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Critiques de Doan Bui (135)
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La Tour

La Tour est parmi celles qui se dressent sur la dalle des Olympiades, l’un des quartiers asiatiques de Paris, dans le treizième arrondissement. Mille destins s’y côtoient, dans un caléidoscope dont le raccourci « Chinatown » ne donne qu’un très approximatif aperçu. Y habitent ainsi les Truong, boat people échoués ici après leur fuite du Vietnam à la chute de Saigon ; Ileana, pianiste devenue nounou de petits Parisiens dans l’espoir d’offrir un avenir à sa fille restée en Roumanie ; Virgile, sans-papier sénégalais qui squatte les parkings du sous-sol et vit d’arnaques « à la nigériane » sur internet… Et, parmi les Français de souche, Clément, ex-provincial obsédé par le Grand Remplacement, et aussi Michel Houellebecq, qu’il idolâtre au point d’en jalouser le chien…





La plus grande malice préside au récit, et c’est avec jubilation que l’on se délecte de cette série de portraits hauts en couleurs qui dresse un tableau plein d’ironiques vérités sur le Paris d’aujourd’hui. Rédigé avec une précision dont on ne sait si elle est totalement documentaire ou si elle le simule dans une forme de bluffante auto-dérision, le texte s’avère aussi divertissant qu’édifiant dans l’acuité de ses observations et la pertinence de ses commentaires. L’on se trouve vite convaincu de la parfaite représentativité de cette brochette de modestes personnages plus ou moins imaginaires, où viennent complaisamment se mêler les silhouettes décalées, bien connues du quartier, du célèbre écrivain et de son chien corgi.





Les trajectoires de vie qui s’échouent dans ce quartier comme autant de naufrages sur une île, dessinent une humanité bigarrée qui n’a pour point commun que ses innombrables et inguérissables meurtrissures. Et, pendant que Clément et ses semblables « historiquement » français se sentent dépassés par ce qu’ils envisagent, avec une certaine panique, comme une vague venue les submerger, tous les déracinés rassemblés ici tentent, modestement et douloureusement, de s’acclimater à une existence dont ce froid et rigide environnement de béton souligne très symboliquement l’aspect désespérément hors-sol.





Des trois histoires d’exil, de deuil et de séparations que l’auteur évoque avec une lucidité implacable assortie d’autant d’humour que d’humanité, le lecteur ressort plein d’une tendresse émue pour leurs personnages plus vivants que nature, dont l’ordinaire et modeste anonymat cache de si tragiques parcours et tant d’absurdes et injustes drames. Plus jamais l’on n’envisagera du même œil ce quartier de Paris, que l’on quitte, à l’issue de cette lecture, le coeur empli d’un irrésistible mélange de tristesse et de rire. Un premier roman époustouflant et un grand coup de coeur.


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La Tour

En prologue, l’autrice prévient : la dalle des Olympiades existe. La tour Melbourne, cependant, est le produit de son imagination peuplée de fantômes.



Et pourtant, elle est diablement incarnée cette tour, inscrite dans l’histoire de cette fin de vingtième siècle. Relevant d’une utopie, son destin échappe aux décideurs Elle s’anime peu à peu au gré des vagues d’immigration qui résulte des politiques guerrières des décideurs. Parmi les arrivants, la famille Truong, accueillie plutôt chaleureusement et épargnée par les tracas administratifs d’une obtention de légitimité. Et pourtant quelques dizaines d’années plus tard, le rejet et le racisme ordinaire feront leur chemin.



L’itinéraire de la génération suivante est particulièrement intéressante, illustrant bien l’inaccessible rêve d’une intégration sans heurt, impossible tant l’héritage génétique trahit dans les traits du visage « l’origine », fut-elle lointaine.



Nostalgie d’un passé perdu, désillusion d’un avenir dont les lendemains chantent faux, le propos est réaliste et sombre. Et cependant l’écriture spirituelle de Doan Bui séduit dès les premiers pages, d’autant plus qu’entrent en scène des personnages singuliers qui font la trame de ce roman foisonnant.



Le tragique n’exclut pas l’humour, même pour évoquer l’histoire du Vietnam, pris en otage par de grandes puissances, comme deux enfants qui détruiraient un jouet commun convoité. Salomon a détourné les yeux…



Récit réjouissant qui utilise avec talent le support d’un projet architectural pour mettre en valeur les vies qui s’y sont abritées.

J’ai aussi beaucoup apprécié l’évocation du futur proche de ce récit



Très belle découverte, à la fois instructive et plaisante à lire.



