grand vide entourant l'écrivain reclus et compose une étonnante biographie, sensible, pointue, qui met en avant les contradictions d'un auteur (comment être un écrivain reconnu sans la célébrité qui va avec et le désir des lecteurs qui veulent vous connaître ?). On découvre un homme, qui peut être comme son héros, Holden Caufield, ne voulait pas devenir adulte et l'est devenu trop tôt sur les plages du débarquement et à cause de la seconde guerre mondiale. Un homme coincé entre les religions de ses parents et la gêne d'être le fils d'un riche importateur de viande, ses amours contrariées avec la belle Oona O'Neil, future épouse de C. CHAPLIN et sa recherche d'une sérénité par le biais de la méditation.

J'ai apprécié ce texte qui se lit comme un roman, mais j'avoue que j'ai été attiré par celui-ci grâce à un film de 2017 "Rebel in the rye" qui conte les débuts de la vie de Salinger et m'a ainsi amené à vouloir le découvrir. Ceci n'enlève rien à "SALINGER intime", que je n'ai pas lâché avant la fin (même si elle est connue, l'auteur est décédé en 2010).
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Des ordures et des hommes

Au commencement, il y avait un reportage télévisé qui racontait le quotidien de ces hommes et ces femmes qui ramassent, dans l'ombre, les ordures de nos villes et remettent en nettoient la place publique après des fêtes et plus rarement, heureusement, les sites théâtres d'attentats.

Au final, il y a ce livre qui met en récit leur histoire. Ces personnes que nous croisons trop souvent sans les voir, dans une totale indifférence. Nous comprenons comment ils sont arrivés, souvent par dépit, à faire cet ouvrage pourtant tellement nécessaire. Ils sortent quelque peu de leur invisibilité et c'est leur rendre justice de les mettre un tant soit peu en lumière.

Ce livre est essentiel et il dit bien des choses de notre société et de son évolution.
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Houellebecq

Biographie est un euphémisme pour qualifier cet ouvrage qui, dans le premier tiers du moins, tient plus de l'enquête de détective privé.

Les inconditionnels de l'auteurs auront du mal à réfréner leurs pulsions voyeuriste.

Certes, on ne peut que saluer l'énorme travail de Didier Demonpion pour refaire le chemin que prit Michel Thomas pour devenir Houellebecq, deux prénoms qui deviendront un nom, une quasi marque déposé, reconnu notamment par le correcteur orthographique de gmail au moment ou j'écris ses lignes, c'est dire la notoriété ! Mais cela devient vite un peu malsain ce flot de détails, très personnel et effectivement "non autorisés". Les deux tiers suivant sont plus classique bien que riche encore en potins, ragots et autres bruits de couloir. Chaque romans nous est présenté dans le contexte de l'époque de la parution.

Denis Demompion cherche constamment à faire des passerelles entres les personnages de fictions et la vie réel de l'auteur de Sérotonine. Une quête sans fin, vide de sens et plus grave encore qui pourrait gâcher le plaisir de lecture.

Lire Houellebecq© et oublier Michel Thomas. Voila à mon sens l'attitude la plus sage à adopter.
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Arletty

Pseudonyme de Léonie, Marie, Julia Bathiat, Arletty naquit à Courbevoie au nord de Paris. Banlieue industrielle qui lui donna l’accent gouailleur. Elle passe son enfance à Clermont-Ferrand et reçoit une éducation religieuse. Son père, ajusteur-tourneur aux tramways, meurt dans un accident de travail. Sa mère est lingère. Arletty vit dans une famille heureuse. Tôt, elle ressent une profonde solitude. Auvergnate d’origine, elle s’en vantera. A dix-neuf ans, elle est séduite par un banquier qui l’emmène à Garches, dans les Hauts-de-Seine. Attrayante et fine mouche n’ayant pas la langue en poche, elle devient chanteuse et meneuse de revue dès 1928.

Tour de piste au Théâtre des Capucines. Auparavant, en 1919, elle aura tenté de devenir mannequin chez Poiret, célèbre couturier de l’époque. Excédé par ses frasques, il la met à la porte.

Elle suit quelques cours rue Blanche et une formation de sténo à l’Institut Pigier. Son éclatante jeunesse, son joli minois, sa taille de guêpe (1 m 70 pour quarante-sept kilos) l’aident à faire frémir d’envie autant les femmes que les hommes. « Avec un physique comme le vôtre, ou on devient vendeuse de journaux ou on fait du théâtre » avait affirmé Paul Guillaume, critique d’art.

Arletty inspire les peintres. Marie Laurencin, Van Dongen et Domerque la prennent comme modèle.

En 1930, elle rencontre Marcel Carné. Son ascension débute en 1932. Elle se distingue au théâtre dans les opérettes et entonne : « Comme de bien entendu », suave duo avec Michel Simon. Puis, « La Java » et « Mon homme ». Dans le film « Hôtel du Nord (1938) de Marcel Carné, elle sort une réplique de Jacques Prévert, ce dernier énamouré de la môme : « Atmosphère, atmosphère, est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? ». La fine auvergnate connaît le succès : « Hôtel du Nord », « Le Jour se lève », « les Visiteurs du Soir », « Les Enfants du Paradis » (1945).

