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Citations de Dominique Barbéris (164)


A l'époque, près de cinq mille Européens vivaient à Douala. Sans compter les fonctionnaires répartis sur le territoire, les militaires, les planteurs de bananes, de cacaoyers, d'hévéas, les Pères blancs des missions.
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Sur le bateau, ils croisaient d'autres couples comme eux. Certains retournaient en Afrique, certains s'y rendaient pour la première fois : ils allaient travailler comme médecins, ou dans l'administration coloniale mise en place par la métropole, ou dans des plantations où ils seraient "conducteurs des travaux agricoles". Ils tentaient leur chance. Il y avait de tout à bord, pour la plupart des gens de condition plutôt modeste, des "petits Blancs", qui partaient parce qu'ils cherchaient du travail. Les colonies, pour eux, c'étaient des listes apprises à l'école : l'Algérie, le Maroc, le Tonkin et la Cochinchine.
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Je me sentais mélancolique, à cause du "temps de Toussaint", à cause de phrases comme : quand on est partis en 55 sur le Mangin. Je pensais à ces grands bateaux qui descendaient le long des côtes de l'Afrique, sur lesquels ils étaient partis tous les deux "aux colonies"; beaucoup de gens s'embarquaient comme eux, des colons, des fonctionnaires de l'administration, des médecins; ç'avait été leur aventure.
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Le Pont du Cens est un quartier de banlieue, un peu en marge de la ville, de ceux qui vous font dire : "la vie est là, simple et tranquille".
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Il y a des modes aussi pour les livres. Je regardais les titres quand j'allais la voir mais je ne les ai jamais ouverts; j'avais l'idée, peut-être fausse, qu'ils exhaleraient cette tristesse vague des intérieurs d'appartements vieillots dont les agents immobiliers vous disent dès qu'ils ouvrent la porte : "Bien sûr, il faudra rafraîchir". Henri Troyat, Gilbert Cesbron, François Mauriac - ma tante aimait beaucoup Mauriac, elle lui trouvait "une grande finesse psychologique".
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Ils ont dit qu'ils n'étaient d'accord avec rien : maintenant tout le monde se plaint, les gens divorcent pour un oui ou pour un non. C'est la mode. Avant, on restait "avec ce qu'on avait"; on s'en contentait, même si on avait mal choisi; c'était comme ça. Ce n'était pas parfait. Ça évitait bien des problèmes. Est-ce que c'était mieux ? Est-ce que c'était pire ? On ne peut pas comparer. On n'est plus trop "dans le coup"; ce qui est sûr, c'est qu'on était beaucoup moins exigeants qu'aujourd'hui. Déjà contents d'être sortis de la guerre.
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Douala au temps des colonies, Douala sous le mandat français : je ne connais tout cela que par les livres. Des expressions comme "la loi cadre", "la tutelle", le "processus de décolonisation", je les ai entendues dans les conversations entre mon père et mon oncle Guy. Entre hommes, ils parlaient politique; ils n'étaient pas toujours d'accord. Mon père accusait Guy d'avoir été "colonialiste", ou d'avoir été "complice du colonialisme". "Arrête, Pierre", disait ma mère, qui défendait toujours sa sœur, par esprit de famille. Mon oncle protestait : "Je suis parti là-bas pour travailler. Je n'avais rien trouvé en France; on n'y était pour rien." Il haussait les épaules; il disait que c'était "facile" de critiquer de l'extérieur.
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Il faisait très chaud. Une chaleur de cocotte-minute. Douala est sous le quatrième parallèle, proche de l'Equateur. On voyait rarement le soleil. Le ciel restait couvert, gris et humide, terni par une humidité de serre.
Les gens sortaient marcher sur la promenade du boulevard Maritime, ils allaient voir le pont tout neuf qui reliait Douala à Bonabéri.
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En 58, d'après ce que j'ai lu, les "événements" s'accéléraient. Le processus annoncé par de Gaulle dans son discours de Brazzaville était en cours. Il devait mener à l'indépendance du Cameroun, le 1er janvier 60. Il y avait des troubles dans le pays. Ahidjo, le premier président africain, avait formé un gouvernement d'union nationale avec le soutien de la France, mais ce gouvernement était contesté par les indépendantistes de l'UPC qui ne voulaient aucun compromis avec la puissance coloniale. On disait qu'ils étaient soutenus par les communistes. Leurs leaders avaient pris le maquis. Il y avait des révoltes dans le pays Bamiléké, le pays Bassa, en Sanaga-Maritime. Il y avait aussi une répression et, côté africain, des milliers de morts dont on n'a rien su.
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Une jeune mère, un peu absente. Ne cherchant pas à se faire remarquer, à l'opposé de tant de femmes. Mais élégante. Elle a des yeux très clairs, la petite a les yeux noirs. Il s'est souvenu: elle travaille dans un dispensaire. Nantaise. Il s'est dit: c'est curieux, elle transporte ça jusqu'ici. L'atmosphère de province.
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J'ai cherché dans des manuels d'histoires et des guides. J'ai trouvé des études sur la décolonisation; les noms des leaders du mouvement, les forces en présence. Mais rien- ou presque- sur ce qu'était Douala autrefois.
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_Je voulais te montrer ça : c'est un ensemble de papiers qui appartenait à ma mère. Je l'ai trouvé en faisant du tri. Il y a des coupures de journaux et pas mal de photos prises là-bas, quand ils étaient aux colonies.
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Peut-être que le silence est une façon d'aimer...

