Citations de Djilali Bencheikh (28)
«Toujours, la pudeur étouffe le désir» (p26),
Même si personne ne perce notre délit, la nature ne risque-t-elle pas de nous trahir ? Puisque nous nous sommes couchés ensemble, R'nia ne va-t-elle pas pondre un bébé dans quelque temps ? Elle sera obligée de dire qui le lui a fait. Si elle me dénonce, je serais pendu et elle embrochée comme un poulet.
Il faut absolument que j'apprenne comment on fait les enfants.
La paix avec la fin du couvre-feu et la libération des prisonniers. Ce sont les seuls points positifs que nous a ramenés l'indépendance. Car plus que les humiliations et les tortures des ennemis colonialistes, c'est le comportement des notres qui nous désole. Nos héros se révèlent être des voyous, pressés, cupides et incultes.
Alger-Républicain, le quotidien qui dit la vérité, rien que la vérité mais pas toute la vérité.
Mais pourquoi faut-il que la cause de la libération nationale soit toujours défendue par des apprentis-voyous ? Car au fond, ceux qui m'ont agressé s'appellent Ali, Houari ou Hellal.Parmi ceux qui m'ont tendu la main il y a Guy, Bernard, Maurice et Serge.
Si on apprenait le calcul avec des sucreries, mes progrès seraient fulgurants.
Quant à mon père, sa carte d'identité de français-musulman porte la profession de journalier. (...) Il y a tout près, une profession tentante par sa ressemblance sémantique. Mademoiselle Piette n'en revient pas.
- Journaliste ton père ! T'en as de la chance. Moi le mien n'est que militaire.
Il est le seul à arborer au col de sa chemisette une sorte de corde en tissu colorié, qui tombe jusqu'à la ceinture.
"C'est une crafatta, murmure mon frère-ennemi qui m'a rejoint au poste de guet.
- C'est pourquoi faire ? Il a pas de boutons pour fermer sa chemise ?"
Une observation mal interprétée, exprime mal la réalité.
En rentrant à la maison, je parle tout seul en maugréant : Nina, je t'aime et je t'emmerde, je t'aime malgré toi et va te faire voir, je t'aime, rejeton de Bretonne, je t'aime, sale Kabyle algéroise, bâtarde cosmopolite, équation à plusieurs inconnues, je t'aime et tu me manques déjà. Cruellement.
Je ne pense jamais comme ceux de mon clan. Les miens n'ont rien à m'apprendre. Je sais tout d'eux, ils savent tout de moi. Avec les étrangers, quelle que soit leur origine, je m'instruis en permanence, j'ai l'impression d'être en perpétuel voyage
Il me semble que la mort et l'enfance n'ont pas d'histoire commune. La mort est une affaire d'adultes, que viendrait-elle fricoter avec un garçonnet de sept ans, plein de vie et de fantaisie.
Dans ce trou de forme évasée nommé soua, le mâle introduit chaque nuit son zeb dressé pour honorer sa femelle. Cette copulation ou niqua procure beaucoup de plaisir à l’homme. Pendant sa jouissance, il éjecte un liquide crémeux, une sorte de pipi doucereux nommé h’laoua. Ce liquide est versé dans le ventre de la femelle qui le conserve par-devers elle. Lorsqu’au bout d’une année son ventre est suffisamment plein de cette douceur, cela produit un bébé qui est pondu comme un veau ou un poulain
Et puis on ne dit pas midicoule, mais maître d’école
Pendant les premiers jours, on ne te demande rien, sinon écouter. Si tu ne comprends pas, la maîtresse t’expliquera par gestes. Ou plutôt le maître, car cette année votre cheikh c’est un arabe. Il s’appelle meussieu Allag. C’est la première fois qu’un arbi commande une classe. Tu en as de la chance !
Hamel a dit que les hommes ne tombent pas amoureux. Des vrais mâles, rudes et virils, ne sauraient avoir la moindre faiblesse ni éprouver le moindre sentiment à l’égard des femmes. Au contraire, ce sont ces dernières qui doivent montrer leur soumission et leur reconnaissance à leur homme pour le remercier de bien vouloir les tolérer. Ce postulat de Hamel semble avoir quelque vraisemblance, à en juger par les relations entre mon père et ma mère
De toute façon, chez nous, tous les plaisirs doivent d’abord apparaître comme une contrainte. Même devant les mets les plus succulents, il faut observer une affligeante retenue. Même si on en meurt d’envie, il faut décliner par pure forme et au moins trois fois, le fruit, le plat ou la friandise qu’on vous offre
S’ils adoraient un Dieu, ce n’était sûrement pas le nôtre. Il ne leur aurait jamais permis de se prêter à des pratiques contre-nature. Comme cette repoussante manie de cracher dans un carré de tissu qu’ils rangeaient méticuleusement dans la poche, au lieu d’ s’éclaircir la gorge et le nez comme nous, à l’aire libre, en confiant à la terre le superflu des glandes salivaires
Autour de la cour rectangulaire s’agençaient une demi-douzaine d’alvéoles où cohabitaient les bêtes et les humains. La khaïma, protégée par des sarments prometteurs, était la pièce essentielle de la maisonnée. Baptisée ainsi en réminiscence d’un ancien destin de nomades, elle abrite depuis toujours tous les actes de la vie quotidienne.
Comment un homme juste comme lui peut-il s'en prendre à des hommes qui ne réclament que justice et liberté ? Lui qui parle de fraternité humaine, n'a-t-il pas compris que ce pays ne dispense pas ses bienfaits à tout le monde. Que l'égalité proclamée n'est pas la même pour tous ?