Sollicitée par les studios allemands, elle refuse de tourner pour la UFA, comme de se réfugier en Allemagne (1944). Protégée en haut lieu, elle entame une longue relation avec Hans Jürgen Soehring, lieutenant colonel à la Luftwaffe, juriste de son état, officier cultivé, francophile et polyglotte, homme de confiance de Goering et proche d’Otto Abetz. Le lieutenant Abetz contrôle la très « foisonnante » vie artistique du Tout Paris guilleret. Arletty a quarante-deux ans, Hans dix de moins. Il est élégant, beau et possède les oreilles en pointe. Elle le nomme le Faune et signe la Biche. Enceinte de son bel officier, elle avorte. A deux doigts de l’Académie française, au treize rue de Conti, la lumineuse actrice se distrait : dîners composés de homards, d’huîtres calibrées et de vins choisis. On sabre le champagne, fenêtres ouvertes sur la Seine.

Colette, Valéry et Guitry passent de temps en temps. Elle entretient une sérieuse liaison sentimentale avec une dame de la haute société parisienne (sa protectrice aussi car, « résistante », elle a sauvé quelques Juifs, via son amant). Jürgen Soehring la demande en mariage après 1945. Refus catégorique. Arrêtée à Paris, elle symbolise « la collaboration à l’horizontale » et est condamnée en 1946. Finalement, de toute cette histoire, on ne connaît qu'une célèbre formule, attribuée à sa gouaille provocante : « Mon coeur est français, mais mon cul est international ! » Après sa fuite parisienne et un passage derrière les barreaux, on lui refuse de travailler à nouveau et ce durant trois années. Elle revient sur scène, mais ne retrouve plus la notoriété d’autrefois. Elle perd partiellement la vue à soixante-huit ans. La môme de Courbevoie fera une ultime apparition dans le film d’Alain Resnais « On connaît la chanson ».

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Salinger intime

Denis Demonpion a travaillé dix ans à reconstituer l'itinéraire de l'auteur de L'Attrape-coeurs, et a exhumé des correspondances inédites.
Lien : https://www.lexpress.fr/cult..
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Salinger intime

Une biographie consacrée au romancier et nouvelliste américain, et une enquête minutieuse de 10 ans qui semblait relever d'une gageure tant l'écrivain, décédé en 2010, était particulièrement jaloux de sa tranquillité, au point de se retirer de toute vie sociale ou presque après la publication de L'Attrape-cœurs. C'est étonnant lorsque l'on sait qu'au cours des cinquante années restantes, il a continué régulièrement à écrire, dans la dépendance de la ferme qu'il avait aménagée, mais sans être publié. Vivant de ses royalties, il pouvait même se permettre de refuser la réédition de certaines de ses nouvelles…



Jerome David Salinger est connu pour son grand roman qui a eu dès sa sortie en 1951 un succès foudroyant, grâce à son protagoniste, Holden Caulfield, double littéraire de Salinger, qui incarnait à la perfection l'adolescent de son époque. C'était aussi la première fois qu'on retrouvait dans un roman des expressions employées à l'époque.



Le récit fait la part belle aux œuvres de Salinger, qui sont pour la plupart résumées et mises en parallèle avec la vie de leur auteur, puisque le romancier s'inspirait assez nettement d'événements autobiographiques. Au risque parfois de mêler ces résumés à la vie même de Salinger, et de perdre un peu le lecteur.



Je n'ai jamais lu "L'Attrape-Cœurs" mais j'ai été très intéressée par la vie de cet auteur, et admirative par la masse d'informations que Denis Demonpion est arrivé à rassembler, malgré le peu de collaboration de l'intéressé – et c'est peu dire. Une biographie que j'ai lue avec plaisir, malgré la confusion entre les œuvres et la vie de Salinger. Mais, à la réflexion, un biographe de Salinger ne pouvait sans doute faire autrement.



Biographie lue dans le cadre du Prix des Lectrices de Elle.


Lien : http://www.usine-a-paroles.f..
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Arletty

Ouvrage complet sur une artiste du temps de papa et grand-papa. Une icone du cinéma français qui n'avait pas froid aux yeux ni ailleurs !
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Salinger intime

Excellent
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Salinger intime

Quel bonnet de nuit ce Jerry !!

A mon goût, il porte bien ce prénom banal et basique..



Que cet homme est ennuyeux, sans doute déchiré..entre le désir d'écrire et de publier et celui, plus fort encore de se terrer chez lui, de se cacher, de ne voir personne et de ne pas être vu.

Mais j'ai eu beau chercher pourquoi.. malgré tous les détails donnés par l'auteur, je ne sais pas pour quelle raison cet homme se terre. Se croit il encore en guerre, est il resté cet adolescent de 17 ans, veut il le rester ?? Mystère !

Ceci dit il est étonnant et même ahurissant qu'il ait pu vivre, et bien vivre de ce seul livre.. écrit en 1951, que tant d'adolescents et de jeunes adultes ait considéré ce roman comme un chef d'oeuvre, année après année et décennies après décennies !!

Était ce un manque d 'ambition, d'imagination, de motivation ?

Malgré toutes les recherches entreprises par l'auteur, je ne sais pas !! et pourtant nous en avons lu des détails, oserais-je dire inutiles, puisque le mystère reste entier !!

Il faut reconnaître la qualité des recherches, l'abnégation du biographe qui a quand même passé 10 ans à lire des lettres inédites et des pages de journaux . Quelle discrétion est la sienne par rapport à s
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