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Citations de Dima Abdallah (152)


Mon poème, c'est un hurlement. La mer la nuit, ce n'est pas joli, c'est triste et ça fait un peu peur. On a l'impression que les vagues inspirent quand elles se forment et qu'elles expirent en soupirant de chagrin quand elles viennent s'écraser et mourir sur le sable.
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Je ne m'en sors pas si mal, je n'ai qu'à déverser le contenu des cartons où bon me semble, le plus important, c'est que les plantes aient déjà trouvé leur juste place sur la terrasse. C'est bien la preuve de mon ancrage. Je ne me débrouille pas si mal pour ce qui est d'être sédentaire. Planter, c'est la raison même de la sédentarité. Planter, c'est s'installer.
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« La musique, c’est peut-être bien ce qu’il y a de plus puissant pour contrer le sort et réveiller les morts. »
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Je n'avais aucun plan en tête. Je n'avais qu'une certitude et c'était que je ne remettrais plus jamais les pieds dans l'appartement, plutôt crever. Je me rapprochais du quartier et je réalisais que j'étais désormais à la rue. J'aurais dû paniquer, regretter d'avoir jeté les clefs dans un geste précipité, avoir peur, me demander ce que j'allais devenir, penser à appeler un serrurier, réserver un hôtel pour la nuit. Je n'ai rien pensé de tout ça, je n'ai rien pensé, aucune angoisse ne voulait bien monter en moi. Je n'avais jamais eu la tête aussi libérée de toute forme de panique. Les pensées noires qui siégeaient dans mon cerveau depuis des décennies avaient cédé la place à une douce torpeur.
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Je regardais la toile bouleversante et j'ai pensé au "Dormeur du val". C'était beau à vous tordre l'estomac. Beau à vous transpercer le thorax. Tragique et beau à la fois. J'aurais aimé qu'Aimée s'endorme pour de bon ce jour-là, à ce moment précis, sous les pétales. Qu'elle s'arrête seulement de respirer, tranquillement, par cet après-midi si poétique d'avril. Quelques rayons de soleil passaient à travers le feuillage du marronnier et une fresque d'ombres et de lumières dansait sur le corps d'Aimée endormi sous les pétales blancs.
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Je regrette. Je regrette Minuit. Layla et les autres. Je regrette le croissant d’Ella, le manteau d’ Emma, les invendus de Carla et les sablés bretons de Martha. Je regrette tout ce qui s'est interposé entre moi et le gris de la rue. Tout ce qui a brisé le bitume et le ciel bas de l'hiver. Tout ce qui a ressuscité les gaufrettes périmés, les champs magiques et les effluves de rose, de jasmin et d’anis. Tout ce qui a creusé les tombes et levé les morts.
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Je me dis qu'elle avait raison de s'intéresser autant aux mauvaises herbes qu'aux bonnes. J'espère qu'elle grandira comme poussent ces adventices. Ces hôtes de lieux incongrus, ces hôtes que personne n'a invités, que personne n'a voulus, qui dérangent mais s'en moquent bien et m'en finissent pas de pousser. Celles dont on arrache sans cesse les racines parce qu'elles ne conviennent pas, parce qu'elles ont poussé au mauvais endroit au mauvais moment au mauvais endroit (...). Les plantes pudiques, celles qui ne cherchent pas à se faire bien voir, celles dont le charme est si subtil qu'il en est un peu secret. Celles qui triomphent toujours, qui poussent et repoussent à l'infini. Celles qui percent sous le béton, qui germent même sous le bitume. Celles qui se moquent bien des milieux inhospitaliers.
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Ma boule au ventre et moi, on se tiendra compagnie. On s'est habituèes l'une à l'autre. Ma boule et moi, on n'y arrive pas bien souvent, à faire semblant. Et quand je m'enthousiasme un peu trop, elle me rappelle vite à l'ordre. Elle est là, avec moi, sur la marche, et réclame un autre sachet de pop-corn, alors j'en ouvre un autre.
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Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir.
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Je marche sur un fil. Je suis le funambule sur le fil tendu au-dessus des abysses de la mémoire. Il ne faut pas que je tombe. Je suis sur le fil qui menace de rompre au moindre faux pas.
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Carnet
Avec les mots on ne se méfie jamais suffisamment, ils ont l’air de rien les mots, pas l’air de dangers bien sûr, plutôt de petits vents, de petits sons de bouche, ni chauds, ni froids, et facilement repris dès qu’ils arrivent par l’oreille par l’énorme ennui gris mou du cerveau. On ne se méfie pas d’eux des mots et le malheur arrive.