Merci à Netgalley et aux éditions Grasset.
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La Tour

J’ai choisi ce livre à la suite d' une critique d’Olivia de Lamberterie. Je connaissais ce quartier que j’arpentais dans mes années de jeune adulte. La dalle des Olympiades, les tours autour, les rues souterraines et le centre commercial pas très loin. Bienvenue à Chinatown ! La tour Melbourne n’existe que dans l’imagination de l’auteure ou sur les plans des architectes de l’époque. Ce quartier destiné à des cadres supérieurs n’a jamais attiré personne. Enfin si, ceux qui n’avaient pas le choix ou Michel Houellebecq et son chien.



Et voici notre tour existante sous une plume caustique, peuplée d’habitants n’ayant rien en commun, avec des vécus douloureux. La dalle devait accueillir des jeux pour enfants, des magasins, du bonheur à portée de main, ce sera plutôt l’odeur de pisse et des déchets en tous genres. Les rues souterraines abritent les réfugiés qui n’ont pas la chance de demeurer dans les tours. Des abris sans air mais tempérés qui serviront bien plus tard, mais ça c’est une autre histoire.



Les habitants sont attachants, un peu particuliers mais comment vivre ou survivre dans ce quartier de dépit. Il faut s’adapter, être malléable. Certains ne franchiront jamais les limites des Olympiades un peu comme les habitants des villages reculés. Tiens, comme l’agent recenseur, vieille figure de mon village qui est né et qui mourra ici sans rien connaître d’autre sinon au travers du téléviseur et des réseaux sociaux.



Je ne vais pas vous décrire les personnages, ce serait dommage. Ce roman, un brin historique, un brin futuriste, tragique et pourtant drôle est à découvrir dans son ensemble. Il y a l’histoire principale et les détails dans les notes souvent débordantes de l’auteure.
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Le silence de mon père

A la suite d'un drame familial, l' AVC de son père, l'auteur part sur les traces de cet homme privé de parole. Entre secrets de famille et retour au pays natal, Doan Bui découvre tout un pan familial inconnu, tragique et complexe. Doan Bui livre un récit délicat, pudique ou son talent d'écriture fait merveille, ou sa sensibilité et le choix de ne pas porter de jugement l'honore. Un très beau récit sur les liens familiaux, la transmission, l'exil et les blessures de la vie.
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La Tour

Paris, 13ème arrondissement, rue de Tolbiac, les Olympiades et ses Tours, nommées comme des villes olympiques, voient le jour dans les années 70 après avoir été pensé comme une renaissance de l'arrondissement avec l'installation de cadres supérieurs !



Le projet n'aboutira jamais totalement et les cadres supérieurs ne viendront jamais s'installer. Dans les années 80, des rescapés des boat people, vietnamiens et cambodgiens viendront s'y installer. Petit à petit le quartier deviendra le Chinatown parisien et l'utopie originelle ne verra jamais le jour.



Doan Bui a inventé la Tour Melbourne et ses habitants pour nous raconter toutes les vies qui se sont croisées dans ce quartier. L'ascenseur est l'axe du roman, comme il est celui de la Tour, c'est le témoin privilégié des destins.



Histoire tout à tour humoristique, romancée, douloureuse, dérangée et dérangeante, cruelle et hautaine parfois, pleine de dérision ailleurs et visionnaire, mais avec une plume précise, incisive qui se lit avec curiosité ! Heureusement les têtes de chapitres énoncent clairement qui nous allons suivre et les renvois, nombreux et longs au demeurant, appuient les récits au lieu de nous faire perdre leur fil !



Tout au long du roman j'ai eu l'impression d'être dans la peau des personnages et j'ai trouvé brillante cette façon d'accrocher le lecteur ! C'est une réelle réussite.



#LaTour #NetGalleyFrance



Challenge Multi-Défis 2022
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La Tour

Cruel et magnifique roman qui démasque nos incohérences, relate leurs doutes, exprime nos hontes, étale leurs peurs, cautionne nos combats et justifie leurs guerres.



C'est en 1979, lorsque « Les Olympiades », un morceau du 13ème arrondissement de Paris est totalement rebâti par un architecte plus habité que ses tours après un flop total qu'a germé l'idée d'y loger les premiers « Boat people » chargés de vietnamiens. C'est la genèse du Chinatown parisien.



Comme Doan Bui le décrit avec tellement d'humour, pour tous, les asiatiques sont chinois, qu'ils soient vietnamiens, laotiens ou cambodgiens. S'il existait un « Vietnatown » dans le monde, ça se saurait.

Plus que l'histoire, le ton est donné. Croustillant, intelligent, drôle, touchant.

La 1ère génération a tout perdu, elle n'est plus de là-bas mais ne sera jamais d'ici.

A l'époque, ce sont des réfugiés, pas des migrants. Ces mots sont synonymes et pourtant les premiers font « blottis », les seconds inquiétants. « le réfugié, lui, était encore un homme »

La 2ème génération, dans un élan procustéen a voulu s'insérer dans le moule d'une France à la gauloise filtrée par un bien présent Vercingétorix, mais le looser magnifique l'a empêchée. Beaucoup ont mal tournés, une autre s'est défenestrée.



