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Critiques de Donald Ray Pollock (462)
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Le Diable, tout le temps

Quelle gifle ! Crochet gauche, crochet droit, uppercut, Pollock m’a mis KO. Lu en 48 heures chrono (foi de La Redoute). Un grand coup de cœur qui rejoint « La griffe du chien » de Winslow ou « Un pays à l’aube » de Lehane. Et pourtant tout est noir dans ce roman, d’un noir indécrottable, la plupart de ces personnages sont de fieffés salopards, irrécupérables, le mal coule dans leur sang. On ne souhaite pas à notre pire ennemi de croiser l’un de ceux-là. Pollock mène la danse (du diable forcément) avec une maestria impressionnante. Il nous saisit au col dès les premières pages, pour nous lâcher trois cent soixante pages plus tard, estomaqué, sans voix, le besoin de récupérer tant son roman est brillant, génial, prenant, époustouflant, j’arrête là, besoin d’un petit remontant !!! Promis, juré c’est une bombe. LISEZ -LE.

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Le Diable, tout le temps

Un grand merci à Asphodèle qui a eu la gentillesse de me prêter ce livre très particulier. Pourquoi particulier ? Parce qu'il est atroce ! Noir de chez noir ! Un peu comme le chocolat à 99% de cacao qui vous fait grimacer mais que vous reprenez quand même parce qu'au fond, vous aimez le faire fondre sur la langue afin que ce petit goût âpre vous envahisse et vous donne des frissons. Voilà, c'est exactement ça... on râle, on se dit que les personnages sont de fieffés salopards mais on ne lâche pas le bouquin.



Habituellement, je ne suis pas friande de livres où les histoires évoluent en parallèle pour, au final, s'imbriquer. Ici, c'est tellement bien écrit que cela n'est pas dérangeant. L'écriture est puissante, mettant en relief ce mal qui coule dans les veines des protagonistes. le fil conducteur est le péché et la rédemption. L'Amérique puritaine en prend pour son grade ! Les crimes, les horreurs s'égrènent comme un chapelet. La folie et le sadisme deviennent la norme. Brrr... voilà qui fait froid dans le dos !



Après un tel roman, j'ai besoin de quelque chose d'un peu plus léger ! Mais je ne serais pas contre une autre lecture de ce genre, bien au contraire... Je vous le disais, c'est comme le chocolat à 99% !


Lien : http://promenades-culture.fo..
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Le Diable, tout le temps

On prend un sacré coup avec ce roman.

L'écriture est fluide , agréable , mais surtout addictive. A tel point qu'on en oublierait presque les défauts ... déjà un des sujets de fond de l'histoire qui est loin, même très loin d'être quelque chose que j'apprécie et que je fuis en général (je reste volontairement vague pour éviter le spoil), mais j'ai réussi a avancer sans trop être gênée malgré tout.



Une des grand point fort de ce roman (mais qui est en même temps un défaut pour moi) , c'est la noirceur des personnages. Le seul bémol,c'est qu'au final aucun des personnages n'est équilibrés. Ils sont tous frappa-dingues à leur façon. Mais j'avoue que l'auteur maîtrise tout cela et pour une fois le trop n'est pas l'ennemi du bien, bien au contraire.



J'ai aussi beaucoup apprécié la façon très simpliste, voir anodine de l'auteur, de vouloir démontrer que le conditionnement dès l'enfance peut avoir de graves répercussions à l'âge adulte.



Un très bon roman, qui se lit vite tellement l'auteur nous immerge dans son univers.
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Le Diable, tout le temps

Un best-seller, très réussi ; rien à ajouter au concert de critiques positives, ce qui va me permettre un petit détour, quelques mots sur les genres littéraires, et de leur éventuelle relativité…



Ce livre est selon moi un excellent roman d'épouvante. Oui, vous savez, ce genre où les couvertures peuvent donner des problèmes de vue, voir carrément détruire une étagère, à coup de vernis sélectif rouge vif sur lettrage crissant, bon à se faire péter les plombages si on les regarde trop longtemps, partageant avec quelques collections de S-F ce goût douteux pour les t-shirts de groupe death-metal-core…

Bon, vous me direz, on est un peu snob et mal-appris, chez nous, en francophonie, où la majorité des couvertures de littérature « blanche » (pas la couleur… hmmm… le… la… littérature « générale » quoi) donne dans la sobriété façon paquet de ciment, alors qu'un tour dans les librairies de certains de nos voisins, plus « atlantistes », pourrait nous les faire confondre avec un vidéo-club ou un magasin de farces-et-attrapes.