Tout a commencé par un petit son de bouche, ni chaud, ni froid
Cinq mots. Une petite phrase de rien du tout
Un petit vent
Facilement repris
Une brise devenue tempête
Je fragmenterai si bien chaque lettre, j’enterrerai si bien ce petit son de bouche
Que du malheur il ne restera plus rien
J’étranglerai chaque mot
La voix fantôme ne sera plus qu’un son ridicule étouffé, un souffle court à l’agonie
On ne se méfie pas d’eux des mots et le malheur arrive.
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Tout s’évanouira peu à peu. L’édifice immense du souvenir, je le ferai voler en éclats, j’en dynamiterai les fondations autant de fois qu’il le faudra, pour qu’il n’en reste plus rien. Seulement une poussière ridicule que j’éparpillerai aux quatre coins des plaines de l’oubli.
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Quand Ella me tend le croissant, mille odeurs venues de très loin se rebellent et envahissent la rue des Amandiers. La boulangerie de la rue se met à embaumer le quartier entier d’un parfum de galettes à l’anis. Celles que ma tante Zeina, réputée pour ces galettes succulentes, cuisait sur le poêle par les froides soirées d’hiver quand elle nous rendait visite.
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Il est trop tard
Il a vite été trop tard
Ce qui est perdu est perdu depuis la nuit des temps
Ce qui est perdu doit se résoudre à sombrer
J’alimente le feu sacré où tout doit tomber en cendres
Un jour on comprend beaucoup de choses, mais ça ne change rien
Comprendre ne fait aucune différence
Comprendre est pire que tout
Il a vite été trop tard
Une époque où on ne savait rien
Je ne savais rien
Rien de rien.
Maintenant oublier tout
Brûler tout
Mourir pour de bon pour pouvoir renaître
Renaître propre de tout ce qui est perdu.
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J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans, mais j’enterre chacun d’eux, l’un après l’autre, dans les cimetières des rues de l’oubli.
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J’ai mille ans et tous les caveaux du monde cachent moins de secrets que mon triste cerveau. Des secrets qui iront dans la fosse commune avec le reste. Des secrets que je ferai retourner à la fosse un par un. Je les enterrerai moi-même au plus profond, une poignée de terre après l’autre.
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La rue a ce pouvoir magique, elle vous débarrasse de tous les murs et de tous les fantômes qui y logent, de tous les prénoms qui s’accrochent. Je me débarrasse petit à petit des murs de ma mémoire comme on extrait des tumeurs. J’arrache chaque brique comme on arrache une épine enfoncée dans la chair. J’enterre tous les tics et toutes les convulsions. Je me purge petit à petit des cinquante-trois années de mon existence. Elles s’évanouissent chacune à son tour. La rue est une petite mort où le passé et le temps se disloquent à une vitesse vertigineuse. Les journées et les nuits se succèdent en vous glissant sur la peau, sans jamais vouloir s’accrocher. Les dates se morcellent et meurent sur le trottoir. Il n’y a que les saisons qui persistent.
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J’ai pris la décision de lire tout ce qui me passait sous la main. J’ai décidé que lire seul, à voix haute, était moins pathétique que de parler à mon steak pendant qu’il cuisait pour lui demander s’il était suffisamment saignant sans être bleu. En plus des nombreux livres, que je décidai de lire à voix haute désormais, je lisais toutes sortes de notices explicatives, je lisais les ingrédients sur les emballages alimentaires, je lisais les articles de presse. Une grande partie de ma journée était consacrée à cet exercice qui visait à ce que je ne perde pas ce qui définit par essence l’être humain.
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Je ne sais plus depuis combien de temps je n’avais plus mis les pieds dehors. L’espace et le temps s’évanouissent quand on vit seul dans un espace clos. Je sais seulement que les années ont défilé.
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Incipit :
C’était le 21 mars 2013. La date est gravée dans ma tête. C’est bien la seule. Ça et ma date de naissance. Il y a quelques autres dates qui font encore de la résistance de temps en temps, qui remontent depuis les abysses de la mémoire pour venir toquer à la porte, mais j’ai développé depuis des années une tripoté de techniques bien à moi pour les renvoyer d’où elles viennent. J’y ai travaillé dur. J’ai mis tout ce que j’ai d’énergie, tout ce que j’ai en réserve d’astuces et de formules magiques. J’ai développé un savoir-faire bien à moi à force de labeur pour faire mourir ce qui doit mourir. Je tue ce qu’il faut tuer. Quand ce qui est mort et enterré veut remonter depuis les enfers, je sais exactement ce que j’ai à faire. Je tolère deux dates : le 25 octobre 1961, celle-ci est marquée noir sur blanc sur mes papiers d’identité après tout, et le 21 mars 2013.
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