Horrible de l'acuité des exodes du monde et merveilleux de finesse et de justesse, ce roman est écrit à fleur de peau de toutes les couleurs.

« Depuis que le monde était monde, les dominants se serraient les coudes pour protéger leur caste, tandis que les dominés se piétinaient, espérant attraper quelques miettes de la lumière des heureux du monde. »



J'ai eu de l'empathie pour Virgile, spécialiste de Proust, sénégalais faiseur d'histoires pour endormir l'administration.

Je me suis attaché à Victor Truong, amoureux d'Hugo et de l'imparfait du subjonctif.

« Cette merveille ne servait à rien, ou pas grand-chose, et c'est son inutilité même qui subjuguait Victor Truong. L'inutilité était la définition même de l'élégance. »

J'ai eu un « crush » pour Anna-maï, si mignonne et tant bafouée.

J'ai ressenti de la peine pour Ileana, roumaine et pas rom, à la vie tissée de désastres.

Et finalement c'est Clément qui m'a cloué le bec, cet homme qui voulait être le chien de Michel Houellebecq.



C'est un roman foisonnant, fort de ses souffrances et de ses espoirs. Son achèvement se situe en 2045. Les aquariums-ascenseurs des tours réduisent le stress par la présence des poissons, leur contemplation pendant le voyage abaisse le taux de cortisol dans le sang. Tu es au top à l'arrivée au roof-top pour voir voler les oiseaux épargnés par l'extinction et échapper à la chaleur devenue sans cesse accablante...



« Demain quand l'aube blanchit quoi ?

Quelle aube ? Que se passera-t-il demain ?

Quel jour était-on ? Quand ? »





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La Tour

Imaginées comme un concept moderne et haut de gamme, les Olympiades avaient pour vocation de dynamiser le XIIIè arrondissement de Paris en attirant les cadres et les familles aisées. Las ! L’arrivée au pouvoir de Giscard en 74 et sa détestation des tours qui lui gâchaient la vue ont mis un frein à l’expansion du quartier. Les piscines, la patinoire, les espaces verts n’ont jamais vu le jour et les cadres supérieurs n’ont pas voulu emménager dans ces tours agencées autour d’une dalle de béton. A l’agonie, les Olympiades ont été sauvées par les boat-people vietnamiens qui ont pris possession des bâtiments, suivis ensuite par d’autres réfugiés, en vagues successives, au gré des guerres et des exils.

Arrivés en France après la chute de Saïgon, les Truong ont été parmi les premiers à investir la tour Melbourne, 37 étages pleins à craquer, jusqu’au parking souterrain, dernier refuge de SDF venus d’ici ou d’ailleurs. Un melting-pot d’habitants qui se croisent, se toisent, tentent surtout de planter leurs racines dans le béton français, au grand dam des bons blancs angoissés par le grand remplacement.



Avec ce premier roman, la journaliste Doan Bui frappe fort en termes d’originalité, d’écriture et de personnages.

C’est un conte moderne qui commence dans les années 70 quand les Olympiades sortent de terre et se terminent en 2045 lorsque leur but premier est enfin atteint : la modernité et le standing.

Entre temps, l’autrice nous présente des individus déracinés qui ont quitté leur pays pour une meilleure vie. Mais l’est-elle vraiment ?

Sont-ils heureux les Truong dans leur F3 sans perspective, eux qui vivaient richement au Vietnam ? La France, pays rêvé, aimé, a-t-elle tenu ses promesses ? Leur accent dérange, l’odeur de leur cuisine dérange, leur présence dérange. Ils sont vietnamiens et alors ? En France, ce sont des Chinois, des jaunes, les vecteurs du Covid. Leur fille, leur fierté, est née en France, n’a jamais connu le Vietnam, mais comme tous les Asiatiques, elle n’est qu’une Chinoise parmi les autres. Elle ne sera jamais ni blanche, ni blonde, ni belle.

Autour de cette famille, d’autres destins se jouent. De Roumanie, du Sénégal, d’Algérie, des familles, des individus, perdus dans un océan de réfugiés qu’on appelle désormais migrants, qu’on tolère dans le meilleur des cas, qu’on souhaite voir partir dans le pire.

C’est une photographie de notre société que nous donne à voir Doan Bui, avec ses excès, ses dérives, mais aussi ses moments suspendus, ses bulles d’espoir.

Elle-même d’origine vietnamienne, elle brosse un portrait drôle et touchant de la famille Truong, avide d’intégration mais toujours légèrement décalée.

Un roman léger et cynique, savoureux et tendre, sérieux et fantaisiste. Une belle réussite qui donne à réfléchir sur la France, cette terre d’accueil de moins en moins hospitalière.