Tout cela, non pas pour ouvrir un inutile débat artistique — où l'on pourrait évoquer ces petites maisons d'éditions francophones qui n'ont pas peur de renouveler l'esthétique, quand d'autres s'y perdent — ou réfléchir aux chapelles bien délimitées que construisent ces classifications (polar, S-F, romance, épouvante, etc.) face au « reste »… mais concentrons-nous sur ce qui a pu « sauver » ce livre d'un tel traitement.



L'épouvante induit souvent une présence surnaturelle, un mal hors-monde, comme par exemple (tiens, tiens…) : le diable… Retranscrivez cette histoire dans nos campagnes, elle semblera tout de suite extraordinaire !

Ici, on nous parle d'un roman quasi-naturaliste sur l'Amérique profonde des années 50, ou tout le monde tue et/ou est tué… Sans faire de l'anti-primaire, il faudrait se demander comment une société, sensée représenter l'aboutissement d'une civilisation (la nôtre), peut accoucher de ce mélange étonnant de religion et d'ignorance, d'armes à feu et de friteuses, d'alcool à brûler et de soda, d'imprécations et de parkings… tout cela un jour à la télévision…

Le pays de la Liberté… et nous continuons à les écouter… quoi d'autre ?



Sa qualité littéraire ? Oui, c'est très efficace, bien écrit…

Ça y est, ça va encore me péter à la figure, cette tentation de circonscrire la littérature « générale » à l'habileté de la plume… Mon dieu, heureusement que non… les exemples pleuvent… bien que le doute demeure… snobisme et inculture… étalage de boue bon pour magazine… éternel dilemme de ce que pourrait être la « culture populaire »… vous voyez, je souffre… moi qui aime tellement la vision de ces quelques femmes voilées habituées du rayon romance chez mon bouquiniste préféré… quasiment prêt à adouber ces « bookstagram », remplis de guirlandes et de vernis, au titre qu'ils incitent encore à lire…



Vous l'aurez peut-être compris, je galère à accorder conviction et nécessaire ouverture d'esprit, dès qu'il s'agît de glisser vers ces débats de goûts et couleurs, de particulier et d'universel… et ce très bon livre en forme d'archétype, tel le générique d'une de ces séries bien produites, dont tout a déjà été dit ici (jusqu'aux réflexions toutes personnelles d'être bichromatique), m'engage à ce genre d'auto-dialogue, digne d'un crucifix qui vous tomberait dessus lors d'une sieste d'été (le charme des vieilles maisons…), d'où la seule chose à retirer serait qu'un genre n'est jamais aussi intéressant que lorsqu'il se dépasse !
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Le Diable, tout le temps

Je me demande encore pourquoi j'ai tant hésité à lire ce "crime novel" de haut vol !

Très noir, violent, révélant la tourbe crasseuse et infâme de l'âme humaine... dans un style sans concessions et suffocant, s'approchant par sa caractérisation de la "new American Gothic" littérature.



On "vit" -sans aucune empathie- la vie de quelques déclassés de l'Amérique profonde d'après-guerre, tels que ce vétéran-du-Pacifique tourmenté qui entraîne son fils dans les douleurs de son impuissance, ce saligaud de prédicateur et son acolyte handicapé qui sont de vrais faux magiciens de la "Bonne Parole", ce duo de tueurs contrastés qui trace un long sillage sanglant à travers les états...

Et parmi ces personnages cauchemardeux, dans un Ohio oublié par Dieu, mais non par les démons... Arvin, l'orphelin perverti par une vision primaire de la religion, grandit en apprenant à se défendre...



Arvin, oui... à qui on s'attache, qu'on ne lâche plus jusqu'à la dernière page...et qui nous lâche plus...par la suite...



