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Citations de Dolores Redondo (270)


[...] ... Amaia recula d'un coup et la cordelette qu'elle portait autour du cou et d'où pendait la clef se prit entre les doigts de sa mère qui, tels des griffes, se refermèrent sur elle. La fillette tira la tête en arrière, affolée, la cordelette brûlant sa peau à force de frotter. Sa mère la secoua brutalement à deux reprises et Amaia fut sûre que le cordon allait lâcher, mais le noeud cautérisé résista, la faisant chanceler comme une marionnette dont on aurait lâché les fils. Elle heurta la poitrine de sa mère qui la gifla avec une telle violence que, sans la résistance de la cordelette qui s'enfonça davantage dans sa chair, Amaïa serait tombée.

La petite leva la tête, planta le regard dans celui de sa mère et, voyant son courage renforcé par l'adrénaline qui coulait à flots dans ses veines, lui lança :

- "Non, tu ne m'aimes pas, tu ne m'as jamais aimée."

Dans un ultime effort, elle parvint à se libérer des mains de Rosario. Les yeux de sa mère, la stupéfaction passée, balayèrent frénétiquement l'espace, tandis qu'elle allait et venait dans la fabrique, semblant chercher quelque chose.

Amaïa sentit monter en elle une panique qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant, et, de façon instinctive, sut qu'elle devait fuir. Elle tourna le dos à sa mère et courut vers la porte avec une telle précipitation qu'elle trébucha et tomba à terre. Alors elle sentit des changements dans sa perception. La fabrique tout entière semblait être devenue un tunnel ; les recoins s'obscurcirent et les arêtes s'arrondirent, ployant la réalité jusqu'à transformer la pièce en un trou de ver de terre froid et brumeux. Au bout du tunnel, la porte apparaissait lointaine et auréolée, on aurait dit qu'une lumière puissant brillait de l'autre côté et que des rayons avaient filtré entre le chambranle et le battant. Et pendant ce temps, tout s'obscurcissait autour d'elle, les couleurs s'évanouissaient comme si la rétine de ses yeux avait soudain été privée de ses cellules réceptrices.

Ivre de peur, elle tourna la tête vers sa mère, le temps de voir s'abattre sur elle le rouleau en acier avec lequel son père travaillait la pâte feuilletée. Elle leva en vain une main afin de se protéger et sentit ses doigts se fracturer avant que le cylindre n'atteigne sa tête. Après tout devint noir. ... [...]
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[...] ... - "Ca s'annonce mal, chef, on a une gamine," fit Jonan en consultant ses notes. "Douze ou treize ans. Les parents ont déclaré que leur fille n'était pas rentrée à la maison à vingt-trois heures.

- Un peu tôt pour signaler une disparition," fit Amaia.

- Oui. Apparemment elle a téléphoné à son frère aîné à vingt heures dix pour lui dire qu'elle avait raté le bus d'Arizkun.

- Et il ne s'est pas bougé avant vingt-trois heures ?

- Vous savez : "Les aitas [= parents] vont hurler. S'il te plaît, ne leur dis rien. Je vais demander au père d'une copine de me ramener." Résultat, il a fermé son bec et s'est mis à jouer à la PlayStation. A vingt-trois heures, voyant que sa soeur n'arrivait toujours pas et que sa mère devenait hystérique, il les a mis au courant. Les parents se sont présentés au commissariat d'Elizondo pour déclarer qu'il était arrivé quelque chose à leur fille. Elle ne répondait pas sur son portable et ils avaient déjà appelé toutes ses copines. C'est une patrouille qui l'a découverte. En abordant le virage, les agents ont vu ses chaussures sur l'accotement," précisa Jonan en désignant de sa lampe l'endroit où brillaient des souliers vernis noirs à petits talons, parfaitement alignés.

Amaia se pencha pour les observer.

- "On dirait qu'on les a placés comme ça exprès. Quelqu'un les a touchés ?" demanda-t-elle.

Jonan consulta à nouveau ses notes. Amaia pensa que l'efficacité du jeune sous-inspecteur, anthropologue et archéologue de surcroît, était un cadeau du ciel dans une affaire qui s'annonçait complexe.

- "Non. Ils étaient comme ça, alignés et bouts pointant la route.

- Dis aux techniciens chargés des relevés d'empreintes de passer quand ils auront fini et de regarder à l'intérieur des chaussures. Pour les placer dans cette position, il faut introduire les doigts dedans." ... [...]
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- Un basajaun... Qu'est-ce que c'est, une sorte de génie de la forêt ? s'enquit James.
- Non, non, un basajaun est une créature réelle, un hominidé d'environ deux mètres cinquante, large d'épaules, les cheveux longs et bien sûr couvert de poils. il habite dans les bois, auxquels il appartient et où il agit comme une entité protectrice. D'après la légende, il veille à maintenir intact l'équilibre de la forêt.
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El bosque del Baztán es hechizante, con una belleza serena y ancestral que evoca sin buscarlo su parte más humana, la parte más etérea e infantil, esa que cree en las maravillosas hadas...

Hace cien años, ciento cincuenta a lo sumo, era raro encontrar a alguien que declarase no creer en brujas, sorgiñas, belagiles, basajaun, tartalo y, sobre todo, en Mari, la diosa, genio, madre, la protectora de las cosechas y los ganados que a capricho hacía tronar el cielo y caer granizos, que sumían al pueblo en la más terrible de las hambrunas.
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Le climat humide prolongeait les automnes, à tel point qu'en plein mois de février, et malgré la neige, les prés devenaient verts. Seule la rumeur de la Baztan brisait le silence du paysage. C'était la forêt la plus mystérieuse et magique qui existe.
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Dans le Batsan, la nuit était obscure et sinistre. Les murs du foyer délimitaient depuis toujours le périmètre de sécurité, et, en dehors, tout était incertain. Il n’était pas étonnant que cent ans au plus tôt à peine, neuf habitants sur dix au Baztan aient cru à l’existence des sorcières, à la présence du mal se tenant aux aguets dans la nuit et aux incantations magiques pour tenir les uns et les autres au respect.
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Le mal m’a obligée à revenir, les fantômes sont sortis de leurs tombes, encouragés par ma présence, et ils m’ont retrouvée.
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La vallée vit des temps d’incertitude, et quand les nouvelles formules échouent, on a recours aux anciennes.
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La forêt lui inspirait toujours un sentiment secret et orgueilleux d’appartenance, même si sa magnificence provoquait aussi en elle crainte et vertige. Elle savait qu’elle l’aimait, mais il s’agissait d’un amour révérencieux et chaste qu’elle nourrissait en silence et à distance.
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L’architecture d’un village ou d’une ville témoigne des existences et préférences de ses habitants autant que les habitudes d’un homme révèlent sa personnalité. Les lieux reflètent un aspect du caractère, et ce lieu parlait d’orgueil, de courage et de lutte, d’honneur et de gloire. Il avait été conquit certes par la force, mais aussi grâce à l’intelligence représentés à juste titre par un échiquier, que les habitants d’Elizondo exhibaient avec la dignité de qui doit sa maison à l’honnêteté et à la loyauté dont il a fait preuve.
Et au milieu de cette place d’honneur, et d’orgueil, un assassin osait représenter son œuvre macabre, comme un roi noir impitoyable avançant implacablement sur l’échiquier et dévorant les pions blancs. Avec la même superbe, la même ostentation et la même arrogance que tous les tueurs en série qui l’avaient précédé.
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