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La Tour

Les Olympiades, mode d’emploi



Dans un premier roman très original dans sa construction, Doan Bui explore la question identitaire en racontant le quotidien des habitants du quartier des Olympiades, dans le XIIIe arrondissement. On y croisera aussi Houellebecq et son chien.



Si la dalle des Olympiades est un lieu bien réel, dans le 13e arrondissement de Paris, la tour Melbourne n’existe que dans mon imagination. Ainsi que tous les personnages qui y habitent (sauf les fantômes, bien sûr, qui eux existent vraiment).



Raconter les Olympiades, c'est d'abord parler de l'architecte qui a imaginé ce grand ensemble composé de tours autour d'une dalle qui serait entourée d'équipements sportifs et de services. Une utopie qui ne verra jamais le jour, au moins telle qu'elle avait été dessinée vers la fin des années 1960. En revanche, de 1969 à 1977, ce sont une trentaine de hautes tours destinées aux cadres qui ont été érigées et qui ont été baptisées des noms de villes ayant accueilli les Jeux olympiques.

Longtemps de nombreux appartements et étages de ces cubes de béton resteront vides. Puis ils serviront à loger ceux que l'on appelait pas encore des migrants,

Observateur privilégié et passablement agacé de ce melting pot, Clément Pasquier occupe l'appartement 510. S’il n’apprécie pas ses voisins directs, les Truong, qui ont fui le Vietnam en 1975, il voue un culte à Michel Houellebecq qui a choisi de vivre dans «ces forteresses quadrangulaires construites dans le milieu des années 1970, en opposition absolue avec l'ensemble du paysage esthétique parisien», comme il définit le quartier dans La carte et le territoire. Il ira même jusqu’à se prendre pour le chien de l’écrivain. D’ailleurs il porte le même nom que le canidé désormais célèbre, Clément. Sauf que son obsession va le pousser jusqu’à l’agression et faire le bonheur des chaînes d’info.

Une publicité dont les Truong, Victor, Alice et leur fille Anne-Maï se seraient bien passés, eux qui préfèrent de loin rester transparents. Car ils ne vont pas tarder à devenir la cible d’attaques: «Les médias annonçaient une récession mondiale historique. Les températures atteignaient des records. Les incendies ravageaient la planète. Les virus allaient continuer à décimer la population. Le monde s'effondrait. Eux, les non-désirés, les immigrés, ils seraient les premiers à payer les pots cassés. Énième déchéance. Ça devait être dans leurs gènes. Ses parents étaient riches à Saigon puis, pouf, ils s'étaient retrouvés en France, tournant en cage dans leur F3 des Olympiades. Des nha que! (Ça se prononçait niakoué, insulte qui les désignait eux, les chinetoques.»

En racontant leurs vies qui se croisent, en revenant sur leurs origines respectives et leurs relations, Doan Bui nous livre un concentré des questions identitaires qui secouent la France. Et ce faisant, elle se rapproche davantage du Perec de La Vie mode d’emploi que de Houellebecq, de la comédie satirique que du pamphlet. On se régale des confrontations, du choc des cultures et des visions du monde des uns et des autres habilement mises en scène autour d’événements comme le coupe du monde football en 1998, le confinement lié à la pandémie ou le dérèglement climatique de 2045 ! Avec beaucoup d’humour et une touche d’autodérision – la journaliste Doan Bui qui apparaît dans le récit a bien de la peine à analyser la situation à laquelle elle est confrontée – ce roman pose avec finesse les questions auxquelles le pays va devoir répondre dans les prochaines années pour définir ce qu’est un vrai français.




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Fake news : L'info qui ne tourne pas rond

Cet album, je l'ai d'abord choisi pour son illustratrice, Leslie Plée, dont le graphisme rond & doux, intelligent et drôle, riche en symboles, m'enchante toujours, notamment dans les mini-séries en dessins animés sur Arte ('Mères Anonymes', 'Music Queens').

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Je pensais connaître le sujet des fake news : oui, les complotistes (climatosceptiques, platistes, les flippés de l'Illuminati...), oui les algorithmes, les trolls, les faux comptes, les faux clics, les bots - ok, c'est bon, je vois ce que c'est.

Et j'ai en fait beaucoup appris grâce aux enquêtes & interviews menées par la journaliste d'investigation Doan Bui : comment nous sommes happés sur la toile, "d'aventure en aventure", grâce aux algorithmes ; quelles failles humaines sont exploitées pour nous capter, nous faire douter (curiosité malsaine, goût pour les histoires effrayantes...).

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L'exemple concret du rôle d'une ville de Macédoine du Nord dans les élections US de 2016 est effrayant. Et ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Trump est sur la couverture de l'album - Trump, le prestidigitateur des fake news : il en sort de son chapeau, et utilise ce terme comme bouclier face à ses adversaires. On s'y perd.