Après avoir lu "Le Diable, tout le temps", il n'est plus possible de dire d'un autre livre qu'il vous a renversé par un véritable coup-de-poing !
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Le Diable, tout le temps

J ai fait confiance à l'avis d'une libraire interviewée lors d'une émission littéraire et ...j'ai craqué. J'ai donc acheté et lu rapidement ce roman dont , je l'avoue , le succès n'est absolument pas usurpé. Quelle épopée , que de rencontres de personnages tous plus noirs les uns que les autres , en quête d'un je ne sais quoi dont on devine rapidement qu'il ne peut s'agir que d'une utopie , d'un rêve qui ne peut que déboucher sur le désespoir programmé et la désespérance..Pas une once d'espoir , de compassion , d'empathie . Chacun pour sa peau . À force de " titiller " Dieu , on a plus de chances de rencontrer le Diable et , vraiment , le Diable se présente presque à chaque page d'un roman qui , incontestablement , ne laisse guère de place à l'optimisme . " The American dream " ? Les personnages s'imprégnent en nous sans nous amener à nous attacher à eux tant on sait combien ils ne peuvent nous mener que " dans une impasse " . La description des lieux est à l'identique . Des motels miteux , la saleté , la crasse , des vies " au jour le jour ", une nourriture " chiche " et de piètre qualité, des bagnoles au bord de la " ferraille " , des crimes sordides , des meurtres , des " prières " maléfiques , des "abus " de pouvoir de toutes sortes , tout y passe , tout s'y succède. Et au final , seul le Diable semble pouvoir se satisfaire d'une telle situation .

C'est un roman dur , âpre, noir de " chez noir " et , pourtant , il vous scotche , vous colle comme le plus efficace des sparadraps . Très sincèrement, je n'ai jamais eu la moindre envie de " passer à autre chose " , soucieux de poursuivre le calvaire jusqu'au bout . Il faut dire , et ce n'est pas la moindre de ses qualités , que l'écriture est éblouissante, tout simplement remarquable . Les mots , les phrases , les paragraphes traduisent de façon poétique, les plus grandes des horreurs .Incontestablement , il s'agit là d'un grand livre porteur de l'image d'une société qui se délite , se " vautre " dans une sorte de " soue " boueuse et nauséabonde qui va longtemps " hanter nos esprits "et , espérons- le , déranger nos certitudes et nous pousser à la réflexion. Un roman à ne pas rater , un très grand texte , mais , vous le savez , ce n'est que mon humble avis ......et , tout de même, celui de nombreuses et nombreux amis babeliotes .
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Une mort qui en vaut la peine

Donald Ray Pollock nous prend par la main et nous entraîne dans une danse macabre, une ronde échevelée et assourdissante, une farandole impudique d’où l’on sort titubant et nauséeux…

Trois gamins, trois frangins affamés, dépenaillés, les pieds profondément enfoncés dans la glaise, d’une ignorance crasse, décident, à la mort soudaine de leur père, de tenter la grande aventure ; de sortir de leur misère qui vient du fond des âges, et de prendre par tous les moyens ce qu’ils désirent ardemment : l’argent, le luxe, les beaux habits, la respectabilité, les femmes. Enfin, pas exactement ! Etre aimé d’une femme…

Leur modèle se nomme Bloody Bill Bucket. Un super-héros de papier, mélange improbable de Jesse James et de Robin des Bois… Un dévaliseur de banques au charme ravageur, capable de fuir dans un trou de souris et d’abattre d’une seule balle une dizaine d’hommes armés jusqu’aux dents… Un héros du far west, un homme du passé, couleur sépia, dans cette Amérique de 1917 qui s’engage dans la première guerre mondiale et tourne le dos à ses légendes pour entrer dans la modernité. C’est en copiant ses aventures que les trois frères comptent bien s’extraire de la misère. Ils se transforment maladroitement en braqueurs de banque et caracolent vers leurs rêves.

Ce sera une longue chevauchée à travers les terres désolées de l’Alabama et de l’Ohio, parfois fantastique, souvent foireuse et pathétique. Durant ce parcours chaotique et sanglant, une kyrielle de personnages hauts en couleurs et tapageurs apparaissent… Bouseux, effroyables sadiques, pauvres hères, mystiques illuminés, esthètes tourmentés, ordures de la pire espèce, piteux jocrisses… Tous entreront dans la folle sarabande, sachant qu’au bout du compte, et même s’ils refusent de l’envisager, ils subiront leur propre déroute.

Dans ce grand jeu de massacre, seuls les innocents au cœur (presque) pur tireront leur épingle du jeu.

