Citations de Dolores Redondo (270)
En dépit de ce que peut bien en dire toute cette littérature vulgaire, la vérité est que dans la plupart des cas, les enfants sont une déception; naturellement, la majorité des parents ne l'admettront jamais, sans doute parce que reconnaître l'échec de leurs enfants reviendrait à reconnaître leur propre échec.
La douleur de l'incertitude est corrosive.
les enfants croient souvent que leurs parents seront toujours là et la colère est une réponse classique à leur disparition.
Cesser de souffrir est une décision.
En tant que romancier, Manuel pouvait anticiper la scène sans trop d'efforts : deux gardes civils en uniforme lui demandant d'entrer pour lui parler ne pouvaient être porteurs de bonnes nouvelles.
La douleur est parfois si profonde et enkystée qu'on souhaite et qu'on croit qu'elle va rester là, cachée et muette, qu'on refuse d'admettre que celles que l'on n'a pas pleurées et expiées en leur temps puissent revenir régulièrement dans notre vie tels les vestiges d'un naufrage. Elles échouent sur la plage de notre réalité pour nous rappeler qu'il existe une flotte fantôme immergée, qui ne nous oublie jamais et qui reparait progressivement pour nous réduire en esclavage à vie.
Il n’est pas nécessaire d’avoir déjà vécu cela pour savoir de quoi il retourne. Il suffit parfois d’un instant, d’un fait, d’un geste, d’un coup de fil, d’un mot pour que tout soit bouleversé. Et lorsque cet instant arrive, que ce mot est prononcé, le gouvernail qui nous servait, pensait-on, à diriger nos vies, vole en éclats, et nos illusoires projets pour le lendemain s’effondrent devant la réalité, devant la fragilité de ce qu’on croyait solide et l’absurdité de nos préoccupations. Parce que la seule chose totale et absolue, c’est le chaos qui nous force à nous incliner, humbles et soumis, devant le pouvoir de la mort.
Et écoutez votre cœur. Vous arriverez à être une des meilleures enquêtrice que j’aurai eu la chance de connaître. Ecoutez votre cœur, car c’est ce que nous avons en commun, Scott Sherrington, vous et moi. Notre cœur à nous trois, s’st arrêté, mais nous ne sommes pas morts, pour différentes raisons. Tous trois nous avons dû mourir pour apprendre à revenir de l’enfer. L’avantage, c’est que maintenant, non seulement nous connaissons le chemin et la sortie, mais qu’en plus nous distinguons ceux qui l’empruntent.
_Il y a peu de types bien et vous en aviez un, vous méritez de le savoir.
_Quand on a parlé, je me suis sentie très mal, j'ai voulu te rappeler pour te raconter tout ça mais j'ai su que je devais venir te le dire en face, parce que j'appréciais Alvaro et que je t'apprécie toi, Manuel, et je ne supporte pas l'idée que tu penses que je t'ai trahi.
Lire était une défense, un bouclier pour pallier ses difficultés à communiquer. Mais écrire était infiniment plus que cela. L'écriture était un palais, un gigantesque labyrinthe dont il arpentait, pieds nus et le sourire aux lèvres, les pièces secrètes où il s'arrêtait pour caresser des trésors.
Je crois qu'aucune femme en âge d'avoir des enfants ne peut
se sentir complète si elle n'en a pas, et ça, je t'assure que ça peut être un poids énorme, secret et un manque insupportable.
"Il peut être dans un recoin, à l'intérieur d'une armoire ou dans une malle. Il peut occuper une pièce entière ou un tiroir, peu importe. Quand tu en trouveras un, tu ne l'oubliera jamais plus, car ce musée des horreurs personnel où l'assassin accroche ses trophées est le pire témoignage de sordidité, de perversion et de dépravation humaine que tu puisses affronter. Tu auras beau avoir étudié, tracé des profils et fait des analyses de comportement, tu ne sauras pas ce que c'est que de regarder à l'intérieur de la tête d'un démon avant d'en avoir vu un."
Le père, lui, était en pleurs. Placé quelques mètres devant, il se pencha en avant sans cesser de caresser le cercueil, redoutant le moment où le seul lien qui l'unissait encore à sa fille allait se rompre, repoussant avec brusquerie les mains qui se tendaient vers lui pour lui venir en aide et les parapluies qui tentaient en vain de le protéger de la pluie qui se mêlait à ses larmes. Quand on commença à descendre le cercueil dans la fosse et qu'il perdit le contact avec le bois mouillé, il s'écroula tel un arbre qu'on aurait scié à la base, et tomba évanoui dans les flaques.
On trouve facilement des théories et des preuves qui confirment ce que nous croyons , en évitant celles qui les contredisent. C'est pareil avec le consensus et la tendance à penser que la théorie que nous défendons a plus de valeur parce qu'elle est plus répandue, ou plus commune parmi ceux qui nous entourent... C'est une erreur que nous incite à commettre le cerveau quand nous ne prenons pas la peine de raisonner davantage. Souvent, quand beaucoup de gens pensent la même chose, cela signifie simplement que beaucoup de gens se trompent. ( p 65 )
Dans le Baztán, la foret est fascinante, d'une beauté sereine et ancestrale qui symbolise malgré elle son visage le plus humain, le plus éthéré et enfantin, celui qui croit aux fées merveilleuses qui vivaient dans la forêt, et qui dormaient toute la journée pour sortir à la tombée de la nui afin de coiffer leurs longs cheveux dorés avec un peigne d'or qui conférait à son possesseur le don de voir ses réaliser n'importe quelle faveur. Faveur qu'elles accordaient aux hommes qui, séduits par leur beauté, leur tenaient compagnie, sans être épouvantés par leurs extrémités palmées. Amaia sentait dans cette forêt des présences si tangibles qu'il était facile d'y accepter l’existence d'un monde merveilleux, un pouvoir de l'arbre supérieur à l'homme, et d’évoquer le temps ou, en ces lieux et dans toute la vallée, êtres magiques et humains vivaient en harmonie.
Prendre un café au lit était une habitude qui remontait à l’époque où elle était étudiante, quand elle vivait a Pampelune dans un vieil appartement
sans chauffage. Elle se levait pour préparer le café et puis retournait le déguster sous les couvertures, et ce n’était qu’une fois qu’elle se sentait réchauffée et suffisamment réveillée qu’elle sortait de sous les
draps pour s’habiller dans l’urgence.
Une lumière déchira le ciel, qui s'était assombri jusqu'à prendre un ton de vieil étain. Un coup de tonnerre résonna, tout proche, et il se mit à pleuvoir.
Elle étreignit un arbre à la manière d’un druide fou, comme le faisaient peut-être ses ancêtres, s’appuya contre l’écorce. Vaincue, elle se laissa glisser jusqu’à se retrouver assise par terre, sans desserrer son étreinte. Ses pleurs cessèrent et elle resta ainsi, désolée, son âme lui faisant l’effet d’une maison sur la falaise dont les propriétaires inconséquents auraient laissé portes et fenêtres ouvertes à la tempête.
Le stress post-traumatique est un assassin endormi. Il reste parfois latent des mois, voire des années après l’événement qui l’a provoqué. Une situation réelle où l’individu a couru un danger réel. Le stress agit comme un système de défense qui identifie des signes de danger donnant l’alerte dans le but de protéger l’individu et d’éviter qu’il ne soit de nouveau confronté au même péril.