AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Dominique Barbéris (164)


L’original est une photographie carrée à bord dentelé qui tient dans le creux de la main ; une photo prise avec un appareil kodak. Les photos de l’époque m’ont toujours fait penser aux petits beurres Lefèvre- Utile. Est-ce à cause de leur format, ou de nos origines nantissement ? Les deux sans doute. Ou parce que grand-mère avait l’habitude de ranger les photos de famille dans une vieille boîte de biscuits LU, une ancienne boîte d’assortiment dont le couvercle représentait un genre de sirène Art-déco à cheveux roux entourée de guirlandes de fleurs.
Commenter  J’apprécie          00
En faisant la vaisselle, ma mère chantait souvent « la vie conjugale « :
Les histoires sages
finissent souvent
par un beau mariage
et beaucoup d’enfants.
Guy Béart. On avait le disque à la maison, un 45 tours.
Commenter  J’apprécie          00
Prigent n’était pas pressé. Il avait des informations à glaner. Il écoutait ce qui se disait. Et ce soir-là, il resta tard. Il bavarda longtemps, paraît-il avec Elizabeth Shermann. Elle était en blanc, elle s’habillait toujours en blanc. Elle n’était plus si jeune, les hommes le voyaient bien, mais la nuit, elle faisait penser à une fleur de frangipanier dans l’ombre. Quand ils se souviendraient d’elle, ils se rappelleraient une fleur de frangipanier dans l’ombre. Prigent, coudes sur les genoux, le menton dans une main, la faisait rire. On entendait ce rire aigu depuis le coin où ils était assis. La tension baissait par degrés. L’orchestre était parti, mais de temps en temps, dans un coin du jardin, une voix d’homme recommençait à chanter :