Un livre brutal, sans concession, crépusculaire, fataliste, impitoyable (je ne peux m’empêcher de penser à « Unforgiven » de Clint Eastwood) que j’ai eu du mal à lire. Jamais plus de quelques pages par jour pour éviter l’inévitable écoeurement ! Même le sarcasme et le grotesque font grincer des dents…

Mais il se dégage de ce roman une force incroyable. Le style est âpre, rageur, tout à la fois sobre et échevelé. Un très grand livre qui s’en va farfouiller dans les profondeurs noires de l’âme humaine. Je ne suis pas prêt de l’oublier.



Un grand merci à Babélio et aux éditions Albin Michel pour m’avoir offert ce livre.

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Le Diable, tout le temps

Willard Russel ne fait jamais les choses à moitié. Homme de sang froid, aussi dur avec les siens qu'avec lui-même. Son fils Arvin peut en témoigner. Aussi, lorsque sa femme tant aimée est rongée par le cancer, il fera appel à Dieu et fera résonner, dans toute la ville de Knockemstiff, ses prières et ses lamentations, sous un soleil de plomb ou une pluie battante...

Theodore, en fauteuil roulant, a trouvé en Roy une âme sœur, du moins le croit-il. Ce dernier prêche la bonne parole un peu partout et est persuadé de pouvoir ressusciter les morts...

Sandy et Carl, un couple de doux-dingue. Elle vend son corps et lui ramasse la thune. Se faisant passer pour un photographe, il aime prendre sous toutes les coutures sa nana avec d'autres hommes. Mais leur folie ne semble pas vouloir s'arrêter là. Ce qui n'est pas sans mettre mal à l'aise le shérif de Knockemstiff, le frère de Sandy, lui-même peu regardant...



Le diable, tout le temps, en personne, hante ces pages. De l'Ohio à la Virginie Occidentale, l'on croise ici et là sur les chemins de traverse, aux abords d'une station service, au pied d'une église, dans une chambre d'hôtel miteux ou sur la banquette arrière d'une voiture, ces hommes et ces femmes, sans scrupule, traumatisés, bouleversés ou rongés par la vie et des âmes vagabondes, esseulées ou déchirées. Par un tour de passe-passe habile, Donald Ray Pollock fait s'entremêler ces destins. Ce n'est pas tant ses personnages incroyablement marqués qui impressionnent, c'est aussi cette ambiance sombre, glauque et oppressante qui nous happe à la gorge. Servi par une écriture sèche, maîtrisée et ciselée, ce roman efficace de bout en bout nous plonge dans une noirceur indéfinissable où les descriptions de cette nature sauvage et humaines sont tout simplement éblouissantes et effroyables.



Le diable, tout le temps... le diable, effrontément...
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Le Diable, tout le temps

(...) Presque tous les personnages sont dingues, méchants, pervers, ils vivent dans des milieux sociaux très dégradés, n’ont pas beaucoup d’espoir à l’horizon, et les quelques-uns qui ont un peu de moralité sont comme des anges démunis dont on se demande comment ils vont survivre dans cet univers de fous. Et bien sûr, ils ne survivent pas, du moins pas tous.

Ça pourrait être lassant, trop déprimant, mais non, et c’est là la force de Pollock, on est aspiré par cette histoire, on a envie d’en savoir plus, de voir comment ça va tourner, car ces trajectoires se percutent et on se demande lequel sera plus mauvais ou moins bête que les autres. (...)

Le Diable, tout le temps mérite bien son titre, car ils sont tous perdus entre les griffes du Malin, que ce soit le pasteur pervers, le couple de tueurs en road trip, les prédicateurs allumés, le shérif corrompu et sa sœur pas (du tout) convenable. Même ceux qui s’en remettent à Dieu ne vont pas très bien non plus, à l’image de Willard Russell, rescapé de la guerre du Pacifique, qui fabrique un autel dans les bois et sacrifie des animaux (et pas que) pour sauver sa femme du cancer.

L’Amérique des années 1940-1960 décrite par Pollock va mal. L’alcool, le sexe, l’argent, les armes à feu, la religion sont autant de maux qui la minent, mais étrangement, c’est un univers fascinant, où tout est possible car l’écriture et la créativité de l’auteur sont marquées par une forte tendance à la disruption, et on aime être secoué, pris à contre-pied à chaque page, on en redemande. (...)

Avec ce premier roman écrit à cinquante-sept ans, Donald Ray Pollock, qui était auparavant ouvrier puis chauffeur de camion dans une usine de pâte à papier, qui est passé par le creative writing à l’université de l’Ohio, fait un sacré carton.



