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Citations de Denis Labbé (62)


Alors que le soleil s’arrachait avec peine d’un horizon chargé d’ombres morbides, la silhouette décidée du chanoine Urbain Grandier se faufilait dans les rues désertes de la cité de Loudun. Coiffé d’un chapeau qui le protégeait du vent matinal, il examinait chaque porte, chaque recoin, à la recherche d’une âme qui put être sauvée, comme il le faisait presque tous les jours depuis que l’épidémie de peste avait commencé. Dans ses habits ecclésiastiques, il donnait l’impression d’être invincible, comme protégé par la puissance divine. 
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— Qu'est-ce que tu dis ? demanda Alice.
— Qu'est-ce qui différencie le monde réel du monde imaginaire ? Rien, finalement. Tout est affaire de création. Un Dieu est un Créateur. Un écrivain est également un créateur. Ses personnages sont aussi réels pour nous que nous le sommes pour eux. Regarde ce qui se passe dans Don Quichotte de Cervantes ou dans l'Empire des esprits de Clifford D. Simak. Qu'est-ce que la réalité après tout ?
— Tu ne vas pas recommencer avec des devoirs de philo, intervint Gil.
— Quand on était au lycée, c'était plutôt toi qui étais friand de ce genre de questions.
— Peut-être, mais les choses ont changé. Nous n'avons plus seize ans. Nous sommes des adultes, et nous savons que le monde ne ressemble pas à ce que nous imaginions à l'époque.
— Et qu'est-ce qui est si différent ?
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Sans moi et mes semblables, l'harmonie du monde n'existerait pas. Car celle-ci résulte de la tension instable entre ses contraires. Pas de bien sans le mal. Pas de vie sans mort. L'une ne va pas sans l'autre, à tel point quel forment les deux faces d'une même pièce.
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Quelque chose existe à partir du moment où l'on y croit.
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Alice lui demandait souvent quels problèmes le minaient. Lui aussi se posait souvent ces questions auxquelles il connaissait une réponse qu’il ne voulait pas s’avouer. Il trouvait que ses romans fantastiques parvenaient efficacement à taire ses angoisses. Chaque mot faisait office d’exutoire, de psychanalyse, de catharsis. En eux, il plaçait tout ce qui le terrifiait dans la vie, dans la société ou dans son travail.

Néanmoins, pour rien au monde, pas même pour un livre, il n’aurait troqué sa vie pour une autre.
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Sans un mot, les formes nonchalantes s’avancèrent vers la chaise sur laquelle se tenait toujours madame Fuller et la renversèrent. Dans un cri aigu qui me perça les tympans, la pauvre femme fut happée par la meute qui se jeta sur elle dans un amas de mains griffues, de mâchoires ouvertes et de membres avides. Du sang jaillit, tandis qu’une poigne de fer tirait violemment sur son bras. Même à cette distance, j’entendis le bruit atroce d’un os qui se brise.
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"Elle se rendit alors compte qu'une silhouette brumeuse la dominait. Des yeux intenses et profonds comme un abîme la fixèrent un instant, avant que cet étrange visage se dissipe."
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Dans une explosion de lumière, ils furent tous deux avalés par le livre, au moment même où Thomas revenait avec la mère de Bérénice.

(...)

- Ce satané sorcier nous a livre-portés dans le pays de Gargan.
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Parce que tu penses que l'amour est une faiblesse? Moi, j'aime mon papa et ma maman et je pense que c'est une force. Sans l'espoir de les revoir un jour, je me serais jetée du haut de la falaise, tout à l'heure.
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Côtoyer la mort en marche tous les jours était impossible sans une réelle dureté mentale. J'avais dû me blinder et chasser de mon esprit les réflexes affectifs que l'on m'avait inculqués depuis ma naissance. Avec la Grande Mort, il fallait éviter le sentimentalisme. Nous étions tous devenus des croque-morts ou des infirmières s'occupant de malades en phase terminale, sauf que notre cimetière était à ciel ouvert et notre hôpital totalement surpeuplé. Dans la casemate supérieure, l'un de ces cancéreux achevait de passer de l'autre côté sans que l'on ne puisse rien faire pour lui. Il fallait l'accepter et ne pas le prendre dans nos bras pour le bercer. Il devait connaître le sort qui l'attendait et ne pas chercher à se joindre aux vivants. La mort était déjà en lui et le grignotait petit à petit.
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- Avec la Grande Mort, je m'attends à tout, lançai-je sèchement. N'oubliez pas qu'elle sait s'adapter.

- Ce n'est qu'un virus.

- Si vous vous limitez à cela, je pense que nous sommes perdus, intervient Jean-Michel avec une certaine véhémence. Tous ceux que nous avons rencontrés et qui le pensaient ont rejoint la horde.

- Dans ce cas, que comptez-vous faire ?

