Citations de Donald E. Westlake (648)
Dans les minuscules pays d’Amérique latine où l’on tient si peu à jour les registres d’état civil, où l’on rencontre encore des gens tout droit sortis de la jungle qui ne savent ni leur âge, ni comment écrire leur nom, il n’est pas rare de ramasser des cadavres de personnes inconnues. Ces gens-là vivent leur vie et puis meurent. S’ils habitent dans la jungle, leur famille les enterrera sur place.
Le fleuve se prêtait plutôt à la rêverie. On pouvait s’asseoir devant et se perdre dans sa contemplation sans la moindre chance qu’il en surgisse quelque chose qui viendrait vous troubler.
La règle de base semblait être que tout le monde se mêlait des affaires de tout le monde.
Ensemble, on était lumineux. Depuis le premier jour de notre rencontre, nous étions devenus des gens formidables. On avait un côté glamour et on le savait, on le sentait, on le vivait. On pouvait s’imaginer en train de danser au clair de lune, tournoyant au son d’une musique jouée rien que pour nous ; tout le monde nous regardait et tout le monde nous enviait.
Dans le monde où l’on vit, les choses n’arrêtent pas de changer, voilà le problème. Ça change toutes les deux minutes, beaucoup trop vite pour un gentil petit couple comme le nôtre ; on était incapables de suivre, encore moins de réussir.
Avec la brusquerie d’un seau qu’on retourne, le monde entier n’était plus que de l’eau qui tombait, s’écrasait, ricochait, grondait, noyait tout.
On se balade, on file, et tout d’un coup votre passé ressort et vous flanque son pied dans les roustons.
Cette nuit dans ce lit, elle avait fait de lui un homme de trente ans, et son corps douloureux, frémissant et tremblant était au septième ciel. Le mélange de gratitude, d’enchantement et de lubricité qui se voyait dans ses yeux était presque de l’amour pour elle.
...comme un chien qui attend une caresse d’un ami de son maître.
Chaque sac de café qu’on vole à Amin abrège son sursis. Plus on lui volera de café, plus il en sortira en contrebande, et plus vite Amin sera à court d’argent pour soûler ses Nubiens et se couvrir de médailles neuves. J’espère que ce train transporte toute la récolte, jusqu’au dernier grain.
C’est le café qui leur sauve la vie. Le peuple meurt de faim, mais Amin achète du whisky et des voitures et des uniformes neufs, et c’est grâce au café qu’il paie.
...il y a aussi l’incurie financière d’Amin et de ses Nubiens. Ils ne mangent pas seulement leur capital ; ils mangent la banque.
Sous un pouvoir personnel, il est difficile de dire qui a du poids et qui n’en a pas. Mais Amin a deux ou trois Blancs comme ça auprès de lui pour le conseiller, pour faciliter ses relations internationales, pour agir quand ses Africains mettraient la pagaille.
Il apparaît que les pires excès pourraient être terminés. Les changements de régime sont des périodes éprouvantes ; mais la vie finit toujours par reprendre son cours normal.
Ils ont essayé les traverses en bois. Les Britanniques, quand ils ont construit la ligne vers 1900. Mais les fourmis les bouffaient, les inondations les faisaient pourrir, et les indigènes les volaient pour faire du feu. Alors ils ont mis de l’acier.
Une femme qui se bouge sans chichis. L’univers est une source infinie d’émerveillements.
Le swahili n’était même pas un vrai langage, si on y réfléchissait. Même le mot swahili venait du mot arabe sawahil, qui veut dire « côte ». Quand les Arabes fondèrent leurs villes commerçantes à Zanzibar et Mombasa et ailleurs sur la côte d’Afrique orientale au XVIIe siècle, et se marièrent avec les diverses tribus bantoues qui vivaient là, cette langue bâtarde s’était formée, avec une syntaxe bantoue et un mélange de vocabulaire tribal et arabe. Ce yiddish africain avait été transporté vers l’ouest, sur quinze cents kilomètres de continent, par les caravanes esclavagistes arabes pendant leurs sanglantes récoltes d’hommes, de sorte que, même à présent, si par exemple un Nandi voulait converser avec un Acholi, c’était toujours ce satané swahili qu’ils utilisaient.
Nous ne payons pas des marchandises que nous n’avons pas vues.
La seule façon de traiter les Kikuyu, individuellement ou en masse, c’est de tirer à vue.
Dans la plupart des cours d’autodéfense, le boulot de l’instructeur est d’enseigner la confiance en soi à partir d’un chapelet de petites victoires.