Au-delà des enjeux politiques, il y a des intérêts financiers, évidemment :

"Je suis un businessman. Audience = pub = argent." (Tale Arsov).

Mais avec nos médias français majoritairement possédés par quelques milliardaires, on sait déjà à quel point le pouvoir, l'information et l'argent sont étroitement imbriqués, y compris dans les démocraties.

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"Et puis, est-ce que les médias traditionnels racontent la vérité, hein ?" rétorque Slavcho Chadiev, l'ancien maire de Vélès, site de "la fabrique du mensonge" .

Non, hélas, et c'est pour cela qu'il est tentant pour nous d'aller grappiller des infos ailleurs, de préférence dans un sens conforme à nos a priori.

Souvenons-nous par exemple du nuage radioactif de Tchernobyl d'avril 1986, miraculeusement arrêté à la frontière française. Les soi-disant "experts" et journalistes étaient formels, on ne devait pas s'inquiéter. Les complotistes d'alors étaient ceux qui osaient en douter...
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C'est quoi, un terroriste ?

AU DELÀ DES GENTILS ET DES MÉCHANTS ♦️



Mes enfants ont grandi avec le terrorisme. Ils m'ont vu sidérée apres le bataclan cette salle où j'étais allée écouter de la musique quand j'habitais à Paris. Ils m'ont raconté leur premier exercice de simulation d'attaque à l'école, chose que je n'ai jamais vécue. Comment en parler avec eux alors en dépassant les schémas les gentils et les méchants ?





Doan Búi répond à cette question dans C'est quoi un terroriste ? En tant que chroniqueuse judiciaire, elle a suivi le premier procès d'Abdelkader Merah (le frère du terroriste) et elle a alors été assaillie de nombreuses questions quant à son travail de journaliste. Cette bande dessinée est le moyen d y répondre tout en proposant un regard distancié sur un sujet lourd grâce aux dessins de Leslie Plée.







💪Les super pouvoirs de C'est quoi un terroriste? 💪





♦️ Nous montrer de l'intérieur un procès historique avec ses lieux et tous ses protagonistes

♦️ Dépasser l'effroi et tenter non pas de justifier mais de comprendre (si le sujet vous intéresse je vous conseille Les revenants de David Thomson qui existe en poche, et lundi dernier on a parlé du très beau film d'André Téchiné qui sort ce mercredi en salles )



♦️Suggérer l'horreur sans l'afficher (Leslie Plée utilise la couleur rouge pour traduire la tristesse et la colère de manière différente)





Et si vous ne connaissez pas l'illustratrice Leslie Plée, je vous conseille "Moi vivant vous n'aurez jamais de pause", où elle raconte son expérience de libraire en grande surface!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le silence de mon père

Doan Bui est grand reporter à l'Obs.

Ses parents sont vietnamiens mais elle et ses sœurs sont nées en France et ont vécu au Mans.un jour, son père victime d'un AVC, devient hémiplégique et perd l'usage de la parole.

Elle se rend alors compte qu'elle n'a jamais vraiment parlé avec lui, et ce nouveau silence imposé et irrémédiable devient insupportable pour elle .

Après de nombreuses recherches sur sa maladie, elle commence à fouiller dans sa vie et dans ses origines.

Elle fera le voyage au Vietnam pour retrouver la famille restante.

C'est un très beau récit, poignant.

Qu'il est dommage qu'elle n'ait jamais appris un mot de vietnamien, langue que son père aimait tant.

Quel dommage de passer à côté de la vie de ceux qui nous sont le plus cher.

On sent très bien les regrets qui l'habitent.

C'est écrit sans déballage, avec une grande sincérité.

J'ai beaucoup aimé ce témoignage sincère, sensible et émouvant sur la famille, sur l'exil
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La Tour

Dans les années 70, des tours ont été construites dans le XIIIème arrondissement .

Une majorité d'asiatiques s'y installe.

Mais aussi quelques roumains, polonais ou sénégalais .

Un livre qui commence d'une façon étrange.

N'en connaissant rien je ne savais à quoi m'attendre.

On dirait une étude journalistique, un article sur Les Olympiades, cette construction architecturale particulière.

Des notes très précises renseignent le lecteur.

J'ai peur de m'ennuyer un peu.

Et puis, voilà la rencontre avec certains habitants.

Et la lecture devient un régal.

La vie de ces migrants vietnamiens nous enchante.

Les raisons de leur exil, les difficultés de leur adaptation, le devenir de leurs enfants.....

C'est passionnant.

Et ça se termine par un récit visionnaire sur le devenir de ces tours en 2045.

L'écriture est juste parfaite.

Précise, intelligente, sensible.

On sent la journaliste derrière la romancière.

La construction originale permet de se repérer dans les personnages et les époques.