- Pour l'instant, je n'en ai aucune idée, mais je peux vous assurer que je ne vais pas rester ici pour me faire dévorer.
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Il me prit par la main et m'aida à faire les premiers pas. Puis, il défit son sac à dos, enleva son anorak, le plaça sur mes épaules et me tira sur la chaussée. La douleur qui m'étreignit me donna un coup de fouet qui me fit revenir à moi. au vrai moi. À la combattante que j'étais devenue. Je remontai la fermeture éclair, sans m'occuper de la bosse que formait le katana dans mon dos. J'avais besoin de chaleur, pas d'esthétisme. Puis, j'accélérai le pas, en parvenant à me mettre au rythme de celui de mon ami qui avait rajusté les bretelles de son sac et s'y accrochait fermement. Je me rendis compte qu'il ne portait qu'une petite chemise bien inutile étant donné la température en baisse.

- Tu n'as pas de pull ? lui demandai-je.
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Alors que je finis ces lignes, l'émotion m'étreint à nouveau. Pour la première fois, je m'étais rendu compte que les zombies ne représentaient pas la pire menace en ce monde, et que l'Homme restait son plus dangereux prédateur. Finalement, la Grande Mort n'était qu'un élément perturbateur dans notre bataille contre nous-mêmes. À force de nous entretuer, nous n'avions plus un unique front, mais de multiples foyers que nos actes contribuaient à alimenter. Comme nous n'avions pas retrouvé nos amis, nous poursuivîmes notre route vers Nancy, sans pour autant trouver la moindre trace d'eux. Mais cela nous prit des semaines.
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Nous sommes des traumatisés en puissance, les victimes de la plus terrible guerre que l'humanité a connue. Nous ne survivons pas uniquement pour nous, mais pour ceux qui nous aiment. Je sais que cela fait de grands mots pour de simples ados, mais nous avons longuement discuté avec Hugo avant de vous trouver. Lorsque nous n'étions que tous les deux, nous n'avions que nos analyses pour tenir. Sans nos longs débats quotidiens, nous serions morts. Ou la démence nous aurait gagnés. Parfois, nous restions quelques jours terrés dans la cave d'une maison idolée ou dans un trou en pleine forêt sans vêtements propres, sans eau et sans nourriture, avec des nuées de zombies qui nous tournaient autour. À plusieurs reprises, j'ai failli me lever et courir droit devant moi tellement je devenais folle en attendant qu'ils partent. Leurs feulements, le raclement de leurs pieds sur le sol, leur odeur pestilentielle, tout me tapait sur les nerfs. Il ne se passait pas une seconde sans que j'aie envie de me jeter sur eux et de les frapper à coups de poing pour qu'ils arrêtent leurs rondes infernales. Heureusement, je ne l'ai pas fait parce qu'il était là pour m'épauler. Et vice-versa. L'un sans l'autre, nous aurions sombré.
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_ Ce qui veut dire que des gens nous ont vus sans nous apporter leur aide, lâcha Nellie. Ça me dégoûte.

Je ne pouvais pas lui donner tort. Nous avions pourtant fait suffisamment de vacarme pour que quelqu'un remarque une bande d'adolescents en perdition. Combien de personnes nous avaient observés sans intervenir ? Combien avaient fermé les yeux en nous voyant poursuivis par des errants ? En période de crise importante, comme celle que nous vivions actuellement, oublier la solidarité risquait de faire basculer le monde dans le néant. L'indifférence en était le premier étage. Les pillards le deuxième. Quels seraient les prochains ? Je n'osais l'imaginer. Nous courions à notre perte.
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"Combattre ses sentiments demeure plus difficile que combattre la Grande Mort. Si eux sont implacables, ils perdurent davantage que ce virus mortel et au contraire de lui, apporte un réel but à notre vie."
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Je suis le dernier de mon groupe de recherches.
Au départ, nous étions six étudiants en mal d'étrange, passionnés par les manuscrits insolites, les livres dits apocryphes et les traités d'ésotérisme
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Le petit Troll s’exécuta et tendit à son amie le vieux grimoire à la couverture usée par le temps et rongée par les vers. Celle-ci s’en saisit avec douceur, comme s’il s’était agi de quelque chose de fragile. Elle avait toujours aimé les livres, mais n’en avait jamais possédé aucun. Ses parents étaient trop pauvres pour lui en offrir. Elle rêvait d’un pays où chacun pourrait en avoir autant qu’il le souhaitait. Si elle rencontrait le géant Gargan, elle était prête à lui demander de prendre cela en compte.
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Même s’ils avaient toujours préféré la viande de gibier, ils ne détestaient pas déguster de temps en temps quelques desserts, surtout lorsqu’ils contenaient des œufs et de la crème. Aussi cette tarte nouvelle les avait-elle ravis. — Vous êtes une vraie magicienne des fourneaux, damoiselle Bérénice, lança sieur Gibson en se léchant les babines. Vous auriez votre place dans les cuisines du roi de la montagne.

— Je n’ai fait que donner les instructions, rétorqua-t-elle en baissant la tête. Celui qu’il faut remercier, c’est Profitroll. Sans lui, nous ne pourrions pas manger une telle merveille.

— Tu te sous-estimes, Bérénice, dit le petit Troll, je ne suis qu’un marmiton qui obéit au chef.
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"Mais que restait-il de notre morale ? De nos idées ? De notre humanité ? La Grande Mort avait fait voler tout cela en éclats, en même temps que nos certitudes."
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