François Muratet pour Double Marge
Lien : https://revuelitteraire.fr/l..
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Knockemstiff

Une séance de cinéma musclée, une relation incestueuse, une séance photo inoubliable, une fugue tirée par les cheveux, des bobards entre potes, une drôle de virée en Floride, des poissons au fond d'un sac, une soirée pluvieuse avec tata, de l'entrainement, de l'entrainement, de l'entrainement... et encore d'autres nouvelles signées Donald Ray Pollock.



À Knockemstiff, petite bourgade grise dans l'Ohio, il ne fait visiblement pas bon vivre. Parce qu'à Knockemstiff, il n'y a rien à faire. À part se shooter à la bière, au cannabis, à la Bactine ou aux stéroïdes, et éventuellement tirer un coup.

À Knockemstiff, on y croise, au hasard des rues -vides -, des personnages déjantés, défoncés, effrayants, impétueux ou alcooliques. Entre misère, solitude et violence, ces laissés-pour-compte, tout droit sortis d'un autre monde, errent dans leur propre vie.

L'ambiance y est poisseuse, âpre, crasseuse, tempétueuse et l'écriture brute, âcre et sauvage.

Dix-huit nouvelles profondément sombres et désespérantes...



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Une mort qui en vaut la peine

1917, à l'aube de l'entrée en guerre des États-Unis. Pearl Jewett et ses trois fils s'en sortent tant bien que mal en tant qu'ouvriers agricoles, trimant à longueur de journée pour un salaire de misère. Après la mort de sa femme et la saisie de sa ferme par la banque, il n'a eu d'autre choix que d'accepter des petits boulots qui, malheureusement, ne parvenaient pas à remplir ses poches. Alors que les fistons rêvent de liberté, d'argent facile et de nanas, la mort de Pearl semble l'occasion tant espérée de vivre comme bon leur semble. Bien décidés à devenir braqueurs de banques, à l'instar de Bloody Bill, le héros de leur roman. Sur leur route, Cane, Cob et Chimney vont croiser bon nombre de personnes aussi déjantées qu'eux...



Entre la Géorgie et l'Alabama, Donald Ray Pollock nous plonge dans une ambiance à la fois poisseuse, étouffante et effroyable et déroule, au fil des nombreux chapitres, une intrigue à la fois jubilatoire et passionnante. Il dépeint avec minutie une galerie de personnages absolument incroyable et pittoresque, que ce soient Ells et Eula, ce couple de fermiers blancs plumés jusqu'à l'os dont le fils a disparu ; le lieutenant Bovard, un homosexuel ; Blackie, le proxénète de La Grange aux Putes ; Jasper Cone, l'inspecteur des installations sanitaires ou encore Pollard, le barman effrayant du Blind Owl. Des personnages déjantés, bouseux, vindicatifs, pitoyables, affreux ou encore tourmentés. Un roman choral d'une efficacité redoutable et parfaitement maîtrisé. Un western original, parfois cruel, sombre et cynique, où pointent ici et là quelques touches d'humour grinçant. Une peinture crue de cette Amérique en pleine mutation et de ces âmes dans ce qu'elles ont de plus noir. Une écriture âpre et maîtrisée pour un roman qui l'est tout autant.
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Le Diable, tout le temps

Si les ambiances sombres, glauques, oppressantes ne vous font pas peur, foncez, jetez-vous sur le roman de Donald Ray Pollock.



« Le diable tout le temps » est une œuvre magistrale où la noirceur humaine qui éclabousse chaque page vous prend à la gorge. Ici, tout n’est que violence, peine, misère. Tous les personnages, qu’ils soient victimes ou bourreaux (ou les deux tour à tour), ont une existence de souffrance. Aucune trace d’espoir dans les destins qui nous sont contés par Pollock.



Pour instaurer ce climat suffocant de noirceur, Pollock adopte un style rude, sec mais pas dénué de poésie. Jamais il ne cède à la facilité. Même le périple meurtrier du couple de psychopathes Carl et Sandy, qui aurait facilement pu prendre l’aspect d’un thriller « ludique » et outrancier, dégage un parfum d’âpre vérité qui fait la force du récit.