C'est un roman sociétal, historique où se mêlent humour, romance, humanité.........

les thèmes y sont nombreux, en particulier l'immigration et le racisme.

Les personnages très variés sont tous d'une grande crédibilité.

Des personnages qui se frôlent et ne se rencontrent parfois jamais.

Un premier roman riche et intense que je suis ravie d'avoir découvert.
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Fake news : L'info qui ne tourne pas rond

Voici la BD documentaire sur les fake news à avoir dans tous les CDI ... et chez soi !



Facile à aborder avec son graphisme BD, drôle, hyper intéressant, à la fois documenté, chiffré et anecdotique, cet ouvrage passe en revue le monde des fake news, de leur origine à leur présence omniprésente dans notre société actuelle.

Au fil de chapitres nous présentant à la fois le vocable, les thèses et les techniques des conspirationnistes, nous découvrons un monde de faux en tous genres assez hallucinants qui sont aujourd'hui devenus l'arme de certains dirigeants et de contestataires de tous horizons, religieux ou politiques ou tout simplement... de personnes angoissées et/ou en colère qui cherchent désespérément des responsables à ce monde fou, fou, fou.

Platistes, Donald Trump, climato-sceptiques, anti-vax, Illuminati... les fake news sont bien plus anciennes qu'on ne le croit et ont servi plusieurs desseins. Internet et les réseaux sociaux leur offrent aujourd'hui une visibilité phénoménale qui font resurgir de vieilles thèses, comme l'idée que la Terre est plate...

Un glossaire en fin d'ouvrage revient sur tous ces nouveaux termes dont on entend aujourd'hui beaucoup parler (QAnon, truther, mainstream média...).

Un ouvrage essentiel, pour tout public, qui permet au lecteur de rester "éveillé".

Bravo à la journaliste Doan Bui pour cet album abouti
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La Tour



Doan Bui nous embarque dans une tour fictive dans un quartier bien réel celui des Olympiades, avec des protagonistes attachants aux faiblesses tellement humaines. La multiplicité des nationalités lui donne des airs de tour de Babel avec en filigrane une critique de la France "accueillante" qui parque les émigrés entre eux. On y redécouvre un racisme ordinaire et permanent. L'histoire s'étend de façon chorale de 1989 à 2020 avec un dernier chapitre utopiste en 2045 assez savoureux.

Les notes de bas de page, très très nombreuses m'ont agacée au départ et j'ai d'ailleurs failli abandonner cette lecture jusqu'à ce que je comprenne qu'elles sont un jeu entre la romancière et ses lecteurs. Je remercie d'ailleurs @kristobalone car sans sa critique je serais passée à côté d'un roman coup de coeur! Merci à toi!
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La Tour

Dans la Tour fictive Melbourne, sur la dalle réelle des Olympiades, dans le 13e arrondissement de Paris, les habitants se croisent au niveau des ascenseurs.



C'est un immeuble au visage de la France oubliée, issue de l'immigration politique, économique, étudiante, et qui subit le racisme du quotidien.



La Tour nous emmène dans l'Histoire du Vietnam, de la Roumanie, du Sénégal, mais également dans les beaux quartiers de Paris et dans des banlieues plus populaires, dans les affres des classes préparatoires et dans les arènes du monde du travail.



Doan Bui nous fait des confidences grâce à ses notes de bas de pages. L'écriture est fluide, l'humour grinçant, les tranches de vie documentées, les personnages nombreux et tous émouvants.



La Tour s'attache aux Boat people, à l'amour de la littérature de Victor Hugo à Marcel Proust, aux questionnements identitaires en passant par l'extrémisme religieux et le bouddhisme, à la recherche de nouvelles formes d'humanité allant jusqu'au développement de l'animalité, à la rentabilité économique avec la « libération des salariés » et l'exploitation de l'image des plus défavorisés.



Une fresque passionnante avec une multitude de thématiques : un roman qui se démarque en proposant une version actualisée de la Vie mode d'emploi de Georges Perec.



Pour son premier roman, Doan Bui propose un puzzle d'une grande richesse sur nos valeurs et notre avenir, avec une projection finale en 2045. Un véritable coup de coeur !



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Le silence de mon père

J'ai été émue par ce livre autobiographique dans lequel une jeune journaliste d'origine vietnamienne recherche les traces de son père devenu silencieux suite à un AVC.

J'ai découvert une famille où les non-dits prennent une place primordiale et où les secrets de famille, jusqu'alors cachés, se dévoilent peu à peu, comme l'autrice apprend progressivement à comprendre ses racines étrangères et à connaître d'où elle vient.

Ce livre est très bien écrit, avec un vrai talent et j'ai respiré les multiples parfums et surtout les saveurs de ce petit pays colonisé, maltraité et source de mes révoltes d'autrefois.
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La Tour

Je le confesse, j'ai eu du mal à rentrer dans ce roman.