Page 194
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J'ai vu que la pluie tombait toujours très droite, sans presque mouiller mes vitres. Une pluie d'Europe, régulière, policée, monotone, avec un bruit doux et triste.

Page 37
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Si on ne parle pas, s'il ne reste aucune trace, est-ce qu'on ne peut pas douter de ce qu'on a vécu?
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« Ils habitent à proximité de New Bell, pas très loin du quartier africain, près de chez les Prieur. Son mari a une belle situation à Douala, c’est un type très sérieux. Des Nantais. Petit milieu à l’origine. Lui travaille à la société des bois du Cameroun. Ils sont très méritants. Quand il l’a ramenée ici, ils étaient tout juste mariés. Je les invite quelquefois. Elle vous a plu? » page 116
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Quelqu’un passait l’aspirateur dans une chambre de l’étage ; puis le traineau avait heurté la plinthe, et le bruit avait repris plus loin, derrière une autre cloison. En l’entendant, on ressentait au-dessus de soi les chambres vides qu’il y avait de part et d’autre du couloir, toute la rangée de chambre vides, au-dessus du bureau d’accueil, leurs fenêtres ouvrant sur la Loire - mais à cette heure de la journée les stores baissés et les couvre-pieds identique biens tirés sur les lits, dans des couleurs foncées peu salissantes, lie de vin ou vert olive, les lits tête-bêche de part et d’autre des cloisons, l’odeur de renfermé et de Pliz, les télévisions de modèle ancien le boîtier de la télé commande posé sur la table de nuit, sous l’applique, les salles de bains éteintes, les lavabos passés avec une crème javellisée, les échantillons de shampooing turquoise sur la tablette nue, nettoyées à l’éponge, les verres à dents dans des pochons de plastique. Quand on pensait aux choses, à la terrible ténacité des choses, la vie des hommes et leurs mobiles paraissaient presque insignifiants.
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A Paris, quand on vient de province, on a toujours quelque chose à cacher.
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Le milieu européen de Douala gravitait autour du Délégué et de sa femme Jacqueline. L’administration du territoire en dépendait. Comme tous les milieux d’exilés où les gens vivent les uns sur les autres, c’était un lieu d’intrigues. Pour les questions pour les querelles d’avancement, rien de pire que la colonie. Les épouses des fonctionnaires se démenaient beaucoup pour obtenir des avantages, des postes, et des invitations aux fêtes qui égayaient les longues soirées. On se fréquentait, on dînait, les uns chez les autres on s’épiait. Pour le reste, c’était comme partout : il y avait des types bien qui avaient fait leur vie dans ce pays, et des brutes qui traitaient mal les ouvriers noirs, qui ne leur parlaient pas correctement, qui se croyaient supérieurs.
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Elle n’a jamais su s’y prendre avec Madeleine, à cause de son mutisme et de son caractère bizarre (ce tempérament « renfermé », « Le Tellec »). Comme Comme la plupart des mères de cette époque, elle pense qu’on ne devrait pas aborder ce genre de sujet entre deux femmes dont l’une est le produit de l’autre. Ça ne se fait pas, c’est tout. C’est assez difficile comme ça. La vie est bien assez difficile. Déjà, elles sont sorties de la guerre.
(…)
Oui on doit s’estimer heureuse, a pensé grand-mère en regardant sa fille. Heureuse de vivre ; il faut passer par les étapes ; c’est pareil pour tout le monde. Une fois que c’est commencé, on ne peut pas s’en extraire : on ne peut pas reculer ; on peut pas revenir en arrière, regarder toujours en arrière. Le mariage est « une loterie « . La vie est une loterie.
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