Les personnages sont tous intéressants et très bien caractérisés. L’auteur évite de tomber dans un manichéisme facile. Ici, même les salauds souffrent. Et même eux peuvent laisser entrevoir des lueurs d’humanité, brèves mais fortes.



Le portrait de l’Amérique rurale brossé par Pollock est saisissant. « Le diable tout le temps » est une plongée en apnée dans cette société abîmée par la misère, hantée par la religion, qui semble figée dans le temps. Dans ces bourgades rurales, le destin des hommes est tout tracé, pas d’ascenseur social et la religion qui empoisonne et emprisonne. Véritable poison, la religion est pour certains le moyen d’assouvir leur vice, pour d’autres un venin qui va les rendre fous. Le fanatisme religieux, comme inscrit dans les gènes, se propage de génération en génération.



En bref, un grand récit très noir magnifié par une écriture sublime. Pour un premier roman c’est un coup de maître.

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Le Diable, tout le temps

Que dire de mieux, de plus innovant, allez, osons, de plus intelligent après presque 200 chroniques ?



Rien.



Sauf que Le Diable tout le temps est diablement efficace.



Sauf que Le Diable tout le temps est remarquablement bien écrit.



Sauf que Le Diable tout le temps est incroyablement réaliste dans sa peinture d'une Amérique des laissés pour compte, 1/2 sels, et autres dépravés de l'Ohio ou du Kentucky.



Sauf que Le Diable tout le temps est étonnamment maîtrisé dans sa construction, dans sa montée en puissance sans avoir l'air d'y toucher, dans son embarquement de lecteur qu'il enfume doucement dans une fausse quiétude pour mieux le fracasser quelques pages plus loin.



Sauf que Donald Ray Pollock est assurément en moins de 4 livres un des grands de la littérature US contemporaine.
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Le Diable, tout le temps

Mes bien chers frères, mes bien chères soeurs,

En ce temps béni de l'Avent, j'aimerais faire appel à toute votre miséricorde. Oui, je me disais que si le Bon Dieu (à supposer qu'il existe, mais je ne polémiquerai pas là-dessus, c'est bientôt Noël) a lu un jour « le Diable, tout le temps », il a dû se choper une dépression de tous les ... diables et devenir schizophrène tendance lourde (c'est pas lui qui a créé Lucifer?), au point de se faire tout petit dans un coin de son paradis et de disparaître de la circulation terrestre (ce qui, soit dit en passant, expliquerait bien des choses, mais je ne polémiquerai pas là-dessus – Bis). Et que si le Bon Dieu lui-même s'en lave les mains, il ne reste plus que nous, pauvres lecteurs, pour nous inquiéter du sort du troupeau de brebis égarés que sont les personnages de D. R. Pollock.

Pourtant, ce n'est pas comme si la religion était absente du roman, au contraire. Mais – mon Dieu ! - elle y est complètement instrumentalisée, dévoyée, à des fins perverses ou fanatiques, par des prêcheurs qu'on dirait de pacotille s'ils n'étaient pas d'aussi dangereux psychopathes. Et comme si ça ne suffisait pas, on se rend compte qu'il faut aussi se méfier du shérif corrompu jusqu'à l'os et du couple (certes un peu louche) qui embarque gentiment les auto-stoppeurs pour les prendre en photo. Tout ça sur une période de vingt ans dans une région aussi charmante et accueillante que le Midwest post 2ème guerre mondiale. Jesus Christ ! Dans quel monde on vit...

Ne vous y trompez pas, si j'ai l'air de tourner ça à la rigolade, c'est justement pour déplomber la chape qui tombe sur le lecteur dès les premières pages. Noirs, malsains, monstrueux sont les agissements des protagonistes, tous irrécupérables (sauf peut-être Arvin), tous occupés à assouvir leurs désirs, leurs fantasmes ou leur vengeance sans la moindre bribe de considération ou de respect pour leurs semblables. Ca m'a rappelé un passage d'une chanson de Jean-Jacques Goldman (Juste quelques hommes) :

« Au plus sauvage, où renoncent les fauves

Dans les grands marécages où les humains pataugent

Au bout du mal, où tous les dieux nous quittent

Et nous abandonnent

Dans ces boues noires où même les diables hésitent »



Ici, le diable n'hésite pas, il est là, tout le temps, et il nous captive et nous scotche au livre jusqu'à la fin et au-delà. Cet enfer est écrit tellement magistralement que ça tient sûrement d'un miracle.