Je sais bien tu l’adores
Bambino, Bambino

Il y avait des applaudissements et des rires.
Commenter  J’apprécie          230
Les enfants sentent la solitude des adultes. Elle les touchée parce qu'elle les rend plus proches.
Commenter  J’apprécie          30
Les bruits de la nature, je les ai entendus toute ma vie; je les écoute et je crois que c'est devenu ma manière de prier. On peut prier de toutes sortes de manières : en lisant, en écoutant de la musique. Nous avons des disques ici, le père aumônier m'en apporte.
Commenter  J’apprécie          10
D'après Sophie, elles marchaient ainsi à Saint-Nazaire, en fin d'après-midi; elles longeaient le front de mer, prenaient le boulevard de Verdun, puis celui « du président Wilson».
- On marchait en silence, m'a dit Sophie. Maman n'a jamais parlé beaucoup. Ces promenades en silence le long de la mer, c'est un de mes souvenirs. Peut-être que le silence est une façon d'aimer - c'est une phrase que j'ai lue, ou que j'ai entendue. Je ne sais plus.
Commenter  J’apprécie          00
Tout ce qui va mourir nous fait peur.
Commenter  J’apprécie          00
Il s'était levé, il avait fait le tour de la table:
- Ils ont une théorie selon laquelle on resterait toujours influencé par la première image qu'on a du monde. Votre petite fille est née à la tombée de la nuit, n'est-ce-pas? Je me rappelle très bien. En tout cas, c'est une hypothèse: le soir serait pour cette jeune demoiselle en quelque sorte son pays natal, vous croyez au pays natal? (Il tapota la joue de Sophie.) En tout cas, elle n'a pas besoin de médicaments.
Il pensait certainement : C'est vous, chère madame, qui avez besoin de médicaments. Mais il n'y en a pas pour votre maladie.
«Il s'est moqué de moi, écrit Madeleine. Tout le monde, ici, le prend pour un excellent médecin, mais c'est un charlatan.»
Commenter  J’apprécie          10
Si c'est à cause des événements, vous avez tort, vous savez, tout sera - comment dire? - absorbé. Il y aura certainement des secousses après l'indépendance, mais la vie reprendra son cours. Ici, on apprend la patience et le fatalisme. J'ai beaucoup travaillé en brousse et j'ai beau être un scientifique, j'ai fini par relativiser une partie de ce que j'ai appris. Il y a des guérisseurs dans les villages. J'en connais quelques-uns. Ils ne soignent pas le corps aussi bien que nous, mais ils ont certains résultats dans des domaines bizarres, dans ceux qui ne sont pas de notre compétence, justement. Je l'ai vu. Je ne sais pas sur quoi ils se fondent, la nature, les étoiles, toutes ces influences si complexes qui s'exercent sur un corps humain, qui orientent notre chance ou notre malchance car c'est ainsi, dans le fond, la vie. Nous avons de la chance ou de la malchance. Leur médecine est une forme, non pas de résistance à ce qui arrive, mais d'accompagnement et d'acceptation. Je ne dis pas qu'ils ont tison. Quelquefois, je pense que je ne sais pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          10
Quelquefois, dans la vie, à un certain moment de la vie, on a envie de recommencer, qu'en pensez-vous? Ça arrive. De tout laisser tomber et de recommencer à zéro.
Commenter  J’apprécie          10
Nantaise. Il s est dit: C'est curieux, elle transporte ça jusqu'ici. L'atmosphère de province.
Commenter  J’apprécie          20
Elle venait du Midi, quelque part dans la région de Nimes, ou de Nice. Elle disait que les nuits à Douala lui rappelaient le bruit des cigales.
Commenter  J’apprécie          10
..,Meme position que la veille, il fixait le point qui correspondait A l'endroit où Madeleine était restée assise, à proximité de la grille d'entrée. C'était une partie du jardin où des lianes et des végétaux résistaient à tous les effor
Commenter  J’apprécie          30
J'ai oublié les trois quarts de l'intrigue, mais pas la scène où Fortunati examine sœur Luc atteinte de tuberculose, et ils sont tous deux - elle, de dos, penchée, dégageant à peine son épaule, lui, l'auscultant - terriblement concentrés, silencieux, attentifs, aux aguets, à l'écoute des manifestations invisibles d'un sentiment auquel ils renonceront, qui ne sera jamais dit. Partisans du silence.
Je n'ai pas oublié non plus les mises en garde de la mère supérieure : « Méfiez-vous, seur Luc, c'est un génie, c'est le diable; c'est un homme, c'est un célibataire. »
Commenter  J’apprécie          10
Les enfants sentent la solitude des adultes. Elle les touche parce qu'elle les rend plus proches. J'étais venue près de mon oncle; il avait posé sa main sur ma tête: "C'est toi, ma grande ? Regarde les nuages; il va faire beau demain." Après, je n'avais plus osé bouger; nous étions restés un moment, moi, avec sa main sur ma tête, fière et émue (j'avais six ou sept ans), et lui fumant sa cigarette; il ne fumait que quand il était énervé, des Craven A, je revois encore le paquet rouge, avec une tête de chat noir. Leur odeur âcre est restée pour moi celle de l'Afrique.
Commenter  J’apprécie          80
Les boys en blanc, sous la surveillance de Bogart qui affichait toujours la même lassitude, le même léger mépris, circulaient entre les convives avec des plateaux et des verres. On buvait sec aux frais de la République, les plats se dégarnissaient comme si les gens n’avaient pas mangé depuis quinze jours. Des types groupés parlaient entre eux de leur carrière, des planteurs de passage donnaient la « température du pays » ; on disait en hochant la tête : C’est inquiétant, très inquiétant ; on déplorait les progrès des « upécistes », on critiquait l’armée, le gouvernement, les décisions de la métropole (Ils ne comprennent rien à Paris), on disait du mal du haut-commissaire. Des Pères blancs incongrus et buveurs de whisky parlaient de la vie de leur mission, du catéchisme, des cérémonies de baptême. Et finalement, à ces détails près, quand les couples tournaient sur « La java bleue » ou improvisaient à petits pas pressés, à petits déplacements d’avant en arrière, à gauche et à droite, les évolutions syncopées d’une rumba ou d’un tango très décent et très ralenti, je crois qu’à la délégation de Douala, on aurait pu se croire en France par un été chaud, à n’importe quel bal de village. On y jouait les succès qui passaient à la radio :

« Bambino » de Dalida,

Mouloudji : « Un jour tu verras / On se rencontrera »,

Guy Béart : « Si tu reviens jamais danser chez Temporel / Un jour ou l’autre… »
Commenter  J’apprécie          30
(Mais je me le demande, mois, ce soir, en écrivant, qu’est-ce que c’est : sacrifier sa vie ?
Sauver sa vie ?)
Commenter  J’apprécie          00
Ces promenades en silence le long de la mer, c’est un de mes souvenirs. Peut-être que le silence est une façon d’aimer – c’est une phrase que j’ai lue, ou que j’ai entendue. Je ne sais plus.
Commenter  J’apprécie          10
Sophie a bu une gorgée de tisane. Elle a dit : D’une certaine manière, ma mère est l’héroïne d’un roman que personne n’écrira.
Commenter  J’apprécie          00
Peut-être qu’elle se disait que le silence efface les choses, qu’il les annule. Vois-tu, c’est une question que je me pose aujourd’hui : si on ne parle pas, s’il ne reste aucune trace, est-ce qu’on ne peut pas douter de ce qu’on a vécu ?
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Dominique Barbéris (957)Voir plus

Quiz Voir plus

- Bleach -

Quel est le nom de l'auteur de ce manga ?

Shinya Murata
Tite Kubo
Atsushi Okubo
Takeshi Obata

12 questions
112 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}