Des propos cyniques, parfois même acerbes qui me déplaisaient.

Puis on est passé à un autre personnage et j'ai commencé à comprendre que je ne comprenais pas.

Puis le ton a changé, s'est adouci, j'ai commencé à comprendre et j'ai commencé à aimer.

Mais il y avait encore ces trop nombreuses notes qui me dérangeaient, venaient hacher ma lecture. Surtout qu'avec mes gros doigts, sur la liseuse, toutes ces notes, ça tient du calvaire !

Mais à cela aussi je me suis habitué. Et bientôt je me suis réjoui à l'avance dès que j'en voyais une pointer le bout de son nez. Finalement j'en vins à les guetter.

C'est dans une de ces notes que j'appris que l'auteur était une autrice.

Au bout du compte, ce bouquin m'a été encore plus difficile à refermer qu'à ouvrir. Parce que je me suis attaché à tous ces protagonistes qui en illuminent les pages, qui les animent, qui leur donnent vraiment vie.

Ils vont me manquer.

Mais les meilleurs livres ont une fin.
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Fake news : L'info qui ne tourne pas rond

J'ai beaucoup aimé cette BD qui nous décortique les informations truquées que l'on peut avoir depuis toutes ces dernières années. On se souvient que Donald Trump a été élu président des USA grâce à cette puissance néfaste informatique d'origine russe qui s'est répandu dans le monde pour défendre les personnalités d'extrêmes droites nationalistes.



Les conseillers du président Trump ont eux-même parlé de « vérités alternatives ». On peut dire que Trump est réellement le roi de la fake news en plus d'avoir provoqué la mort de 5 personnes devant le Capitole le 6 janvier 2021. Il n'accepte pas la contradiction et la presse doit être aux ordres.



Actuellement, les infox sont de partout surtout sur la toile. Il faut se méfier des articles qui nous indiquent que tel aliment provoque le cancer ou qu'un vaccin peut nous tuer. Il faut savoir garder l'esprit critique. L'auteure la journaliste Doan Bui nous donnera quelques pistes pour nous y retrouver dans cette jungle.



Je suis sidéré par exemple d'apprendre qu'il y a une frange très importante de la population américaine qui croît non sans rire que la terre est plate (16% de la population), que l'homme n'est jamais allé sur la Lune, que Thomas Pesquet est un imposteur, ou que les attentats du World Trader Center n'ont jamais existé.



L’œuvre commence d'ailleurs par une tragédie américaine survenu en 2012 suite à la réélection d'Obama dans une école élémentaire américaine de la ville de Sandy Hook où un tueur fou avait massacré 20 gamins de CP, 3 institutrices ainsi que la principale. Beaucoup de gens sur internet avaient alors qualifié les parents victimes de cette tragédie épouvantable d'acteurs de cinéma à la solde du gouvernement qui voulait faire interdire les armes. C'est allé très loin car certains de ces pauvres parents meurtris ont reçu des menaces de mort et ont dû déménager. Je suis réellement abasourdi par tant de bêtises ainsi que par le niveau intellectuel de ces pauvres gens sans vouloir être méprisant. C'est sans doute un problème d'éducation.



C'est comme ceux qui mettent à égalité le régime de Corée du Nord d'un côté et la démocratie américaine de l'autre. Comment croire que c'est à peu près du même niveau ?! Je les invite respectueusement alors à vivre dans l'une des pires dictatures de la planète afin de se faire eux-même une idée à titre d'expérience. Certes, tout n'est pas rose dans une démocratie mais c'est bien pire dans un régime totalitaire.



L'auteur a réussi à démontrer et à démonter ce mécanisme des conspirationnistes qui mettent tout en doute. J'ai appris ce qu'était par exemple un truther c'est à dire des gens qui veulent absolument coller leur vérité sur les faits qui les dérangent en faisant alors un déni de réalité (exemple récent: le COVID, c'est une petite grippette de rien du tout). C'est effectivement le symptôme d'une époque qui doutent de tout et qui n'a plus confiance en rien à commencer par les institutions (le gouvernement, les scientifiques, les médias traditionnels). Oui, tous les autres sont des pourris pour les truthers. On les retrouve par exemple parmi les supporters de Trump ou d'autres personnalités dans le monde peu recommandables, parmi les pro-Brexit ou les anti-vax ou encore les climato-sceptiques. Inutile de vous préciser que ce n'est pas vraiment ma tasse de thé.



On apprendra qu'un ingénieur chez Google qui a été viré depuis nous indique que des algorithmes boostent les contenus conspirationnistes et complotistes à travers le monde ce qui peut avoir des conséquences plutôt perverses. On apprendra également que la Macédoine du Nord avec ses deux millions d’habitants est devenu une plaque tournante en Europe de ces fakes news pour obtenir le plus de clics possibles sur leurs articles et se faire de l'argent facile via Facebook ou Google.