Allez, je vais chercher ma bouteille de vin de messe, c'est ma tournée.
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Le Diable, tout le temps

God bless America...

Il semblerait que le vénérable aïeul à la barbe immaculée ait une vision globale de la chose.



Trois récits parallèles d'une noirceur absolue.

Trois univers pétris de violence et de luxure.

Un maître-mot, le chaos qui les régit.

Psychose amoureuse, folie meurtrière, délire spirituel, autant de déviances coupables explorées par un Pollock à la prose hypnotique génialement inspiré.

Oubliez Lenorman et sa ballade des gens heureux et préférez-lui ce road-trip vertigineux aux relents d'apocalypse.
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Le Diable, tout le temps

Je viens de sortir à grand peine d'une mare boueuse où j'ai laissé des personnages tous plus rustres, malsains, pervertis les uns que les autres.

Quelques uns s'en sortent mieux moralement parlant mais sont accablés par la précarité, la maladie...

Le personnage principal : arvin , le seul qui paraisse un peu sympathique est poursuivi par la malchance et tire à chaque fois les mauvaises cartes.....

L'auteur a travaillé trente ans dans une usine de pâte à papier et à repris le chemin de l'université avant de se consacrer à l'écriture. Il a bien fait! !

J'ai rarement lu un livre qui "prend aux tripes " comme celui là , je pensais me lasser très vite de ces descriptions plus sordides les unes que les autres, de ce cretinisme ambiant mais non! !!

Très bon livre qui peut choquer quelques âmes sensibles ou puritaines. ..
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Le Diable, tout le temps

Ohio youille, quel carnage ! D.R Pollock éclabousse autant que Jackson, l'autre Pollock, le peintre expressionniste abstrait à la nuance près que son pinceau-stylo asperge concrètement de sperme et de sang cette région encombrée de cinglés.



Je ne le cache pas, je me suis un peu enlisé dans la fange des exactions de tous ces tordus mal léchés depuis le trou du cul mal torché de cette Amérique de dégénérés.



Bref, j'ai laissé tomber dix fois, puis j'y suis retourné onze pour y chercher quelque part la rédemption, un coin de ciel bleu dans les mots noirs qui poissent et angoissent, qui collent à la tête et où chaque page diffuse tout le traumatisme de chacun des protagonistes qui peuplent ce roman.

Notez bien que le mot « roman » ne soit que peu adapté à cette interminable collection de tortures et de tueries. C'est diabolique, tout le temps.

Le romantisme est le bonheur y sont aussi absents qu'un brin de muguet au coeur du désert.



Comment ne pas s'apitoyer sur ce pauvre gamin, Arvin qui a perdu sa mère et que son père oblige à aller prier chaque soir dans la forêt devant des croix improvisées en autel, gluantes et dégoulinantes du sang des bêtes qu'il sacrifie, son chien compris ?



Comment ne pas gerber devant cet handicapé pédophile qui tripote tout ce qui passe à proximité de ses roues pendant que son frère prédicateur bouffe, par acte de contrition des araignées devant une assemblée de repentants d'une église d'illuminés ?



Pourquoi passer la nuit dans un motel miteux avec Carl qui se masturbe en zieutant les photos qu'il a prises pendant que sa femme, Sandy se faisait baiser juste avant qu'il enfonce un petit bouquet de fleurs dans le trou béant qu'il a causé dans la poitrine du baiseur à grands coups de tournevis ?



Pourquoi ? Parce que j'aime lire. Parce que c'est compliqué pour moi d'abandonner un ouvrage avant d'en connaitre la dernière idée, le dernier souffle, même si c'est un râle, une agonie. Lire jusqu'à la lie, jusqu'à l'hallali.



Mon analyse est surement un peu sommaire cependant je dois avouer, grâce à la clémence de l'auteur avoir vécu un sursaut de soulagement au dernier tiers du livre. Bien que ce bouquin demeure un catalogue de calvaires qui, je l'espère sont en majorité des fictions, j'ai apprécié le « solde de tout compte » infligé au ramassis de bons à rien qui m'ont hérissé la couenne page après page.

D'autant que je garde gravé dans ma petite tête les images fortes du film de John Boorman « Délivrance » où les individus dans le genre « déglingués » ne sont pas mal non plus.



N'imaginez pas que mes phrases quelque peu explicites aient soustraites un intérêt même minime à cette lecture, au contraire, il reste essentiel de découvrir ce texte pour s'imprégner de l'enfer et de son « boss ». le diable, tout le temps.





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Le Diable, tout le temps

En ouvrant ce livre je savais que j'allais entrer dans du noir, les lecteurs le mentionnent quasiment tous dans leur critique. Je ne suis donc pas surprise même si, je ne pensais pas à ce noir là et surtout je ne m'attendais pas à être dans une ambiance "western".

Si les États-Unis ne m'attirent pas, ce n'est pas avec ce roman que je vais avoir envie de préparer ma prochaine escapade....

Les personnages que l'on rencontre sur notre route sont tout sauf bienveillants. Oui, le diable est bien là tout le temps t ne laisse à aucun moment le lecteur en paix. Pourtant on peut malgré tout percevoir chez chacun, ou presque, une once d'humanité. Arvin reste celui pour lequel j'ai eu de la tendresse, de la tristesse, et même de l'attachement.

Si j'ai souvent du mal à quitter les personnages à la fin de mes lectures, je suis ici bien contente de les quitter et principalement Carl qui reste pour moi le plus pervers, le plus horrible et abject des personnages.

Donald Ray Pollock nous donne à lire ici un roman dur, cru, sordide.

Certains parlent de chef-d'œuvre, je n'irai pas jusque-là mais c'est un roman d'une grande force qui s'intensifie au cours des pages et qui, incontestablement, se détache du lot.
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Une mort qui en vaut la peine

♫ Ce rê-ve bleu, je n'y crois pas, c'est mer-vei-lleeeeeeeeux...♪

Stop, on retire les bouchons anti-bruit et on rembobine.

Donald Ray Pollock ne rêve pas. En tout cas pas en bleu.

Gris clair, les nuits de pleine euphorie, et encore.

Et c'est bien pour ça qu'on l'aime...



Le bonhomme, auteur de l'énormissime (voix de Lucchini) le Diable Tout le Temps, récidive pour le plus grand plaisir des grands et des grands, les petits étant gentiment priés de patienter quelque temps avant de tomber sous le charme vénéneux de l'auteur.



Toujours aussi difficilement synthétisable, cette mort fait la part belle à moult trajectoires atypiques amenées à se croiser à un moment ou à un autre.

Des personnages multiples balayant le spectre munificent d'une nature humaine régulièrement encline à faire bassement parler d'elle.

C'est bien simple, lire Pollock c'est gentiment prier m'sieur Espoir d'aller se rhabiller.

Bien sûr, certains protagonistes s'en sortiront mieux que d'autres mais de là à les envisager finalement barboter dans un bain de béatitude cosmique demandera un réel effort d'imagination de la part d'un lecteur se complaisant parfaitement dans cet univers aux relents putrides de purgatoire avant l'heure.



Pollock fait dans le désenchanté funeste, certes, mais puisqu'on vous dit que c'est pour votre plus grand bien !
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Le Diable, tout le temps

J'ai beaucoup aimé. Ce roman dénonce, d'une façon unique, un peu décalée, les dérives d'une Amérique gangrenée par la corruption, les préjugés, la violence et le port d'armes. Certes c'est violent, c'est écoeurant même, mais ce n'est pas tout et heureusement. D'abord, c'est très bien écrit, Donald Ray Pollock ayant commencé l'écriture à 50 ans prouve qu'il n'est jamais trop tard pour être talentueux.

Mais surtout et avant tout, ce qui en fait la force pour moi, c'est la façon dont Pollock traite le sujet. Je n'ai senti aucune complaisance dans la description des travers de ses personnages, aucun plaisir pervers dans le récit des turpitudes commises, pas de voyeurisme gratuit, on ne se roule pas dans la fange, on en devient témoin. Et bien que Pollock lui-même ne fasse aucune analyse particulière des événements et comportements qu'il décrit, et peut-être justement pour cette raison, il nous ouvre la voie à la réflexion sur le pourquoi de ces dérives.

En revanche, je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer un dénouement diablement moral car nul dans ce roman n'échappera, d'une façon ou d'une autre, à une espèce de justice. Cette justice, amenée avec une ironie féroce est portée par un destin implacable à souhait, elle en devient cyniquement Divine et contrecarre finalement à merveille les plans diaboliques des humains.
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