Cette lecture a été assez salutaire pour moi. Je pense qu'elle peut être d'utilité voir de salubrité publique surtout à une époque où l'épidémie de COVID19 a été un terreau idéal pour les fake news.
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Fake news : L'info qui ne tourne pas rond

Parmi les 6 informations suivantes, trouvez ce qui est vrai, ce qui est faux :

- la Terre est plate

- Manu en consomme trop ...

- il n'y a pas de réchauffement du climat sur Terre du fait des activités humaines ; et la thèse du réchauffement a été inventée par les Verts pour abattre nos modèles de société

- les scientifiques ont réussi à implanter sur des chiens un gène qui rend fluorescentes leurs déjections, et le gouvernement envisage de rendre obligatoire son implantation sur tous les chiens qui seront commercialisés en France après le 1er janvier 2025, soi-disant pour limiter le risque que des piétons ne posent le pied au mauvais endroit ; le coloris choisi est le VERT fluo, preuve que des écoterroristes sont encore à la manoeuvre

- un/des dieu(x) existe(nt)

- le Père Noël distribue des cadeaux partout, la nuit du 24 au 25/12.

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Cette bande dessinée montre que pour certains (y compris dans des pays où une grande partie de la population est scolarisée) la plupart de ces infox sont exactes.

La journaliste Doan Bui a rencontré des personnes partageant ces idées, mais également ceux qui les propagent, et ceux qui sont victimes de l'acharnement de complotistes.

Elle ne traite ni des croyances religieuses ni des crottes de chien (sujets glissants), mais montre que les milieux intégristes s'emparent souvent d'autres thèses aussi absurdes. Ses constats sont effrayants : à nos biais cognitifs (partagés par tous mais plus ou moins prégnants) s'ajoutent les effets d'algorithmes ciblant nos centres d'intérêt, renforçant ainsi nos erreurs.

Les fake news sont dangereuses pour la pensée, pour les démocraties, et pour nos libertés.

Internet n'a pas inventé ce phénomène, mais les réseaux ont fortement accru la diffusion des fake (il y a beaucoup d'argent à gagner, et des électeurs à conquérir, aussi).

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Je conseille vivement cette lecture, pour comprendre le phénomène et mieux éviter de tomber dans les pièges tendus par ceux qui véhiculent des contre-vérités.
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La Tour

Le sujet m'avait intriguée et cette lecture s'est avérée une bonne pioche, notamment grâce à la tonalité impulsée par l'auteure, à la fois piquante, mordante, lucide et teintée d'humour (à ce propos, ne surtout pas sauter les savoureuses notes de bas de pages qui font partie intégrante de ce roman).

J'ai découvert pas mal de choses que j'ignorais totalement sur ce quartier des Olympiades - en tant que parisienne de longue date je crois que le 13ème arrondissement est celui que j'ai le moins fréquenté - et j'ai beaucoup aimé la visite guidée, depuis les étages élevés des tours (y compris la fictive Tour Melbourne où se concentre l'intrigue) jusqu'au millefeuille des sous-sols devenus refuges de sans abris, en passant par la dalle, théâtre de vie et de passage. Une unité de lieu singulière qui donne lieu à l'exploration d'une certaine France, depuis les années 70 jusqu'à quelques dizaines d'années après nous par un dernier chapitre d'anticipation. Cette certaine France c'est celle des exilés, réfugiés, migrants mais également de ceux qui les accueillent. Ce quartier a vu affluer les réfugiés vietnamiens et cambodgiens, ceux que l'on a surnommés les "boat people" et l'on suit dans le roman plusieurs de ces familles lestées de difficultés d'intégration et entourées de crispations identitaires. Sur la dalle et dans la tour se croisent parfois sans se connaître la famille Truong et leurs amis qui ont fui le Vietnam et abandonné leurs terres et leur train de vie, Ileana Antonescu partie chercher de quoi vivre hors de sa Roumanie natale, Virgile le sénégalais amoureux de la langue française et passé maître dans l'art de raconter des histoires ou encore Clément Pasquier qui se prend pour le chien de Michel Houellebecq qu'il vénère... D'ailleurs, l'ombre de Houellebecq plane sur ce livre qu'il ne se contente pas de traverser, la France de La Tour ressemble à celle que l'écrivain ausculte depuis longtemps. Les conséquences de l'histoire coloniale de la France sont presque entièrement concentrées dans la petite comédie qui se joue dans et autour de la Tour Melbourne. Destins tragiques, mais malgré tout traversés de quelques fulgurances affectives. Tout ceci donne un roman choral grinçant, vivant, drôle et très instructif. J'ai passé un très bon moment.
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